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Billet de blog 2 octobre 2024

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Sortir du labyrinthe - Episode 2/4

«Rétablir l'ordre» A l'heure où s'ouvre une troisième page de la lutte contre la réforme des retraites, une lourde menace pèsera à nouveau sur les cortèges. En 2023, j'ai été arrêté et placé en garde à vue. Je n'ai recouvré la liberté que soixante heures plus tard, sans poursuites. Voici mon histoire. Puisse ce témoignage permettre à d’autres de se sortir du labyrinthe.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Episode 1/4 : « J'aimerais mieux avoir une vie de chien »

Episode 2/4 : « On ne parle pas à la police »

Episode 3/4 : « Profesor, ça va ? »

Episode 2 : « On ne parle pas à la police »

Illustration 1
© Jérémy Garcia–Zubialde

                 Un brouhaha m'extirpa de ma torpeur. Je me retournai et vis pour la première fois celui qui allait devenir mon compagnon de cellule attitré, et surtout mon ami. On le fit se déchausser et les verrous claquèrent. Il regarda l'air démuni son matelas qui gisait sous mon voisin, qui se déplaça comme il le put. Nous nous saluâmes. Il était brun, plus jeune que moi. Il arborait une sorte de discrète crête-mulet, un t-shirt floqué “Sum41” avec des dates de tournée européenne, et un pantalon noir. Il s'appelait M mais je ne l'appris que beaucoup plus tard. Je lui demandai d'abord pourquoi il était là, devinant une proximité d'origine et de destin. Il avait effectivement été arrêté lui-aussi en marge des manifestations mais était soupçonné, lui, d'avoir voulu incendier une poubelle1. Je lui expliquai rapidement ma situation avant de me recoucher sur le banc le visage tourné vers le mur, hypnotisé par les voix d'à côté, avec un cap bien défini et plutôt rassurant : mon avocate.

1 Article 322-3 du code de procédure pénale : [La destruction, la dégradation ou la détérioration d'un bien appartenant à autrui] est punie de cinq ans d'emprisonnement et de 75 000 euros d'amende [...] lorsque le bien détruit, dégradé ou détérioré est destiné à l'utilité ou à la décoration publique et appartient à une personne publique ou chargée d'une mission de service public [...]

          Un policier en armes, caméra à la poitrine, fit irruption dans le couloir. Il était accompagné d'un homme en civil et ce dernier signifia au premier occupant de notre cellule de bien vouloir se préparer à partir, ce qu'il commença de faire péniblement, cherchant à attraper sa jambe. J'en profitai pour demander de nouveau la permission d’aller remplir un gobelet d'eau. On m'en donna l'autorisation et je sortis en chaussettes. Je le remplis, le bus d'une traite, et le remplis à nouveau pour M en guise de pacte de complicité. Mon premier colocataire voulut savoir où il allait et on lui signifia qu'il fallait qu'il passe sa visite médicale. L'autre, apparemment habitué aux sournoiseries des gardiens, lui demanda de quoi il s'agissait exactement. L'homme en civil, de la BAC, lui annonça mot pour mot cette phrase : on va faire la visite médicale à la Santé. Je ne compris pas immédiatement le mauvais jeu de mots. Il pensait peut-être se moquer de cet homme qui maîtrisait mal le français mais lui ne fut pas dupe. Il mit sa prothèse en place, se leva, et toisa le gardien. C'est prison. Pourquoi tu dis pas ? Il sortit en boitant et se dirigea vers le robinet et les toilettes sans demander l'autorisation. Son indépendance m’a impressionné, et c'est dire à quel point j'ai été docile, moi. Un bon chien. Je regardais le policier de la BAC. Il se tourna vers son collègue et lui dit, sans voix, en exagérant l'articulation afin qu'il pût lire sur ses lèvres : il est chiant. Voilà deux hommes qui annoncent à l’un de leurs semblables qu'il part pour la prison, et qui se montrent tout à fait indifférents, méprisants, cyniques. Peut-être aussi n'était-il pas tout à fait leur semblable, justement ? Ils devaient avoir mon âge, ces deux clowns. Ils disparurent. Quelques minutes ou heures plus tard on nous proposa à déjeuner mais nous refusâmes. J’avais mal à la tête, la nausée d’avoir peu dormi, et l’estomac noué par la détresse. Nous entendions parfaitement, de là où nous nous trouvions, les éclats de voix au mess où tout le commissariat devait s’être réuni pour déjeuner. On vint signifier aux chanteurs de la cellule voisine qu'ils sortaient libres. Un rappel à la loi, annonça le gardien. Il ne resta donc plus que M et moi dans le couloir et nous échangeâmes de loin en loin. Il avait déjà été placé en garde à vue plus jeune, une quinzaine d'heures, mais resta d'abord évasif sur le motif. Il avait en fait été accusé de tentative de cambriolage après s'être aventuré sur les toits de Paris. Je souris intérieurement en imaginant le moment où je raconterais ça à mes amis A ou T, compagnons d'échafaudages et de toitures interdites. M se montrait optimiste, persuadé de n'avoir rien fait de grave. Son OPJ avait insinué qu'il n'en aurait pas pour longtemps. On vint le chercher car son avocat commis d'office était arrivé.

          Seul dans la petite cellule je m'étendis sur mon banc, observant les champignons dans les coins et les gouttes suspendues. J'avais affreusement mal à la tête. Mais bientôt des cris se firent entendre dans les bureaux. Un garçon s'agaçait contre des agents qui lui hurlaient dessus tous en même temps, et la voix de ce garçon monta brusquement dans les aigus et la colère. Je crois qu’il tapa même du poing. Bientôt ce ne fut plus qu'une assourdissante et inaudible cacophonie : environ quatre personnes vociféraient en même temps dans leur coin, dont une femme qui perdait manifestement patience et qui tâchait de ramener le calme en criant plus fort que les autres. Les voix se rapprochèrent et A fit irruption dans le couloir flanqué de deux gardiens. A était un garçon de vingt-trois ans, comme M. Il était d'origine sénégalaise, pas très grand, fin et sec. Il portrait un pantalon de jogging noir et un T-shirt de la même couleur. Il avait son schéma de communication bien à lui, qu’il illustra pendant que les gardiens essayaient tant bien que mal de le photographier et de prendre ses empreintes. D’abord il argumentait posément, affirmait qu'il n'avait strictement rien fait, détachait bien les mots pour être bien compris, choisissait minutieusement le lexique, mais très vite le débit s’accélérait, le ton montait et petit à petit, parlant de plus en plus vite et de plus en plus mal, il se mettait à crier. A chaque fois il tâchait de se reprendre, d'expliquer calmement la situation mais ne semblait pas pouvoir se contenir ; il finissait systématiquement par exploser de colère. On prit ses empreintes et sa photo. Il entra dans ma cellule alors que j'étais toujours allongé sur le dos, vint directement vers moi et me tendit son poing pour un check. Il s'assit en tailleur en murmurant des insultes à l'endroit des flics. M revint presque au même moment, souriant. Il avait vu son avocat, il sortirait en fin d’après-midi, et cela me réjouit non seulement pour lui mais aussi pour moi car on le verra, une bonne nouvelle vaut pour tous ici-bas. Toutefois, juste au-dessus du banc, un ancien prévenu avait gravé à la braguette ou à la fermeture éclair un grand « 48H » sur le mur, et j’avais pensé dès mon entrée en cellule que l'inscription allait me porter malchance. Je le lui dis sur le ton de la plaisanterie. Il sourit et hocha la tête de droite et de gauche pour conjurer le sort.

          Nous interrogeâmes A sur les raisons de sa présence aux oubliettes. A parlait comme il était, nerveusement, extrêmement rapidement, en intercalant constamment son tic de langage ô combien caractéristique d’un homme incompris et qui vit, déjà, à la marge : t’as capté ? Ya mon p’tit frère à la Fnac là il m’appelle parce qu’il a un souci je sais pas quoi avec les vigiles t’as capté ? Moi c’est mon p’tit frère : y’a pas d’histoire t’as capté ? Un truc de faux ticket-cadeau mes couilles là t’as capté, y’a rien. Et là la police partout ! Putain les bâtards ils nous ont serré je sais même pas pourquoi je suis venu là-bas t’as capté ? On me dit contrôle d’identité, après on me dit on va au poste et là l’autre pute elle me dit en garde à vue ? Non mais c’est quoi ça ? J’ai rien fait moi t’as capté ? Pendant qu’il parlait, il remuait dans tous les sens, était souvent debout à tourner comme un lion en cage, les deux mains dans son jogging. Il ne tarda pas à tambouriner de toutes ses forces sur la vitre pour avoir droit à une revanche. Le gardien passa une tête. C’est quoi ce bordel ? Monsieur, wallah dîtes à la dame là-bas que je m’excuse. Et à peine le gardien avait-il commencé de répondre, sautant évidemment sur l’occasion de commencer à faire le « bon flic » sympa qui rend des services, lui signifiant d’abord que c’était un peu tard mais qu’il allait faire son maximum, A perdit immédiatement patience, n’attendit pas la fin de la phrase et ouvrit les vannes d’une cascade de vociférations. Plus le gardien cherchait à contenir le flot et à prendre congé, plus A s'énervait. Il finit, une fois de plus, par hurler. Quand le gardien disparut, il se rassit en tailleur, les coudes sur les genoux et la tête dans les mains. Grosse pute. Je me redressai sur mon banc et cherchai à comprendre ce qui se passait pour lui. Il me raconta l’histoire, toujours en parlant vite et en contrôlant régulièrement ma compréhension. Pendant tout le temps qu’il parlait, on sentait qu’il réfléchissait à toute une série d’autres choses, pesait le pour et le contre, échafaudait des plans pour la suite. Et il continuait d’arpenter la petite cellule. Les choses s’empirèrent rapidement pour lui. Des agents de la BAC firent irruption dans notre couloir. Celui qui prit la parole portait un long manteau noir relevé du fameux brassard rouge. A devait les accompagner, ils allaient perquisitionner son domicile. Je ne pensais pas que les choses pussent aller aussi vite, mais nous supposâmes que la femme qui avait perdu son sang froid dans les bureaux était une OPJ, et qu’elle avait remué ciel et terre pour déclencher Armageddon : c’était peut-être devenu une affaire personnelle. On le fit sortir de la cellule et ils disparurent.

Illustration 2
© Jérémy Garcia–Zubialde

          Je somnole toujours sur mon banc. Je jette un œil sur mes compagnons allongés sur leur matelas. M essaye de trouver le sommeil. Sa tête touche la porte de la cellule. A, revenu de la perquisition, s’est recroquevillé et cache son visage dans son t-shirt. Que se passe-t-il avec mon affaire ? Depuis mon entrevue avec l’OPJ, je n’ai plus aucune nouvelle. M a déjà vu son avocat commis d’office et a déjà été auditionné dans les bureaux. Pour A, depuis la BAC, c’est le désert. Il s’est mis à dos les patrons, et le voilà privé de tout. Suite à sa colère dans les bureaux, il avait été emmené en cellule sans avoir signé ses droits. Il n’avait ni avocat, ni coup de téléphone réglementaire, et il avait beau demander à revoir son OPJ, on le laissait croupir ici sans rien lui dire, ou plutôt on lui faisait croire qu’on s’occupait de lui, que tout le service essayait de convaincre l’OPJ de lui reproposer de signer la feuille. Mensonges. Il n’avait pas forcément les codes de l’usage, il ne s’exprimait pas très bien, ne montrait peut-être pas assez de déférence, même feinte, et surtout, je crois, il était noir tout simplement. On se rend compte immédiatement de la chance odieuse qu’on a d’être blanc dans un commissariat. On ne me parle pas comme on lui parle, à lui. Ils le méprisent et jouent avec lui comme des chats avec une souris, avant de l'égorger en regardant ailleurs. J’espère que ça ira. J’ai de l’affection pour lui, pour M aussi. Je me fiche de ce qu’ils ont fait. En outre, je sens bien que A ne nous dit pas tout à nous non plus, qu'il est bien plus malin que ce qu’il nous laisse croire, que son affaire est peut-être bien plus grave que ce qu’il nous en dit, et qu’il pratique le double-discours. Il sait qu’on nous écoute. D’ailleurs lorsqu’il parlera avec son frère qui sera bientôt enfermé dans la cellule voisine, il prendra soin d’utiliser le mandingue.

          Pendant la perquisition au domicile de A, les agents incarcérèrent donc son petit frère, B. C’était la version miniature de A mais en beaucoup plus calme. Il était « un 2006 », il avait donc dix-sept ans ; on fit venir également un ami à lui du même âge, et dès ce moment-là, la cellule voisine fut baptisée celle des « petits ». Toute la journée, régulièrement, éclataient les échanges assourdissants entre les deux frères. Gardez à l’esprit que les cellules résonnent énormément, et qu’il faut crier pour parler avec la cellule mitoyenne. A cherchait à savoir exactement ce que B avait dit à la police et lui donnait des conseils, souvent contradictoires. Il cherchait aussi une solution pour que leur mère n’apprenne pas ce qui était en train de se jouer. B est resté dans le labyrinthe pendant plus de trente heures, et ses parents n’ont apparemment jamais été prévenus. Un mineur a donc pu rester enfermé dans une geôle, privé d’intimité, cible d’intimidations, de manipulations, sans que jamais ses responsables légaux n’en soient avertis. Je ne sais pas quel fut son destin car nos chemins durent se séparer dans des circonstances qui aujourd’hui encore me glacent le sang. 

          Je me perds un peu dans la chronologie. Je ne saurais dire combien de fois les gardiens sont venus nous ouvrir pour nous autoriser à parcourir les quatre mètres qui nous séparaient du robinet d’eau. Je ne saurais dire non plus ce à quoi je pensais exactement. Mes pensées allaient et venaient d’un sujet à l’autre, sans jamais rien régler. Depuis des heures, j'étais obsédé par un conseil de classe qui devait se tenir le vendredi. J'étais professeur principal, je devais remplir les bulletins des élèves avant la réunion. J'essayai mentalement de les rédiger, évidemment sans succès. Je demandai l’heure : quatorze heures. Rêveries. Je me levai et m’agitai un peu car j’avais extrêmement mal dans le bas du dos. A continuait de parler à son frère de temps à autre, toujours très brusquement. B ! Oh, B ! Mh ? T’as dit quoi en fait parce que si [mandingue] on est mort ! T’as capté ? Mh. B ! Mh. Il allait souvent tambouriner à la porte pour avoir des informations car il avait besoin de savoir si son OPJ avait accepté ses excuses, s’il allait pouvoir téléphoner et voir un avocat. Il nous demanda finalement pourquoi nous étions là, nous. M lui exposa rapidement sa situation, puis moi la mienne. Il n'en revenait pas. Dès lors, quand un gardien passait dans le couloir, il l'apostrophait, prenait notre défense, s'insurgeait contre la fin de l'Etat de droit. Ils sont là parce qu'ils ont manifesté ? Il riait. Il employait aussi régulièrement cette expression désuète qui tranchait avec le reste : je vous tire mon chapeau. C'est n'importe quoi. Et il me regardait : si vous, vous êtes là pour ça, alors moi, qu'est-ce qui va m'arriver ? T'as capté ?  Chef ! Eh chef ! En tout cas c'est la première fois que je suis en cellule avec deux Français y'a un truc qui tourne pas rond ! Il éclata de rire, et moi aussi. Ce commentaire qui provoqua même l'hilarité des gardiens était pourtant à pleurer, quand on y pense. Une autre fois il appela son frère. B ! Oh B ! Mh ? Tu sais ce qu'il fait le gars avec moi ? Non. Il est prof ! Comment ça prof ? Bah prof ! Au collège ! Les éclats de rire résonnèrent encore dans tout le couloir. A nous parla un peu de sa vie. Il avait fait sa scolarité dans cet arrondissement, tout près d’un établissement dans lequel j’avais été surveillant pendant mes études. Sa vie était faite de petits boulots et d’arnaques en tous genres. Il avait visité les cellules de nombreux commissariats parisiens mais aussi espagnols et marocains. Il « connaissait » aussi la Tunisie. De son côté, M était vendeur dans une boutique à mi-temps. L’autre moitié de la semaine, il était pompier volontaire. Le pompier-pyromane au premier degré. Il se décrivait comme punk, avait deux chiens qu’il adorait, une petite amie, une enfance riche de voyages à l’étranger. La cellule prenait petit à petit des airs plus chaleureux, et j’aimai notre trio : M le jeune punk pompier-pyromane, A le roi de l’arnaque au sang chaud, et moi le prof à la grande gueule. La conversation bientôt s’éteignit, et chacun somnola. Était-ce vraiment mon identité, d'ailleurs, prof ? N'avais-je pas toujours eu le sentiment d'une imposture, comme l'intime conviction de n'être pas celui qu'on croyait voir ? N'avais-je pas toujours su d'ailleurs, dès mon plus jeune âge, qu'un jour je séjournerais en prison ? Puis que je finirais à la rue ? La journée continua ainsi. Raconter deux minutes, c’est raconter deux heures. Allongé sur le flanc, tourné contre le mur, j’étais submergé d’émotions douloureuses, qui m’étouffaient littéralement. Je pensais à S et la tristesse me brûlait les poumons. Je pensais au soir de mon arrestation et la culpabilité, et la honte, me rongeaient le sang. Je me sentais terriblement coupable de n’avoir pas quitté les lieux lorsqu’il en était encore temps, d’avoir protesté pour rien, d’avoir bu aussi, évidemment. Je repensai au visage de mon ami plaqué au sol, au genou du policier sur le haut de son dos, au mouvement de panique qui se fit autour de la scène, aux boucliers et aux gyrophares, pendant que plus loin la fumée noire s’élevait dans la nuit. J’eus une pensée pour chacun de mes proches et imaginai combien ils devaient m’en vouloir, d’inquiéter ainsi tout le monde, pour rien du tout. Ils se présentaient tous à moi, tantôt rancuniers, incrédules ou méprisants. Je dus respirer profondément par la bouche et le nez pour me calmer.

Illustration 3
© Jérémy Garcia–Zubialde

          On vint chercher M pour une nouvelle audition auprès de l’OPJ. Nous avions échangé les noms de S et de J, sa copine, en anticipant la libération précoce de l’un ou de l’autre. Celui qui sortirait le premier devrait passer un appel rassurant et donner des nouvelles de la situation vue de l’intérieur du labyrinthe. Je ne pensais plus le revoir mais il revint défait : il avait nié les faits, l’OPJ lui avait signifié qu’il n’avait plus qu’à attendre des nouvelles du magistrat. Les possibilités étaient restreintes : le classement ou la reconduction de vingt-quatre heures supplémentaires. Il ne s’y attendait pas, pensant que sa situation serait réglée immédiatement après l’audition ; un rappel à la loi, un sermon, et la liberté. Retrouver ses chiens, appeler son amoureuse, passer à autre chose. J’aurais aimé qu’il sorte, pour lui évidemment, et aussi pour moi. Ce ne fut pas le cas. Nous ne savions pas encore que l’Odyssée venait seulement de commencer, et que nous n’étions pas au bout de nos peines, loin s’en faut. Je jetai un regard en coin aux chiffres maudits gravés sur le mur du fond. Un gardien passa et nous en profitâmes pour faire la totale : aller aux toilettes, remplir les verres d’eau et demander l’heure. Treize heures quarante-cinq. Nous nous regardâmes et l’affreuse vérité apparut toute crue, avec ses yeux de démon et son rire narquois : on nous mentait sur l’heure. On nous faisait volontairement perdre nos repères. Nous en plaisantâmes tout de même : quelle bande d'enfoiré·es.

          Un temps infini s’écoula sans que ma situation n’évolue le moins du monde. J’étais ressorti de l’hôpital à deux ou trois heures du matin, il était au moins seize ou dix-sept heures, je n’avais vu ni le médecin2, ni mon avocate, et je n’avais pas été auditionné. Je demandais régulièrement des nouvelles de ma situation aux gardiens. Ou bien il n’en savaient rien mais, comme toujours, assuraient qu’ils se renseignaient, soit le «  gars sympa » faisait mine de se scandaliser. Attends, t’as toujours pas vu le médecin3 ? Ton avocate non plus ? C’est pas normal ça, je vais voir. Et il ne faisait rien, évidemment. A un moment donné, un OPJ parut dans le couloir pour parler aux « petits » et je m’enquis de ma situation directement auprès de lui. Il me répondit qu’il y avait un problème avec mon avocate, qu’elle avait été mise au courant de mon sort mais qu’elle ne viendrait pas, et que toute la procédure s’en trouvait bloquée. Je m’assis assommé sur mon banc. On m’avait abandonné. Littéralement abandonné. Les câbles de l’ascenseur lâchèrent dans un claquement de fouet et je fus précipité directement dans les profondeurs des Enfers.

2 Article 63-3 du code de procédure pénale : Toute personne placée en garde à vue peut, à sa demande, être examinée par un médecin désigné par le procureur de la République ou l'officier de police judiciaire. En cas de prolongation, elle peut demander à être examinée une seconde fois. [...] Le médecin examine sans délai la personne gardée à vue. Le certificat médical par lequel il doit notamment se prononcer sur l'aptitude au maintien en garde à vue est versé au dossier.

          Nous sentions que la journée touchait à sa fin. Dans nos esprits toujours tendus vers l'air du dehors, difficile de ne pas espérer sortir au bout des réglementaires vingt-quatre heures. C'est ce qui était arrivé à mon ami3, alors pourquoi pas ? Les accusations étaient somme toute les mêmes. Le moral n'était pas si mauvais chez mes compagnons. De mon côté, ça n'allait pas mais j'essayais de ne rien laisser paraître. Alors que nous somnolions tous les trois dans la lumière artificielle, un bruit de pas puis de voix nous fit tourner la tête vers les vitres. « On a aussi deux jeunes, ici » Je me redressai sur le banc. À un mètre de moi se tenait un homme aux cheveux gris. Il portait une écharpe tricolore. Le gardien qui l’accompagnait me demanda mon nom et je me présentai. C'est lui, glissa le député4. Les idées se bousculèrent dans ma tête, toutes instantanément, sans qu'elles ne se formulent explicitement. On venait me libérer ? Mon arrestation avait été filmée, les médias et réseaux diffusaient ma gueule en sang ; mon syndicat avait envoyé quelqu’un ? Je n'en sus rien. Je lui dis que j'étais blessé, que je n'avais vu ni le médecin ni mon avocat. Il ne répondit pas mais après qu'il fut parti je l'entendis parler aux agents dans les bureaux. Il suggérait que ce n'était pas normal et parlait de ma blessure. Notez que pendant tout le temps que dura ma détention, je n'eus jamais l'occasion de me voir dans un miroir. Je voyais bien cependant que mes compagnons regardaient souvent le pansement, et sentais aussi sur mes tempes et dans ma barbe le sang coagulé. Je ne sais plus si c'est à ce moment-là, ou un peu avant, ou un peu après, qu'un policier que nous n'avions pas encore vu entra dans le couloir et vint nous parler à travers les vitres. Il appela mon nom, et je levai la main. Je ne devrais pas te le dire mais S est passée, elle est devant avec des copains, ils te font un petit comité de soutien. Je restai bouche-bée, complètement abruti. Ainsi donc S s'était frayée un chemin dans le labyrinthe jusqu'à moi, et me tendait la main pour me remonter du fond du puits, au moment où je touchai le fond. Je la saisis. Savoir mes ami⸱es là tout près, derrière quelques murs, savoir que S était en train de se battre pour moi, me regonfla à bloc. Je n'étais finalement pas si seul que ça. La nouvelle fit aussi son effet sur mes camarades. On n'est pas seuls ! s'écria A en souriant. M y alla aussi de son commentaire. On plaisanta un peu : qui pouvais-je bien être réellement si un élu venait prendre de mes nouvelles, et si une foule était rassemblée devant le poste ? On m'apprendra à ma sortie ce qui avait été fait pour moi depuis le dehors. Je n'aurai jamais les mots pour remercier toutes celles et ceux qui remuèrent ciel et terre, qui firent le piquet devant ma prison, pour me donner un peu de leur force en allumant une petite bougie dans cet océan d'obscurité.

3 Voir premier épisode

4 Il s’agissait d’un député La France Insoumise, que je remercie ici encore une fois. J’ai eu l’occasion de le croiser en manifestation et d’échanger avec lui par la suite. Pendant tout le temps que dura la mobilisation contre la réforme des retraites, les député⸱es de la NUPES ont usé de leur droit de visite dans les commissariats pour s'assurer des bons traitement infligés aux manifestant⸱es, pour protester contre les arrestations arbitraires et les détentions abusives. Ils et elles ont interdiction de parler aux suspects.

          Alors que le silence régnait dans le commissariat et que nombre d’agents devaient dîner chez eux en famille, on vint enfin me chercher. Je m’assis en face d’un OPJ. Voilà je t’explique. Le magistrat va décider si on te garde encore vingt-quatre heures ou pas. On peut lui faire remonter des informations pour le convaincre de te laisser rentrer chez toi5. Qu’est-ce que tu veux lui dire ? Je n’en savais absolument rien et restai silencieux. Je travaille demain, avançai-je. L’OPJ écrivit sur son clavier. Oui ? Quoi d’autre ? Et bien rien, je travaille, je vais me trouver en difficulté par rapport à ça. Je. Vais. Être. En. Difficulté. C’est ça ? Oui, voilà. Autre chose ? Non. Enfin si, il y a une manifestation demain. Je m’engage à ne pas y aller. Je. M’engage. A. Ne. Pas. Me. Rendre. A. La. Manifestation. C’est ça ? Cet engagement qui peut paraître absurde en dit long néanmoins sur la période que nous traversions, et sur mon état d’esprit. J’ai pensé que l'on pourrait garder des manifestant⸱es en cellule pour éviter qu'elles et ils ne grossissent les cortèges. Aujourd'hui encore j'ai du mal à me départir de cette idée. Peut-être ai-je passé trop de temps à penser retraites, manger retraites, dormir et respirer retraites, et que je n'avais plus le recul pour réaliser que c'était la France, ici, pas la Russie, mais après tout, pourquoi pas ? C’est le sens du vent.

5 Article 63-1 du code de procédure pénale : La personne placée en garde à vue est immédiatement informée par un officier de police judiciaire [...] du droit de présenter des observations au procureur de la République ou, le cas échéant, au juge des libertés et de la détention, lorsque ce magistrat se prononce sur l'éventuelle prolongation de la garde à vue, tendant à ce qu'il soit mis fin à cette mesure. Si la personne n'est pas présentée devant le magistrat, elle peut faire connaître oralement ses observations dans un procès-verbal d'audition, qui est communiqué à celui-ci avant qu'il ne statue sur la prolongation de la mesure [...]

          On me renvoya en cellule. Un autre gardien vint me chercher presque immédiatement pour la visite médicale et m'escorta jusqu'à une toute petite salle, de la taille d'un grand placard sans fenêtre. Le médecin était roux, légèrement dégarni, âgé d'une cinquantaine d'années environ. Il portait une veste de cuir qui empestait. Il remplissait un formulaire et ne leva pas les yeux vers moi. Il avançait légèrement les lèvres en avant lorsqu’il écrivait. Derrière moi, un gardien observait la scène par le hublot de la porte. La première chose que je demandai était de savoir s'il était de la police. Il leva son visage vers moi et affirma, impassible, que non. Il leva mollement les yeux vers ma blessure, ou plutôt mon pansement, et demanda ce qui était arrivé. Je ne lui racontai rien mais affirmai que la police m’avait blessé au moment de mon arrestation. Il le nota quelque part, toujours en avançant les lèvres, continua de remplir son formulaire sans me parler davantage. Il ne toucha jamais mon pansement et ne me proposa ni de le changer ni même de nettoyer la plaie. Il déclara que des points de suture ne nécessitaient nullement de déclarer des jours d’ITT et m’invita à sortir. Ma visite médicale avait duré en tout et pour tout trois ou quatre minutes. Je revins en cellule et retournai sur mon banc. On revint me chercher et on m’escorta jusqu’au bureau des OPJ. Je regardai tout de suite la fenêtre : il faisait nuit. On m’annonça que ma garde à vue était prolongée de vingt-quatre heures et ma première pensée alla à S.

          On me tendit une feuille afin que je signe de nouveau mes droits et ma prolongation. Une bonne nouvelle arriva cependant au même instant : mon avocate était finalement en chemin. J’allais pouvoir communiquer avec l’extérieur, et peut-être m’expliquerait-on ma situation. Je pris la décision de ne pas signer immédiatement ma reconduction de vingt-quatre heures supplémentaires. Je leur signifiai poliment que je préférais voir mon avocate avant de signer quoi que ce soit, ce qui agaça passablement l’OPJ, dont le visage ne me revient plus. Elle me fit comprendre qu’elle serait contrainte de tout refaire car les documents seraient mal datés. Je m’excusai mais confirmai que je préférais attendre avant que de signer quoi que ce soit, sachant qu’il restait quelques heures avant la fin des premières vingt-quatre heures. Elle soupira, et prit l'air de celle qui a en face d'elle un emmerdeur, un petit emmerdeur qui parle bien et qui se croit supérieur. Ce n'était pourtant pas du tout le cas. Je n'y voyais rien et j'avais besoin d'être éclairé. Je reconnais que je les soupçonnais de chercher à me manipuler, mais il faut me comprendre : rien n'était clair et j'avais le sentiment de jouer mon futur sur un terrain que je ne connaissais pas. Elle me demanda si, donc, je confirmais que je refusais de signer, ce qui me privait des conseils d'un avocat, ultérieurement. J'avais beau répéter que je ne refusais pas de signer, que je souhaitais seulement différer ma signature à quelques instants, une heure peut-être, elle s'agaçait et me faisait comprendre dans le même temps que signer ce papier était une formalité, mais que ne pas le signer me mettrait dans une situation délicate. Après c'est comme vous voulez. Toujours cette menace pernicieuse : après, c'est comme vous voulez ; moi, je vous présente la feuille, si vous la signez je note que vous avez signé. Et si vous ne signez pas, moi je le note et puis c'est tout. Vous refusez de signer, allez en page 32 ; vous acceptez de signer, allez en page 23. Quel chemin suivre pour sortir du labyrinthe ? On en resta là.

Illustration 4
© Jérémy Garcia–Zubialde

          Je pus enfin rencontrer mon avocate6 dans le même placard que celui de la visite médicale expéditive7. C'était une jeune femme de mon âge qui se voulait rassurante. Elle prit des notes pour rendre compte de ma blessure, pour préparer une éventuelle plainte. Nous nous mîmes d'accord sur la conduite à tenir lors de mon audition et elle me rappela le fameux adage : on ne parle pas à la police. Elle me présenta trois possibilités pour la suite, en commençant par la plus heureuse : un classement sans suite et une libération rapide. La deuxième m'était également plutôt favorable : un entretien avec le substitut du procureur - un vieux, précisa-t-elle, sûrement un flic à la retraite. Elle m'expliqua que dans ce cas de figure, on me proposerait un classement sous conditions, c'est-à-dire un classement de mon affaire en échange d'une reconnaissance des faits8. Ce classement pourrait être accompagné de diverses mesures telles qu'une interdiction de manifester, une participation obligatoire à un stage payant, ou bien des travaux d'intérêt général. Elle me conseilla de refuser de signer ce document et me mit en garde : le délégué du procureur allait se montrer particulièrement insistant, et pourrait même menacer de me garder en détention. Elle m'assura que ce n'était que de l’intimidation, et que si je tenais bon, je sortirais libre de toutes poursuites. En revanche, rien ne pouvait empêcher le parquet de me poursuivre ultérieurement si j'avais reconnu les faits qui m’étaient reprochés. Enfin, elle évoqua sans trop y croire la dernière possibilité : un défèrement au tribunal judiciaire pour comparaître devant un juge9. Cette ultime possibilité signifiait une troisième nuit en cellule au dépôt du tribunal10. Afin de parer toute éventualité, elle me demanda si S avait accès facilement à mes garanties de représentation, ce que je confirmai. Il faudrait en effet convaincre le juge de me laisser rentrer chez moi en attendant mon jugement. Il était d'usage de fournir des fiches de paie et des justificatifs de domicile pour prouver son insertion sociale et ainsi convaincre le juge qu’on ne quitterait pas le territoire pour éviter le procès. Je pensai encore une fois à toutes les cases que je remplissais et qui me permettaient d'être un ultra-privilégié dans ce pays : homme, blanc, hétérosexuel, de nationalité française, locataire d'un appartement, fonctionnaire, et j'en passe. La liste est longue. Qu'en serait-il de A ? Il partait avec un retard immense. Je n'avais de mon côté que peu de chances d'être placé en détention provisoire. 

6 Cette avocate est engagée au sein du collectif Legal Team Paris. Bénévole, elle donne son temps pour venir en aide et aiguiller les manifestant⸱es incarcéré⸱es. Je les remercie toutes et tous encore une fois, et elle en particulier. 

Pour en savoir plus : https://legalteamcollective.org/

7 Article 63-4 du code de procédure pénale : [...] L'avocat désigné peut communiquer avec la personne gardée à vue dans des conditions qui garantissent la confidentialité de l'entretien. Il est informé par l'officier de police judiciaire ou, sous le contrôle de celui-ci, par un agent de police judiciaire de la nature de l'infraction recherchée. A l'issue de l'entretien dont la durée ne peut excéder trente minutes, l'avocat présente, le cas échéant, des observations écrites qui sont jointes à la procédure. [...]

8 Article 41-1 du code de procédure pénale  : [...] Le procureur de la République peut [...] adresser à l'auteur de l'infraction qui a reconnu sa culpabilité un avertissement pénal probatoire lui rappelant les obligations résultant de la loi ou du règlement ainsi que les peines encourues et lui indiquant que cette décision est revue en cas de commission d'une nouvelle infraction dans un délai de deux ans. [...]

9 Article 395 du code de procédure pénale  : [...] En cas de délit flagrant, si le maximum de l'emprisonnement prévu par la loi est au moins égal à six mois, le procureur de la République, s'il estime que les éléments de l'espèce justifient une comparution immédiate, peut traduire le prévenu sur-le-champ devant le tribunal. Le prévenu est retenu jusqu'à sa comparution qui doit avoir lieu le jour même ; il est conduit sous escorte devant le tribunal.

10  Article 803-3 du code de procédure pénale : En cas de nécessité et par dérogation aux dispositions de l'article 803-2, la personne peut comparaître le jour suivant et peut être retenue à cette fin dans des locaux de la juridiction spécialement aménagés, à la condition que cette comparution intervienne au plus tard dans un délai de vingt heures à compter de l'heure à laquelle la garde à vue ou la retenue a été levée, à défaut de quoi l'intéressé est immédiatement remis en liberté.

          L'agent à la porte fit signe qu'il était temps pour moi de regagner ma cellule. L'avocate me fit relire son document manuscrit et m'invita à corriger d'éventuelles erreurs grammaticales. Il y en avait une, elle me demanda de lui rappeler la règle, ce que je fis avec plaisir. Ce détail en apparence futile revêt en réalité une importance capitale, car le moindre événement qui peut vous ramener à votre vie d'homme libre déchire votre costume de truand. Les mauvaises finitions sautent d'un seul coup et le tissu tombe en poussière. Alors la police doit recommencer à zéro pour vous saper le moral et pour vous rhabiller de votre nouveau statut. Vous êtes de nouveau vous-même et vos idées sont claires à nouveau : on vous a frappé et c'était illégal. On vous a enfermé et c'était injuste. On vous retient arbitrairement depuis beaucoup trop longtemps et vous sortirez d'ici le poing levé. Cet entretien de trente minutes avec mon avocate me regonfla à bloc. Nous nous quittâmes là-dessus, elle me souhaita bon courage pour mon audition qui aurait lieu dans la foulée, et s'en fut. On me ramena pourtant en cellule sans m'auditionner. 

          Le silence régnait dans le couloir. M et A s'endormirent rapidement dans la lumière crue des néons. J'eus beaucoup de mal à trouver le sommeil, continuant de tourner en rond dans ma tête, éprouvant les plus grandes difficultés pour me concentrer sur une chose ou une autre. Le choix du banc n'était par ailleurs pas idéal et j'avais du mal à changer de position. Je divaguais quand on vint me tirer à nouveau de ma cage. En enfilant mes chaussures comme des pantoufles, j’interrogeai le gardien. Pour le médecin, souffla-t-il, immédiatement excédé. Je supposais une erreur, et rétorquai que j'avais déjà effectué ma visite médicale quelques temps plus tôt. J'entrai à nouveau dans le placard et, avant que de m'asseoir, je prévins le médecin, le même : nous nous étions rencontrés il y a un moment seulement. Il ne répondit pas tout de suite, affairé qu'il était à remplir ses documents, les lèvres en avant. Il finit par relever la tête et me dit en substance : nous nous sommes vus vers 20h. Il est minuit et demi. Pratique, pour ce médecin, de remplir sa mission de suivi quotidien en venant de part et d'autre de minuit. La consultation dura quelques secondes. C'est facile, ça ira vite ! Il suffit de cocher à nouveau ! Ces mots sont de lui. On m'escorta dans ma cellule et je me couchai face au mur. Je mis un long moment avant de sombrer à nouveau dans un demi-sommeil entrecoupé de cauchemars, de crises d'angoisse ou de vertiges. Et le pire était à venir.

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© Jérémy Garcia–Zubialde

A suivre…

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