En mai 1968, il y a le mouvement social, avec ses composantes salariée et étudiante. En juin les élections législatives voient le triomphe du parti de l’ordre, et le recul de la gauche. Le mouvement social n’a pas débouché dans les urnes. Une configuration qui n’est pas une fatalité, mais qui doit être interrogée dans le contexte actuel.
Si on se fie à l’étroitesse du soutien au gouvernement à l’Assemblée, Macron a perdu les élections législatives 2024. Si on élargit la focale, on peut dire au contraire qu’en rebattant les cartes il a pu avancer sur certains objectifs. À commencer par un saut austéritaire impensable à gouvernement constant. Mais qu’il bute contre l’obstacle de ce qu’il reste de démocratique dans les institutions.
Un milliardaire d'extrême-droite rachète un réseau social et en fait le porte-voix de son idéologie. Comme d'autre je le quitte. Mais je pense que cela n'épuise pas la nécessaire réflexion à gauche sur le rapport aux réseaux sociaux.
Si la combinaison de la configuration des choix électoraux et du mode de scrutin ont donné au Nouveau Front Populaire le premier groupe à l’Assemblée, ne plus dépendre des choix du président et mener une politique de rupture nécessitent un ancrage populaire majoritaire. Il est à construire.
Nécessaire pour accéder au second tour et avoir des élu·es, porteuse d’un espoir de changement politique, l’union dès le premier tour a un effet pervers : elle renforce les appareils partidaires et contredit la promesse d’implication citoyenne que peut porter le Nouveau Front Populaire. Il est donc important d’ouvrir d’autres voies d’implication, comme des primaires.
On a l’impression que le RN engrange les votes sans avoir nécessairement besoin d’une présence de terrain. Mais l’élection d’un.e député.e donne une base matérielle, qui consolide ses moyens d’ancrage. Plus encore si préfet.ète et sous-préfet.ète sont sous les ordres d’un gouvernement RN.
Une extrême-droite qui frôle la majorité absolue dès le premier tour, un député sortant de la droite présidentielle qui arrive deuxième et fait le plein des voix de droite au premier tour, et une gauche qui se tasse autour de 15 %.
Si une élection peut être ramenée à une opération de marketing, Macron a déjà changé de public cible, du centre à la droite, et pourrait le faire à nouveau, si l’extrême-droite est le meilleur véhicule pour son projet ultra-libéral.
Quels que soient les résultats des élections législatives, la gauche devra s'attacher à deux tâches essentielles avec patience : sa propre reconstruction, qui va au-delà d'une simple nouvelle entente électorale ; un travail en profondeur, pour faire reculer l'extrême-droite.
2e circonscription des Vosges. En 2022, le candidat de la majorité présidentielle est élu à 340 voix près face au candidat du Rassemblement national. Une circonscription à risque de basculer.