La "pensée articulée" de Dupont-Aignan
Ce n'est plus Debout la France, mais la France sur ses ergots. Selon Nicolas Dupont-Aignan ce matin sur France Inter, le travailleur détaché est payé 15 fois moins qu'un travailleur français. Faux. Puis finalement dix fois moins, puis la moitié moins. La France face à l'Europe ? C'est "une femme violentée dans sa maison". Délicat. Il se justifie : "Vous trouvez pas que le chômage c'est violent" et d'utiliser sans vergogne des suicides dans sa ville pour étoffer sa démonstration.
Il émet des doutes sur l'attaque chimique en Syrie [vidéo vers 7'30]. Il n'a rien à faire de la précédente attaque de 2013 (1500 morts). Il ne voit pas l'intérêt d'Assad puisqu'il est en train de gagner cette guerre : donc il n'est pas coupable. Avec un culot incroyable, il prétend qu'il connaît "très bien la situation locale" : n'oublions pas qu'il s'est permis un jour de dire qu'étant allé sur la frontière turque avec la Syrie il avait rencontré pléthore de réfugiés voulant venir en France "pour ses aides sociales" (cette seule affirmation, selon moi impardonnable, suffit à prouver l'irresponsabilité totale de cet homme politique). Il croit pouvoir affirmer que les djihadistes se seraient réjouis des frappes de Trump, et accuse Fabius et le gouvernement Hollande d'avoir Al-Qaida comme alliés. Pour ce faire, il utilise une fausse déclaration attribuée à Laurent Fabius, qui a fait les choux gras des trolls sur Internet, pour affirmer que Fabius aurait soutenu Al-Nosra. Bien que la manipulation ait été depuis longtemps démontée et démontrée, malgré Patrick Cohen qui l'exhorte de ne pas "verser là-dedans", il poursuit tête baissée sur l'"attitude ambiguë" de la France. Se sentant acculé, il "révèle" que c'est Daech qui a tué sur les trottoirs de Paris ! Une habitude chez lui de s'accaparer les morts.
Il réclame de pouvoir finir ses raisonnements afin d'avoir "une pensée articulée" (!), ce qui ne l'aide pas puisqu'il se vante de "son potentiel électoral" : presque égal avec Fillon, qui est à 24, et lui à 18 %. "J'étais bien plus bas il y a quelques semaines", dit-il. Peut-être mais il était à 21 % en octobre selon l'Ifop et le site même de Debout la France !
Quelle France !
Nicolas Dupont-Aignan cherche à faire le buzz en quittant le plateau de TF 1 en direct alors qu'il était interviewé dans le journal télévisé. Il joue les outragés parce qu'il n'est pas invité au débat de lundi. C'est le même qui est tout fier d'être en Une du nouveau canard de la fachosphère, France, créé par les Identitaires.
[19 mars]
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Confusion
Nicolas Dupont-Aignan est le candidat de Debout la France (!) : son programme est pour partie de droite extrême sinon d'extrême-droite (finalement moins "social" que celui du FN). Il appelle à ce que l'on rejette les réfugiés hors de France, il prétend contre toute vraisemblance que dans les camps en Turquie les réfugiés lui ont dit qu'ils voulaient absolument venir en France "pour les aides sociales", il est contre les soins aux sans-papiers (qu'ils repartent dans leur pays, dit-il), il se plaint des "6 millions de chômeurs qui crèvent" et réclame que l'on ne vienne en aide qu'à "nos" pauvres. C'est ce qu'il affirme partout.
Voilà que ce matin [9 mars] il est invité sur France Inter : un auditeur qui se dit vrai socialiste (pas PS, précise-t-il), qui s'invoque de Merci Patron (film projeté hier dans sa localité), dit son rejet de Fillon, précise qu'il est petit fonctionnaire avec 1500 € par mois, prend la défense des plus pauvres, puis proclame sa flamme pour NDA, appelle à un grand rassemblement des "républicains" contre l'Europe avec NDA, et s'emporte sur le fait que les médias ne lui donnent pas assez la parole. L'autre boit du petit lait et confirme : s'il avait autant de temps d'antenne que Macron, il ferait le même score que lui dans les sondages ! Si des gens qui se disent de gauche, en appellent désormais à soutenir Dupont-Aignan, on est vraiment mal barrés.
[9 mars]
[Avec tous ceux qui m'ont fait la remarque sur Facebook, j'admets qu'il s'agit peut-être d'un coup monté].
. Les deux derniers textes sont parus, aux dates indiquées entre crochets, sur mon compte Facebook.
Billet n° 316
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[Le blog Social en question est consacré aux questions sociales et à leur traitement politique et médiatique. Voir présentation dans billet n°100. L’ensemble des billets est consultable en cliquant sur le nom du blog, en titre ou ici : Social en question. Par ailleurs, tous les articles sont recensés, avec sommaires, dans le billet n°200. Le billet n°300 explique l'esprit qui anime la tenue de ce blog, les commentaires qu'il suscite et les règles que je me suis fixées.