Les séismes du 6 février en Turquie ont montré – et à quel coût ! – que la liberté académique est une question de vie ou de mort. Quitte à rédiger un billet sur ce qui s’avère être un désastre politique plutôt que naturel, nous faisons part du témoignage des universitaires qui s’élèvent contre l’ingérence d’un gouvernement qui fait fi de la recherche scientifique et de l’avis des experts.
Après un an de résistance, les enseignants de l’Université de Boğaziçi à Istanbul font maintenant face a une menace redoutable. Le 18 janvier 2022, le Conseil de l'enseignement supérieur a démis arbitrairement de leurs fonctions trois Doyens de Faculté. L'administration a désormais le contrôle total du Sénat et du Conseil exécutif de l'université. Les enseignants de Boğaziçi méritent le soutien des collègues en France et ailleurs.
Selon Zeynep Gambetti, professeure associée de théorie politique à l'Université du Bosphore à Istanbul (1), « le coup d'État du 15 juillet risque d'ouvrir la voie à l'abolition du régime parlementaire en faveur d'un régime présidentiel, dépourvu de tout système de freins et de contre-pouvoirs sur l’exécutif. Voilà justement ce qu’Erdoğan voulait instaurer. » Texte original publié le 18 juillet 2016 sur OpenDemocracy.