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Billet de blog 20 avril 2025

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Lu dans la - rare - presse indépendante on line brésilienne ...

"Ceux qui pensent que la police militaire de São Paulo est hors de contrôle se trompent. En fait, elle est sous le contrôle idéologique du bolsonarisme. Le secrétaire d'État à la sécurité publique de São Paulo, Guilherme Derrite, et le gouverneur Tarcísio de Freitas, du parti Republicanos, sont partisan et enthousiaste de la barbarie réactionnaire qui s'est emparée de la corporation."

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Dans le journal Intercept Brasil, daté du 19 avril 2025, un éditorial du journaliste João Filho 

Illustration 1
© The Intercept Brasil / João Filho


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(...) Cela ne signifie pas qu'avant l'administration de Tarcísio, la police militaire était composée d'anges légalistes, loin de là. La violence débridée et criminelle, en particulier à l'encontre des pauvres et des Noirs, est une caractéristique historique de la police militaire dans tout le Brésil.
 

Mais l'ascension de Bolsonaro a fait passer les choses à un autre niveau. Aujourd'hui, les policiers militaires agissent encouragés par le bouillon de culture du bolsonarisme, qui a apporté un vernis de légitimité au fétichisme des armes et au massacre des pauvres.
 
Cette semaine, le Batalhão de Ações Especiais da Polícia (BAEP), de la ville de São José do Rio Preto, a publié sur les médias sociaux une vidéo dans laquelle des policiers militaires apparaissent devant une croix en feu et font le salut romain - des symboles qui rappellent l'iconographie du nazisme et du groupe suprémaciste Ku Klux Klan.
 

Cela n'a rien de nouveau. L'incitation et l'apologie de la violence et de la commission de crimes font partie de l'histoire de la formation des bataillons d'élite de la police militaire. Les chants, les slogans et les cris de guerre prônant la violence ont toujours été courants dans la police militaire.
 
Après les répercussions, la vidéo a été supprimée et le Secrétariat d'État à la sécurité publique a publié une déclaration disant qu'il « répudie toute manifestation d'intolérance » et que l'affaire fera l'objet d'une « enquête rigoureuse et que les personnes impliquées devront rendre compte de leurs actes ».
 
Bien entendu, il ne s'agit que de bavardages. Nous connaissons déjà le modus operandi de Bolsonaro. Combien de fois Bolsonaro a-t-il utilisé clairement et directement l'esthétique nazie et s'est-il ensuite ridiculisé en prétendant qu'il s'agissait d'une simple coïncidence ?
 

Souvenons-nous du secrétaire à la culture de Jair Bolsonaro, Roberto Alvim, qui a non seulement abusé de l'esthétique nazie dans un discours enregistré sur vidéo, mais qui a également copié des passages exacts d'un discours de Joseph Goebbels, le ministre de la propagande d'Adolf Hitler. 

Rappelons également que le Ku Klux Klan lui-même a admis la similitude idéologique de Bolsonaro avec le groupe suprémaciste : « Il nous ressemble », a déclaré David Duke, qui est le principal dirigeant et le plus connu de l'histoire du Ku Klux Klan. Selon lui, Bolsonaro « ressemble à n'importe quel homme blanc aux États-Unis, au Portugal, en Espagne, en Allemagne et en France ». Et il parle du désastre démographique qui existe au Brésil et de l'énorme criminalité qui y existe, par exemple dans les quartiers noirs de Rio de Janeiro". Il n'y a là aucune coïncidence. Les affinités idéologiques sont évidentes et indéniables.
 

Il n'est pas exagéré de dire que les polices militaires sont, aujourd'hui, bolsonaristes. D'innombrables rapports font état de persécutions à l'encontre de policiers qui ne sont pas bolsonaristes. Lors des élections présidentielles et gouvernementales de 2022 à São Paulo, les soldats ont été poussés par leurs supérieurs à voter pour Bolsonaro et Tarcísio. 

L'afflux de candidats bolsonaristes venant des rangs de la police militaire n'est pas non plus une coïncidence. Lors des dernières élections municipales, sur les 14 candidats à la mairie pour le parti PL de Bolsonaro, quatre étaient des policiers.
 
L'idéologie d'extrême droite est tellement ancrée dans l'esprit et le cœur des militaires qu'il importe peu que le gouverneur en charge soit ou non un partisan de Bolsonaro. La police militaire de Bahia (PMBA), par exemple, gouvernée par des hommes politiques du PT depuis 2007, est aujourd'hui la force de police la plus meurtrière du pays. 
 
Il faut le dire : les gouverneurs du PT n'ont rien fait ou presque pour stopper la bolsonarisation de l'institution dans l'État de Bahia. La police militaire bahianaise continue de tuer sans discernement, en particulier les Noirs et les pauvres. L'idée fallacieuse selon laquelle tuer rend la société plus sûre a déjà été naturalisée dans la société brésilienne, ce qui pousse même les politiciens progressistes à fermer les yeux pour des raisons électorales.
 
D'autre part, quand il y a un gouverneur bolsonariste qui endosse largement, totalement et sans restriction ces actions [de la police militaire] le policier militaire du coin de la rue tend à devenir encore plus indomptable et violent.
 

Les bolsonaristes qui commandent le secteur de la sécurité publique à São Paulo - le gouverneur Tarcísio et le secrétaire d'Etat Derrite - sont les principaux garants de la sauvagerie incontrôlée qui s'est emparée de la police dans l'État de São Paulo. Les données du ministère public montrent que les meurtres de policiers ont augmenté de près de 100 % au cours des deux premières années de l'administration de Tarcísio. Il s'agit d'un projet clair et défini. 
 
Avant de devenir secrétaire d'État, Derrite était un policier militaire qui disait que ne pas avoir au moins trois meurtres sur son CV serait une source de honte pour tout officier de police. C'est cette attitude qui a fait de lui le choix de Tarcísio. Derrite est responsable de l'Operação Verão, qui a entraîné la mort de 56 personnes, ce qui en fait l'opération policière la plus meurtrière depuis le massacre de [la prison] Carandiru en 1992.
 

De nombreuses victimes ont été exécutées sans échange de tirs avec la police. Tous ces carnages ne se sont pas traduits par une plus grande sécurité pour la population. Les viols, les vols et les vols qualifiés ont augmenté en 2025 dans l'État de São Paulo, de même que le nombre de victimes tuées lors de vols dans la capitale. 
 
L'administration Tarcísio-Derrite a inversé la tendance à la baisse du nombre d'homicides commis par la police, qui se répétait d'année en année depuis 2021. En 2024, la police a tué 65 % de personnes de plus qu'en 2023, selon un rapport du ministère public de São Paulo (MP-SP). À la grande joie du Ku Klux Klan, la majorité des victimes (64 %) sont noires et métis. 
 
Les données montrent que sous le gouvernement Tarcísio, la police tue un adolescent tous les neuf jours - la majorité d'entre eux (68 %) sont également noirs et métis. « Vous nous ressemblez », aurait dit le chef du Ku Klux Klan à Tarcisio et Derrite.

 
Il est curieux de constater que cette force de police qui s'enorgueillit de « tuer des bandits » est la même qui entretient des relations de plus en plus étroites avec le crime organisé, plus précisément avec le Primeiro Comando da Capital, le PCC, cette organisation criminelle, comme nous l'avons souvent vu dans les journaux. L'autorisation de tuer accordée par le gouverneur à la police militaire (PMESP) entraîne un processus de militarisation à São Paulo.
 

Pour Bruno Paes Manso, journaliste et docteur en sciences politiques de l'université publique et fédérale USP, l'absence de contrôle policier, combinée au discours de la guerre, est le ferment des groupes paramilitaires. C'est ce qui s'est passé à Rio de Janeiro. 
 
Avant que Bolsonaro ne commence à gérer la sécurité à São Paulo, M. Paes Manso avait prédit ce qui se passerait dans cette ville : "Le manque de contrôle de la police, s'il se produit, pose même le risque d'une association [avec le PCC]. Je ne dis pas que cela va se produire, mais le discours d'affaiblissement des contrôles policiers, que nous commençons à mieux connaître avec le bolsonarisme, pourrait encourager les partenariats, les sociétés. À partir du moment où vous donnez carte blanche à la police pour être violente et utiliser ses uniformes et ses armes légitimement pour faire la guerre, elle peut vouloir en tirer de l'argent, s'enrichir de cette manière. C'est un risque présent dans tous les États [du Brésil] et, avec le PCC, c'est une possibilité de partenariat, de participation aux mêmes régimes, de garantie de couverture, comme cela s'est déjà produit avec plusieurs policiers liés au monde du crime".
 

La gestion de la sécurité publique à São Paulo par Bolsonaro a ouvert la voie à la formation de milices et à leur association avec le PCC. Remarquez que le rituel nazi de la BAEP n'est pas un cas unique dans l'administration Tarcísio-Derrite. Il fait partie de l'ensemble des idéologies d'extrême droite qui sont ancrées dans la police militaire. 
 
L'assassinat de Noirs et de pauvres est traité comme un simple effet colatéral, tandis que le rituel inspiré du Ku Klux Klan n'est qu'une coïncidence malheureuse. Malgré toute cette débâcle sécuritaire à São Paulo, où la police tue davantage et où la population continue de voir la criminalité augmenter, Tarcísio a été élu par les élites comme leur [prochain] candidat à la présidence de la République.
 
Ainsi se poursuit la marche bolsonariste sur la sécurité publique à São Paulo : en accord total avec le bolsonarisme, inspirée par le Ku Klux Klan et toujours plus proche du PCC.
 

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Note du traducteur : L'État de São Paulo comporte, au 20 avril 2025, 44,5 millions d'habtants.

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