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Billet de blog 1 septembre 2017

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Oeuvres monumentales: Jean-Michel Solvès et Jaume Plensa

L'été à musarder dans les musées : traversant plusieurs régions, dont la Comté, le Forez, le Velay, le Quercy, le Poitou ou la région nantaise, je me suis attardé dans quelques musées. Aujourd'hui, les 70 sculptures de Jean-Michel Solvès sur le site de l'abbaye de Maillezais (Vendée), et celles de Jaume Plensa, au Musée d'Art moderne de Saint-Etienne. Et pour rappel : Prune Nourry au musée Guimet.

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Solvès à Maillezais

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Jean-Michel Solvès, diplômé des Beaux-Arts de Paris, est peintre, sculpteur et dessinateur. Il est, comme d'autres artistes, conduit à s'exprimer sur le terrain religieux : c'est ainsi qu'il a réalisé La Dame de Bourgenay, que l'on peut voir au port de Bourgenay, à Talmont-Saint-Hilaire (Vendée) en hommage à la fondatrice du couvent des bénédictines des Sables-d'Olonne et un arbre creux en bronze, La Crypte de Grasla, aux

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Brouzils (toujours en Vendée) pour célébrer… la foi des Vendéens.

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Maillezais est un site exceptionnel. Ici, dès l'an Mil, un monastère fut installé, au bord du marais poitevin. Puis l'abbaye devient évêché en 1317, une cathédrale majestueuse est élevée sur ce qui forme un promontoire. Les moines, en association avec d'autres monastères de la région, assèchent en partie les marais. François Rabelais séjourne ici durant cinq années avant de devenir écrivain. Puis, au cours des guerres de religion, les protestants s'emparent du site et les attaques des... catholiques détruisent pour partie la cathédrale ! Devenue ruine, elle subit les derniers assauts après la Révolution : des pierres taillées sont récupérées par des entrepreneurs pour favoriser la construction de bâtisses dans le pays. Ce n'est qu'en 1993 que le Conseil Départemental de Vendée l'acquiert et restaure ce qui peut être sauvé. Grâce aux restaurations et aménagements, ces ruines restent majestueuses, mêlant les différentes périodes : romane, gothique ou Renaissance.

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Cette abbaye a donc été érigée en évêché il y a tout juste 700 ans. A l'occasion de cet anniversaire, le Département de la Vendée organise une exposition des sculptures monumentales de Jean-Michel Solvès, titrée Futur antérieur. Ces personnages sont censés représenter des druides, prêtresses, pythies, mages, prieurs et totems. L'artiste dit qu'il espère qu'elles invitent à un voyage intérieur, elles sont "un arpenteur de silence dans l'effroi de l'agitation du monde". L'effet est impressionnant : ces personnages sombres, se ressemblant sans être identiques, semblent monter la garde. Ou attester d'une présence mystique lointaine.

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Quant à la sculpture tête brisée, elle a été réalisée en 2000 : il s'agit d'une reproduction monumentale d'une toute petite sculpture découverte à la fin du XIXème siècle, censée représenter le seigneur Geoffroy de Lusignan, dit Geoffroy la Grand'Dent, qui au début du XIIIème siècle a pillé l'abbaye. La légende en fera un fils de Mélusine, puis Rabelais s'en empare pour en faire un compagnon de Gargantua et Pantagruel.

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Repoduction récente non signée d'une très petite statuette ancienne. Celle-ci, non brisée, aurait pu atteindre 15 m de haut.
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Les ruines de l'abbaye de Maillezais et les sculptures de Solvès surplombent le marais
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. Jusqu'au 17 septembre.

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Jaume Plensa à Saint-Etienne

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Jaume Plensa, sculpteur catalan, est connu dans le monde entier. Il expose actuellement au Musée d'art moderne et contemporain de Saint-Étienne, des têtes monumentales en fonte, de 4 mètres de haut, celles de jeunes filles qui se côtoient sans se regarder. Ainsi que deux visages en résille d'acier, et un visage fugace peint directement sur un immense mur blanc. Au départ, avant d'être étirées et statufiées, ces jeunes filles sont bien réelles et ont un prénom donné aux œuvres ainsi créées (Anna, Lou ou Wilsis). Ces visages immobiles, tels des statues de pierre Moai sur l'île de Pâques au Chili, sont impressionnants : sans doute par leur caractère monumental, et peut-être par "la force et la sérénité" qui se dégagent d'eux provoquant chez le spectateur "un sentiment de plénitude mêlé d'émotion" (selon le prospectus du musée). Il dit vouloir rompre avec "l'idée totémique" de la sculpture pour la remplacer par "l'insaisissable". Il me semble tout de même que cela reste totémique et  insaisissable.

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. Jusqu'au 17 septembre.

Jaume Plensa est l'auteur d'une œuvre en fonte déposée sur un palier de l'escalier monumental d'Auch, chef-lieu du département du Gers : il a souhaité pour commémorer les inondations dévastatrices et meurtrières de juillet 1977, et pour ce faire l'artiste a reproduit un extrait de la Bible, tout le passage consacré au Déluge, qu'il a intitulé L'Observatoire du temps. Ce qui n'est pas forcément un choix judicieux puisque le déluge est une punition divine à l'encontre des hommes qui avaient péché. Heureusement que, justement, le passage de la Bible en question précise que Dieu a fait alors une promesse : "plus jamais je ne frapperai tous les vivants comme je l'ai fait".

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Plus bas, il a installé un Abri impossible, quatre colonnes surmontées d'un chapeau-champignon, ne permettant pas de s'y réfugier. C'est la Région qui a proposé à la ville d'Auch cet artiste déjà renommé, en s'engageant à payer 80 % du prix. Les édiles étaient tentés par la notoriété, mais pas trop par l'œuvre. En effet, Jaume Plensa, qui a une propension à créer des figures surdimensionnées, avait prévu que le texte de la Bible ne serait pas posé à plat mais formerait une tour, un cylindre assez haut, sur le palier. La mairie refusa, alors l'artiste se rabattit sur la formule actuelle mais avec, au centre du texte biblique, un œil et un jet de lumière montant la nuit à 100 ou 200 mètres. Certains se souviennent encore de ce faisceau lumineux qui transperçait les airs auscitains, mais des jeunes s'amusant à le détourner avec de multiples objets, il fut très vite supprimé et remplacé par une plaque en fonte au centre du palier.

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[Photos site Jaume Plensa]

Aujourd'hui, Jaume Plensa ne s'attarde pas trop sur Auch dans son press-book. Quant à L'Abri impossible (dans lequel certains Gersois voyaient la stylisation… de l'épi de maïs), il est toujours là : depuis quelques années, un café associatif fort sympathique s'est ouvert tout près. Il se nomme : L'Abri des Possibles.

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Looking into my Dreams, Awilda, 2012 PAMM-Pérez Art Museum Miami, 2016 [Photo site de Jaume Plensa]

Prune Nourry au Musée Guimet

Prune Nourry, dont j'avais présenté l'œuvre au sein d'un billet où je traitais de l'armée de terre cuite enterrée à Xi'an, en Chine, produit également des sculptures monumentales, comme celles exposées actuellement au Musée Guimet.

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[Photos site du musée Guimet]

Fragments de Bouddha, et sa création Terracotta Daughters qui met en lumière 108 fillettes-soldats créées en Chine en collaboration avec des artisans copistes du Xi’an : elle évoque la disproportion démographique entre garçons et filles qu'elle symbolise par l'enfouissement en 2015 de huit d'entre elles, qui seront exhumées en 2030.

. Jusqu'au 18 septembre. Site du musée : ici.

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Soldats enterrés, en terre cuite, près de Xi'an, Chine [Photos YF]

 . Voir : Armée en terre cuite : le tyran se cache dans les détails

. Photos de ce billet : © Yves Faucoup [sauf autre indication]

Billet n° 339

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  [Le blog Social en question est consacré aux questions sociales et à leur traitement politique et médiatique. Voir présentation dans billet n°100. L’ensemble des billets est consultable en cliquant sur le nom du blog, en titre ou ici : Social en question. Par ailleurs, tous les articles sont recensés, avec sommaires, dans le billet n°200]

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