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Billet de blog 5 novembre 2014

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Education : Les petits intérêts des anti-sélections à l'école

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Des voix s’élèvent contre « toutes sélections à l’école », sélections qui, parait-il, accentueraient, dans tous les cas et de manière totalement automatique, les inégalités sociales ?

Je me suis penchée sur le sujet et ma conclusion ne confirme pas cette affirmation.  L’absence totale de sélection, au contraire, favorise les familles informées aux dépens de celles qui sont le plus loin de l’école et qui ne connaissent pas les règles non-dites de la société. Principalement, car les familles informées savent utiliser cette liberté pour mieux réussir. Leurs enfants savent éviter les formations où ils n’ont pas une chance raisonnable de réussir même s’ils ont le droit d’y aller. Ils s’autocensurent moins. Ils considèrent que c'est un investissement raisonnable d'aller dans une section qui aboutit à un concours difficile que l'on n'est pas sûr de réussir. Ce qui n'est pas le cas d'une famille en difficultés financières.

Par ailleurs, l’échec a un coût, pour la société et pour le jeune, qui risque de décrocher et de perdre sa confiance en lui s'il n'a pas le soutien nécessaire. Une université faisait le bilan d'une classe de raccrochage pour ceux qui avaient abandonné en licence, ayant lieu au deuxième semestre. Il y avait surtout des enfants issus des classes supérieures qui pourtant ne correspondent à la majorité des décrocheurs. On voit là que les familles qui connaissent mieux le système savent infiniment mieux utiliser les opportunités de celui-ci.

Les voix contre "toutes sélections" venaient de divers horizons.

-          Certaines d’entre elles ont été à l’intérieur de l’école ? Dans un billet ironique sur ce sujet, je faisais remarquer qu’il y a eu 4 périodes de diminution des classes spécifiques pour les élèves de collèges qui sont à la dérive dans les classes ordinaires, entre 1997 et 1999 (sous Allègre), entre 2004 et 2006 (sous Darcos), puis entre 2008 et 2010 (sous Chatel). Il est bien évident la recherche d’économie guidait la suppression de ces classes à faible effectif. L’intérêt des enfants étaient éludés. 25/08/2013 – Jetons nos enfants au milieu de la piscine sans bouée pour leur apprendre à nager

-          Il y a eu, encore très récemment, un courant pour la classe hétérogène totale comme unique organisation au collège, comme le montre une note de Terra Nova que je décortique dans un de mes précédents billets des erreurs dans la note de Terra Nova

-          Certaines de ces voix viennent de la FCPE, association de parents d’élèves à posture revendicative. Son dernier congrès avait pour thème « construire une école sans sélection », comme si l’absence de sélection était une finalité. Aussi, je regarderai l’intérêt des parents informés et attentifs, adhérant pour être délégués de classe de leur enfant, qui représentent environ 85% des adhérents de la FCPE, comme d’ailleurs toutes les associations de parents d’élèves du secondaire.

-          Certaines de ces voix proviennent des associations d’étudiants comme l’UNEF, qui s’opposent à toute sélection à l’université, sans aucune attention pour les taux d’échec de ceux qui viennent de bac pro, compris entre 93% et 100%. D’autant plus que ces élèvent ont, après leur abandon des études supérieures beaucoup plus de mal à trouver un emploi que leurs camarades qui avaient cherché du travail tout de suite après leur diplôme.

Enfin, il y avait une croyance chez un grand nombre de citoyens que le fait d’aller dans une filière ou une formation donnait automatiquement la capacité d’assimiler tous les apprentissages. Or, il est nécessaire d’avoir un minimum d’acquis, en lecture, en expression, en comportement en collectivité, en méthode de travail. Cela semble évident qu’aller en troisième année de chinois sans passer par la première année et la deuxième année était suicidaire. Mais, des personnes trouvaient normal de revendiquer pour donner à des jeunes d’aller dans un cours où il avait 100% de chance d’être noyé et en situation de perte d’estime de soi. Ils n’avaient pas conscience que des lacunes de ce niveau ne se rattrapent dans une heure par semaine d’enseignement personnalisé par groupe de 17 élèves. Il y a eu plus vicieux. On supprimait des classes à projets de 3ème car 90% allaient vers un enseignement professionnel que la quasi-majorité réussissaient car c’était une orientation choisie, pour les mettre dans une classe ordinaire où ils étaient en échec et avaient des destins beaucoup plus noirs.

Aujourd’hui pour autoriser, un enfant d’aller en Seconde Générale ou dans une des Premières Technologique ou Générale, on se pose la question suivante : « Est-ce que l’enfant a une chance raisonnable de réussir ? » En commission d’appel, très vite les professionnels convergent vers une conviction : Non ses lacunes sont trop fortes (environ un tiers), Oui c’était une erreur de lui refuser son choix (un quart), il faut que l’on en discute pour se faire une intime conviction. La règle est qu’en cas de doute, l’avis de la famille est privilégié.

Le collège doit s’adapter à tous les enfants. Nous verrons que ce n’est pas possible pour toutes les filières du lycée général. Il y a forcément une diversité des parcours.

Le collège d’aujourd’hui

Pour le collège, nous avons deux configurations : le collège d’aujourd’hui et celui de demain.

Aujourd’hui, le collège est terrible pour les plus faibles. Les jeunes qui arrivent en 6ème en maîtrisant insuffisamment la lecture et l’expression est condamné à être, à partir de la 4ème, devant des devoirs, que quels que soient ses efforts, il ne peut pas réussir et finir en fin de 3ème avec une estime de soi détruite et des savoirs très faibles. En cas de fortes lacunes, le redoublement est inutile : l’enfant est, en moyenne, un peu plus en échec après la deuxième année. Son passage est automatique.

Généralement, les familles qui connaissent le système ont rarement un enfant en grandes difficultés, car elles sont capables de le faire travailler la lecture et l’expression écrite qui sont les matières discriminantes. Quand le cas se présente, l’enfant est mis dans l’enseignement privé.

La quasi-totalité des enfants en grandes difficultés sont issus des familles incapables d’aider eux-mêmes leur enfant dans les apprentissages.

La cause de la grande difficulté est triple

-          l’inefficacité de l’enseignement en primaire

-          l’incapacité de mettre des moyens suffisants pour le rattrapage des lacunes,

-          à partir de la 4ème, contrôle dans toutes les matières qui vérifient la capacité d’expression avant la compréhension des concepts de la matière.

Le point 1 concerne l’école primaire. Je pense qu’il faut mieux enseigner aux enseignants les mécanismes d’apprentissage de la lecture chez l’enfant), et faire preuve de pragmatisme sur les méthodes pédagogiques. (Tout me fait penser que c’est la politique actuelle).

Le point 2 provient du fait qu’il n’y a jamais eu de revendication sur ce sujet. Les fédérations de parents d’élèves se battaient pour obtenir une heure ou deux, mais ils étaient plus intéressés pour une diversité des enseignements pour tous les enfants. Les associations de profs faisaient remarquer que c’était le prof de français qui était bénéficiaire des heures. Par ailleurs, les maths étaient présentées comme la matière qui éliminait alors que c'est le Français jusqu'à l'entrée en Première générale, ce qui empêchait d’avoir un message clair sur les priorités. Les rivalités de discipline jouaient à plein.

Une énergie monstre était parfois dépensée pour supprimer les classes à petits effectifs destinés aux jeunes qui faisaient le choix de se remettre au travail et qui y recevraient le soutien adapté. Le prétexte était que trop peu allait ensuite au lycée général. Prétexte, car c’était une population qui était dans la spirale de l’échec à un tel niveau qu'aucun n’avait une chance d’aller en lycée général s'il restait dans une classe ordinaire, et par contre dont une bonne partie finissait par décrocher.

Quand ces classes de soutien étaient supprimées, qui y perdait ? Les élèves en difficultés, qui perdaient un environnement de travail où ils réussissaient et un accompagnement pour une orientation choisie vers un bac professionnel qui pouvait conduire à un CDI.

Par contre, l’expérience montre que les classes qui regroupent des élèves que l’on ne veut pas en classe ordinaire sont des catastrophes. Il faut que l’équipe enseignante « sélectionne » sur la motivation à réussir.

Les parents informés ne gagnaient rien à la suppression de classe de soutien. 

Le point 3 concerne les programmes infaisables pour une classe hétérogène, les contrôles infaisables pour les élèves qui ne maîtrisent pas la lecture et l’expression. Pourquoi, ce problème qui dure depuis 20 ans n’a pas été résolu ? J’ai écrit un billet là-dessus. C’est ici.

La première raison c’est qu’il y a un Mensonge Volontaire de l’éducation nationale. Celle-ci nie que la mission qu’elle donne à l’enseignant est infaisable. S’il remonte ses difficultés, on lui dira qu’il ne sait pas s’y prendre, sous-entendu « il est un mauvais enseignant ». Cela crée une sorte de « sidération » qui empêche  de remonter le problème.

Le mensonge volontaire « il est possible de travailler sur de grosses lacunes en français dans tous les cours » a arrangé les syndicats, car cela permettait de jouer sur les rivalités entre les disciplines et donc de mettre du malaise sur lequel ils asseyaient un pouvoir.

Par ailleurs, l’enseignant a la pression des parents informés qui sont plus revendicatifs pour demander que le programme soit fini car ils ne tiennent pas que les apprentissages baissent de niveau pour leurs enfants.

Toujours, l’arbitrage se fait aux dépens des arrangements nécessaires pour les enfants les plus en difficultés. Ici, le mécanisme est complexe. Le plus gros moteur est l’utilisation de méthodes d’intimidation par le système pour que ce qui remonte soit les « éléments de langage » décidés en commun par les cadres supérieurs de la rue de Grenelle et l’absence de prise en compte de la réalité du terrain.

Les études montrent que, sauf cas particulier d’un jeune avec des difficultés surmontables et qui a le soutien de sa famille, le redoublement est contre-productif. Le redoublement n'est pas une solution pertinente pour lutter contre la difficulté scolaire. Cependant, il faut continuer à l’autoriser, une fois sur la scolarité jusqu’à la fin de 3ème si la famille en fait la demande expresse, tant que les problèmes de fond du collège ne sont pas résolus.

Le collège de demain.

Le collège de demain sera « unique »,  sans redoublement, les cohortes d’enfants de même âge changeront de classe en même temps. Le collège de demain sera bienveillant et exigeant. Les personnes qui ont une approche rationnelle basée sur les comparaisons internationales et la réalité du terrain, et les paléomodernistes consensuels sont d’accord sur cette vision.

 Par contre, les paléomodernistes consensuels essaient d’imposer une version intégriste du collège unique : la classe hétérogène totale. Zéro élève dans des sections spécialisées. Zéro élève avec un cours différents dans une matière ou deux que les cours du groupe classe principal. Ce type de collège unique n’existe nulle part. Il est facile de montrer que ce n’est pas souhaitable.

J'appelle "paléomodernistes consensuels" certains des partenaires de l’Education (Syndicat, association, et autres communicants), qui existent grâce à des positionnements à destination de leur auditoire sur des sujets concernant l'Education Nationale et ayant des techniques de propagandes communes. Paléomodernistes car ils s'appuient généralement sur la croyance naïve que ce qui est moderne est forcément mieux. Cette croyance fausse est totalement passée de mode depuis plus de 30 ans sauf dans l’Education nationale française. Consensuels car ils agissent souvent par recherche d’un positionnement qui fait consensus entre plusieurs groupes, de manière à lui donner plus de force.

En effet, sauf très faible effectif par classe trop coûteux pour la France, il n’est pas possible de faire rattraper des fortes lacunes en lecture et en expression dans une classe ordinaire. Vous voyez faire ânonner un texte tous les jours à un élève de 6ème devant ses 29 camarades ? Par ailleurs, les élèves qui ont un fort handicap cognitif ont besoin d’un accompagnement spécialisé pour progresser qu’il est impossible de mettre en synergie avec une classe ordinaire.  Dans ce cas, il doit y avoir des activités communes pour la socialisation qui vont dépendre du handicap, mais pas la majorité des cours. On peut envisager des très faibles effectifs en milieu rural, si l’internat est plus coûteux pour la famille et la nation.

 Le collège devra avoir des râteaux (des classes alignées pour certaines matières). Ce qui n’est possible qu’en nombre très limité et imposent des contraintes pour les enseignants.

 Or, la loi sur la refondation est floue sur le sujet. Ce qui montre qu’il y a eu, lors des débats parlementaires,  au sein de la majorité une tentative de l’imposer et une recherche de compromis.

-          Il y a eu, encore très récemment, un courant pour la classe hétérogène totale comme unique organisation au collège, comme le montre une note de Terra Nova que je décortique dans un de mes précédents billets: des erreurs dans la note de Terra Nova. Cependant, vu que pour justifier leur conclusion, ils ont dénaturé l’analyse d’une thèse de doctorat, et pas la moindre puisque c’était celle de Nathalie Mons, on peut se douter que cela n’est pas venu d’une analyse naturelle mais de pression venant certainement des jeux de pouvoir de l’éducation nationale. 

 Il est évident que ce sont les plus éloignés des apprentissages, qui y perdraient. Car il ne pourrait avoir un soutien efficace pour apprendre, malgré les difficultés.

Les cadres dominants de l'EN le font pour pouvoir garder leur terrain de jeux. « Et selon les fonctions qu’ils occupent, selon les sources de pouvoir qu’ils contrôlent, ces acteurs sont naturellement amenés à agir en sorte que les solutions adoptées pour résoudre les problèmes posés par la technologie, l’environnement, bref, la situation soient compatibles avec au moins le maintien de leur propre capacité de négociation au sein de l’organisation. »  (Crozier et Friedberg, 1977, l’acteur et le système, page 160 de l’édition poche)

Les syndicats sont demandeurs car en laissant une organisation moins efficace, il garde du mécontentement. Par ailleurs, cela permet de revendiquer par la diminution des effectifs par classe, puisque que c’est le seul levier qui reste. Par ailleurs, « tous en classe hétérogène » implique moins de contraintes d’emploi du temps, donc moins de contraintes sur le déroulement de la semaine à imposer aux enseignants.

Les parents informés n’y gagnent rien. Au contraire, l’enseignement risque d’être plus difficile dans les classes, et donc la qualité de l’environnement de travail moindre pour leurs enfants.

 Je n’ai pas d’avis sur le brevet. Nous allons passer à l’orientation en fin de 3ème.

 L’orientation en fin de 3ème et affectation au lycée professionnel

Dans tous les pays du monde, après une école du socle qui finit à 15 ou 16 ans, il y a une procédure d’affectation dans la diversité des parcours qui pourrait être caricaturée en machine à trier. Les quelques cas qui étaient présentés comme des exceptions par les paléomodernistes consensuels que j'ai pu vérifier, se sont révèlés inventés de toutes pièces.

 En France, cette affectation se fait en deux étapes.

1)      L’enfant demande le lycée général et technologique ou le lycée professionnel. L’accès au lycée général et technologique est conditionné à l’autorisation du conseil de classe. La famille peut appel. La commission d’appel évalue si l’enfant a une « chance raisonnable de réussir la filière demandée ». Le doute est favorable à la famille.

2)      Si l’enfant a demandé le lycée professionnel. Il fait des vœux de choix de filières liées à une affectation. Un logiciel affecte l’élève 2 mois après le moment où il a formulé ses voeux :  1/3 des élèves n’ont pas leur premier choix.

 L’affectation en lycée professionnel est le principal dysfonctionnement du dispositif d’orientation et d’affectation après la 3ème.

Le mécanisme est trop impersonnel : les élèves ne peuvent pas s’impliquer dans leur choix. Trop souvent, il se retrouve pas dans un métier qu’ils n’ont pas vraiment choisi. Parfois, ils l'ont choisi mais ils sont déçus car ils ont été insuffisamment informés sur en quoi il consistait. Une étude de l’AFEV montre que les élèves qui n’ont pas eu leur premier choix, sont le moins à l’aise dans le lycée professionnel. Ils sont plus nombreux parmi les décrocheurs.

Il existe une solution, je l’ai écrit ici.

 La loi de la refondation de l’école a prévu d'expérimenter le dernier mot au parent pour « l’orientation ». Cela consiste à autoriser la seconde générale aux élèves qui ont des lacunes fortes et qu’une commission d’appel aurait jugé qu’ils n’auraient pas une chance raisonnable de réussir. (Les autres y sont admis aujourd’hui). Bizarrement, cela n’affecte pas l’affectation en professionnel où se situent les principaux dysfonctionnements.

Ce qui est intéressant de voir est que le plus fort dysfonctionnement, celui qui crée de la désespérance, celui qui concerne les jeunes les plus éloignés de l’école n’a pas du tout pris en compte, ni dans la loi de refondation, ni par le ministère de l’éducation nationale actuellement. Le fait que les jeunes, qui n’ont pas les moyens d’aller vers la seconde générale, ne puisse pas s’impliquer dans leur métier futur et qu’un tiers d’entre eux se retrouvent dans une formation qu’ils n’ont pas choisi, ne semble intéresser personne. Ce sont pourtant des destins humains. Par ailleurs, c’est un moteur de la dévalorisation du professionnel. Il est vrai que les parents informés, quand malgré les nombreux délits d’initiés, sont dans l’obligation d’orienter leur enfant vers le professionnel, choisissent l’apprentissage ou un lycée professionnel privé.

J’ai aussi examiné les mécanismes des biais sociaux lors de l’affectation dans le parcours après troisième. Voir ici le billet où ces mécanismes sont détaillés. Il y a 4 mécanismes :

- Le premier concerne la surreprésentation des catégories sociales défavorisées parmi les jeunes en grandes difficultés.

- Le deuxième porte sur la méconnaissance du système et donc des règles de la réussite par les familles. C’est ce qu’on appelle le délit d’initiés.

- Le troisième porte sur l’autocensure dans les souhaits d’orientation. A niveau égal, un jeune issu d’un milieu modeste demandera moins facilement le lycée général.

- Le dernier point concerne la plus grande difficulté à réussir en cas de faiblesse pour les enfants qui n’ont pas le soutien de leur famille.

Le processus en expérimentation n’a une influence sur aucun de ces biais sociaux. L’élève et sa famille s’autocensura alors qu’il a la capacité de réussir, comme avant. Il acceptera la décision du conseil de classe sans la contester alors que s'il l'avait contesté le système lui aurait donné raison, comme avant. L’enseignant ne contredira pas les choix d’un élève moyen qui se sous-estime car il ne peut pas prendre le risque de le voir se planter, comme avant. Il n'y aura pas plus de moyens de tutorat pour aider l’élève qui est un peu juste dans ses acquis. Il y en aura plutôt moins car les élèves arrivant avec des grandes difficultés deviendront prioritaires et vont accaper les faibles moyens pour l'accompagnement en lycée général. 

Les élèves avec des lacunes en expression à un niveau tel que l’on sait qu’ils ne pourront pas suivre, étaient autrefois refusés en lycée Général et Technologique. Aujourd’hui l’élève aura le droit d’aller s’y planter. Quelle que soit la bonne volonté des profs, on ne rattrape pas 5 ans de lacunes accumulées en expression écrite, en 1h par semaine en enseignement personnalisé par groupe de 17. Ce qui est impossible en classe de 4ème, l’est tout autant en classe de 2nde. Même dans le cas où on prévoit un reclassement en cours d’année, ce sera dans les places disponibles donc dans les formations du professionnel les moins demandées Cet échec ne concerne que les élèves les plus éloignés de l’école, les parents informés savent que ce n’est pas l’intérêt de leur enfant et ne choisiront pas cette solution.

L’expérimentation est négative pour les familles les plus éloignées de l’école. Elle a un intérêt très faible pour les familles des parents informés et les enseignants. Elle leur évite l’épreuve de la commission d’appel qui est perçue comme une remise en cause.

L’inconvénient est qu’elle détourne l’attention des vrais problèmes qui concernent les enfants :

-          Le processus d’affectation en professionnel (ne permet pas de s’impliquer dans son métier futur et 1/3 des enfants ne sont pas dans la filière qu’ils ont choisi),

-          L’autocensure des familles qui ne connaissent pas le système éducatif et l’insuffisance du soutien au lycée pour les enfants impliqués qui ont des faiblesses et pas de parents pour les aider.

 L’affectation en université

Le refus de la sélection est une revendication des syndicats d’étudiants. Mais au prix où sont les études pour ceux qui doivent se payer le logement, qui peut se payer le luxe d’aller dans une filière qu’il n’a pas une chance raisonnable de réussir ? Pas les enfants de milieux modestes. Les fils de bourgeois qui continuent à habiter chez leur parent, certainement. Par ailleurs, on peut se demander si c'est logique que des étudiants de banlieue étant à proximité d'un transport en commun pour la Capitale, soient toujours affectés à l'université de leur académie, inaccessible en transport en commun et qui les obligent à financer un logement. Pourquoi les habitants de la Capitale de niveau social en généralement plus élevé serait les seuls à avoir le privilège de ne pas avoir à financer un logement étudiant ?

Par contre, les très bons élèves méritants de milieux très modestes choisissent souvent des filières courtes BTS, alors qu’ils ont les moyens de réussir des BAC+5. Simplement, la famille a besoin de se sécuriser.

Qu’arrive-t-il aux bacs pro qui se retrouvent à l’université ? 93% à 100% d’échec en fonction de la filière. Bizarrement ces enfants ne sont pas issus de familles favorisées. Les bacs pro qui sont en échec après avoir tenté l’université ont plus de mal à trouver du travail que celui qui recherche juste après son bac.

Là aussi, l’absence de sélection favorise ceux qui connaissent les règles du jeu aux dépens de ceux qui ont le plus de difficultés avec l’école.

 Il me semble évident qu'il faut proposer des places en université, pour tous les bacheliers qui souhaitent continuer leurs études. Mais, dans une filière que vu leurs acquis, ils ont une chance raisonnable de réussir.

Voici, une organisation qui a mon avis est au bénéfice de tous. 

Cela suppose d’accepter une sélection, une possibilité de rattraper des acquis sur les fondamentaux. Des passerelles sont nécessaires pour pouvoir changer de formation. Il y a aujourd'hui 3 niveaux en Français et en capacité d'auto-organisation pour l'apprentissage, au lycée d'aujourd'hui. Celui de bac pro, celui des filières STI, celui des filières générales. Reconnaissons-le, et donnons la capacité au bac pro ou celui qui a une dominante qui est celle d'une filière STI d'aujourd'hui d'accéder au niveau au-dessus.

C'est à dire que sur le diplôme du bac qu'il soit professionnel, technologique ou générale, il est inscrit le niveau acquis en "expression et compétence d'auto-apprentissage de type littéraire" par exemple "Niveau de base", "Niveau 1", "Niveau avancé" qui conditionne les filières fermées et ouvertes de l'université. Pour valider le bac pro, il est nécessaire d'avoir le "Niveau de base".  (Par ailleurs, si l'élève est prêt fait à faire les efforts nécessaires, il sera accompagné au lycée professionnel pour préparer le Niveau 1. Les enseignants seront libres d'aider un élève qui sera prêt à l'auto-apprentissage à préparer le niveau 2, mais cette possibilité restera un peu théorique.)

Les universités doivent donner le moyen à tous les élèves de valider, s'il désire le niveau supérieur. C'est-à-dire,l'élève qui a validé le niveau de base lors de son bac pro, pourra préparer la validation du Niveau 1 à l'université en même temps que sa formation principale qui est une formation professionnelle. Cette validation lui ouvrira des parcours qui lui étaient auparavant fermés. Il y a un quota pour des admissions supplémentaires sur l'expérience acquise et la motivation. Ces rattrapages seront aussi possibles en cours du soir avec une partie d'auto-formation par Internet, organisés pour être compatible avec un emploi salarié. Des outils pour l'autoformation sur internet sont diffusés gratuitement.  

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