Patrick Buisson, que France inter recevait le 21 novembre, a déversé toute sa haine contre la Révolution française, l'accusant d'être la cause de "la fracturation de la société française" et qualifiant les massacres de Vendée (bien réels) de premier génocide de l'histoire. Comme si l'histoire n'avait pas connu de tels massacres dans le passé. Du coup, la Révolution française serait "la matrice de tous les états totalitaires", comparable aux Nazis ("Oradour en Vendée", dit-il dans son livre page 202, alors qu'à la radio il ne se souvient plus, dans un premier temps, avoir écrit cela). Allant jusqu'à reprocher à François Hollande d'avoir dit, lors de l'assassinat de Jacques Hamel dans une église de Normandie par deux terroristes à l'été 2016, que "s'en prendre à un prêtre c'était s'en prendre à la Révolution", alors que la Révolution a ordonné la déportation des prêtres, les a guillotinés, ajoutant que "la Terreur fera plus de morts en 8 mois que l'ensemble des jacqueries et des révoltes sociales sous l'Ancien régime". La France a inventé "le terrorisme d'État" et est mère de l'islamisme terroriste ! Que ne ferait-on pour faire le buzz.
Je laisse aux historiens le soin de contrer, avec arguments à l'appui, ce polémiste d'extrême-droite auquel France inter donne complaisamment la parole pour nous parler des morts de la Révolution (qui ignore qu'il y a eu des morts ?) ou plutôt susurrer de sa voix éraillée tout le mal qu'il pense de la République d'aujourd'hui. Je note juste en passant que Hollande avait dit textuellement : "Tuer un prêtre, c'est profaner la République". Son erreur de citation n'est certainement pas involontaire.
Ma remarque sera sur un point moins dramatique mais qui n'a pas été relevé : il a dit que les paysans ont été opprimés, non pas par l'Ancien Régime, mais par la bourgeoisie qui a fait la Révolution. Et de faire un parallèle incroyable : ces paysans seraient à comparer avec la "France périphérique" d'aujourd'hui. On savait que Christophe Guilluy, sociologue auteur de La France périphérique et d'ouvrages sur cette France (rurale) victime de la ville, cette France de la périphérie où seraient concentrées les classes populaires, était déjà récupéré par le Front National (qui, faisant de meilleurs scores en zones hors des grandes villes, préfère les qualifier de "populaires"), mais là on mesure combien cette thèse, fort discutable, se ridiculise avec Buisson.
. Extrait du 7/9 sur France inter le 21 novembre : ici.
Wauquiez, le radeau de la méduse
Interrogé sur Laurent Wauquiez, Patrick Buisson affirme qu'il ne l'a pas vu depuis plus d'un an, comprenant que le candidat à la présidence des LR cherche à avoir la "bénédiction de Nicolas Sarkozy", ce qui suppose qu'il le rejette, lui, "le fils maudit" (à moins que ce soit plutôt "le gourou indigne"). Pourtant, Wauquiez le chérissait tant ce Buisson qu'il aimait consulter. Sauf que Sarko ne pardonnera jamais à son ancien conseiller de l'avoir écouté à son insu, enregistrant ses conversations y compris à caractère privé. Pour le moment, Buisson profite de sa notoriété pour publier des livres (plutôt bien écrit, d'ailleurs, comme c'est le cas de La cause du peuple), et pour rester patron de la chaîne Histoire (TF1) avant de s'en faire virer s'il était condamné dans l'affaire des enregistrements.
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Et Wauquiez doit effectivement recueillir les faveurs de l'ancien président de la République qui vient cependant de lui reprocher à mots à peine couverts qu'il fonctionnait comme une "secte". Et Sarko n'est pas le seul à charger, Devedj s'y met aussi.
Patrick Devedjian, président LR du Conseil Départemental des Hauts-de-Seine (que présidait jadis Sarkozy), a déclaré à propos de Laurent Wauquiez, s’adressant à des journalistes (le 8 octobre), selon Le Canard enchaîné" : "Son problème c’est qu’il s’est beaucoup trompé. Il a eu trois lignes successives : démocrate-chrétien avec Barrot, droite sociale sous Chirac, et, aujourd’hui, il est droite identitaire. Dès que l’on se met à fouiller l’identité, moi, je m’inquiète surtout que la mienne ne soit pas si pure que cela".
Il ajoute "Wauquiez est le radeau de la méduse du sarkozysme. Et je ne vois pas très bien sa stratégie, sauf à vouloir un jour l’alliance avec le FN".
On se crève à le dire, mais c’est bien quand un ponte LR le confirme. D'ailleurs, Marine Le Pen a dit qu'elle envisageait une alliance avec Wauquiez. Bon, ce ne sera pas pour tout de suite, Wauquiez fait mine de s'offusquer, fait un peu de résistance. Chacun joue sa carte : elle, cherche à récupérer des LR favorables à une alliance, et lui cherche à récupérer des FN idem (favorables à une alliance). L'alliance, ce sera pour plus tard. Peut-être faudra-t-il qu'il atténue quelque peu son programme social, car sur ce terrain… il est pire que le parti de l'extrême-droite !
. Voir ou revoir : M. Wauquiez, le bonimenteur
. Ces petites chroniques sont parues, pour partie, dans une version plus courte, sur mon compte Facebook.
Billet n° 357
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