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Billet de blog 17 septembre 2025

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Les boomers ne sont pas responsables des déficits et dettes public.

C’est bien l’Etat « nounou » qui a laissé filer les déficits depuis 50 ans, pour ne pas à avoir à faire des réformes structurelles. L’Etat, depuis que Macron a instauré la baisse immédiate des cotisations patronales, est à l’origine de 400 Md€ de dette supplémentaire. Le gouvernement doit réformer le système des retraites pour qu’il soit égalitaire.

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Le gouvernement Bayrou pointait du doigt les « boomers » qui seraient responsable de la dette. Mais de quelle dette parle t-on ?

Selon l’Insee, la dette public serait de 3 345,4 Md€ au 1er trimestre 2025 :

  • Etat : 2 723,4 Md€, soit 81,4 % de la dette public,
  • ODAC : 69,7 Md€
  • collectivité territoriale : 262,5 Md€, soit 7,8% de la dette public,
  • Sécurité Sociale : 289,9 Md€, soit 8,7% de la dette public.

Que ce soit le déficit ou la dette, c’est l’Etat le vilain petit canard, il est grand temps de réformer l’Etat pour réduire ses dépenses structurelles, au lieu de s’acharner à réduire les dépenses sociales avec des mesurettes.

Selon la publication de l’Insee de mai 2025, le déficit public 2024 était de -5,8% du PIB  (2 926 Md€), soit -169,5 Md€, dont -152,3 Md€ pour l’Etat et +2,3 Md€ pour l’administration de la Sécurité Sociale. Voir le détail dans mon article « Déficit de la Sécurité Sociale : c’est le floue artistique. » de juin 2025.

Dans le rapport de la commission des comptes de la Sécurité Sociale de juin 2025, le déficit 2024 l’administration de la Sécurité Sociale est de -15,3 Md€, soit moins de 10% du déficit de l’Etat :

Illustration 1

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Les recettes

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En 2024, les recettes de la CSG ont progressé de 6,1%, sous l’effet :

  • de la baisse du taux de CSG destiné à la CADES, moins 0,15% qui serviront à financer la CNSA (Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie ), à hauteur de 2,6 Md€ ;
  • de l’augmentation de 5% du point d’indice des agents publics, et des pensions de retraite.

En 2025, les recettes de la CSG ont progressé de 1,8%.
Les salariés du secteur privé affiliés au régime général constituent près des deux tiers (62%) des cotisations sociales. Le secteur public contribue à hauteur de 24% des cotisations sociales.

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Dispositifs d’exonération en faveur de l’emploi


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En 2022, les dispositifs d’exonération s’établissent à 82,7 Md€.

En 2023, en dépit de la quasi-extinction des mesures d’urgence visant à limiter l’impact de la crise sanitaire, les dispositifs d’exonération ont engendré de moindres recettes de cotisations de 88,2 Md€, en raison de la forte progression des allègements généraux pour l’ensemble des organismes qui en sont attributaires (régimes de base, Agirc-Arrco, Unédic, Ircantec et FNAL).

En 2024, les dispositifs d’exonération s’établissent à 88,9 Md€.

En 2025, les dispositifs d’exonération diminueraient à 86,2 Md€ du fait de l’abaissement du point de sortie des réductions de taux de cotisations patronales d’assurance maladie (de 2,5 à 2,25 Smic) et d’allocations familiales (de 3,5 à 3,3 Smic).

Ma belle soeur avait avec son mari une entreprise de 10 salariés dans le domaine de la rénovation de maison. Elle me disait récemment qu’au moment de la réception du crédit d’impôt du CICE (l’année suivant la déclaration), qu’elle ne jugeait pas utile cette réduction de charges patronales.

Aujourd’hui, avec l’exonération des cotisations immédiates, les entreprises ne savent même plus le montant des réductions de charges, dixit ma belle fille qui est comptable dans une société de 50 salariés dans le domaine évènementiel, puisqu’avec le logiciel de paie il n’ai plus possible de connaitre   le montant des exonération de charges.

Il y a là un pognon de dingue, par lequel l’Etat subventionne les entreprises du CAC40, qui en profitent pour exploser les dividendes.

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Les dépenses


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Le Ségur de la santé a occasionné 13,0 Md€ de dépenses en 2024, dont 10,9 Md€ concernent les revalorisations salariales en établissements sanitaires et médico-sociaux.

En 2024, les dépenses ont augmentées de 5,3%, du fait des revalorisations légales des prestations sociales :

  • Vieillesse : 288 Md€, soit 47,2% des prestations sociales,
  • Maladie : 256,5 Md€, soit 42,2% des prestations sociales.

En 2025, les dépenses augmenteraient de 3,6%, du fait de la revalorisation légale des revalorisations légales des prestations sociales :

  • Vieillesse : 297,6 Md€, soit 47,3% des prestations sociales,
  • Maladie : 266,8 Md€, soit 42,4% des prestations sociales.

Le gouvernement s’acharne sur les prestations de retraite, en supprimant l’abattement de 10% pour les retraités, qui réduirait hypothétiquement de 4 à 5 milliards d’euros les dépenses de l’Etat, sous forme d’impôt supplémentaire. Voir mon article « Budget 2026 : la hausse d’impôt pour les retraités ne sera pas celle espérée. »

Par contre avec l’augmentation des pensions de retraite de 5% en février 2024, le relèvement de la grille d’impôt 2025 de 1,8% et le gel probable de la grille d’impôt 2026, les prélèvements à la source de l’impôt augmentent dès septembre 2025. En conclusion l’Etat va récupérer sous forme d’impôt ce qu’il a donné sur les pensions de retraite.

Quand on parle pensions de retraite, il y a une grande disparité entre les 32 régimes de retraite de BASE, voir mon article « Réforme des retraites 2025 : l’âge de départ n’est pas la solution magique. »

Pour rappel les pensions de retraite mensuelle moyenne de chacun des régimes de retraite, on constate de très grand écart :

  • Les pensionnés électricien et gazier (CNIEG) : 2 600 € / mois ;
  • Les pensionnés de l’Etat (FPE) : 2 195 € / mois ;
  • Les pensionnés hospitaliers et territoriaux (CNRACL) : 1 600 € / mois ;
  • Les pensionnés des régimes spéciaux : 1 050 € / mois ;
  • Les pensionnés du régime général (CNAV) : 860 € / mois.

Pour les 4 premières lignes, le calcul de la pension de retraite est de 75% du dernier salaire, alors que pour les pensionnés de la CNAV il est 50% de la moyenne des 25 meilleurs années.

Le mode de calcul de la retraite de base pour les salariés du privé est manifestement très défavorable, par rapport aux salariés du public.

Illustration 2

En 2024, le montant de 288 Md€ des prestations de retraite se répartissent de la façon suivante : 

  • Régimes alignés : 156,6 Md€, soit 58,4 % des prestations retraite,
  • Régimes de la fonction publique : 92,5 Md€, soit 32,1 % des prestations retraite,
  • Régimes spéciaux : 16,9 Md€, soit 5,9 % des prestations retraite,
  • Autres régimes de base : 10,3 Md€, soit 3,6 % des prestations retraite.

En ce qui concerne le montant des retraites de députés et des sénateurs (autres régimes spéciaux) l’écart est encore plus critiquable.
En effet un député bénéficiera d’une retraite de 784 € / mois pour avoir travaillé à l’Assemblé pendant 5 ans, alors qu’un pensionné du régime général (CNAV) aura une retraite moyenne de 860 € / mois pour avoir travaillé toute une vie.

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Régime de la fonction publique d’Etat (SRE)


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En 2024, ce régime est alimenté par :

  • les cotisations salariales de 11,10 %,
  • les cotisations patronales de 74,28 % pour les civils et 126,07% pour les militaires, au travers du CAS « pensions ».

En 2025 le taux de cotisation patronal passe à 78,28 % (+ 4%) pour les civils, pour couvrir l’augmentation des pensions de retraite (+2,3%).

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Régime de la fonction publique hospitalière et territoriale (CNRACL)


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En 2024, ce régime est alimenté par :

  • les cotisations salariales de 11,10 %,
  • les cotisations patronales de 31,65%.

En 2025 le taux de cotisation patronal passe à 34,65 % (+ 3 %) pour couvrir l’augmentation des pensions de retraite (+ 4,3%).
Le solde CNRACL reste déficitaire.

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Régime de la fonction publique des ouvriers d’Etat (FSOEIE)


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En 2025, ce régime est alimenté par :

  • les cotisations salariales de 11,10 %,
  • les cotisations patronales de 35,01 %,
  • une subvention d’équilibre de 1 634 millions d’euros, versée par l’Etat.

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Le régime spécial CNIEG


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La CNIEG (Caisse Nationale de retraite des Industries Electriques et Gazières) connaît un système de financement particulier en raison de son adossement financier au régime général.

En 2025, ce régime est alimenté par :

  • les cotisations salariales de 12,78 %, soit 1,1 Md€,
  • les cotisation patronales de 26,73 %, soit 2,4 Md€,
  • la taxe CTA (Contribution Tarifaire d’Acheminement) sur les factures d’électricité et de gaz, soit 1,9 Md€.

La réforme des retraites de 2023 prévoit la fermeture du régime des IEG : il sera ainsi fermé en flux et n’accueillera plus de nouveaux assurés ; les nouveaux salariés des entreprises du secteur seront désormais affiliés au régime général.

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Le régime spécial de la SNCF

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En 2025, ce régime est alimenté par :

  • les cotisations salariales de 10,68 %, 
  • les cotisation patronales de 37,75 %, 
  • une subvention d’équilibre de 3,3 Md€, versée par la CNAV.

Depuis le 1er janvier 2020, le régime est fermé en flux et n’accueille plus de nouveaux assurés sous statut. Les nouveaux salariés de l’entreprise sont désormais affiliés au régime général.

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Le régime spécial de la RATP


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En 2025, ce régime est alimenté par :

  • les cotisations salariales de 12,95 %, 
  • les cotisation patronales de 19,02 %, 
  • une subvention d’équilibre de 0,9 Md€, versée par la CNAV.

La réforme des retraites de 2023 prévoit la fermeture du régime de la RATP : il sera ainsi fermé en flux et n’accueillera plus de nouveaux assurés. Les nouveaux salariés de l’entreprise seront désormais affiliés au régime général.

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Subventions d’équilibre


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À partir de 2025, la CNAV prend en charge l’équilibre financier de quatre autres régimes déficitaires, ceux de la SNCF, de la RATP, des Mines et de l'ex-SEITA, qui ne disposent pas de réserves. Le montant des transferts d'équilibrage à la charge de la CNAV atteindrait 6,3 Md€, dont 5,7 Md€ au titre du nouveau schéma de financement des régimes spéciaux fermés.

Illustration 3

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