Petites chroniques sur la droite et le "libéralisme"
- 30 janv. 2017
- Par YVES FAUCOUP
- Blog : Social en question
Les "révélations" de François Fillon
Lors de son meeting ce dimanche, il a dit :
![[capture d'écran BfmTv, filmé par le staff Fillon] [capture d'écran BfmTv, filmé par le staff Fillon]](https://static.mediapart.fr/etmagine/default/files/2017/01/30/sans-titre-6.jpg?width=323&height=179&width_format=pixel&height_format=pixel)
"Les Français sont formidables et le jour où la bureaucratie arrêtera de les emmerder [sic], ils le seront beaucoup plus". On oublierait presque qu'il est en politique depuis 40 ans, et a une bonne part de responsabilité dans la façon dont l'administration est administrée.
"N'opposons pas les riches aux pauvres". Est-ce la raison pour laquelle il n'a strictement rien dit au sujet d'un des plus gros scandales français : la fraude et l'évasion fiscale (60 à 80 milliards d'euros pour cette dernière, soit le déficit annuel du budget de l'État, qui produit la dette) ?
"Je redonnerai des droits à la famille : elle est le lieu de la tendresse… donc je relèverai le quotient familial". Le QF c'est ce qui permet aux familles ayant le plus de revenus de réduire leur impôt : il est actuellement de 1500 € par enfant (ce qui correspond en quelque sorte à une subvention de l'État). Fillon veut remonter cette niche fiscale pour les familles les plus aisées. En quoi cela consiste en une défense de la FAMILLE en général ? Il ajoute : je protégerai les droits de l'enfant. C'est bien, sauf qu'une loi sur le sujet a été promulguée en 2016, et que la loi de 2007, qui régit l'essentiel du secteur, a été rapportée à l'Assemblée par Valérie Pécresse. Ça ne mange pas de pain de dire que l'on va faire plus encore.
Et de glisser rapidement sur le fait qu'il instaurera l'uniforme à l'école "pour donner le goût d'être ensemble et d'être égaux" (!). Tout en faisant huer les pédagogues.
Il était acclamé comme un vulgaire Macron toutes les 30 secondes. Malgré tout, les journalistes sur place trouvent que l'ambiance n'était pas à la fête. Wait and see, comme dirait Pénélope.
[29 janvier]
Le discours étriqué de Fillon

Enfin, comme tant d'autres politiques bafouant les politiques publiques, il lui a fallu citer l'Abbé Pierre pour évoquer la pauvreté et la loi de programmation de guerre contre elle qu'il veut faire voter pour que les associations, tellement dévouées, soient davantage aidées. Comme si l'État et les collectivités territoriales n'avaient pas d'abord un rôle à jouer. Enfin, le discours sur l'immigration est un discours qui se fonde sur les terroristes et les islamistes pour jeter le discrédit sur tout une population de confession musulmane montrée du doigt. Tout en se préoccupant des Chrétiens d'Orient. Choisir de rivaliser avec Marine Le Pen, sur ce terrain, n'est pas digne d'un homme d'État.
[29 janvier]
Notre-Dame du libéralisme
M le Magazine du Monde consacre cette semaine un article à Agnès Verdier-Molinié (AVM), "l'égérie de la diète publique". Son institut, qui brocarde le service public, les fonctionnaires et les dépenses sociales, est financé par un millionnaire qui a fait fortune en inventant le compresseur à vis unique, engin produisant de l'air comprimé ! Et effectivement, l'égérie ne manque pas d'air, parcourant sans cesse les plateaux de télévision, très demandée par les rédactions comme parangon d'une hystérie anti-sociale. Bien que bénéficiant d'avantages fiscaux (d'abord en se faisant passer faussement pour un parti politique, puis en étant abusivement "reconnu d'utilité publique", sous Fillon premier ministre), l'IFRAP, l'institut en question, a, à ses débuts, été soutenu par des fondations américaines : aujourd'hui c'est le Medef et Les Républicains qui ne jurent que par lui (et par elle). Et l'un de ses administrateurs est Denis Kessler, Medef, militant ouvertement pour la casse de la Sécu au profit des assurances privées.

Tout à fait d'accord pour que les dépenses publiques soient décortiquées, mais par des analystes de référence, pas par des charlatans qui se prétendent économistes.
. AVM veille comme toujours à ce que la caméra filme bien la couverture de son dernier livre, souvent au grand dam des animateurs ou de ses co-invités [capture d'écran le 22 janvier]
[voir mon billet sur Agnès Verdier-Molinié, l'ultra-libérale de choc]
[30 janvier]
Les assistés
Salaire mensuel de Mme Fillon et allocation mensuelle RSA.

Allocataire RSA : pour un chômeur victime des choix économiques de ceux qui soutiennent les politiques dites libérales, qui accusent les assistés de se complaire dans l'assistanat et envisagent une "allocation sociale unique" dans la seule perspective de réduire la "dépense sociale". A noter que le dit allocataire du RSA est tenu à s'engager dans un contrat de recherche d'emploi avec Pôle emploi (ou un contrat d'insertion avec le Conseil départemental si sa situation sociale est particulièrement dégradée).
Quand le chômeur a épuisé ses droits au chômage, il ne perçoit rien si son conjoint a des ressources. Sinon, il a accès au RSA.
[27 janvier]
Les "explications" de Fillon
François Fillon s'explique ce soir sur TF1. Il affirme que son épouse était sa collaboratrice, discrètement, elle lui faisait, par exemple, des revues de presse. Mais il ne dit rien (et Bouleau, le journaliste de TF1, ne l'interroge pas là-dessus) sur le fait que Mme Fillon a bénéficié également des indemnités quand son mari n'était plus député, mais remplacé par son suppléant. Par ailleurs, il s'étonne que rien n'ait été dit sur une affaire connue depuis 1997. Sauf que c'est faux. Personne n'en savait rien, et les rares qui savaient n'ont rien dit. C'est la réforme sur les revenus des élus qui a fait émerger cette affaire. Et si Le Canard enchaîné révèle aujourd'hui, c'est de bonne guerre : il choisit le moment qui lui paraît opportun.
[Petit rectificatif : la réforme sur les revenus des élus a conduit F. Fillon à faire cesser cet emploi fictif, de crainte que cela soit désormais connu. Par contre, la révélation par Le Canard enchaîné est manifestement due à une information recueillie par le journal satirique, sans doute une trahison venue du clan de la droite.]
[26 janvier]
Fillon : mauvaise note
François Fillon aurait pu avoir son épouse comme collaboratrice, payée ainsi aux frais de la princesse, pardon : du contribuable, comme tant de ses collègues députés. Sauf qu'il ne l'a jamais dit, que cela n'est jamais apparu, elle a toujours été présentée comme n'ayant aucune activité professionnelle. Donc Fillon aura du mal à se justifier. Thierry Solère, des LR, aggrave son cas en disant que, tout de même, elle est diplômée ! En quoi cela l'autorise-t-elle à occuper un emploi fictif. Ce n'est que depuis peu, avec l'obligation faites aux élus de déclarer tous leurs revenus que cette anomalie a pu émerger. Quand à La Revue des Deux-mondes, qui rémunérait sur un emploi inexistant Mme Fillon, elle est bien à droite, soutien de Fillon. Elle appartient à Marc Ladreit de Lacharrière, patron de Fimalac (qui produit Johnny, qui possède 4 Zénith, des casinos). Une des plus grosses fortunes de France, le milliardaire possède également l'agence de notation Fitch (vous vous souvenez de ces agences qui faisaient trembler la France en menaçant de baisser la note ? Plus personne n'en parle). Et il a ses œuvres, en soutenant des actions dans les banlieues : c'est ainsi qu'on a pu le voir en 2014 avec François Hollande, l'ennemi de la Finance et Djamel Debouzze à Trappes. Il sait défendre sa cause : "certains investisseurs gèrent des portefeuilles supérieurs au PIB de la France. Ils savent ce qu’ils font." Circulez, y a rien à voir. Et alors que la crise financière est due aux "prédateurs" de la Finance, il ose reprocher aux États de trop dépenser. Pour lui, le social, c'est la philanthropie : au bon vouloir du seigneur, comme lorsqu'il s'agit de verser des prébendes à un homme politique susceptible d'arriver aux affaires.
[25 janvier]
"Les bureaucrates de l'action sociale"
François Fillon en visite à Emmaüs
[voir mon billet sur l'ambiguïté du discours UMP sur la générosité : ici]
[20 janvier]
Approximations chez Ruquier

Comme Vanessa Burgraff veut tester sa capacité à parler des "petits", elle demande à Rama Yade quel est le montant du RSA pour une personne seule. Rama Yade répond : "500 euros". Et la journaliste d'ONPC, vérifiant ses notes, de contester en annonçant fièrement que c'est "540 euros". Wouaff ! Sauf que le montant réellement perçu (une fois déduit le forfait logement pour quiconque est logé) est de 470,95 euros (535,17 €, chiffre annoncé partout, est théorique). Arroseuse arrosée qui cherchait maladroitement à imiter la méthode prétentieuse de Jean-Jacques Bourdin.
[29 janvier]
Le vrai visage du "libéralisme"

On est en train de mesurer plus que jamais que le terme "libéralisme" est usurpé. Premièrement, les "libéraux" n'ont jamais été pour l'absence d'État : pourvu que l'État serve leurs intérêts. Exemple : la technocratie européenne est tolérée dans la mesure où elle obéit pour partie aux lobbys des grands groupes industriels et financiers. Tout le pouvoir économique à ceux qui détiennent les capitaux c'est admis y compris par la dictature "communiste" en place en Chine (son président est adulé en ce moment au Forum de l'oligarchie capitaliste de Davos et il peut se permettre de donner des leçons de libéralisme aux autres). Déjà dans le passé, on avait vu ce qu'était le libéralisme de Pinochet, conseillé par les golden boys de Chicago. Et ne parlons pas du despotisme russe à l'ombre duquel fleurissent les conglomérats capitalistes de la pire espèce. Alors que les libéraux n'ont cessé de revendiquer la globalisation, des capitalistes purs et durs prônent aujourd'hui le protectionnisme pur et dur (Trump, Teresa May). Ainsi le prétendu libéralisme, qui, pour assurer des royalties démesurées pour quelques uns, a mis nos économies à genoux (crise des subprimes, entre autres), n'a pas la liberté comme objectif mais seulement les profits, les profits, et encore les profits. Cette fin justifie, pour lui, tous les moyens.
[19 janvier]
En commentaire d'une vidéo comparant les discours de Fillon et de Le Pen

Accès au post et à la vidéo de Brut : ici
[16 janvier]
Le coût des sans-papiers
Francois Fillon prévoit de supprimer l'Aide Médicale d'État (qui s'adresse aux clandestins, afin que nul sur le territoire français demeure sans soins, et afin que les Français ne courent pas de risque à cause de maladies non traitées). Il va sans dire qu'il s'est bien gardé d'informer l'opinion publique sur le fait que les clandestins rapportent ainsi près du double de ce qu'ils coûtent avec l'AME. Or il ne peut pas ne pas le savoir (sauf erreur, il a été 5 ans 1er ministre).
. Positivr.fr du 11 janvier : Les sans-papiers ? 1,3 milliards de cotisations… et zéro contrepartie !
[15 janvier]
La saillie de Barbier

Le paradoxe dans cette affaire, lorsque l'on connaît un peu la teneur monocolore de cette émission, entre les mains du groupe Lagardère (sur une chaîne publique !), c'est qu'à plusieurs reprises, tout de même, des qualités ont été reconnues à Mélenchon, mais plus au personnage qu'à son programme. Comme s'ils avaient reçu consigne de ne pas trop le descendre en flamme.
[11 janvier]
"Valeurs" et "Causeur" dans le même bateau

[24 janvier]
. Chroniques tenues sur mon compte Facebook aux dates indiquées entre crochets.
Billet n° 302
Contact : yves.faucoup.mediapart@sfr.fr
Tweeter : @YvesFaucoup
[Le blog Social en question est consacré aux questions sociales et à leur traitement politique et médiatique. Voir présentation dans billet n°100. L’ensemble des billets est consultable en cliquant sur le nom du blog, en titre ou ici : Social en question. Par ailleurs, tous les articles sont recensés, avec sommaires, dans le billet n°200. Le billet n°300 explique l'esprit qui anime la tenue de ce blog, les commentaires qu'il suscite et les règles que je me suis fixées.]
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