Suite du recueil d'écrits poussés pour dénoncer non seulement ce que des financiers de l'Ordre libéral imposent à tout un peuple mais aussi pour établir la chronique de ces "experts" serviles qui, dans les médias, jouent à fond la carte des dominateurs. L'espoir : non seulement des commentateurs de renom ne hurlent pas avec les loups, mais l'activité foisonnante pro-Grèce des réseaux sociaux trouble les tenants de l'ordre établi.

Pollution : l'énorme dette de l'Allemagne
Stéphane Foucart, journaliste au Monde, dit dans un article (ici) que les chimistes européens, du fait de la pollution, et parmi eux surtout les Allemands, coûtent des centaines de milliards d'euros : ça doit chauffer au Monde entre ceux qui sont inféodés à Angela Merkel et les autres. S. Foucart écrit : "Sans le savoir, nous donnons bien plus pour la prospérité de la fière Allemagne que pour aider la petite Grèce." [6 juillet]
Qu'attend François Hollande ?
La dernière chance européenne de Hollande : article pertinent de Lénaïg Bredoux sur Mediapart, qui se conclut ainsi : "Si la France, comme elle le répète depuis des mois, veut conserver la Grèce dans la zone euro, François Hollande devra faire la démonstration qu’il peut s’opposer à Angela Merkel. Et obtenir qu’en échange des mesures d’économies que le gouvernement de Tsipras pourra concéder, le rééchelonnement de la dette grecque soit programmé." [6 juillet]
Je porterai le dégoût des créanciers...
Extrait de Politis : « Je porterai le dégoût des créanciers avec fierté », écrit Yanis Varoufakis qui ne manifeste aucun désaccord avec le chef du gouvernement : Je considère qu’il est de mon devoir d’aider Alexis Tsipras à exploiter, comme il l’entend, le capital que le peuple grec nous a accordé par référendum hier, poursuit-il en expliquant que les hommes de gauche savent «agir collectivement sans se soucier des privilèges de la charge». [6 juillet]
Trop de fonctionnaires en Grèce ?
On accable les Grecs (les impôts qui ne rentraient pas, etc..). Sans doute. Mais j'entends ce matin (7 juillet) sur France info, Guy Verhofstadt, ancien 1er ministre belge, s'en prendre tout à la fois aux dirigeants européens et aux Grecs : ces derniers auraient sacrifié au clientélisme, à la corruption, qui s'élèverait, selon lui, à 1 milliard d'euros (manifestement, il ne connaît pas le chiffre, car on imagine que c'est un peu plus élevé, sinon ce n'est pas la peine d'en causer). Il ajoute, horreur, qu'ils ont 800 000 fonctionnaires pour 10 millions d'habitants. Scandaleux ! Il faut les mettre au ban de l'Europe. Sauf que la France a 5,2 M de fonctionnaires pour 66 M d'hab. Étant sur l'autoroute, je ne peux approfondir mais il me semble bien que cela fait la même proportion. [7 juillet, écrit en urgence sur smartphone, sur une aire d'autoroute]
[complément : la Grèce c'est 11 M d'hab, la France c'est 5,4 M de fonctionnaires. Verhofstadt accable injustement la Grèce, qui, d'ailleurs, n'a plus 800 000 fonctionnaires, mais un peu plus de 600 000, car il y a eu des suppressions, des licenciements. En proportion, la Grèce était à 88 % de la France, aujourd'hui à 66 %]
Exit
Christine Lagarde, dans le journal de France 2 ce 9 juillet, redisait avec son sourire carnassier qu'on lui connaît, que le FMI c'était l'ensemble des États du monde. Donc la Grèce était débitrice envers tout le monde. Ne pas s'étonner que les extrêmes droites européennes en font des gorges chaudes et entraînent avec elles des opinions publiques chauffées à blanc et trompées par cette propagande faisant de la Grèce un bouc émissaire (en Finlande par exemple, comme l'indiquait complaisamment le même journal de France 2). Je ne sais pas s'il y a eu perfidie du caméraman, mais pendant tout le temps de cette interview de la patronne du FMI était affichée en arrière plan "Exit". J'ai cru y voir l'expression d'un souhait partagé selon lequel, plutôt que Grexit, ce soit Lagardexit ! [9 juillet]

Le droit à la justice des hommes
Discours d'Alexis Tsipras au Parlement européen (traduit en français) : il rappelle que le vote "non" ne signifie pas un souhait de sortir de l'euro et de l'Europe, au contraire, mais un mandat pour des négociations justes et tenables, il évoque toutes les actions engagées par son gouvernement, indique que la fameuse liste Lagarde qui avait été tenue secrète, recensant les évadés fiscaux, a été enfin exploitée (par son gouvernement). Il conclut en se référant à Antigone, puisque tant d'hommes politiques ont appelé à la rescousse la tragédie grecque : "il y a des moments où la loi suprême, la loi supérieure à la loi des hommes, c'est le droit à la justice des hommes, et je crois que ce moment est venu". [10 juillet]
Quelle dette de la Grèce à l'égard de la France ?
Les propagandistes ont fait consciencieusement leur travail de sape, maniant les chiffres avec désinvolture pour bien nous faire peur. Tel J.D. Giuliani (fondation Robert-Schuman) dans l'émission C dans l'air du 9 juin, d'une rare violence à l'encontre des Grecs (avec des propos haineux et insultants), tels l'excité M. Godet avec ses habituels propos approximatifs et à l'emporte-pièce, ou le décliniste N. Baverez interrogé dans la même émission le 9 juillet accusant la Grèce de devoir 66 milliards à la France (soit 1000 € par Français). Plusieurs observateurs parlent de 40 Mds (dont Montebourg dans Le Monde d'aujourd'hui) et hier les Décodeurs du Monde, face au chiffre souvent invoqué de 42 Mds (soit 6 à 700 € par Français) expliquaient bien "qu’une dette, pour un État, n’est pas la même chose qu’une dette contractée par un particulier". [sans oublier que cette dette est en partie illégitime du fait des taux d'intérêts qui furent, à l'époque des banques, exorbitants]. [11 juillet]
Appel à écrire au Président :
Écrivons nombreux par mail au Président de la République pour l'inciter à prendre position clairement et rapidement en faveur de la Grèce :
Voici l'adresse : http://www.elysee.fr/ecrire-au-president-de-la-republique
Et voici le message que je viens de lui envoyer (à reprendre éventuellement) :
"Monsieur le Président, vous venez de tweeter que vous vouliez tout faire pour trouver un accord, car si la Grèce sort de la zone euro, l'Europe n'avance plus, et de cela vous n'en voulez pas. Parmi les négociateurs, certains ne se contentent pas de tenter de régler un contentieux financier, mais cherchent délibérément à casser les élus d'un état souverain et à mettre à genoux le peuple grec. De cela, nous sommes nombreux à ne pas vouloir. Votre gouvernement a pour le moment peu agi : nous attendons que vous mettiez votre engagement à exécution au plus vite et tout le poids de la France dans une prise de position claire de solidarité avec les Grecs. Respectueusement." [12 juillet]
L'art du mensonge
Nicolas Sarkozy, le 12 juillet, alors qu'il était à Bruxelles pour une réunion politique du PPE, a reproché à Alexis Tsipras d'avoir refusé un plan la semaine dernière "qu'il semble vouloir accepter aujourd'hui". Et d'ajouter : "de l'art du mensonge : voilà la confiance qu'on peut avoir dans les extrémistes, qu'ils soient de gauche ou de droite". Aveu d'un dirigeant de cette droite européenne qui s'en prend ainsi violemment à un parti démocratiquement élu, et qui jette de l'huile sur le feu, pour faire capoter toute négociation : la victoire d'un tel parti, en phase avec son peuple, en Grèce aujourd'hui comme demain peut-être en Espagne, pourrait ne plus laisser les mains libres à cette oligarchie néo-libérale. C'est insupportable pour cette droite revancharde.
Il faut donc mater Tsipras et Syrisa. [12 juillet]

Un fin diplomate
Wolfgang Schäuble, le ministre des finances allemand : voilà que même certains ministres européens estiment qu'il en fait trop, intransigeant, cassant, cherchant à humilier les négociateurs grecs. Cet homme sourit rarement, et quand il le fait on a l'impression qu'il va mordre. La plupart du temps, il tire une tronche de six pieds de long qui est loin d'être engageante pour des négociations : on comprend la remarque que vient de faire une source grecque selon laquelle, ce week-end, "l'attitude de Schäuble a été indescriptible". [montage photos YF] [13 juillet]

Pistolet sur la tempe
L'accord qui a été extorqué à Alexis Tsipras, "un pistolet sur la tempe", exige des mesures immédiates : les unes au 15 juillet (dont rationalisation de la TVA et élargissement de l'assiette fiscale ; plan global de réforme des retraites ; excédent budgétaire exigé et mesures instantanées de réduction des dépenses si baisse de l'excédent), les autres au 22 juillet (adoption d'un code de procédure civile). Et tout un tas de mesures dont la privatisation accélérée du domaine public, avec la création d'un fonds qui, à l'origine, devait être installé au Luxembourg ! [13 juillet]
Voir texte sur Mediapart.
Alexis Tsipras, traître ou héros ?
Dans un article en anglais (ici), sur byline.com, que Guillaume Duval a diffusé sur Facebook, Alex Andreaou s'en prend à ceux qui, enfoncés dans leur canapé, critiquent Tsipras et le traitent de traître. Il rappelle que le "non" n'était pas une autorisation de Grexit mais une arme pour négocier. Certes, les exigences des financiers sont terribles (austérité accrue), mais Tsipras a obtenu plus d'argent pour financer le moyen terme et permettre au gouvernement de mettre en œuvre son programme c'est-à-dire un plan de relance significatif. Des transferts d'obligations du FMI et de la BCE vers le mécanisme européen de stabilité (MES) devrait, selon un analyste, faire faire au pays une économie de 8 à 10 milliards d'euros sur le remboursement de la dette. L'auteur dit que cela fera tout de même beaucoup de souvlaki (brochettes grecques).
Ce qui vient de se passer a aussi un mérite : cela instruit les peuples d'Espagne, du Portugal et d'Italie sur l'"ennemi", qui s'est exposé au premier plan, montrant ses forces et ses faiblesses. Ils seront mieux préparés. [j'ajouterai que nous aussi, ces dernières semaines, nous sommes peut-être nombreux en France à avoir mieux compris ce dont les oligarchies économiques et politiques sont capables, et ce ne sera sans doute pas sans impact sur la suite des événements].
Il conclut : "Nous avons élu un homme bon, honnête et courageux, qui s'est battu comme un lion contre d'insondables grands intérêts. Le résultat peut ne pas être le martyre que vous aviez espéré. Mais il faudra faire avec pour l'instant." Je mets cette belle photo, touchante, qui illustrait cet article. [13 juillet]

[à suivre]
Ces petits billets ont été régulièrement postés sur mon compte Facebook et aussi sur le compte Facebook du groupe "Nous soutenons le parti Grec SYRIZA". Certains ont été commentés, partagés et recommandés plusieurs centaines de fois. Entre crochets, la date de parution du petit billet...
Voir : Petits billets pour la Grèce (1)
Petits billets pour la Grèce (2)
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Billet n°209
Billets récemment mis en ligne sur Social en question :
La mère se porte bien, au cinéma
Psychiatrie : menace sur un lieu de proximité et d'insertion
Et la richesse ruissellera sur les pauvres
Des enfants sont pauvres, leurs parents aussi
Contact : yves.faucoup.mediapart@sfr.fr
[Le blog Social en question est consacré aux questions sociales et à leur traitement politique et médiatique. Voir présentation dans billet n°100. L’ensemble des billets est consultable en cliquant sur le nom du blog, en titre ou ici : Social en question. Par ailleurs, tous les articles sont recensés, avec sommaires, dans le billet n°200]