Pour lire le billet qui situe les enjeux et les responsabilités de cette ligne discontinue :  Le chaînon manquant Thiers-Boën sur la ligne SNCF Clermont-Saint-Etienne

Ce 5 octobre, 9h30 en gare de Thiers, "Le relais du rail" débute ; un évènement organisé par l'association "Letrain 63 42 69". Le député suppléant  d'André Chassaigne (5ème circonscription du Puy-de-Dôme), Julien Brugerolles apporte le soutien renouvelé du député communiste. Le départ est pour six cyclistes (dont cinq de l'association Vélocités63) venu·es en train de Clermont-Ferrand. Devant la gare, un jeune magicien anime le lieu avec cartes et balles. Elles et ils pédaleront jusqu'à Noirétable et même un jusqu'au terminus à Boën.

Le principe de la journée de ce samedi 5 octobre est simple, l'organisation pointue. Il s'agit de parcourir à vélo dès 9h30 et avec un horaire détaillé à respecter autant que possible, l'espace entre Thiers et Boën en animant sur les marchés des étapes à Thiers et Noirétable avec un morceau de rail qui passera de main en main pour symboliser cet attachement à la reprise des circulations. D'autres arrêts sont prévus toujours devant la gare. Un rassemblement festif est organisé à Boën devant la gare par l'Union locale CGT. Chaque cycliste peut venir à une étape et partir à une autre.

Ici, c'est le marché de Thiers avec sa célèbre horloge qui donne le "la" de la lame de couteau au label bien connu en direction de Montbrison célèbre pour sa fourme. C'est l'occasion de discuter, répondre aux questions et informer de l'actualité ferroviaire de la ligne, une animation militante et bonne enfant qui appelle la sympathie des populations et une franche cordialité.

Jean-Marc PINEAU, coordonnateur de cette action "le relais du rail", membre de "Letrain 634269"qui, en peu de mots, résume la situation et le déroulé de la journée sur Radio ARVERNE le 3 octobre 2024.

Les vélos se fraient un chemin entre les étals, un seul est à assistance électrique, tous les autres, à la force des mollets : pentes et raidillons ne manquent pas avec leurs virages serrés, notamment à la sortie de Thiers sur les gradins des Monts du Forez traversant pays ruraux et de moyenne montagne.

Le programme :

 9h30 Gare SNCF de Thiers
 9h45 Marché de Thiers
10h Départ du marché de Thiers
10h30 La Monnerie-Le Montel
11h Chabreloche
11h30 Marché de Noirétable
12h Gare SNCF de Noirétable
12h - 13h30 Pique-Nique
13h30 Départ de Noirétable
14h Saint Jean La Vêtre
15h30 Gare SNCF de Boën
15h30 à 17h Rassemblement festif et en musique

"Le Grand Tournant" - C'est bien parti sur la route en côte, en faux-plat ou en descente avec une voiture derrière qui assure la sécurité surtout aux croisements et  permet parfois le regroupement des cyclistes qui n'ont pas toujours, bien évidemment, le même rythme.

« LETRAIN634269 » est une association citoyenne dont les objectifs principaux consistent à :

• Promouvoir et défendre la nécessité de la réouverture dans sa continuité de la ligne ferroviaire Clermont-Ferrand - Saint-Étienne par Thiers et Boën trait d’union entre Auvergne & Rhône-Alpes et les départements de la Loire & du Puy-de-Dôme.
• Agir pour améliorer le Service public afin de répondre aux besoins des usagers (étudiants, travailleurs du quotidien, personnes à mobilité réduite, touristes, personnes avec vélo).

L’association a été fondée le 1er février 2022, à la suite du collectif ferroviaire Clermont-Ferrand - Thiers - Boën - Saint-Étienne - Lyon, lancé le 25 septembre 2020 à l’initiative d’élus locaux, de syndicats et de citoyens.

En contre-bas de la route, la voie où ne passe plus aucun train.

Nous voici dans ce matin brumeux devant la première gare après Thiers ; une ancienne gare de La Monnerie-Le Montel pour une première halte. Une banque a pris place dans l'ancienne gare : la finance au lieu du service public, "Etonnant non !" dirait Desproges. Symbolique dira-t-on aujourd'hui.

C'est reparti Jean-marc tient la corde, sourire aux lèvres pour toute la journée. Derrière lui, des clermontoises ont pris le train jusqu'à Thiers avec leurs vélos aujourd'hui dit musculaires et l'ont enfourchés depuis. Fait pas encore bien chaud mais çà grimpe. Le jour, déjà, semble augurer une belle journée ensoleillée pour le voyage. La veine !

Les voitures s'arrêtent parfois pour prendre des photos au passage des cyclistes, aussitôt relayé en live sur des réseaux sociaux. Il faudra attendre un peu pour voir les miennes. Je n'ai pas la vitesse du vent et surtout ignorant de la chose live. A Chabreloche, deux nouveaux cyclistes se joignent au groupe des six.

Cette fois, la montée plus le soleil, c'est chaud. Ils enlèvent un vêtement pour poursuivre plus aisément la traversée avec pour l'un une toute petite assistance électrique qui fait pousser du mollet en montée. Peu après, le coup de fatigue, fait arrêter Edmond sur le bas-côté herbeux mais il trébuche et tombe - sans mal - sur cette herbe. Faut se reposer pour pouvoir repartir... Nous passons Chabreloche.

Cette fois c'est bien Noirétable dans la Loire qui vient après cette dernière montée raide où chacun prend son propre rythme. Il est près de 11h30 et la direction, c'est le marché qui donne des envies de campagne et de saines nourritures. L'association a son siège à Noirétable.

Mais avant le marché c'est devant la Halle que le groupe s'arrête pour la photo avant de dire au mégaphone pourquoi ils et elles sont là.

Un petit groupe de personnes s'est rassemblé pour écouter les précisions de Jean-Marc. Les vélos ont tenu le parcours sans problème.

Un Stand aux couleurs de l'association LeTrain634269 : "Elle fonctionne de manière totalement citoyenne : elle ne reçoit aucune subvention et dépend uniquement des cotisations de ses adhérents et de ses donateurs. De plus, elle n’est affiliée à aucune autre structure afin de préserver son indépendance sur ce sujet très politique". La reprise en continu de cette ligne est soutenue par "28 communes, trois communautés de communes, deux départements, ainsi que la Métropole de Clermont-Ferrand.
L’association entretient des échanges réguliers avec l’ensemble des élus impliqués dans ce dossier, les entreprises concernées, ainsi que les usagers qui sont actuellement privés de solutions de transport attractives et efficaces depuis la suspension du trafic. Nous participons également à des marchés, salons ou événements organisés par des associations partenaires."

Sous le stand la pétition appelle des signatures dans cette ville à l'écart de toute voie ferroviaire où ne circule aucun train, ni d'un côté, ni de l'autre. Le groupe a été accueilli et soutenu par l'association "les Monts qui pétillent" à Noirétable qui, pour l'occasion, a installé un atelier d'auto-réparation vélo sous la halle.

Voici le marché à l'heure du déjeuner. ceux ou celles qui n'ont rien ou presque rien apporté à manger, se fournissent sur ce sympathique marché qui fleure bon la tranquillité sans la fébrilité, le terroir sans l'épandage chimique. Bien sûr, une occasion en or pour discuter, expliquer et rallier.

Les mets tout préparés d'un étal, choucroute auvergnate et daube-patates excitent les narines. sans parler de la vue des charcuterie du coin et autres fruits. A gauche, Pierre se repose en regardant la scène prenant appui sur son vélo.

Un magnifique tandem, celui de Myriam et de son coéquipier, nous a rejoint pour aller à Boën. On se tape la discute en attendant de se mettre un morceau sous la dent vu l'heure et l'effort depuis le matin. Pour cela, il faut rejoindre à pieds ou en vélo la gare laissée pour compte quelques 400 mètres plus loin après une sévère pente pour finir.

La voici cette gare désaffectée où les rails s'estompent sous les hautes herbes. Un air de western de ces gares laissées au vent et aux buissons halophytes et xérophytes qui virevoltent. Peut-être dort-elle en attendant un réveil prochain ?

Les 22 arrivé·s à la gare de Noirétable (42) posent de l'autre côté de la voie silencieuse pour une photo-souvenir après le repas tiré des sacs bien garnis. Les clermontoises vont repartir comme elles sont venues, à vélo jusqu'à Clermont pour une jolie distance qui mène trois heures plus tard.

La gare, la vraie et vivante, vous pouvez la voir au temps de sa splendeur au début du billet avec un lien pour une vidéo.

Le déjeuner où chacun·e, tranquillement, pioche ici et là, entre saucisson, fourme de Montbrison et autres denrées appréciables confectionnées souvent, quelquefois de la boulangerie ou du marché. Les quelques sièges permettent aux plus désireux de reposer dos ou jambes, d'en profiter, plus au soleil qu'à l'ombre de la galerie.

Pierre Pommarel, président de l'association des usagers des transports d'Auvergne (AUTA), adhérente de la FNAUT (Fédération nationale des associations d'usagers des transports). n'a pas hésité à enfourcher son vélo pour se joindre au trajet de Thiers jusqu'à cette gare de Noirétable.

Voilà, c'est reparti pour la dernière étape qui mène à Boën, terminus de la ligne qui attend son heure. De la voiture, quelques photos pour dire ce parcours.

En montée, le tandem demande un bon coup de pédale mais en descente, d'habitude, il double les cyclistes. Pas ici pourtant où les virages vont s'enchaîner bientôt sur une petite route où les bas-côté sableux et pierreux incitent à la prudence sans parler des voitures peu nombreuses qui peuvent arriver en face. Prudence requise.

La côte est raide et les virages nombreux sur cette petite route avant de retrouver la départementale plus large et plus fréquentée.

C'est à droite qu'il faut aller.

Petite pause avant de repartir vers le Lignon et son Boën.

Myriam se sent pousser des ailes et les agitent. Elle respire le plein air de cette rare et si belle liberté.

La voici la jonction. des voitures à droite et à gauche. Frédéric met sa voiture sur la droite en milieu de route pour assurer la sécurité du passage sans risque.

Voici Leigneux où nos chemins se séparent pour un temps... et un cycliste de plus.

...Ils se sont séparés parce qu'à l'entrée, les cyclistes empruntent un passage trop étroit pour la voiture... un peu d'hésitation et nous retrouvons la route mais sont-ils devant ou sont-ils derrière ? Après un bon moment, appels téléphoniques, retour en arrière dans le virage laissé, nous apprenons qu'une roue s'était dégonflée sur un vélo et demandait une assistance immédiate d'où un retard dans la rencontre. Bref, ils et elles arrivent quand même tout guidon abattu dans cette descente qui fait du bien après la rude montée du village par le haut !

Cinq vélos et un tandem arrive à Boën. Le comité de réception à l'entrée, c'est "le collectif du Forez", tout jeune collectif de citoyen·es  venu·es apporter son soutien pour leur première action. Fresque magnifique qui troue les murs du silence et de la passivité.

Devant la gare, elles et ils nous attendaient nombreux et enthousiastes. L'union locale CGT a préparé la réception avec galettes et boissons. Parmi eux, trois conseillers régionaux de la Loire sont de la réception. C'est l'occasion des déclarations d'amour au rail, au service public et aux territoires laissés pour compte sans omettre de rappeler cette longue marche vers le renouveau de la ligne.

Olivier Longeon (Les écologistes), conseiller régional, municipal et métropolitain de Saint-Étienne est présent et prend la parole. Egalement : Johann Cesa, conseiller régional et premier secrétaire fédéral du PS Loire, Catherine Bony (Les Ecologistes), conseillère régionale (présente à la marche anti-bassine de Bilhon du 11 mai) également avec Lucien Moullier, maire honoraire de Boën-sur-Lignon

Jean-Marc, toujours joyeux, apporte sa contribution et n'oublie pas de remercier toute l'organisation comme les élu·es présent·es.

Le morceau (tout petit) de rail va passer de mains en mains pour symboliser cet attachement à ce service public de ligne ferroviaire continue.

Un musicien à la voix chaude et rauque joue de l'accordéon, Il porte le maillot avec "SUD" sur la poitrine. Il en est. "Les mains rouges" à côté de cette usine métallurgique c'est pas mal. Merci Bernard le Stéphanois.

La gare côté sans. Peu après c'est barré.

Côté avec, vers Se Et. La gare est désaffectée, un distributeur automatique la remplace.

Les deux sens : on voudrait bien et tout le monde alors pourquoi ? Parce que la décision politique appartient au président de la région nouveau après un certain Laurent Wauquiez (avant sa récente présidence LR) qui n'aime pas le train, trop service public et préfère gaspiller l'agent public avec un clientélisme qui tient les élus sous une vraie menace ; un Laurent Wauquiez, président des panneaux bleus, qui, pour sauter sur la présidence LR ne lâche pas pour autant la région en créant pour lui le poste de conseiller spécial du Président de la région, son successeur de même couleur. Pas folle la guêpe.

Vous pouvez vous aussi prendre en main cette question des mobilités vertes ici et partout en France où le train est redevenu un service public essentiel pour tous les territoires, pour la population qui le plébiscite et ne saurait être géré par la rentabilité : pour toutes et tous, pratique, bien moins polluant que la voiture ou le car, sûr. La mise en circulation des anciennes lignes fermées ou suspendues est d'une brûlante actualité ; elle répond aux enjeux du siècle.