Il n’est plus question de discuter, de partager des points de vue, d’argumenter quoi que ce soit à propos de ce virus et de la gestion de la crise sanitaire. De toute part, la violence des propos est immédiate et les réponses tout aussi méprisantes ou haineuses. Le but est atteint, c’est la guerre des tranchées. Tu as tort, j’ai raison, et le reste n’est que mensonge, affabulation ou manipulation. Si j’en ai le pouvoir, je censure ta parole, et si je ne l’ai pas, je t’insulte. Je sais, alors j’ai raison de croire ce que l’on me dit. Tu ne sais pas, alors tu as tort de douter de ce que l’on te répète.
Cela fait tout de même un an et demi qu’on nous fait tourner en bourrique, à nous dire tout et son contraire, à nous imposer des contraintes que dans nos pires cauchemars, nous n’aurions jamais crues possibles. Vous vous rappelez qu’on a laissé crever des vieux tout seuls au prétexte d’une sécurité sanitaire qui était surtout le résultat d’incompétences, de manque de moyens et d’absence d’anticipation ? Souvenez-vous de tous ces applaudissements de 20 heures aux fenêtres, destinés à remercier ces soignants qu’il s’agit aujourd’hui de mettre à pied, car on ne licencie pas dans ces administrations, on humilie, on écrase. Farida était descendue dans la rue pour la défense de notre hôpital public et la condition de ses soignants, et pour un doigt d’honneur, elle a été condamnée, et rien n’a changé. Aujourd’hui, ceux, parmi les soignants, qui ne veulent pas se faire vacciner, sont conspués, insultés, menacés, comme toutes celles et ceux, qui veulent garder le pouvoir de choisir ce qu’ils infligent ou non à leur corps.
Alors la droite et ses extrêmes s’emparent de l’aubaine à la sauce Manif pour tous, et leur liberté de se répandre en assaisonnement empoisonné sur les places de la République du pays. Et au lieu d’être vent debout contre toutes les restrictions de libertés, la vieille gauche réclame l’obligation vaccinale en enfonçant le clou de la responsabilité sanitaire à tout prix, même à celui de la liberté de penser, de douter et de le dire. Quels seront les effets secondaires les plus graves ? Ceux des vaccins ou ceux du passe sanitaire ? Quelles seront les conséquences économiques, pour le vacciné, le non-vacciné, l’industrie pharmaceutique ? Quelle est cette liberté qui s’arrête là où commence celle des autres ? Et inversement. Parce qu’en plus de vouloir la liberté de décider ce que j’injecte dans mon corps, je souhaite avoir celle de me déplacer où bon me semble sans être assujettie à un contrôle permanent. En quoi ta liberté vaut plus que la mienne ?
Culpabiliser les uns, les autres, décider le bien, le mal, les sanctions, les récompenses, Macron s’en occupe très bien, y’a pas besoin des fayots de service. On ne saura pas avant des années, voire des décennies, les nombreuses magouilles, les pertes, profits, mensonges et vérités, passés, en cours, ou à venir, mais pendant que le monde s’invective, le président se prépare à revenir en vainqueur. Et chacun pourra alors venir pleurer de s’être trompé de débat, d’avoir négligé le principal, à savoir l’état de ce monde, son état physiologique et psychologique.
Je tiendrai bon, car je refuse cet engrenage dans lequel la moitié de la population se laisse aller, convaincue ou résignée, contrainte ou forcée. Tant pis pour tout ce dont cela me prive maintenant, et même si ça me donne vraiment envie de chialer, je préfère cela, pour le futur.
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