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Billet de blog 27 octobre 2024

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Le député et son dealer... deux urgences !

Ah la belle affaire pour Valeurs Actuelles, B Retailleau, la droite et l’extrême-droite confondues, un député de gauche pris en flagrant délit d’achat de «chemSex», drogue de synthèse, sur le quai d’une station de métro, à un dealer mineur de 14 ans. Au nom de l’exemplarité tout ces vertueux de la politique intiment Andy Kerbrat de démissionner !

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La droite et l’extrême-droite se saisisse de l’affaire Kerbrat, le jeune élu ‘‘insoumis’’, et ils sont vent debout, avec le ministre de la police à leur tête, la presse d’extrême-droite et plusieurs élus, pour l'appeler à la démission.

Ces braves gens n’ont pas eu la même rigueur démissionnaire envers leur comparse-sénateur, Joël Guerriau (du parti Horizons d'où il a été exclu), qui a cherché à droguer une collègue députée, Sandrine Josso (Modem), et reste sénateur malgré l’injonction du président du Sénat pour qu’il démissionne.

Bien sûr, ‘‘ça la fout mal’’ en plein débat parlementaire ce dérivatif avec le délit d’un jeune élu de gauche, qui plus est un ‘‘insoumis’’. Il vient donner des arguments et surtout prétexte à toutes les voix qui soulignent la défiance croissante envers la classe politique et les élus de la Nation. Soulignons la courroie de transmission évidente entre la police et la presse d'extrême-droite qui a enflammé les réseaux sociaux.

L’exemplarité qu'on sort à toutes les sauces dans ce genre d'affaires, c’est un mot qu’on peut servir dans l'exercice de multiples fonctions: les parents, le professeur, le sportif, le médecin, l'élu de la République, le curé-l’imam-le rabbin… mais ici il me semble que ce n’est pas la question de fond.

L’urgence : ‘‘parcours de soins’’ / ‘‘parcours éducatif’’ !

Et si on peut se féliciter que l’élu ait décidé de s’engager dans un ‘‘parcours de soins’’ (salué par tous ses camarades politiques) que dire sur le sort de ce mineur de 14 ans, qu’on peut considérer en grande difficulté, pour qui me paraît aussi urgent et nécessaire un ‘‘parcours éducatif’’.

Ni M Bompard (qui défend son élu-copain justifiant que les élus ce sont ‘‘des êtres humains comme tout le monde’’ RTL 24 oct), ni son mouvement ne se soucient pas trop du sort de ces mineurs, ni des conditions de travail des professionnels, notamment de la PJJ (Protection Judiciaire de la Jeunesse), ou des questions posées par la problématique de la protection de l’enfance.

De son côté le grand-chef des insoumis a commenté sur son réseau X, ‘‘Il n’a commis des dommages que sur lui-même’’ (JLM, le 22 oct, à 19h40). Drôle de phrase qui exonère de toute responsabilité un élu qui se sert d’un mineur de 14 ans pour contourner la loi et acheter de la drogue, me paraît ici extrêmement grave. Comme si le sort de ce mineur-dealer ne souffrait d’aucun ‘‘dommage’’.

Par ailleurs ce jeune élu dit que du fait de ‘‘problèmes personnels et des fragilités psychologiques, j’ai pu consommer des drogues de synthèse et suis pleinement conscient de leurs effets sur la santé et notamment sur la mienne.’’ (selon Libé du 22 oct). C’est méritoire cette reconnaissance et son mouvement politique aurait pu et du le soutenir, avant de le promouvoir dans des responsabilités électives.

Députation et ‘‘parcours de soins’’... est-ce compatible ?

La réponse à la question de la drogue en France est essentiellement répressive et les spécialistes le soulignent : ‘‘Depuis plusieurs mois, la France assiste avec dépit à une surenchère politique et sécuritaire ciblant les consommateurs de drogues. Cette addiction à la répression est pourtant inefficace, coûteuse et dangereuse, selon le Collectif pour une nouvelle politique des drogues (CNPD)’’repression-en-france-un-chaos-sanitaire-et-social.

A coups de pub Macron, Darmanin (rappelons l’opération coup de poing à Marseille en mars dernier) et maintenant Retailleau disent partir en guerre contre les réseaux narcotrafiquants... tout en négligeant les ‘‘petites-mains de 14 ans’’, pourvoyeuses de toute sorte de stupéfiants, laissées à l’abandon éducatif par l’éducation nationale dans les zones gravement paupérisées et par l’assistance éducative de la PJJ (Protection Judiciaire de la Jeunesse) ou du secteur associatif habilité, sans moyens ni humains ni matériels.

Bien sûr que "les consommateurs doivent être pris pour ce qu'ils sont, c'est-à-dire des personnes qu'on doit accompagner vers la sortie de nos addictions" (s’exclame Mme Rousseau). Et pour les accompagner dans le parcours de soins dont ils ont besoin, comme M Guerriau, sénateur, ou M Kerbrat, député, c’est un "boulot" à plein temps, qui me semble incompatible avec leurs fonctions électives ! Pour la clarté et l’éthique de leur engagement et pour la disponibilité que les deux exercices exigent.

° ° °

*  C’est la lecture du billet de Georges-André qui m’a suggéré d’écrire un mot sur le ‘‘parcours-éducatif’’ du mineur-dealer, aussi nécessaire et urgent que le ‘‘parcours de soins’’ du député, à qui je souhaite de s’y consacrer avec la même énergie qui l’a amené à la députation. lexemplarite-comme-vertu-qui-camoufle-le-vice

* *  D’autres billets me paraissent des contributions utiles pour le débat :

° par Xoreeyo andy-kerbrat-indignation-selective-de-retailleau

° ° par Rv RICHARD propos-du-depute-andy-kerbrat-et-des-addictions

° ° ° par Mathieu Guglielmino apologie-du-chemsex-retour-sur-un-emballement

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