Dans son programme pour les élections présidentielles 2022, Emmanuel Macron promet tout azimut, sans en chiffrer le montant des dépenses induites. Parmi ces innombrables promesses, certaines sont révélatrices de sa façon de gouverner en comité restreint, tel un autocrate :
1) Simplifier le mille-feuille territorial
Cela rappel la promesse de 2017, où il voulait supprimer 120 000 fonctionnaires, dont 70 000 fonctionnaires territorial et 50 0000 fonctionnaires national. Au final il n’a rien fait.
Pour 2022 il promet de fusionner les élus départementaux et régionaux en un seul « conseiller territorial ».
Il y a un conseil départemental par département, soit un total de 4058 conseillers départementaux en 2021. Le nombre de conseillers régionaux est fonction du nombre d’habitant de chacune des 13 régions, soit un total de 1758 conseillers régionaux en 2021.
Ainsi Macron réduirait le nombre de fonctionnaires territoriaux de 2300, ce qui est très loin de ces ambitions de 2017. Si la compétence départementale disparaissait, le rôle des préfets, représentants direct de l’état dans chaque département, serait aboli ?.
Ainsi les régions reprendraient notamment les compétences départementales suivantes: l’aide sociale, les collèges, la gestion des routes départementales, le tourisme.
Par contre Macron n’envisage pas de réformer l’état, qui représente pourtant à lui seul plus de 80% de la dette publique. Selon le rapport du sénat sur le cabinet conseil McKinsey, un grand nombre de haut fonctionnaire pourrait être supprimé, puisque l’état ne fait pas appel à leur expertise pour mener à bien les réformes. L’état a recouru, pendant le dernier quinquennat, à des cabinets conseil par « réflexe » sur toutes les réformes, pour un montant de 2 420 millions d’euros. En 2021 l’état a dépensé près d’un milliard d’euros pour des prestations de conseil : un « pognon de dinque » selon le président de la commission sénatoriale Arnaud Bazin, dont 50% des dépenses, les plus stratégiques, sont affectées principalement aux cinq ministères : Intérieur, Économie et Finances, Armées, Transition écologique, Solidarités et santé.
Et cerise sur le gâteau, le cabinet McKinsey n’aurait pas payé d’impôts sur les sociétés en France depuis au moins 10 ans, malgré que le directeur associé du cabinet McKinsey ait déclaré sous serment devant la commission d’enquête sénatoriale : "Je le dis très nettement : nous payons l’impôt sur les sociétés en France et l’ensemble des salaires sont dans une société de droit français qui paie ses impôts en France ». Or, l’enquête des sénateurs, s’appuyant sur deux contrôles sur pièces et sur place menés au ministère de l’économie et des finances, atteste le contraire. Dans le respect de la séparation des pouvoirs, il appartient désormais à la justice de statuer sur ce signalement du Sénat. Affaire à suivre ….
Cette affaire McKinsey embarrasse Emmanuel Macron pour son entrée en campagne, c’est ainsi qu’il lâché devant ses détracteurs dimanche 27 mars : « qu'ils aillent au pénal ».
Cela nous rappelle l’affaire Benalla : « S'ils veulent un responsable, il est devant vous, qu'ils viennent le chercher ».
2) Supprimer la « redevance télé » et garantir l’indépendance de l’audiovisuel public.
« La suppression de la redevance audiovisuelle doit par ailleurs aller de pair avec celle de la taxe d’habitation » , soulignait Emmanuel Macron. "Évidemment qu'on va continuer à financer l'audiovisuel public", assure Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement sur France Inter le mardi 8 mars. Cela représenterait une charge supplémentaire de 3,8 milliards d’euros pour l’état, comme la « suppression » de la taxe d’habitation représente une charge de 22,5 milliards d’euros pour l’état. En effet la taxe d’habitation n’est pas « supprimée » mais dégrevée, c’est à dire que les communes reçoivent toujours le montant des taxes d’habitation de l’état, même si Macron a cherché à faire croire à transférer cette charge vers les départements, depuis 2021, en transférant la part départementale de la taxe foncière vers les communes, et en transférant une part de TVA vers les départements (comme s’il y avait une part de TVA qui n’était pas utilisée !).
3) La suppression des principaux régimes spéciaux (EDF, RATP...) pour les nouveaux entrants, comme nous l’avons fait pour la SNCF.
Si Macron avait été un bon architecte, il aurait dû commencer la réforme de retraites par supprimer les régimes spéciaux, au lieu de se lancer dans une reforme systémique. En effet la retraite des agents SNCF est partiellement financée par les contribuables, puisque l’état verse 3,3 milliards d’euros au régime de retraites de la SNCF chaque année. En ce qui concerne le financement de la retraite des agents des industries électriques et gazières, elle est assurée partiellement sur les factures de gaz et d’électricité, au travers de la taxe CTA.
4) Le relèvement progressif de l’âge légal de départ à la retraite à 65 ans.
Macron abandonne donc sa réforme systémique (conseillée par cabinet conseil !), au dogme de l’âge pivot d’Edouard Philippe. Cette réforme n’a pas vraiment d’utilité, mis à part de remettre dans la rue les français, car la loi Marisol Touraine augmente le nombre de trimestres requis pour avoir une retraite pleine, d’un trimestre tous les 3 ans, pour arriver à 43 années de cotisations pour les personnes nées en 1973.
5) Poursuivre la construction de 6 premières centrales nucléaires nouvelle génération, la multiplication par 10 de notre puissance solaire et l’implantation de 50 parcs éoliens en mer d’ici 2050.
Selon le bilan RTE 2021, la répartition des filières de production d’électricité sont les suivantes :

Ainsi selon le programme d’Emmanuel Macron pour les élections présidentielles 2022 :
- la puissance installée en éolien serait augmenter de 25 GW offshore (50 fois 500 MW),
- la puissance installée en photovoltaïque serait multipliée par 10, pour atteindre 124,5 GW,
- la puissance installée en nucléaire serait augmentée de près de 10 GW (6 EPR de 1650 MW), pour atteindre 71,3 GW.
Selon le rapport SNBC (Stratégie Nationale Bas-Carbone) la consommation d’énergie serait de 1060 TWh en 2050, dont 60% en énergie électrique, soit 645 TWh. Le programme de Macron prévoit près de 100 TWh de consommation électrique que le SNBC.
Pour plus de détails sur le rapport SNBC voir l’article « Transition Energétique 2050 : LA REVOLUTION CULTURELLE ».
Le photovoltaïque n’apporte que 2,6% de la production d’électricité, avec un taux de charge de 12,7% (c.a.d qu’il ne produit que 1/8 du temps). La puissance installée de 13,1 GW représente 8 270 hectares de panneaux photovoltaïque. En voulant multiplier par 10 la puissance solaire, cela représenterait 82 700 hectares de panneaux photovoltaïque, soit 10,8% des surfaces en jachère en France. Alors que dans le contexte actuel, où il est question de cultiver les jachères pour augmenter notre production agricole, cela montre bien que les promesses de Macron ne sont pas réfléchies. En effet selon le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, les terres agricoles occupent 28,5 millions d’hectares, soit 45 % du territoire français (DOM compris), dont deux tiers de surfaces cultivées (cultures annuelles ou permanentes, cultures fourragères, jachères) et un tiers en herbe pour les pâtures (prairies permanentes, alpages). Les jachères représenteraient 4% des surfaces cultivées, soit 760 000 hectares.
L’éolien offshore a un taux de charge de 40% (c.a.d qu’il produit que 40% du temps), est la plus part du temps associé à des centrales à gaz pour compléter la production d’électricité pendant que l’éolien de produit pas. Un grand nombre de personnes sensés tel que Loïk Le Floch-Prigeny, ancien PDF de Rhône-Poulenc, d’ELF Aquitaine, de GDF et de la SNCF, estiment que les projets de parcs éoliens offshore sont « absurdes » tant sur le plan économique qu’écologique. En effet les coûts de ces installations sont clairement prohibitif à la fois pour EDF et les contribuables.
Concernant la production d’électricité en Bretagne, le parc éolien offshore de Saint-Brieuc faisant parti de l’appel d’offres n°2011/S 126-208873, lancé par le gouvernement en Janvier 2012 qui comprenait cinq sites : Le Tréport, Fécamp, Courselles-sur-mer, Saint-Brieuc et Saint-Nazaire. La même année 2012, un autre appel d’offre était lancé pour une centrale Gaz de 500 MW à Landivisiau (Nord-Finistère), afin de compléter la production intermittente de l’éolien offshore de Saint-Brieuc, pour 3000 heures annuelles. Au final deux investissements pour 500 MW installé.
Pour le site de Saint-Brieuc, le prix de rachat par EDF a été fixé à 155 € / MWh sur 20 ans, et la compensation financière a été fixée à 4,7 milliards d’euros à repartir sur 20 ans. Ainsi l’investisseur espagnol Iberdrola reçoit près de 300 € / MWh sur 20 ans, c’est le jack-pot, alors qu’EDF est obligé, par la commission européenne, de vendre à ses concurrents, un quart de sa production nucléaire à 42 € / MWh.
Pour le site de Landivisiau, le prix de rachat par EDF a été fixe à 150 € / MWh sur 15 ans, et la compensation financière a été fixée à 40 millions d’euros / an sur 20 ans, soit environ 32 € / MWh sur 20 ans. Ainsi pour l’investisseur TotalEnergie reçoit près 182 € / MWh, c’est le jack-pot.
Pour plus de détails voir l’article « Le prix de l’électricité s’envole : le renouvelable en cause ».
Ces installations devraient être en service en 2022, soit 10 ans après les appels d’offre.
Toutefois il est bon de rappeler que les parcs éolien et photovoltaïque doivent être conforme à leur Grid Code respectif, c’est à dire qu’en cas de surproduction de ces derniers, pour respecter le diagramme PQ et les critères de tension au point de raccordement au réseau RTE, l’énergie électrique produite est dérivée en terre, puisqu’il n’y a pas de stockage d’énergie associé. Bref cela produit pour rien, mais c’est quand même facturé, un vrai gaspillage.
Lors du projet de lancement de la construction des 57 réacteurs, à partir des années 1970, le budget de l’état était à l’équilibre, et la dette était quasiment nulle, c’est pourquoi l’Etat a pu emprunter pour la construction du parc nucléaire. Il faut tout de même rappeler que dans les années 70, il y avait une tranche d’imposition à 60%, en quelque sorte un « effort de guerre » pour les plus riches.
En 2022, avec un endettement de 120% PIB, la France n’a plus les moyens de financer la construction de six EPR. A l’instar de la construction des énergies renouvelable, l’Etat fera appel à des investisseurs privés pour la construction de nouvelles centrales nucléaire, ce qui sera largement faciliter depuis que le nucléaire est reconnu comme une énergie verte par la commission européenne. La France perdra sa souveraineté énergétique, d’autant que le projet Hercule de privatisation des barrages hydroélectrique et d’Enedis devrait être remis en selle après les élections présidentielles. La France perdra son premier rang pour l’électricité la moins chère d’Europe.
En ces temps de guerre en Ukraine et de crisse sanitaire, ne serait-il pas opportun de remettre en place une tranche d’imposition à 60% pour « effort de guerre » ?.