Hier, la Fédération Hospitalière de France a publié un communiqué au sujet de l’adoption le 4 mai à l’Assemblée nationale de la proposition de loi sur l’abrogation vaccinale covid des soignants.
« La FHF rappelle que la vaccination fonctionne et reste un élément fondamental de protection des plus fragiles comme des professionnels. Le crédit accordé par certains parlementaires à l’idée selon laquelle la vaccination n’est pas nécessaire, et ce contre l’avis de la quasi-totalité des scientifiques et des soignants, est préoccupant et un réel manque de considération pour tout le personnel soignant déjà vacciné, qui œuvre sans relâche depuis la crise sanitaire ».
La fédération enchaîne les généralités, les formules creuses, les raccourcis, les mantras.
De même que les autres instances « scientifiques » dont il est question ici et ici, et de même que l'académie de médecine qui s'est prononcée plusieurs fois à ce sujet, encore en décembre dernier, la FHF se contente d'affirmations qui ne sont étayées sur rien.
« La vaccination fonctionne » : difficile de faire plus vague. Il me semble pourtant que les personnes (incluant donc les soignants) vaccinées contre le covid contractent la maladie - parfois de façon sérieuse, voire grave - et la transmettent. Non ?
« L’avis de la quasi-totalité des scientifiques et des soignants » : la fédération ne tient pas compte du nombre très important de soignants qui se sont fait vacciner contraints et forcés, et elle ignore tout simplement le fait qu'actuellement les quatre cinquièmes d'entre eux n'ont plus de couverture vaccinale puisque leur troisième injection a plus d'un an et qu'ils n'ont pas fait de rappel. Un cinquième des soignants constituerait donc « la quasi-totalité », pour la fédération.
Quant au commentaire de son président, A. Robinet « Nous voilà donc affaiblis face au virus », il serait presque comique si le débat ne concernait pas des milliers de personnes suspendues sans aucune ressource depuis près de vingt mois. Comment ont donc fait les pays qui n'ont jamais appliqué d'obligation vaccinale covid à leurs soignants ? Est-ce que ces pays - de même que ceux qui l'ont déjà abrogée - sont « affaiblis face au virus », et dans une situation sanitaire catastrophique ? Cela se saurait.
La France et certains de ses médecins, arcboutés sur des positions de principe et qui pensent peut-être convaincre simplement par le pouvoir de leur autorité médicale, devraient-ils avoir raison contre tous les autres ?
J'espère que le Sénat saura faire la part des choses pour ne pas se laisser impressionner par les incantations de ce genre de communiqué, et qu'il ira dans le sens de l'Assemblée nationale. Cela permettra de revenir enfin à la raison et d'apaiser ces débats stériles et d'un niveau affligeant, dans une situation qui depuis plus d'un an et demi piétine les droits fondamentaux et qui - contrairement à ce qui est martelé - persiste au détriment des soins et des patients, puisqu'il faut le rappeler.