Malgré l'offre de transports en commun sur un territoire et les tarifs sociaux associés, l'incapacité de mobilité individuelle faute de véhicule motorisé reste un véritable obstacle pour l'accès à l'emploi.
Pour les populations urbaines ou péri-urbaines, les emplois de nuit nécessitent la possibilité de se rendre au travail sans dessertes de bus ou de métro. Par ailleurs, même en ville, sans mobilité individuelle motorisée certains métiers sont inaccessibles - chauffeur-livreur, ambulancier, etc. - ou quasiment inaccessibles - plombier, paysagiste, rondier, etc. Pour les habitant·es de zones rurales, le champs des possibles en matière d'emploi est évidemment encore plus restreint si vous ne disposez pas d'un véhicule motorisé.
Dès lors se pose la question de l'accès au permis de conduire et notamment au regard de son coût. L'obtention du permis B coûte en moyenne 1800€ en France, avec de grandes disparités selon les départements. En Bretagne, l'Ille et Vilaine et le Finistère sont dans la moyenne, tandis que le département des Côtes d'Armor se situe légèrement en-dessous de la moyenne et le Morbihan légèrement au-dessus. A noter quand même un opérateur récent qui propose des tarifs particulièrement bas : permispascher.fr
Dans les familles plutôt aisées, il n'est pas rare qu'un·e jeune se voit offrir par ses parents le permis de conduire, voire sa 1ère voiture, dès l'âge de 18 ans et parfois après une période de conduite accompagnée. Mais dans beaucoup de familles précaires, le jeune devra attendre d'avoir travaillé et économisé suffisamment pour se payer le précieux sésame, voilà déjà un marqueur d'inégalité par le cloisonnement social : l'absence de permis restreint l'accès à l'emploi... qui peut justement permettre d'accéder au permis !
Au-delà des jeunes, de nombreux actifs ne parviennent pas à économiser suffisamment même après de longues années de labeur, sans compter celles et ceux qui ont perdu leur permis et se voient alors frappé·es d'une double peine par la fermeture de l'accès à de nombreux emplois.
Heureusement, pour les personnes inscrites à Pôle emploi, un dispositif d'aide financière est prévu pour corriger les inégalités sociales et faciliter l'accès à l'emploi pour tous. Il s'agit d'une aide d'un montant maximum de 1200€ avec deux conditions préalables : être inscrit·e depuis au moins 6 mois en continu à Pôle emploi (durée réduite en cas de promesse d'embauche) et toucher moins de 29,26€ d'allocations chômage par jour.
Cette aide est définie par l'instruction Pôle emploi n°2011-205 du 9 décembre 2011, instruction qui s'appuie sur la délibération n°2011/13 du 11 avril 2011 stipulant que seul le directeur général fixe les modalités de mise en oeuvre de l'aide. Autrement dit, les conditions d'accès à l'aide doivent être les mêmes sur l'ensemble du territoire national et ce, conformément à notre principe fondamental d'égalité de droits des citoyens français.
Problème : la direction régionale de Pôle emploi Bretagne s'est arrogée, en toute illégalité, un permis d'éconduire certains demandeurs d'emploi dans leur droit d'accès à l'aide au permis. En effet, de 2011 à fin 2018, la consigne officielle était en Bretagne d'opposer une condition supplémentaire pour bénéficier des 1200€ : être inscrit·e depuis au moins 2 ans à Pôle emploi dans les 3 dernières années, au lieu de simplement 6 mois en continu dans les autres régions. De quoi inciter à rester au chômage plus longtemps, beaucoup plus longtemps pour enfin pouvoir obtenir le permis ! Disposition illégale, inique et contre-productive donc.
Par ailleurs jusqu'à fin 2018 Pôle emploi Bretagne refusait l'octroi de l'aide aux personnes ayant déjà obtenu le code de la route, tandis que la règle nationale prévoyait une dérogation dans ce cas.

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Mais les irrégularités bretonnes ne se sont pas arrêtées fin 2018 : l'instruction nationale prévoit qu'à la demande de l'aide soit présenté un devis d'auto-école détaillant tous les frais inhérents au parcours d'accès au permis, notamment le coût du passage à l'examen de conduite et le coût des leçons de conduite. En France, un apprenti conducteur doit passer minimum 20 heures de conduite sauf dans quelques cas (13 heures minimum sur une boîte automatique, pas de minimum en cas de permis perdu). Et bien à Pôle emploi Bretagne, un document exige là encore, de manière illicite, des conditions plus contraignantes : il vous est demandé un devis mentionnant obligatoirement 30 heures de conduite minimum et le coût de 2 passages à l'examen de conduite.
Enfin, une dernière pour la route : depuis le décret n°2017-273 du 2 mars 2017, il est possible de mobiliser son Compte Personnel de Formation (CPF) pour financer le permis de conduire. Jusqu'à fin 2018, un actif (rappelons qu'un chômeur est un actif) pouvait cumuler jusqu'à 150 heures de crédit au titre du CPF valorisables à hauteur de 9€ par heure, soit un maximum de 1350€ donc de quoi financer une bonne partie du permis B. Et bien dans le même temps, par un document interne émanant de la direction régionale, Pôle emploi Bretagne limitait à seulement 40 heures la mobilisation du CPF pour le permis B, privant ainsi les demandeurs d'emploi concernés de 1000€ qui leur étaient pourtant dûs !
Si vous êtes concerné·e, que vous soyez toujours inscrit·e ou non à Pôle emploi, vous pouvez demander réparation. Voici un article sur les possibilités de recours contre Pôle emploi : https://blogs.mediapart.fr/yann-gaudin/blog/251119/quels-recours-face-pole-emploi
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