Dans le cadre d'une nouvelle phase de l'opération policière Ceres, le ministère public de l'État (MP-BA) a ouvert, le 5 août 2025, une enquête civile afin d'enquêter sur la participation éventuelle de Márcia Cristina Telles de Araújo Lima, [citée dans notre blog dans d'autres affaires, ici, là et aussi ICI] ancienne directrice générale de l'Institut de l'environnement et des ressources hydriques (Inema) de 2012 à fin 2021, puis pendant une courte période en 2023, dans un système de perception d'avantages indus. L'enquête est menée sous la responsabilité du procureur Luciano Taques Ghignone.
Le 8 août, le MP-BA a annoncé avoir dénoncé huit personnes pour leur implication dans ce possible réseau de corruption et de crimes environnementaux.
Le complot orchestré par l'Inema aurait pour objectif de frauder « les processus d'octroi d'autorisations environnementales pour les projets ruraux des grands agriculteurs de la région ouest de l'État, en accordant des autorisations de manière privilégiée et illégale en échange d'avantages financiers », indique un communiqué publié sur le site web de l'organisme de contrôle.

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La plainte, déposée par le 7e procureur de la justice du patrimoine public de Salvador et par le Groupe d'action de lutte contre les organisations criminelles (Gaeco, qui dépend du MP-BA), a été reçue par la justice le 27 juillet 2025 et a donné lieu à l'ouverture d'une procédure pénale contre les huit personnes*, dont quatre femmes, mises en cause.
Au cours de l'opération et de l'enquête, lancée en juillet 2024, les agents du MP ont découvert qu'entre 2018 et 2024, les accusés avaient reçu au moins 16,5 millions R$ (2,9 millions US$) de la part de grand propriétaires fermiers. Parmi les personnes accusées de corruption et d'association de malfaiteurs, outre d'anciens employés de l'Inema, figurent des fonctionnaires et des fermiers.
L'enquête porte sur des soupçons d'enrichissement illicite de la part de l'ancienne directrice Márcia Telles, un comportement qui relève de l'article 9, alinéa I, de la loi fédérale n° 8.429/1992 - loi sur l'improbité administrative -, qui traite de la perception d'avantages patrimoniaux indus par des agents publics en raison de l'exercice d'une fonction, d'un mandat, d'un emploi ou d'une activité.
« Il s'agit d'une ramification de l'opération Ceres qui enquête sur des irrégularités présumées commises par Márcia Telles, alors qu'elle était directrice générale de l'Inema, avec la réception d'avantages indus. Elle n'a pas été poursuivie pénalement, elle ne fait pas partie de la liste des personnes poursuivies. Il s'agit d'une enquête civile », a réaffirmé une source du MP-BA à la presse quotidienne locale.
En avril 2018, le ministère public avait déjà ouvert une enquête pénale contre Márcia Cristina Telles de Araújo Lima pour omission de données techniques. À l'époque, des informations indiquaient qu'elle avait refusé de communiquer des informations « indispensables à l'introduction d'une action civile » demandées par le MP.
Márcia Telles faisait également l'objet d'une enquête pour dommages environnementaux survenus à Lauro de Freitas, grande ville de la région métropolitaine de Salvador, menée par le 2e parquet du district judiciaire de la municipalité. Le parquet avait pour objectif de déterminer si l'ancienne directrice avait enfreint les lois 9.605/ 1998 et 7.347/ 1985, qui prévoient des sanctions à l'encontre des responsables de dommages environnementaux, avec une amende et une peine d'emprisonnement pouvant aller de trois mois à trois ans.
Sur le site internet du tribunal de Bahia (TJ/BA), Márcia Telles apparaît impliquée dans plusieurs autres procès. Parmi les crimes qui lui sont reprochés figurent l'abus de pouvoir et le harcèlement moral.
Diplômée en pharmacie puis fonctionnaire de carrière en tant que spécialiste des politiques publiques à l'Inema, Márcia Telles a rejoint l'institution en 2006 et, en 2012, six ans plus tard, elle en a pris la direction générale, sous la gestion de l'ancien gouverneur et actuel sénateur Jaques Wagner (PT). En mai 2021, sous le gouvernement de Rui Costa, elle a cumulé les fonctions de directrice de l'institut et de secrétaire d'Etat intérimaire à l'Environnement, jusqu'au 4 décembre de la même année, date à laquelle elle a définitivement pris la tête du secrétariat d'Etat à l'environnement (SEMA) de Bahia. À l'époque, cette nomination a été critiquée par des organisations sociales et a fait l'objet d'une action en justice intentée par des agents de l'agence environnementale elle-même. Après avoir été nommé DG de l'Inema, Depuis le 1/2/2023, la directrice générale était nouvellement Márcia Cristina Telles de Araújo Lima, nommé par le nouveau gouverneur Jeronimo Rodrigues, investi le 1/1/2023. En septembre 2023, elle a été démise de ses fonctions.
Le 4 décembre 2021, l'alors gouverneur de Bahia, Rui Costa (PT), l'avait aussi nommée secrétaire d'Etat à l'environnement (SEMA). Celle qui avait été sa directrice administrative et financière à l'Inema (de 2011 à 2021), Daniela Teixeira Fernandes de Araújo, est devenue directrice de l'Inema le 3 décembre 2021 et en même temps nouvelle cheffe de cabinet de Marcia Telles au SEMA.
Précision utile : ces deux femmes sont blanches, dans l'Etat le plus "noir" ou métis de noir (75 % de la population) du Brésil.
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* Personnes citées et mises en cause dans l'enquête judiciaire et policière :
Selon la plainte déposée par le ministère public, l'ancienne secrétaire parlementaire de l'Assemblée législative de Bahia (Alba), Maristela Tereza de Castro, est désignée comme la chef du réseau de fraude et corruption. Elle serait responsable d'avoir incité d'autres membres du groupe à accorder des autorisations environnementales, de manière privilégiée et illégale, à de grands agriculteurs possédant des propriétés dans les villes de São Desidério, Barreiras et Luís Eduardo Magalhães, à l'extrême ouest de l'Etat de Bahia. Les entrepreneurs ruraux ont eu recours à ce service illégal afin d'obtenir des autorisations environnementales pour, précisément, le forage de puits et du déboisement.
Maristela Tereza de Castro est ancienne membre du cabinet du député de Bahia Vitor Bonfim (PV, écologiste), allié du gouverneur Jerônimo Rodrigues (PT). Elle a occupé le poste de secrétaire parlementaire de 2018 jusqu'au 31 mai 2025. Outre le cabinet de Vitor Bonfim, elle a aussi été secrétaire parlementaire de l'actuel titulaire du portefeuille du Développement économique (SDE), Angelo Almeida (PSB, centre droit). À l'Alba, elle a également été nommée agente administrative de la Commission spéciale des affaires territoriales et de l'émancipation en 2008, poste qu'elle a occupé jusqu'en 2015.
- Maristela Tereza de Castro, ex-secrétaire parlamentaire dans l'assemblégislative de Bahia (ALBA) ;
- Jacques Douglas Santos Silva da Palma, alors coordinateur de l'Inema à Guanambi, situé à 530 km au sud de la capitale de Bahia, Salvador;
- Angélica Xavier da Silva Cardoso, ex-secrétaire de la direction générale de l'Inema;
- Victor Vinícius Santana Arouca, ex-secretaire de la direction générale de l'Inema;
- Patrícia Viviane Barros de Azevedo, ex-secrétaire de la direction générale de l'Inema;
- Sabrina Mendes Leal Santos Teixeira de Freitas, ex-secrétaire de la coordination de Agrossilvipastoris (système intégré pour intensifier la production);
- Alexander Von Amomon, consultant environnemental ;
- Gervalter Barreiros Pizato, propriétaire des fermes Pedra Preta, Perobal et Barreirinho, à l'extême ouest de Bahia.