Marine Le Pen chez son banquier

La Tsarine à Moscou

Marine Le Pen a été reçue [jeudi 23 mars] par son banquier, à Moscou. Elle estime qu'en campagne électorale elle n'a pas à respecter la Justice de son pays. Par contre, elle peut à l'étranger faire allégeance à un chef d'État despote, approuvant ses exactions et son soutien aux partis nationalistes, xénophobes sinon racistes qui prolifèrent en Europe (et qui n'augurent pas de lendemains qui chantent). Toujours, sans vergogne, elle a dénoncé, depuis Moscou, la politique étrangère de son pays. Comme elle rêve de le faire depuis Washington, en serrant la main de Donald Trump : il a refusé jusqu'à présent, mais elle espère que ce n'est que partie remise.

Elle a ensuite fait quelques emplettes (une poupée russe de Poutine et une autre de Trump), traversé la place rouge, admiré la cathédrale Saint-Basile (le Bienheureux), assisté à la relève de la garde devant le mausolée de Lénine, et à celle des équipes de nettoyage des rues. Enfin : croisé Staline en personne, que toute intimidée, elle a salué avec effusion.

. reportage photos en ce mois de mars 2017 par mon envoyé spécial personnel à Moscou : © Saburo Kodama [droits réservés]

[24 mars]

Les casseroles de Marine Le Pen dans le Gers

Marine Le Pen tenait meeting dans le Gers [jeudi 9 mars], dans la sous-préfecture de Mirande. Elle a été accueillie par un concert de casseroles, à l'appel du comité anti-fasciste. Des banderoles CGT, PC, NPA, anarchistes étaient déployées.

Côté manifestants : 200 personnes pour dire que le Front National est un parti xénophobe, comportant un grand nombre de responsables et militants racistes et antisémites. Côté forces de l'ordre : presque autant, entre les compagnies venues de Bordeaux et les gendarmes du département, dans un déploiement incroyable. Côté partisans de Le Pen ou simples curieux : 5 à 600 personnes, ratissées localement mais aussi sur toute la région.

La gendarmerie avait installé les grands moyens : grilles anti-émeutes pour filtrer, au début contrôle d'identité et fouille. Pour ma part, j'arrive à passer. Le tonton macoute lepéniste à l'entrée, qui surveille avec les gendarmes, ne me reconnaît pas, pourtant, pour l'avoir pris en photo l'an dernier avec Louis Aliot sur un marché (photo que j'ai publiée), j'ai eu droit à une plainte du FN. Les autres ne passent pas : les casseroles, les klaxons et les drapeaux ne sont pas tolérés.

Dans une salle tout proche, Marine Le Pen déclame son discours comme à l'accoutumée, sans charisme, d'une voix rauque, lisant consciencieusement son texte, se faisant applaudir lors d'une tirade contre Macron "financé par Servier" ou contre les étrangers (là manifestement ça marche bien). A noter cependant que certains n'applaudissent pas.

Au bout d'une heure, les spectateurs rentrent chez eux et sont hués par les protestaires, qui redoublent leur frappe tonitruante contre les grilles et leur revêtement en plexiglass, pour bien leur signifier que c'est une honte de venir donner crédit à un parti tellement hors des principes républicains. Et il est vrai que ce spectacle de bien-pensants "venus écouter la Marine" est particulièrement désolant. Rappelons que, convoquée demain par un juge à propos des malversations de son parti, elle a décidé de ne pas s'y rendre.

Dans la foule bigarrée qui manifeste, je rencontre une petite dame aux cheveux blancs, que je connais depuis longtemps : discrètement, elle tape avec une cuillère sur une bouteille en plastique, ça ne fait pas trop de bruit, à la différence de ce qui se passe autour d'elle. Elle sait mieux que quiconque, compte tenu de l'histoire de sa famille, et de ce qu'elle a vécu à l'époque où le fascisme battait son plein en Europe, pourquoi elle est là. Cette importante mobilisation n'en est que plus réconfortante.

© Photos Yves Faucoup

[9 mars]

Le FN et les sans-dents en or

Jusqu'où iront-ils ? Un élu du Front National [à Fontaine, en Isère] propose qu'un dentiste récupère les dents en or des Roms pour financer leur logement (social). La direction du Front va-t-elle tolérer ce nouveau dérapage ?
"Pour loger les Roms, je pense qu’il pourrait y avoir un auto-financement. La Métropole devrait leur payer le dentiste… afin de récupérer leurs dents en or".

http://bit.ly/2nNcOKo

[18 mars]

Provocation à la haine

[La condamnation de Jean-Marie Le Pen est confirmée en appel : il avait été reconnu coupable en première instance de "provocation à la haine et à la discrimination ethniques". Il avait dit lors d'une réunion publique à Nice que les Roms ont "une présence urticante et disons odorante".]

5000 euros pour avoir diffamé une communauté humaine (les Roms). Quand on dispose de la fortune Le Pen, c'est peanuts. Mais cela a le mérite de rappeler que le FN défend des valeurs contraires à celles de la République. http://lemde.fr/2lgDFg5

[27 février]

Propos négationnistes du patron du FN à Nice

Sur cette photo, à l'extrême-droite, un responsable FN qui tient des propos négationnistes, minimisant la Shoah, et un responsable, Philippe Vardon, issu du Bloc identitaire, déjà condamné pour haine raciale. Vardon va jusqu'à reprocher à Christian Estrosi d'être trop favorable aux musulmans, c'est dire (il a publié L'imam Estrosi). Les deux Le Pen, à gauche (sur la photo), boivent du petit lait ou sont comme poissons dans l'eau, dans ce marigot.

http://bit.ly/2mDOGO8

[17 mars]

Gitan pro-FN !

La Dépêche publie ce matin des témoignages de militants ou sympathisants FN, disant leur intention de voter Marine Le Pen. On a droit à un "gitan" "au RSA" qui estime que "les politiques devraient penser à nous avant de loger tous les sans-papiers" et aussi à un homme de 62 ans, "travailleur en invalidité" qui déclare : "il n'y a rien pour les Français alors que les migrants illégaux sont payés et logés". Ces propos sont insupportables, ils en disent long sur la propagande éhontée que mène le Front National pour troubler à ce point les esprits. Ce parti xénophobe n'a pas sa place dans la République dont la devise est encore : Liberté, Égalité, Fraternité.

[9 mars]

Selon que vous soyez…

Déception dans certains milieux : si seulement le lycéen de Grasse super-armé qui a tiré avec un fusil sur trois personnes, avait pu se prénommer Karim ou Djamel. Ils avaient déjà le doigt sur le clavier pour ironiser sur les naïfs gauchistes et islamophiles, peut-être même "collabos", qui ne voient pas que tous les problèmes viennent des Arabes ou des musulmans. J'en connais même qui se disent de gauche. Pas de chance : le jeune homme de 17 ans se prénomme Killian, et son père est un élu, ancien Front National ayant basculé dans un parti souverainiste qui soutient Fillon. Les images horribles qu'il déposait sur YouTube (sans être censurées) mettent en évidence qu'il est perturbé psychologiquement. Ce que Christian Estrosi s'est empressé de dire, certainement à juste titre. Mais imaginez que le tireur se soit prénommé Djamel ou Karim, et imaginez l'empressement d'Estrosi, et d'un certain nombre de moralisateurs patentés sur Facebook ! Qui évidemment n'accorderont aucun intérêt à cet événement.

[16 mars]

 . Ces petites chroniques ont été publiées, avec des variantes mineures, sur mon compte Facebook, aux dates indiquées entre crochets.

Billet n° 312 

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