Comment naissent les mythes ? Il y a dix ans presque jour pour jour les lecteurs de bd découvraient un nouveau personnage en la personne d’Armando Catalano, chasseur de reliques, séducteur, bretteur, porteur d’un lourd secret – celui de sa naissance – et d’une marque qui le destine à devenir pour tous ce Scorpion que les puissants craignent et veulent écraser sous leur joug.

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C’est dans la Rome de la fin du XVIIIème siècle, que Marini et Desberg ont posé les bases de cette saga qui compte aujourd’hui neuf albums et qui ont conduit le Scorpion de l’Italie à la Cappadoce sur les traces des origines de la chrétienté comme sur celles de son passé. Desberg a composé un scénario dense et extraordinairement écrit, documenté, subtil et puisant aux sources des grands romans d’aventure. Mêlant adroitement histoire et fiction, le scénariste prolifique de Tif et Tondu, 421, Jimmy Tousseul, IRS, Les Immortels, Empire USA et plus récemment Cassio et Mayam, a construit l’intrigue du Scorpion autour de son personnage principal et de ses rapports avec des seconds rôles travaillés, ciselés. Avec Marini (Gipsy, Les Aigles de Rome, Rapaces...), le duo d'auteurs peut s'enorgueillir d'avoir sur donner vie, il y a dix ans maintenant, à une bande dessinée désormais majeure.
L’histoire du Scorpion est intiment liée à la Roma Caput Mundi, à une époque où neuf familles ont décidé de gouverner la ville et donc le monde. Neuf familles, neuf rêves de toute puissance et de conquête. Avec à leur tête, le cardinal Trebaldi, ecclésiastique retors, presque dévoyé. Mais qui sert le christianisme (et utilise celui-ci) pour mieux asseoir son pouvoir. Avec la papauté en guise de moyen nécessaire à la réalisation de son but ultime.
Intrigues, secrets, rivalités, amours, arcanes politiques et vengeance sont les maîtres mots des aventures du Scorpion. Marini dessine avec un talent hors normes personnages, costumes, décors, architectures (les toits de Rome sont magnifiés autant que les déserts et les kraks d’Asie mineure), sa maîtrise de la couleur (avec des dominantes choisies pour mieux souligner la temporalité de l’action) et du trait font de chaque album un ravissement graphique.
Loin des bd ésotériques alambiquées, Le Scorpion possède une force rare : en remettant en contexte (et en cause parfois) les naissances des croyances les plus ancestrales, il offre un matériau narratif solide et un fond romanesque qui confère au récit un souffle épique digne des grandes heures des romans de capes et d’épée.

Le mariage réussi de l’action et de la romance, de l’humour et de la violence, a fait du Scorpion une bédé culte dès sa sortie, faisant entrer Marini et Desberg dans le panthéon des auteurs à succès. Depuis l’an 2000, Desberg a continué avec bonheur à lancer des séries d’importance et Marini s’est lancé dans l’aventure de la création en solo avec Les Aigles de Rome, ajoutant le talent de conteur à celui de dessinateur. Avec Le Masque de la vérité, Marini et Desberg continuent d’écrire la légende de ce personnage désormais incontournable de la bande dessinée. Ce tome 9 est annoncé pour la fin du mois d’août 2010. A l’occasion des dix ans de la série, Dargaud a réédité les huit premiers tomes avec pour chacun une couverture inédite représentant les personnages phares, le Scorpion en tête.
DB

Le Scorpion, de Marini et Desberg, huit tomes parus chez Dargaud, prochain album le 27 août 2010 : Le Masque de la vérité.

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Crédits images : ©Marini – Desberg / Dargaud