Dans mon dernier billet, j’ai évoqué le rôle que des associations russes pourraient et demandaient à jouer en faveur des personnes vulnérables, face à l’épidémie de Covid-19. Mission difficile, si l’on en juge par la situation française. Je voudrais l'illustrer par un exemple, celui du fonds Starost v radost («Старость в радость», La vieillesse dans la joie). J’apprécie leur travail, leur plaidoyer pour l’amélioration des conditions et de la qualité de vie des personnes âgées, et les actions concrètes qu’ils ont engagées dans ce but.
Le fonds Starost v radost a pour origine un mouvement de volontaires russes, créé par Ielizaveta Oleskina (je compte faire un portrait d’elle dans ce blog), qui a commencé en 2006 et 2007 à se rendre dans les maisons de retraites russes pour lutter contre l’isolement des personnes âgées qui y résidaient, dans des conditions souvent déplorables. Une partie de leurs interventions consistait à chanter des chansons. L’initiative a fait boule de neige.
Le fonds a été créé en novembre 2011. Son inspiration reste inchangée, et les concerts continuent, mais il porte aussi maintenant des programmes d’assistance médicale et matérielle aux personnes âgées placées en institutions : médicaments, produits d’hygiène, couches, etc. Il développement également des programmes de rééducation fonctionnelle et d’autres activités.
Starost v radost s’est fixé comme objectif que la Russie se dote d’un système d’aide aux personnes âgées qui leur permettent, dans toutes les situations, y compris les plus difficiles, de mener une vie digne. Outre les programmes que j'ai évoqué, il développe dans cette perspective des actions d’information, de communication et de lobbying. En s’appuyant sur son expérience russe, et sur les contacts et les échanges qu’il a avec les pays étrangers, il essaie également de conseiller les établissements hébergeant des personnes âgées dans leurs évolutions. Elles sont importantes, les choses sont bien en mouvement, dans une partie au moins des régions.
Il est présent dans 30 des régions russes, emploie une vingtaine de permanents, et s’appuie sur un réseau de plus de 210 aides soignants et aides à domicile. Plus de 20 000 bénévoles ont aidé au moins une fois le fonds.
Face à l’épidémie du Covid-19, Starost v radost vient de publier 6 fiches de recommandations et des conseils sur la situation des personnes âgées vivant seules, et maintenant placées dans un régime d’auto-isolement. Elles sont destinées à leurs proches, ou aux personnes en relation avec elle. Travail utile, les russes s’informent beaucoup sur internet, et on trouve tout et n’importe quoi, un document de référence émanant d’une institution crédible est précieux.
Les déplacements des bénévoles de Starost v radost dans les maisons de retraite ont été suspendus le 11 mars, dans les régions russes où leur isolement a été décidé.
C’est maintenant que s’organise la protection des résidents contre le coronavirus. Elle ne sera pas plus facile qu’en France, ne serait-ce parce qu’ils vivent généralement à deux ou trois par chambre. J'espère que le fonds Starost v radost aura dans cette période un rôle clé, d’information, de conseil, de communication vers le grand public, et aussi de veille sur la situation des maisons de retraite. Le risque, en Russie, est que les établissements deviennent des boites noires, dont on ne sait ce qu'il y advient.
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Starost v radost fait partie de ces mouvements qui ont ouvert à l'extérieur les établissements médico-sociaux russes, maisons de retraites, orphelinats, internats pour enfants ou adultes handicapés. Ces jeunes volontaires se sont simplement présentés à la porte des établissements et on demandé à y entrer. ils ont contribué à en changer le fonctionnement, j'en ai parlé dans un autre billet. Il leur a fallu une énergie et une volonté fabuleuse pour le faire.
À nouveau les portes se ferment, à cause de l'épidémie, à nouveau peut-être il va falloir à Starost v radost savoir les rouvrir, autrement. Autrement qu'en se déplaçant physiquement.