Tout d'abord, je tenais à remercier les personnes qui lisent, partagent et commentent mes billets. Je préfère ne pas intervenir dans les commentaires pour laisser chacun s'exprimer mais si vous le souhaitez, vous pouvez m'écrire personnellement et je vous répondrai.
Petit rappel de mes deux précédents billets, qui s'encadrent dans une thématique bien précise c'est-à-dire les points d'entrée de l'extrême-droite dans la société. C'est l'angle thématique que j'ai choisi et selon chaque sujet (féminisme, pédocriminalité,etc) vous pouvez bien entendu l'approfondir ailleurs, il ne manque pas de bons billets et de bons articles sur Mediapart pour cela.
> L'extrême droite et le Body Count
> L'extrême droite et la pédocriminalité
Dans le billet du jour, je vais aborder une autre grande thématique dont raffole l'extrême-droite, c'est-à-dire la transidentité. Comme on l'a vu dans les précédents billets, l'ED adore jouer sur les peurs des gens. C'est son angle d'attaque et si la peur n'existe pas, l'ED va la créer et la générer. Là aussi dans le cas de la transidentité, tout part de nos amis américains. C'est d'ailleurs assez rigolo de voir les bouffons extrémistes vous brandir que le fémini-wokisme serait une idéologie venue des perfides universités américaines alors que nos braves patriotes français nous la joue en remake US permanent car ils n'ont pas vraiment de créativité sur le sujet et qu'ils suivent bien proprement la ligne de conduite qu'on leur donne. C'est justement par une fiction et son remake qu'on va commencer aujourd'hui.
La peur du "transsexuel"
Pour écrire ce paragraphe, j'utilise volontairement le terme "transsexuel", utilisé dans la rhétorique de l'ED, mais sachez qu'on ne parle pas de "transsexuel" mais de personne transsexuelle ou, de préférence, de personne transgenre. Ce n'est pas un nom mais un adjectif accolé au mot personne. On ne dit pas non plus "un Trans" mais une personne trans. Rien qu'à la façon d'utiliser le terme, vous pouvez d'entrée de jeu savoir à qui vous avez affaire. D'ailleurs, c'est la personne en soi qui va se nommer elle-même. Une personne transgenre peut se définir par sa transidentité ou tout simplement directement par le genre choisi, c'est-à-dire masculin, féminin ou non-binaire. Il n'y a aucune obligation à devoir annoncer à qui que ce soit le genre de naissance. Ça relève du choix strictement personnel. Mais l'extrême-droite a un gros fantasme et s'imagine voir des "transsexuels" partout.
La première grosse polémique du fantasme « Nos élites sont transexuelles » est venue avec Obama. Michelle Obama.

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Depuis l'élection de Barack Obama, un tas de rumeurs provenant des suprémacistes blancs a vu le jour. Une des plus saugrenues, c'est celle du sexe de Michelle Obama qui ne serait autre que Michael Obama. C'est de là qu'ils ont introduits le venin de la peur du "transsexuel" au sein des élites, celles qui vous cachent tout pour vous asservir. Le fameux "transsexuel" serait partout, même à la Maison Blanche. Cette théorie absolument farfelue continue depuis quelques années à courir et elle a vu naître son remake français avec Brigitte Macron. Donc nos amis suprémacistes américains ont eu la bonne idée par leurs canaux de désinformation d'aller souffler à l'oreille de leurs homologues français de faire comme eux. De là est né un prétendu Jean-Michel Trogneux, frère de Brigitte Macron, qui ne serait autre que Brigitte en personne. Incroyable ! Il y a des "transsexuels" partout ! Et on nous le cache bien entendu mais heureusement qu'il y a des personnes bien informées (hahaha) qui savent. C'est tellement absurde et grotesque, qu'il est difficile de ne pas sombrer dans la moquerie crasse. Je m'abstiens mais c'est dur.

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Autant pour Michelle que pour Brigitte, ces individus scannent en permanence chaque parcelle du corps, entre-jambe comprise, pour vous dévoiler la grande vérité. Un faux pli d'une robe et cela devient un pénis. Car oui, ces gens ne comprennent pas vraiment la notion de transition ni de transidentité. Ils fluctuent aussi entre le fameux "transsexuel" et le fameux "travesti", mélangeant gaillardement les deux. Ce qui est sûr c'est que l'entre-jambe les obsède. À croire qu'ils répercutent leurs propres fantasmes sur les autres.
Pour le remake français du film hollywoodien « She's a man » nous pouvons noter les deux voix emblématiques : Natacha Rey, soi-disant journaliste, et Delphine Jegousse, médium (rien que ça) et vidéaste (sous le pseudonyme Amandine Roy). Une troisième personne était censée faire des révélations inédites : c'est Isabelle Ferreira, une proche de Gilets Jaunes, qui a été retrouvée morte noyée à Saint-Malo en mars 2022. Ni une, ni deux, la toile s'enflamme, voyant dans ce triste décès la preuve tangible que toute cette histoire est donc vraie. Je vous joint ici un article qui nous sort la pseudo preuve que tout ceci est une manigance, article qui se finit avec une photo prétendument celle d'Isabelle Ferreira bébé

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, qui bien entendu n'a rien à voir vu qu'Isabelle Ferreira est née en 1966 (source : décès INSEE) mais tout est bon pour écrire n'importe quoi. Et le pire c'est que ça marche.
Il est quand même incroyable de voir à quel point ces rumeurs saugrenues ont pu prendre. On rejoint ici le point que j'abordais dans l'extrême-droite et la pédocriminalité où l'on va imputer aussi bien aux politiques qu'aux artistes des fantasmes liés à la sexualité. Par ailleurs, nombre de personnes revendiquent leur transidentité sans aucunement se cacher, en commençant par Caithlyn Jenner, Chelsea Manning ou les sœurs Wachowsky dont le film Matrix est une référence dans le milieu conspirationniste. C'est là où c'est hyper drôle. Vous la voulez bleue ou rouge, la pilule? Notons aussi que Rachel Levine, secrétaire-adjointe à la Santé, est la première femme transgenre américaine à accéder à un poste d’État. Personne ne se cache et tant mieux. Sauf à priori le fameux Mickael et le fameux Jean-Mimi. Notez que dans le cas de ces deux dernières femmes, on arrive à leur exiger des photos de leurs grossesses pour prouver qu'elles ne sont pas des hommes. Là on touche du doigt le sujet des élites pédocriminelles qui, cette fois-ci, auraient capturé des enfants pour les attribuer à des hommes qui seraient ensuite devenus des femmes. Je sais, il faut suivre le fil, ça devient compliqué par moment.
"Travestissement" (cross dressing)
Avant d'aller plus avant dans les techniques de manipulation de l'extrême-droite, je vais m'atteler à faire ici un petit historique et m'attacher à expliquer la différence entre "travestissement" et transidentité. D'ailleurs au terme "travestissement" je préfère le terme anglais de cross-dressing qui signifie littéralement habillage croisé et qui me semble moins péjoratif, c'est pour cela que je vais le mettre entre guillemets. Travestir ça veut aussi dire mentir. Ce n'est pas adapté à mon sens.
Le "travestissement" est un désir de s'habiller dans des vêtements liés à l'autre sexe. Ce désir peut avoir x motifs différents allant du désir d'émancipation de son genre, à l'art du spectacle passant par le fétichisme. C'est large, vaste et englobe beaucoup de réalités différentes.

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A l'époque, quand les femmes adoptèrent des pantalons, on qualifia ceci de "travestissement". C'était une pratique considérée comme immorale et dangereuse, proche de la psychiatrisation de la femme. Cela a donné lieu en 1800 à une décision de la préfecture de Paris appelée « autorisation de travestissement ». Voici donc comment cela était présenté :
« Dans ce texte, Louis Nicolas Dubois, préfet de Paris se dit "persuadé qu'aucune d'elles ne quitte les habits de son sexe que pour cause de santé" et considère "que les femmes travesties sont exposées à une infinité de désagréments, et même aux méprises des agents de la police, si elles ne sont pas munies d'une autorisation spéciale". L'ordonnance annule toutes les permissions accordées par les sous-préfets ou les maires du département de la Seine, et les maires des communes de Saint-Cloud, Sèvres et Meudon et impose l'introduction d'une nouvelle demande à la préfecture de police, accompagnée d'un certificat d'un officier de santé. Il est spécifié que "toute femme trouvée travestie, qui ne se sera pas conformée aux dispositions des articles précédents, sera arrêtée et conduite à la préfecture de police" »
Pour exemple, Rosa Bonheur a dû demander la fameuse permission de travestissement. Il faut d'ailleurs noter que « La loi, dite de "travestissement" n'a été abrogée que le 31 janvier 2013. Alors, la femme a gagné ? Non, aujourd'hui encore, le code du travail permet à l'employeur d'imposer la jupe. »
> Lien
Il y a des "femmes" qui bravèrent cette autorisation telle Mathilde de Morny, surnommé Max ou encore Monsieur le Marquis. Même si on hésite encore à l'écrire, iel était une des premières personnes qu'on peut qualifier d'homme trans. Iel s'est fait retirer l'utérus et les seins et a mené une vie d'homme sans demander aucune permission à personne. A l'époque, il n'y avait pas la notion de dead name (nom mort, c'est-à-dire le nom avant la transition) et Max est toujours répertorié sous Mathilde et genré au féminin sur son Wikipedia. J'ai fait le choix de genrer au masculin.

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Cette notion de "travestissement" est donc surtout une notion d'obligation de port de vêtements que la société juge impératif pour un genre. C'est d'ailleurs la société qui attribue à la fois l'habit et le genre, dans une rigidité totale. Tout ceci n'est que le fait d'une construction sociale et sociétale.
Pour rappel, les hommes ont renoncé aux talons, à la couleur rose et à d'autres petits rubans tout mignons, non pas grâce à leur virilité hors du commun, mais à cause de la Grande Renonciation Masculine à la fin du XVIIIème siècle.
« La Grande Renonciation masculine est le phénomène historique selon lequel à la fin du XVIIIe siècle, en Europe, le vêtement masculin cesse d'employer des formes brillantes, raffinées, laissées au seul vêtement féminin. Nommée par le psychanalyste anglais John Carl Flügel dans les années 1930, elle est considérée comme un tournant majeur de l'histoire du vêtement au cours duquel les hommes renoncent à leur prétention à l'ornementation et à la beauté. Cette Grande Renonciation encourage l'établissement du monopole du costume sur leur tenue au début du siècle. »
Mais comme l'histoire est souvent écrite par les hommes et pour les hommes, il y a peu de documentation sur le sujet mais on commence timidement à en parler. C'est comme si les hommes avaient peur de se confronter à cela car ça ferait vaciller tout le beau discours sur la prétendue virilité, celui que nous vend Thaïs d'Escufon.
Un des personnages historiques le plus connu en France et à l'international c'est le Chevalier d'Eon qui a passé une partie de sa vie en homme et l'autre partie de sa vie en femme. C'est seulement après son décès qu'il a été constaté qu'iel était de sexe masculin. Vous pouvez en apprendre un peu plus ici.

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Comme pour Max, on peut se poser la question pour le Chevalier d'Eon si cela relevait d'un "travestissement" ou plutôt d'une transidentité. Pour Max, la réponse me semble évidente, pour le Chevalier d'Eon, un peu moins car iel avait plutôt un désir de fluidité de genre et iel a pleinement vécu ses deux vies, en jouant totalement sur les deux statuts.
Du côté des USA, un des premiers a en parler ouvertement et publiquement dans le cinéma c'est Ed Wood. Ridiculisé par Hollywood, placardisé, cet acharné de la pellicule est découvert par le grand public avec le film éponyme de Tim Burton. Il est incarné par Johnny Depp. Je ne vais pas vous conseiller de voir ce film pour plusieurs motifs mais après vous êtes libre de faire ce que vous voulez . Par contre, je vais vous conseiller de voir le premier film de Ed Wood, Glen or Glenda, réalisé en 1953, que vous trouverez dans son intégralité ici :
Glen or Glenda, réalisé Ed Wood, 1953
On peut aisément se douter qu'après ce premier film, notre pauvre Ed Wood a dû avoir un certain mal à trouver des budgets. Il est donc facile de le ridiculiser mais un peu plus compliqué de réfléchir au mécanisme pervers d'attribution des budgets dans une Amérique religieuse et puritaine. Le film est inspiré de l'histoire de Ed Wood lui-même mais aussi de celle de Christine Jorgensen, la première femme américaine transgenre à avoir subi une chirurgie de réassignation sexuelle.
On retrouve aussi du cross-dressing dans les milieux artistiques, tel qu'on l'a connu avec les spectacles de Michou ou plus récemment avec Drag Race. Ici on est dans une forme de cross-dressing qui s'amuse et joue des codes de l'autre sexe en les exagérant de manière volontaire. Mais bien avant tout cela, on retrouve le "travestissement" comme base théâtrale et littéraire. Le terme prend une dimension assez vaste car on peut se travestir dans l'autre sexe mais aussi se travestir dans un autre soi, âgé par exemple tel Solal dans Belle du Seigneur. D'ailleurs Albert Cohen aborde beaucoup de sujet dont l'homosexualité et l'abolition du sexuel entre l'homme et la femme.
Si vous voulez approfondir son œuvre c'est par ici.
Pour les différentes formes de travestissement au théatre c'est par là.
Pour finir ce chapitre, je vais vous parler d'un excellent documentaire que je vous conseille vivement de regarder. Il s'agit de Casa Susanna de Sébastien Lifshitz, qui raconte avec énormément d'humanité un combat émancipateur, celui d'une maison où les hommes venaient librement, le plus souvent accompagnés de leur épouse, pour pouvoir vivre pleinement leur désir de cross-dressing. C'est vraiment un documentaire superbement tourné et qui laisse la part belle aux témoignages.
Profitez car il est visionnable gratuitement jusqu'au 12 octobre 2023 sur Arte.
Transidentité
Pour faire simple, la transidentité c'est se sentir du sexe opposé à celui attribué à la naissance. Je préfère d'ailleurs parler de transidentité (genre) que de transsexualité qui renvoie vers une dimension uniquement sexuelle, ce qui ne me semble pas forcément adapté car cela occulte d'autres paramètres. Par ailleurs, il y a aussi bien des personnes transgenres hétérosexuelles qu'homosexuelles.
Je ferais ici une aparté pour parler de l'intersexualité qui est assimilée à tort avec la transidentité. Les naissances de bébés intersexes représentent 1,7 à 2% des naissances dans le monde. En moyenne 13.500 personnes naissent intersexe en France. Arrivé.e.s à l'âge adulte, ces personnes dont on a forcé le choix du sexe se retrouvent incluses dans les chiffres de changement de sexe. C'est dû au fait que l'on oblige les parents à la naissance à choisir un de deux sexes pour faire rentrer les enfants dans une case. Cela s'accompagne de mutilations sexuelles, de lourds traitements et c'est fait un peu au hasard car à l'adolescence ces enfants vont naturellement s'identifier à un genre qui peut ne pas être celui attribué à la naissance par le médecin. Laissons le choix à ces enfants de pouvoir se définir librement. Il est inadmissible d'imposer à des enfants en parfaite santé des parcours chirurgicaux ignobles et non justifiés tout cela pour cocher une case imposée. Bizarrement de ça, l'extrême-droite n'en parle pas. Les enfants intersexes sont les grands oubliés. Ils sont également inclus à tort dans les chiffres de réassignation sexuelle vu que ces enfants devenus adultes ne font que récupérer le sexe qu'ils avaient dès le départ mais qui leur a été nié par des décisions médicales absurdes et cruelles.

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Je vous laisse découvrir de quoi il s'agit exactement ici si vous ne connaissez pas.
A la différence des enfants intersexes, qui ont donc les attributs plus ou moins prononcés des deux sexes, la personne transgenre, elle, naît avec un sexe bien déterminé, garçon ou fille, mais se sent appartenir au genre opposé. Toutes les personnes transgenres avec qui j'ai parlé disent la même chose, ce sentiment de décalage avec le sexe attribué se manifeste très tôt et persiste à l'âge adulte. C'est ce que l'on appelle la dysphorie de genre. Depuis 2013, L'Assocation Américaine de Psychiatrie (APA) a exclu la dysphorie de genre des troubles psychiatriques. Les chiffres des personnes ayant une dysphorie de genre sont de 0,005 à 0,014 % des personnes nées de sexe masculin, et de 0,002 à 0,003 % des personnes nées de sexe féminin. On voit donc, comme je vous le disais plus haut, que l'on attribue majoritairement une transidentité forcée au personnes intersexes qui, elles, représentent 1,7% des naissances. Les fameux chiffres ou les fameux arguments de l'extrême-droite sont totalement erronés. Il n'y a pas une « épidémie de transsexuels ». Il y a surtout une méconnaissance et une mauvaise interprétation des choses en population générale. Et comme on l'a vu plus haut, la transidentité ce n'est pas une nouveauté du siècle, cela a toujours existé. Que cela soit clair, que l'on soit une personne intersexe ou une personne transgenre, cela n'a strictement aucune importance. Les droits de la personne sont et doivent être les mêmes, c'est-à-dire pouvoir se définir par le genre choisi. Et pour cela, il faut d'abord être à l'écoute des enfants. En cas d'intersexualité, refuser catégoriquement toute intervention médicale irrémédiable et mutilante. En cas de dysphorie de genre, accompagner, entourer et soutenir l'enfant dans son parcours et sa recherche sans infléchir dans un sens ou dans un autre.
On va maintenant parler des fameux bloqueurs de puberté. Alors c'est quoi donc ? Tout simplement un traitement hormonal servant à « retarder le début de la puberté jusqu'à ce qu'un enfant soit assez âgé pour prendre une décision éclairée sur un traitement hormonal ». C'est justement quelque chose qui évite de prendre des décisions irrémédiables et ça n'est pas donné comme des bonbons. En règle générale, si on décide de donner des bloqueurs de puberté c'est que la dysphorie de genre existe depuis bien longtemps chez l'enfant. L'extrême-droite adore faire peur avec ça et on retrouve de leur part une défiance permanente vers la science, la médecine, la psychologie. Le progrès c'est mal et on va tous être castrés à la naissance. Du pur délire bien entendu, loin des réalités, mais on joue avec les peurs, encore, toujours. Il faut souligner qu'une transition est quelque chose de long, de compliqué, aussi bien psychologiquement que physiquement, qu'obtenir une chirurgie de réattribution sexuelle c'est aussi long, très long avec une liste d'attente parfois sur plusieurs années et que pour vouloir se farcir tout ce processus, c'est que la personne est vraiment motivée car personne ne s'amuserait à subir un tel parcours du combattant juste par effet de mode.
Je vous mets ici des témoignages de personnes qui parlent de leur transition.

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La tête d'affiche de l'ED ici contre la transidentitée c'est Marguerite Stern. A la différence de la Thaïs, qui est le modèle typique de la gentille petite réactionnaire de la chorale de l'église de Trifouillis-les-Oies, on a là une femme qui se positionne en tant que lesbienne et féministe. Pour ratisser large et crédible, il faut bien choisir ses figures de proue. Comme une autre réac de l'ED déguisée en « gauchiste » dont nous parlerons dans un autre billet (je vous laisse trouver le nom), Marguerite, la petite pâquerette de la couronne florale, a commencé son « combat » auprès des Femens. Comme dans tout combat, il y a toujours des personnes qui virent mal. C'est ainsi. Puis Marguerite se lance dans un autre combat, noble, celui des féminicides. Elle lance l'idée des collages repris ensuite par de nombreuses femmes. L'idée artistique est relativement limitée vu que l'on parle de lettres noires sur feuilles blanches. L'intérêt principal étant l'occupation de l'espace public par un message, ce qui n'est pas une nouveauté ni une invention de Marguerite Stern mais qui reste très important pour la visibilité des ces crimes. Malheureusement; de tout ça s'est ensuivi un débat bien pénible. Elle est exclue du collectif à cause de ses positions transphobes. Marguerite a revendiqué la maternité de son œuvre, comme si le combat était uniquement le sien, comme s'il pouvait y avoir le moindre copyright sur des lettres noires écrites sur feuille blanche. Au revoir l'intérêt des femmes, bienvenue dans la lutte de l'égo qu'on aurait presque envie de qualifier de lutte masculiniste toxique si ça ne provenait pas d'une femme. Le mimétisme de comportement toxique masculin par des femmes n'est pas une nouveauté non plus. Maintenant, personne ne nie que Stern a été impliquée dans la lutte contre les féminicides. Ce sont ses positions à partir de 2019 qui font que l'on ne peut plus la considérer féministe et encore moins humaniste. Aujourd'hui sa seule ligne c'est la transphobie saupoudrée d'un peu de phobie de l'étranger. Elle va se positionner en tant que lanceuse d'alerte, dénonçant soit disant des mutilations et autres joyeusetés. Et puis il y a toujours les idiots utiles du système qui vont l'aider, telle J. K. Rowling qui fait caution de gauche au système d'extrême-droite. D'ailleurs, je consacrerai un billet à ces fameux idiots utiles sans qui rien ne serait possibles pour l'ED. On ne les remercie pas.
Marguerite Stern s'associe avec Dora Moutot, blogueuse spécialisé dans les problèmes de prout et ce sans ironie. Cette dernière a écrit un livre qui s'appelle A fleur de pet où elle vous explique comment lutter contre la maladie de l’hyper-ballonnement. Si Dora s'était limitée à nous lâcher une caisse par ci par là auprès de deux ou trois sites naturistes, l'odeur nous aurait moins inconforté. Le problème c'est que les relents fétides de la pensée, elle les régurgite. Donc Marguerite et elle forment le duo de choc de la lutte antitrans. Et plus ça passe, plus nos deux larronnes se décomplexent et nous lâchent du vent. Elles décident de créer le mouvement des femellistes en beuglant partout que les femmes sont des femelles humaines. Le pire c'est qu'elles sont reçues par Aurore Bergé en novembre 2022 en tant que « militantes des droits des femmes et de leur liberté ». Cela a une répercussion législative concrète comme on peut le voir dans le tweet suivant :

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Concrètement, pour résumer, leur « combat » c'est de dire que les femmes trans ne sont et ne seront jamais des femmes et que ça met en péril leur statut biologique de femme. Alors, en tant que femme, je le dis, je ne me suis jamais sentie en péril à cause d'une femme trans. Pour moi c'est une femme. Point. Je ne fais aucune distinction car j'aurais prétendument mal pendant mes règles une fois par mois. Oui j'ai mal, oui j'ai un utérus polyfibromateux avec des fibromes de la taille d'une pomme pour certains. Et ? En quoi ça me donne plus de droits qu'à une femme trans qui s'est battue pour être ce qu'elle est. C'est comme si je disais à la femme qui n'a pas de fibromes, à la femme qui naît sans utérus, à la femme à qui on a enlevé l'utérus, à la femme qui a des enfants, à la femme qui n'a pas d'enfants, que je suis plus femme qu'elles. Mais de quel droit ? Non Marguerite, non Dora, vous n'avez pas le monopole d'être une femme et vous n'avez pas le droit de dire qui est femme et qui ne l'est pas.
Marguerite et Dora sont ce que l'on appelle des Trans-exclusionary radical feminist, plus connu sous son acronyme de TERF. TERF n'est pas une insulte à la base comme l'indique sa définition, même si elles prétendent le contraire. Voilà ce que nous en dit Wikipedia :
« Le mouvement TERF est né au Royaume-Uni et s'est développé conjointement aux États-Unis, ainsi qu'en Europe. Des liens existent entre les TERF et des mouvements conservateurs, notamment la droite chrétienne américaine, autour de l'opposition aux droits des personnes trans. »
On retrouve traduit en français sur le site d'Algi (une association LGBT canadienne) l'article suivant :
« Les TERF et les groupes anti-trans ne sont qu'une partie de la lutte de la droite mondiale contre ce qu'on appelle "l'idéologie du genre" : en gros, la confluence du droit à l'avortement, des droits des femmes et des droits des LGBTQ+, les trans semblant inspirer une fureur particulière.Cette lutte est bien organisée, bien financée et mondiale. Un rapport de 2021 du Forum parlementaire européen pour les droits sexuels et reproductifs (EPF) a révélé qu'entre 2009 et 2018, l'Europe avait reçu 707,2 millions de dollars US en "financement antigenre." (Encore une fois, cela comprend les initiatives contre l'avortement et les droits LGBTQ2S+ plus largement, ainsi que le financement anti-trans ; pour les opposants à l'"idéologie du genre", c'est la même chose). En dehors de l'Europe elle-même, deux pays ont injecté des fonds dans la campagne : les États-Unis et la Russie. »

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Tiens donc, voilà de nouveau l'ultra-right américaine et les Russes. Quelle surprise dis donc ! L'International de l'extrême-droite encore et toujours. D'ailleurs Marguerite ne se cache plus vraiment car elle affiche maintenant au grand jour ses accointances avec Julien Rochedy, n'hésite pas à retweeter Damien Rieu et remercie Valeurs Actuelles de la citer. La boucle est bouclée. Au moins maintenant c'est carte sur table. Et puis les personnes homosexuelles d'extrême-droite ce n'est pas nouveau, ils servent de caution comme Florian Philippot. Malheureusement, Meloni vient nous rappeler le vrai visage de l'ED pour les gays et les lesbiennes.

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Pendant ce temps-là Dora Moutot, la spécialiste des flatulences, milite à « un retour à la nature et à la fécondité traditionnelle, privée de contraception et orientée sur la capacité reproductive » de ce qu'elle considère comme des « vraies femmes ». Pendant que Marguerite essaie de draguer un électorat lesbien, Dora, elle, va draguer auprès des médecines alternatives et naturistes grâce à ses problèmes de colon, ceux-là même qui promeuvent le féminin sacré. Voici ce que nous dit la Miviludes (en charge des dérives sectaires) de cela :
« Le féminin sacré est présenté comme un travail "de reconnexion du corps et de l’esprit". Il est souvent "enseigné" lors de stages à destination des femmes durant lesquels une grande place est accordée au rituel et à l’ésotérisme. Par exemple, les femmes sont incitées "à faire appel au karma et autre énergie quantique". Des figures mystiques sont également utilisées comme celle de la sorcière, notamment au travers du mouvement WICCA. »
La définition de Wicca c'est ici :
« La wicca, ou le wiccanisme, est un mouvement religieux fondé sur l'"ancienne religion païenne" et redéfinie par Gerald Gardner. La wicca comprend des éléments de croyances telles que le chamanisme, le druidisme et les mythologies gréco-romaine, slave, celtique et nordique.
Ses adeptes, les wiccans / wiccanes, prônent un culte envers la nature et s'adonnent pour une grande partie à la magie »
Entre Dora et l'ésotérisme, il n'y a qu'un pet à franchir.
« Est-ce qu’être femme, c’est d’avoir un sexe de femme ? Est-ce biologique ? Est-ce hormonal ? Est-ce une construction culturelle ? Est-ce spirituel ? Peut-on avoir une "âme de femme" ? Est-ce qu’il existe des qualités féminines ? La femme a-t-elle une nature profonde ? Qu’est-ce que le "féminin sacré" ? "Le féminin sauvage" ? »
Dora Moutot, L'art d'être une femme
D'ailleurs, elle croit aussi au masculin sacré, c'est beau comme un camion :
« Je crois au masculin sacré et à toute la divinité que tu as toujours porté.
Je crois en toi ! »
La peur du transhumanisme
L'instrumentalisation de la peur de la transidentité n'est pas un hasard vu que l'une des peurs essentielles avec laquelle joue l'International de l'extrême-droite c'est celle du transhumanisme, c'est-à-dire l'humain amélioré technologiquement et scientifiquement qui viendrait à nous remplacer tous. Encore une histoire de grand Remplacement. Le chamanisme c'est tellement mieux. L'image du "transexuel", c'est-à-dire ce qu'ils perçoivent comme un humain modifié par la science, c'est vraiment du pain béni pour leur discours réactionnaires et évangélisants.
On comprend bien ici que rien n'est anodin dans leur stratégie. Faire croire que « l'humain modifié » est en haut de la pyramide (Michael Obama et Jean-Michel Trogneux), diviser au sein de la communauté féministe et LGBT (Marguerite Stern) et aller draguer chez les naturopathes (Dora Moutot). Trois publics cibles, trois propositions. Mais ce n'était pas suffisant, donc il fallait aussi un peu draguer chez les hommes et là il y a le sport : lancer la polémique sur le sportif transhumaniste transsexuel. Rien de tel, histoire d'élargir le public et on boucle sur la peur de la transformation du corps humain. Et là ça touche énormément plus de monde. Je vous laisse lire tout le résumé du débat sport par sport ici.
Je vais m'intéresser ici à un des cas les plus médiatisés, celui de la nageuse Lia Thomas. La photo ci-dessous a beaucoup circulé.

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On apprend par contre qu'elle est sortie totalement de son contexte : « Or, semble-t-il qu’il s’agirait d’une mauvaise interprétation de la photo. Erica Sullivan, l’une des trois athlètes, a expliqué qu’elles avaient simplement voulu se regrouper pour poser entre coéquipières des JO de Tokyo. Il ne s’agissait aucunement d’une condamnation de la participation d’une nageuse transgenre à la compétition. »
> La Presse.ca
Pendant ce temps-là, le New Yorker écrit : « Il y avait quelque chose d’absurde à voir ces élus conservateurs n’ayant jamais manifesté le moindre intérêt pour la défense du sport féminin – qui manque cruellement de subventions et d’exposition médiatique – se mettre à donner des leçons de morale sur le caractère sacré de la natation universitaire féminine. »
> New Yorker via Courrier International
D'ailleurs on l'a bien vu avec Trump qui passe sa vie à moquer Megan Rapinoe ainsi que le foot féminin.

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Lia Thomas va servir de bouc-émissaire parfait à toute l'ultra-droite américaine. Vicky Hartzler, le sosie de droite d'Hillary Clinton, en fait même un clip de campagne :
Les Républicains n'hésitent pas à utiliser Emma Weyant, classée seconde face à Lia Thomas, pour draguer leur électorat. On voit clairement la démarche populiste et abjecte qui est faite de cette histoire.
> Washington Time (EN)
Et comme tout cela n'est pas suffisant, un tas de débat sont lancés en parallèle pour faire croire que le "transexuel" n'est qu'un loup déguisé dans la bergerie, un homme qui s'amuserait à devenir femme pour gagner des médailles, aller violer des femmes dans les toilettes ou se faire introduire dans une prison de femmes pour les agresser. A les écouter, ces hommes tellement pervers iraient même jusqu'à ingurgiter des hormones féminines ou se « castrer » juste pour ça. Je veux bien entendre beaucoup de choses sur le masculiniste toxique mais là il ne faut pas pousser mémère dans les orties quand même. Il suffit d'un seul cas de fait-divers, et il y en aura toujours un ou deux, pour que l'extrême-droite saute dessus et en face une généralité. Si une personne transgenre commet un crime ou un méfait c'est que leur théorie est vrai. C'est d'ailleurs ce qu'il se passe pour tous les faits divers, où l'extrême-droite se tient à l'affut de l'identité du criminel. S'il est blanc, ils passent les faits sous silence. Si par malheur, il est racisé ou transgenre alors là c'est un déferlement sans fin sur la toile et cela pendant des années. Ils sont capables de sortir et ressortir un cas qui a eu lieu il y a 20 ans en faisant croire que cela vient de se passer.

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Et toute cette merde idéologique Américano-Qanoniste-UltraRight fonctionne dans certains états où les droits des personnes trans sont en net recul. Mais tout ceci n'est encore une fois qu'un piège à peurs de la société, comme je l'ai décrit également avec mes deux sujets précédents.
Toujours dans l'idée transhumaniste, nos conservateurs crient à la mutilation. Ils vont aller chercher des cas prétendus de détransition et balancer sur les RS des témoignages larmoyants de gens qui ont transitionné puis détransitionné. Comme pour la pédocriminalité et Sound of Freedom, ils ont là aussi leur film. « Le documentaire choc » nommé The Detransition Diaries et réalisé par Jennifer Lahl, fondatrice et présidente du Center for Bioethics and Culture Network. Comme par hasard (noter le nombre de hasards dans tout cela), elle est aussi militante anti-avortement. Sur son site elle se présente comme experte sur de nombreuses chaines de télé (l'équivalent de l'expert Cnews et BFM) et elle a réalisé un autre film, Eggsploitation contre la procréation médicalement assistée. Elle baigne aussi dans les eaux troubles des cellules souches et à un avis sur le suicide médicalement assisté. Sur la question de la transidentité, elle a également réalisé Trans-Mission. Vous pouvez aller voir par vous-même ses œuvres sur son site.
> Site CBC Network (EN)
On voit donc que toutes les cartes possibles et inimaginables sont utilisées ici. Rien ne nous est épargné, de la théorie la plus farfelue au tire-larmes sur commande des transitions ratées. Mais avant de finir ce billet, je voulais aussi accorder une attention particulière aux hommes trans qui eux aussi sont la cibles d'attaques permanentes. Une des plus virales en France c'est celle qu'a subi le planning familial. On doit la jolie affiche à Laurier the fox dont le travail mérite d'être connu.

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Donc ce qui a choqué c'est de lire que les hommes aussi peuvent être enceints, ce qui est une réalité car un homme trans, s'il a réalisé les démarches de changement d'identité, devient un homme tout court. Depuis la loi du 18 novembre 2016, une personne souhaitant un changement de sexe ne doit plus obligatoirement passer par une chirurgie de réassignation sexuelle :
« Toute personne majeure ou mineure émancipée qui démontre par une réunion suffisante de faits que la mention relative à son sexe dans les actes de l’état civil ne correspond pas à celui dans lequel elle se présente et dans lequel elle est connue peut en obtenir la modification. Les principaux de ces faits, dont la preuve peut être rapportée par tous moyens, peuvent être :
1° Qu’elle se présente publiquement comme appartenant au sexe revendiqué ;
2° Qu’elle est connue sous le sexe revendiqué de son entourage familial, amical ou professionnel ;
3° Qu’elle a obtenu le changement de son prénom afin qu’il corresponde au sexe revendiqué. »
Je vous invite à lire ce document si vous vous intéressez à la partie législative : Article de Marie-Xavière Catto sur Open Editions Journal
Donc comme on peut le voir, il y a effectivement des hommes enceints. Et c'est bien le rôle du planning familial que d'inclure absolument toutes personnes. Logan Brown est devenu le premier homme trans enceint à faire la couverture d'un magazine (Glamour UK). Dans son interview, voilà ce qu'il nous dit :
« "Personne ne m’a demandé si ça allait. Personne ne s’est demandé ce que ça fait d’être un homme trans enceint. Être enceinte, en général, c’est vraiment, vraiment difficile. Ajoutez le fait d’être trans… Certaines sages-femmes le comprennent, d’autres non", a reconnu Logan Brown. "Une formation devrait être obligatoire, parce que nous existons et que des personnes trans vont à l’hôpital", a-t-il également plaidé. »
Il alerte sur la nécessite de de former le personnel hospitalier et de prendre en considération les spécificités liés à la transidentité. Le planning familial s'est juste inscrit dans la continuité de ce message, pouvoir inclure toute personne et pouvoir donner un accès aux soins et à la surveillance médicale quelle que soit la situation.
On voit donc ici que les hommes trans subissent autant d'attaques de la part de l'extrême-droite que les femmes trans. Le seule différence notoire que j'ai constaté, en lisant certains commentaires sur les RS, c'est que beaucoup de monde ne sait pas en quoi consiste le fait d'être un homme trans. Certains s'imaginent que ce sont des hommes qui ont reçu une greffe d'utérus ce qui est absolument faux. Un homme trans est né dans un corps de femme mais s'identifie en tant qu'homme. Pour une femmes trans, c'est l'inverse tout simplement. Et comme dit plus haut, chacun est libre de passer, ou pas, par une chirurgie de réattribution sexuelle, cela ne nous regarde pas et personne n'a à juger les choix de chacun.e. La société change et évolue, elle se doit d'être inclusive pour toustes. On doit enfin dépasser le dictat de la majorité et de toute façon qu'on le veuille ou non, on se retrouve tous un jours ou l'autre dans une catégorie dite minoritaire.
J'ai essayé de faire un état des lieux le plus exhaustif possible et vous donner ici les clefs nécessaires à la compréhension de ce qui se joue sous nos yeux. Il n'est jamais évident, quand on n'est pas directement impliqué dans un sujet, d'en prendre la juste dimension et je pense qu'une partie de la population se trouve dans ce cas. Personnellement, j'ai travaillé et traité le sujet de la transidentité depuis presque 17 ans. C'est donc un univers qui m'est familier et que je connais directement par les personnes qui vivent la situation. N'hésitez pas à partager vos vécus et vos histoires en commentaires.
Sur ce, je vais conclure comme pour mes autres billets. Prenez conscience que tout cela n'est qu'une porte d'entrée de l'extrême-droite qui joue sur les peurs et les fractures de chacun.e. Ils ratissent large et tentent absolument par tous les moyens de gangréner la société. Le corps des femmes, la pédo-criminalité ou les personnes trans, ce sont exactement les mêmes procédés, les même moyens mais pour une seule et unique fin : gagner coûte que coûte de l'électorat et ça, je me re-re-rerépète, c'est une pieuvre internationale qui part essentiellement des courants de l'ultra-right américaine. Ce n'est pas le modèle prétendument « woke » qui est importé mais bien celui de l'extrême-droite. Nous ne combattons plus le vieux borgne. Les extrémistes peuvent être des femmes blondes, des anciens animateurs de télé ou des pseudos féministes lesbiennes, c'est cela qui constitue leur force, à faire bientôt croire que leur idéologie est presque cool et qu'ils sont représentés à toutes les strates de la société, ce qui est faux. Ils utilisent juste des porte-paroles bien choisis pour attaquer des cibles différentes.
Le meilleur moyen de contrer tout cela est bien entendu de ne pas céder à la peur et puis d'aller vers les autres, de discuter, de comprendre et surtout d'écouter. Je peux vous proposer aussi de regarder un film que j'ai particulièrement aimé, c'est Laurence Anyways de Xavier Dolan. C'est une fiction qui aborde le sujet de la transition mais pas que. Dolan arrive à transmettre quelque chose qui ne se cantonne pas uniquement au vécu de son personnage mais l'encadre dans quelque chose d'universel et de beau qui touche notre humanité.
Pour les prochains billets, je continue dans la lancée des points d’entrée de l'extrême-droite et pêle-mêle je vous écrirais sur l'Ukraine, la gestion de la crise sanitaire, l'écologie et les idiots utiles du système.
Force et courage, nous devons rester solidaires dans la lutte.
Exceptionnellement, je fais ici un copier-coller d'un commentaire, celui de oncela, car il apporte des précisions importantes :
"Ton article est très pédagogique et pourra servir de très bonne base pour faire découvrir ce sujet à des personnes cis de gauche, merci beaucoup ! Donc je pense que ce serait chouette que tu puisses avoir le retour de personnes concernées pour corriger quelques erreurs, dont certaines ont des conséquences hélas un peu fâcheuses.
- iel était une des premières personnes qu'on peut qualifier d'homme trans.
La définition actuelle de "trans" est si large et englobante qu'il n'y a plus aucun soucis à l'appliquer bien plus loin dans le temps sans faire d'anachronisme. On trouve ainsi beaucoup de documentation sur des personnes trans (hommes, femmes, non binaires) depuis l'antiquité.
C'est important d'inscrire notre histoire bien au-delà du XXème sicèle que tu vises afin d'assoir notre visibilité sur des bases solides. Par exemple, pour la période médiévale et particulièrement pour la culture chrétienne (où on trouve de multiples hommes trans canonisés), j'ai beaucoup aimé lire Les genres fluides. De Jeanne d’Arc aux saintes trans (Clovis Maillet, Arkhé).
- A la différence des enfants intersexes, qui ont donc les attributs plus ou moins prononcés des deux sexes, la personne transgenre, elle, naît avec un sexe bien déterminé
Attention non, la définition de "trans" ne repose pas sur un prétendu "sexe bien déterminé", mais uniquement sur l'attribution d'un genre à la naissance, peu importe que cette attribution soit le résultat d'une observation clinique ou d'une tradition culturelle (c'est un mélange des deux en général). Les personnes intersexuées peuvent donc aussi être trans s'iels vivent dans un genre différent de celui qui leur a été attribué à la naissance. C'est même assez répandu.
- Les chiffres des personnes ayant une dysphorie de genre sont de 0,005 à 0,014 % des personnes nées de sexe masculin, et de 0,002 à 0,003 % des personnes nées de sexe féminin.
- Il n'y a pas une « épidémie de transsexuels ».
La dysphorie de genre n'est plus du tout un critère retenu par la communauté trans pour se définir. Mettre cet aspect en avant peut même être très invalidant pour les nombreuses personnes trans qui ne ressentent pas de dysphorie. Être trans se résume désormais au simple désir enthousiaste de vivre dans un autre genre, les souffrances ne sont plus un critère (j'insiste sur ce point : c'est un changement important d'être passé d'un critère douloureux à un critère joyeux pour nous définir, ça change complètement nos propres angoisses et ça permet aussi de présenter nos transitions à notre entourage comme une "bonne nouvelle" et non comme une malédiction, ce qui est bien plus simple à faire accepter - donc svp les cis arrêtez de donner autant de place à la dysphorie, ça nous aide beaucoup moins que vous ne le pensez).
Dans les plus récentes études, les chiffres sont bien plus important (d'un facteur 1 000) que l'impression que tu donnes en évoquant uniquement les cas de dysphorie : 11% des personnes nées après 1997 en France se disent trans/nb d'après l'étude internationale réalisée par l'IPSOS en juin 2023. Ce n'est pas une "épidémie" car ce n'est pas une maladie, mais l'extrême droite a bien raison quand elle parle de changements très important et ce serait nous invisibiliser que de prétendre que nous sommes une infime partie de la population et que nous n'assistons pas à un bouleversement des structures de genre.
- Je peux vous proposer aussi de regarder un film que j'ai particulièrement aimé, c'est Laurence Anyways de Xavier Dolan.
Ce film a pour personnage principal une femme trans jouée par un acteur qui est un homme cis dans la vraie vie. C'est une forme d'appropriation qui conduit non seulement à invisibiliser les personnes trans en général mais aussi à renforcer la précarité économique des acteurices trans, qui sont déjà pour la plupart dans une situation extrêmement précaire du fait qu'on ne leur propose hélas que des rôles de personnages trans - si ces rares rôles sont donnés à des personnes cis, la carrière des acteurices trans est foutue pour de bon. Merci de ne recommander que des films/séries où les personnages trans sont joués par des acteurices trans. J'ai trouvé cette liste par exemple.
Merci encore pour ton article qui est par ailleurs très bien fait, et je sais que c'est pas simple de parler d'oppression qui ne nous visent pas. J'espère que mes remarques pourront t'aider un peu. Bisous !"