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Billet de blog 24 juillet 2018

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En finir…

L’affaire Benalla est gravissime pour ce qu’elle recèle de fonctionnement de barbouzes, mais on doit admettre qu'après l'indignation générale (grâce à la presse et aux réseaux sociaux), la Justice se saisit. Et une commission d'enquête parlementaire est créée. Si seulement il en était de même quand la France viole le droit international de la mer en refusant d'accueillir l'Aquarius.

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L’affaire Benalla est gravissime pour ce qu’elle recèle de fonctionnement de barbouzes (on imagine que ces hommes de main pouvaient ou auraient pu s’impliquer dans d’autres affaires troubles). Mais il faut se dire que c’est plutôt réconfortant de voir qu’on est dans un pays où ce genre de scandale, qui entache la Présidence jupitérienne, aboutit tout de même dans les mains de la Justice. Certes, cela a mis du temps, le Président a espéré étouffer l’affaire, les ministres n’ont rien moufté, les cadres de LREM ont fait profil bas. Vraisemblablement que, plus que la morale ou la justice, ce sont des petites vengeances (journalistes, policiers, fonctionnaires des ministères) qui ont permis des fuites. Mais aussi les réseaux sociaux qui ont bien des torts mais sont aussi des contre-pouvoirs (avec les vidéos qui sont souvent les seuls moyens de preuves).

Illustration 1

Quant à Marine Le Pen ou Éric Ciotti, ils jouent les comiques troupiers quand ils s’offusquent d’une "police parallèle". Il nous faut subir la péroraison d'un Gilbert  Collard ou d'un Christian Jacob, outré, lui l'héritier de ce parti gaulliste auteur de tant d'exactions et soutien fidèle d'un Fillon père-la-morale empêtré dans ses malversations !

 Finissons-en vite car il y a bien d’autres scandales, pires, qui ne provoquent pas une telle mobilisation ni une commission d’enquête. Par exemple le refus de secourir les naufragés de l’Aquarius (énorme scandale passé par profits et pertes) ou l’atteinte entamée et programmée des droits sociaux.
. J’en rajoute quand même un peu, car je ne l’ai lu nulle part : je ne comprends pas que M. Benalla n’ait pas été poursuivi aussi pour avoir caché son visage sur la voie publique, non pas pour se protéger mais le plus souvent pour ne pas être reconnu, ce qu’interdit la loi du 11 octobre 2010.

[23 juillet]

Deux poids…

Lundi matin, une vidéo diffusée par Libération, montrait que le jeune homme tabassé par Alexandre Benalla aurait, auparavant, lancé une bouteille de bière aux policiers et la jeune femme leur aurait fait… un bras d'honneur. Étrangement, personne n'en parle, et Gérard Collomb, lors de son audition hier matin devant la commission parlementaire, a mis bien longtemps avant d'y faire allusion, en laissant un doute, disant que l'enquête le déterminera. Et le préfet de police a déclaré, lui, qu'il n'y avait pas grand-chose à reprocher au couple en question.

En admettant qu'ils aient jeté un verre et une carafe, cela ne suffit pas à justifier qu'ils aient été castagnés. Je lis en ce moment Ludivine Bantigny 1968, De grands soirs en petits matins. Occasion pour l'historienne de montrer combien cet événement a été un mouvement social (et par seulement estudiantin). Seuls les ignares, des Sarkozy et autres Macron, peuvent présenter mai-68 comme une simple crise de la jeunesse. Je lis que le 24 mai 1968, à Rennes, les agriculteurs ont lancé des bouteilles de lait à l'encontre des policiers et sur les grilles de la Préfecture. J'imagine un chef de cabinet adjoint de De Gaulle ou de Pompidou s'interrogeant : "non mais, c'est quoi cette bouteille de lé ?"… pour justifier le matraquage des paysans. D'autres, aujourd'hui, emportés par la FNSEA, commettent parfois de gros dégâts, devant des policiers si ce n'est débonnaires du moins impassibles. Les barbouzes de l’Élysée se sont-ils entraînés aussi à casser du paysan ? L'enquête nous le dira... peut-être !

. article de Libération : ici.

[23 juillet]

Les "Mormons"

Illustration 2

Dans un article du Monde du 21 juillet, il est dit qu'Emmanuel Macron, pendant sa campagne, aimait s'entourer de fidèles, qui se surnommaient entre eux "les mormons", en qui il a confiance, auxquels il peut demander tout ce qu'il veut, et qui obéissent. C'est la petite bande de Benalla : "Momo Testo", "Kamel Judoka" ou "Barbiche" *. Il en a gardés à la Présidence : c'est mieux que des fonctionnaires qui pourraient, allez savoir, exiger de respecter certaines règles (et dont certains, excédés, sont peut-être à l'origine des fuites).
Bon, on ne va pas faire les étonnés. Ce comportement de "chef" (comme ces fidèles nomment Macron) est très répandu chez les politiques. On connaît tous des élus disposant dans leur entourage de collaborateurs dont on s'interroge sur les raisons de leur présence à de tels postes : le critère principal de leur recrutement n'étant manifestement pas la compétence, mais plutôt leur attitude toute dévouée. Mais c'est vrai ailleurs : dans les entreprises, dans de grosses associations. J'ai connu un grand patron du secteur éducatif et social qui vantait les mérites d'un de ses collaborateurs en précisant textuellement que s'il lui demandait "d'aller chercher une ramette de papier à 2 h du matin, il y allait". Nous, salariés, syndicalistes, on trouvait plutôt qu'il était "con" : on n’avait pas pensé de l'appeler "le mormon".

[21 juillet]

* J’ai noté dans mon précédent billet les propos racistes sur certains sites (dont Atlantico) et depuis on entend et lit des commentaires sur le prénom de M. Benalla : les mêmes qui reprochent aux familles d’origine arabe de donner à leurs enfants des prénoms arabes (les Zemmour en quelque sorte) se scandalisent quand Lahcène se fait prénommer Alexandre. On va finir par se demander si cette affaire aurait éclaté si le protagoniste ne s’était pas appelé Benalla. 

Et pendant ce temps, le monde tel qu'il va...

Illustration 3

Quand la France violait le droit de la mer

Le témoignage de Ludovic Duguépéroux sur France Inter ce 23 juillet, marin sur l’Aquarius, nous rappelle opportunément que le pouvoir en France n’a pas fauté seulement en couvrant des barbouzes, s’entraînant à matraquer dans la rue, mais a balayé, violé le droit maritime international. En laissant un bateau humanitaire chargé comme le métro aux heures de pointe voguer dans des conditions effroyables jusqu’aux côtes espagnoles, elles, accueillantes. Déjà ce scandale, nous l’avons presque oublié. Pas de commission d’enquête parlementaire.

Ludovic Duguépéroux, sauveteur sur l'Aquarius : "Secourir quand il y a détresse, c'est le devoir d'un marin".

 [23 juillet]

Casques blancs refoulés

Illustration 4

400 Casques blancs, secouristes volontaires, doivent fuir la Syrie. Certains seront accueillis en France. Ils ont accompli un travail considérable dans un contexte hyper-dangereux. Les médias pro-Poutine, comme RT (où travaille Frédéric Taddéi), les traitent de pro-djihadistes. Ces médias ont toujours, sur ordre du Kremlin, propagé qu’il n’y avait en Syrie que les fidèles d'Assad et les autres, forcément djihadistes. Le drame est que nous avons en France des propagandistes, à la droite-extrême mais aussi à gauche, qui ont suivi ce genre d’analyse binaire. On se demande ce qu’ils vont dire face à la venue en France de ces Casques blancs.

[23 juillet]

Illustration 5

Des enfants migrants victimes de tortures

Des enfants auraient subi des traitements inhumains et dégradants aux USA, des gardiens affolaient les enfants en leur disant qu’ils ne verraient plus leurs parents et qu’ils seraient adoptés. Espérons que les poursuites judiciaires aboutiront. Pourquoi le Tribunal Pénal International ne pourrait pas inculper Trump ?

Des enfants migrants victimes de tortures aux États-Unis

[22 juillet]

Et puisqu'on parle beaucoup de lieutenant-colonel en ce moment...

Réflexions sur l'héroïsme



Le 28 mars dernier, je commentais l'acte du lieutenant-colonel Arnaud Beltrame dans un post Facebook intitulé "Réflexions sur l'héroïsme" dans lequel j'écrivais :

" Il a pris un risque énorme en se substituant à une otage alors que le terroriste avait déjà tué et que détenir un représentant des forces de l'ordre lui permettait de rajouter un acte guerrier à sa folie meurtrière. Il est fort possible que dans la rapidité de sa décision le gendarme a espéré être plus à même qu'une otage de désarmer ce tueur.
La Gendarmerie Nationale, l'État, la Nation rendent hommage à ce lieutenant-colonel, mais on sent que ses supérieurs sont sur le fil du rasoir : louer l'acte de l'un des leurs, mais insister sur le fait que c'était une décision personnelle. En effet, le piège est que l'opinion publique puisse considérer que désormais les forces de l'ordre doivent dans tous les cas se sacrifier ainsi. C'est aussi la crainte que fait naître le geste de cet homme chez ses collègues
."

Illustration 6

Le compte-rendu détaillé des événements qui se déroulèrent au SuperU de Trèbes (Aude), rapporté par Le Monde daté du 24 juillet, confirme "la dynamique toute personnelle de son geste", à l'encontre des ordres donnés par le major chargé de la négociation avec le terroriste, et alors que ce dernier était tenu en joue par les policiers, à deux doigts de conclure. Le terroriste s'affole mais accepte l'échange et s'empare du pistolet mitrailleur du gendarme. Celui-ci a sauvé l'otage, il en est mort, poignardé, car, malgré son appel, l'assaut n'a eu lieu que 10 mn plus tard. Il a eu droit à tous les honneurs de la Nation pour cet acte héroïque, mais il y a fort à parier que ce déroulé d'action est montré en contre-exemple dans les écoles de gendarmerie.

[24 juillet]

L'esclavage toujours

Illustration 7

L’ONG Walk Free Foundation publie un rapport dans lequel elle dénombre 40,3 millions de personnes victimes de l’esclavage dans le monde, dont 24,9 M de travail forcé et 15,4 M de mariage forcé. Les pays les plus touchés : Corée du Nord, Érythrée, Burundi, République centrafricaine, Afghanistan, Mauritanie, Soudan du Sud, Pakistan, Cambodge et Iran. Mais les économies occidentales n’en sont pas exemptes. La France compterait sur son sol plus de 126 000 victimes de l’esclavage.

https://www.walkfreefoundation.org/#

[22 juillet]

Illustration 8

Quand les Fachos exploitent les Indiens

L'AfD, parti d'extrême-droite allemand, et la Lega (ex-Ligue du Nord) exploitent sans scrupule le fait que les Indiens d'Amérique ont été envahis. Ils cherchent ainsi à condamner les migrants, osant comparer le colonialisme et l'immigration. L'AfD écrivait en janvier 2017 : "Aujourd'hui, les Indiens d'Amérique vivent dans des réserves. Un scénario similaire pourrait se produire en Allemagne si on ne contrôle pas l'immigration de masse". D'autres partis extrémistes allemands ont repris cette propagande infâme. La Lega, elle, écrit : "Ils n'ont pas su édicter de règles contre l'immigration. Maintenant, ils vivent dans des réserves. Pensons-y". Des détraqués du Grand Remplacement ! Thème repris par le FPÖ autrichien et l'UKIP de Grande-Bretagne. Le Monde, qui aborde le sujet dans son édition du 21 juillet, dit que des milieux de gauche aux USA cherchent quant à eux à faire parler Sitting Bull pour tourner Trump en dérision face aux sans-papiers mexicains. Un historien appartenant au peuple indien lumbee dit son désaccord car cela figerait "les Amérindiens dans une image victimaire".

Illustration 9

. j'ai recherché sur Facebook, sur leurs comptes, les images utilisées par l'AfD et la Lega. Occasion de découvrir d'autres horreurs.

[21 juillet]

. Je reproduis ici, dans des versions à peine modifiées, des petites chroniques publiées, aux dates indiquées entre crochets, sur mon compte Facebook.

Billet n° 412

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   [Le blog Social en question est consacré aux questions sociales et à leur traitement politique et médiatique. Voir présentation dans le billet n°100. L’ensemble des billets est consultable en cliquant sur le nom du blog, en titre ou ici : Social en question. Par ailleurs, les 200 premiers articles sont recensés, avec sommaires, dans le billet n°200. Le billet n°300 explique l'esprit qui anime la tenue de ce blog, les commentaires qu'il suscite et les règles que je me suis fixées. Enfin, le billet n°400, correspondant aux 10 ans de Mediapart et de mon abonnement, fait le point sur ma démarche d'écriture, en tant que chroniqueur social indépendant, c'est-à-dire en me fondant sur une expérience, des connaissances et en prenant position.]

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