Un âne islamogauchiste (avatar)

Un âne islamogauchiste

Abonné·e de Mediapart

431 Billets

3 Éditions

Billet de blog 2 mars 2011

Un âne islamogauchiste (avatar)

Un âne islamogauchiste

Abonné·e de Mediapart

Serge Gainsbourg

Un âne islamogauchiste (avatar)

Un âne islamogauchiste

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Les morts qui d'une manière ou d'une autre nous furent familiers nous rappellent par leur disparition et leur souvenir ce qui de nous n'est plus.

Il en est ainsi pour moi de Serge Gainsbourg. Le chanteur, auteur et compositeur est mort il y a 20 ans jour pour jour aujourd'hui et pourtant, je me souviens encore très bien de cette journée.

[20] ans déjà, que cela passe vite, [20] ans.

J'habitais, lycéen, chez mes parents et ce 3 mars 1991 - puisque la triste nouvelle fut connue le lendemain - était un dimanche où mes grands-parents vieille France étaient venus à la maison.

Je me souviens de mon radio-réveil à cristaux liquides rouges branché sur France inter, je crois, qui me réveilla sur ces mots qui revenaient en boucle : "Serge Gainsbourg", "Rue de Verneuil", "fans". J'avais évidemment compris car je faisais partie de ces fans qui pouvaient enfin regarder le public anglo-saxon sans honte en oubliant Johnny et autres fadaises dont Gainsbourg disait qu'ils étaient, pour les yéyés, "des VO sans le V, des zéros quoi". Tous ceux qui aimaient et écoutaient déjà Gainsbourg au début des années 1990 s'en souviennent - le chanteur était en sursis, d'infarctus en opérations miraculeuses à chaque fois. Ces infarctus à répétition, disait Gainsbourg, prouvaient qu'il avait un cœur.

Ainsi donc, quand Gainsbourg est mort, j'étais addict de ses chansons. C'est un hasard mais c'est ainsi. Je me souviens d'ailleurs que le lundi suivant, en retournant au lycée, un camarade de classe me dit : "Sincères condoléances". J'eus l'impression, alors, de vivre la mort d'un poète même si je sais désormais que la chanson, vraiment, est un art mineur. Cela ne m'empêche pas de penser, cependant, que Gainsbourg excellait en ce domaine : Ces petits riens, Les dessous chics, La Chanson de Prévert, Sorry Angel...

Quand j'ai appris sa mort, donc, j'ai été peiné comme on imagine qu'un adolescent puisse l'être à la mort d'un être qui incarne un horizon et un ailleurs. Ses chansons rythmaient en outre une de mes grandes histoires d'amour. Nous étions fous de Gainsbourg et La Javanaise, notamment,accompagnait nos étreintes. L'auteur de Variations sur Marilou (chef d'œuvre !), bien que non poète - au sens où, comme il le disait lui-même à Guy Béart notamment, la poésie n'a pas besoin de musique instrumentale -, m'a lentement amené vers Baudelaire dont, par ailleurs, il a joliment mis en musique Le Serpent qui danse.

Mes grands-parents réactionnaires étaient à la maison ce week-end-là et sachant à quel point, car elle me l'avait dit, ma grand-mère paternelle était outrée par les chansons cul voire salaces de Gainsbourg, j'ai décidé de rendre hommage à celui-ci, immédiatement. J'ai pris mon 33 tours reggae (Aux armes, etc.), ai quitté ma chambre et suis allé mettre mon vinyl sur la platine du salon avec, pour commencer, Rouget de Lisle revisité.

Mon père a discrètement approuvé ; mes grands-parents n'ont rien dit, même s'ils auraient préféré Michel Droit. Le chanteur étant mort, ça valait bien une Marseillaise.

Je n'aime pas particulièrement les frasques médiatiques de la fin d'un Gainsbourg devenu Gainsbarre, ni - hormis un ou deux titres - ses deux derniers albums (mieux, toutefois, que Le sable et le soldat, épouvantable chanson sioniste) et j'ai détesté le jour où il a brûlé un billet de 500 francs manquant ainsi sérieusement de pudeur et préfigurant le bouclier fiscal du gnome malfaisant. Mais enfin, la chanson française a une autre gueule depuis Gainsbourg et, surtout, si j'ai l'impression qu'il est mort hier, c'est bien parce qu'il n'a pas pris une ride.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.