Selon l'AGEFI à Genève, le consortium de journalistes auteur des révélations des "Panama papers" est presque exclusivement soutenu par des donateurs américains (ou du Royaume-Uni). En particulier le réseau Open Society Foundations créé par le milliardaire George Soros. Et The Ford Foundation.
L’ICIJ est cependant transparent à ce sujet et l'institution dont il dépend, the Center for Public Integrity, a les mêmes donateurs. Mais bénéficie aussi des fonds de la famille Rockefeller, ou encore de la Carnegie Corporation of New York.
Ces fondations ont l'habitude de financer les initiatives privées américaines qui adhèrent à la stratégie Gene Sharp.
Les journalistes ont ainsi évité de mettre en cause des dirigeants Nord-américains ou Wall Street, autrement dit le coeur financier de la planète et le pays où s'amassent les plus grandes fortunes.
Wikileaks, qui lutte pour la "transparence intégrale", s'inquiète du fait que l'ICIJ refuse de dévoiler ses données ou de les transmettre à la justice, ce qui augmente les soupçons de conflit d'intérêts : "Seule la liste des sociétés et quelques pièces le seront, les prête-noms en somme. Ce qui accentue forcément les inquiétudes de voir le consortium se servir de la liste en fonction de ses intérêts."

Dans cette logique l'opération anti-Poutine n'est pas surprenante. L'ICIJ semble même avoir réservé un sort particulier à l'entourage du président de la Russie : "Wikileaks a exprimé ses réserves sur les publications qui ciblent l’entourage de Vladimir Poutine. Elles seraient le fruit d’une collaboration entre le consortium de journalistes et l’Organized Crime and Corruption Reporting Project. Une organisation qui regroupe des centres d’investigation allant de l’Est à l’Europe à l’Asie centrale. Sa crédibilité a cependant été mise en doute, certains y voyant la main de Washington, au vu de la présence de l’United States Agency for International Development (USAID)." [organisation subventionnée par le Congrès US]
L’ICIJ et Wikileaks avaient collaboré par le passé, mais vu l'ampleur du dossier des "Panama papers", les conflits d'intérêts semblent prendre le pas sur la transparence. L'ICIJ s'abrite derrière le "secret des sources" et pointe par opposition "l'irresponsabilité" de Wikileaks.
Sans nul doute, Wikileaks respectera ses propres principes en s'attachant à dévoiler les données dissimulées par l'ICIJ.
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Voir : Panama Papers: l’attention se déplace sur l’ICIJ, in L'AGEFI, 8/04/2016.
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