Mayotte doit faire face à de nombreux défis afin de rattraper son retard de développement1. Pourtant, il y en a un qui cristallise davantage les tensions et dont le gouvernement semble faire une priorité : l'immigration. En effet, lors de sa visite début septembre dans l'archipel, Annick Girardin a passé un long moment à dialoguer avec les fonctionnaires en charge de la lutte contre l'immigration (gendarmerie, PAF, douane) et a promis plus de moyens pour l'interception des kwassas. Elle inaugure d'ailleurs, au ponton de Dzaoudzi, une nouvelle vedette d’interception rapide qui a coûté 450000 euros et accuse réception d'une Vedette Côtière de Surveillance Maritime (VCSM) transférée depuis La Réunion. La Ministre constate « une situation difficile de l’île » et affirme que la lutte contre l'immigration est « le sujet premier ».
L'éducation et la santé sont donc mises de côté alors que l'île manque d'établissements scolaires et de professeurs et que la situation sanitaire est préoccupante. Annick Giradin est pourtant interpellée durant son séjour par des syndicalistes qui lui font part des problèmes que rencontre l'éducation à Mayotte, à savoir l' insuffisance des constructions scolaires et le manque d'attractivité du territoire. Les collèges et lycées de l'archipel sont donc surchargés, avec des enseignants recrutés sans formation, les taux de réussite au baccalauréat sont nettement inférieurs à la métropole et les problèmes de violences aux abords des établissements sont fréquents. Pour la santé, le constat n'est pas meilleur ; le nombre de médecins est insuffisant et l'ARS vient de publier un rapport qui pointe la déficience des équipements médicaux à Mayotte.
La Ministre annonce donc des orientations politiques fidèles aux gouvernement précédents mais qui ont de quoi inquiéter quand on connaît le retard que Mayotte a accumulé. L'éducation et la santé ne sont pas la priorité du gouvernement qui préfère contenter les électeurs du Front National en faisant la chasse aux clandestins.
1En 2013,le PIB/habitant est de 8790 euros à Mayotte, 20738 euros à La Réunion et 53617 euros en Île de France.