Mon précédent billet était consacré à un projet de formation des fonctionnaires de police de la ville de Moscou à l'interaction avec les personnes autistes, ou souffrant d'un handicap psychique. Un lecteur a bien voulu relever l'importance du sujet, déposer des liens vers d'autres expériences étrangères, notamment aux États-Unis, et demander une traduction des articles de Takie dela que j'avais eu comme source. Pourquoi pas ? Cela donne aussi l'occasion de montrer à quoi ressemble les informations courantes données par ce média dont j'ai repris à plusieurs reprises des récits plus longs, consacrés à des « héros sociaux ».
Je signale également qu'est paru entretemps, le 14 décembre, un long article des Izvestia également consacré au sujet. Il est ici, en russe.
Voilà les trois traductions.
«Autisme et justice», un projet pour former les policiers à interagir avec les personnes atteintes de troubles du spectre autistique.
A Moscou, la psycho-activiste Sacha Starost, l'une des fondatrices du mouvement Psikhoaktivno, a lancé avec l’association Centre des problèmes de l’autisme, le projet « Autisme et justice ». L’activiste a déclaré à Takie dela que le but du projet était d'apprendre aux policiers à interagir avec les personnes atteintes de troubles du spectre autistique (TSA). « Notre système juridique ne prévoit pas de procédures particulières dans le cas des personnes autistes et n'informe pas les policiers sur les caractéristiques de l’autisme. Par conséquent, la police ne sait souvent pas comment se comporter lorsqu'elle est confrontée à une personne autiste. Cette ignorance peut avoir des conséquences tragiques à la fois pour les citoyens atteints de troubles du spectre autistique et pour les policiers », a déclaré Sacha Starost.
L’objectif du projet est d'informer, de former et d'établir des liens entre les parents, les militants, les experts, les forces de l'ordre et la société dans son ensemble. Sacha Starsot prévoit l’organisation de formations et de master class pour toutes les parties à cette coopération. Elle souligne que le projet est prévu pour un an, il sera mis en œuvre à Moscou. Le groupe de travail comprendra des défenseurs des droits, des personnes autistes, des parents et des journalistes.
En 2018, Pavel Vasiliev, 22 ans, a été arrêté à Moscou après avoir poussé un cri énorme dans la rue. Il a été menotté et hospitalisé de force dans un hôpital psychiatrique. Les parents du jeune homme se sont plaints au Conseil des droits de l’homme [placé auprès du Président de la fédération de Russie] qu'au poste de police, ils « ont étranglé [leur fils] à plusieurs reprises, lui ont enserré la bouche et la tête avec un t-shirt, ce qui lui a laissé des ecchymoses importantes sur les bras et les jambes». Les membres du Conseil [des droits de l’homme] ont appelé à faire des formations pour les agents de police afin qu'ils sachent interagir avec des personnes handicapées mentales.
En 2018, 31415 personnes autistes étaient enregistrées en Russie. Sacha Starost relève que ce chiffre peut être multiplié par deux: jusqu'à présent, l'autisme à l'âge adulte est diagnostiqué que dans une partie de cas, et les diagnostics précoces des enfants sont fait de façon imparfaite et souvent révisés.
Le Conseil des droits de l'homme a demandé au ministère de l'Intérieur de former les policiers à la relation avec les personnes autistes
Le Conseil pour le développement de la société civile et les droits de l'homme a saisi le ministre de l'intérieur de la Russie Vladimir Kolokoltsev après l’arrestation d'un jeune homme autiste. Cela a été rapporté sur le site officiel du conseil.
Le 27 mai, à Moscou, Pavel Vasiliev, 22 ans, a été arrêté après avoir poussé un grand cri dans la rue. Il a été menotté et hospitalisé de force dans un hôpital psychiatrique. Ses parents du jeune homme se sont plaints qu'au poste de police, [leur fils] « avait été étranglé à plusieurs reprises, lui sa bouche et sa tête avaient été enserrées dans un t-shirt, et qu'il lui restait des ecchymoses importantes sur les bras et les jambes ». Le Conseil des droits de l'homme a demandé au ministère de l'Intérieur de procéder à un contrôle officiel de ces informations. En outre, les membres du Conseil ont estimé que des formations spécifiques devraient être dispensées aux policiers pour leurs interactions avec des personnes ayant des particularité mentales.
Viacheslav Medvedev, le père de l’enfant autiste, estime que pour éviter de tels cas, ce qui est nécessaire n’est pas de former la police, mais de modifier les procédures appliquées par les fonctionnaires. « Si un policier suit une formation, il écoutera bien sûr, mais son attitude envers les personnes handicapées mentales changera-t-elle ? Si nous comptons uniquement sur la bonne volonté du policier et sur son humanité ... ce n'est pas maintenant qu’un changement sera possible, mais dans dix ans. Même si l’adaptation de notre société aux handicaps de différents nouveaux est en marche, la tolérance à l'égard des personnes handicapées n'est pas encore très élevée ».
Après l'arrestation du jeune autiste, Viacheslav a créé une pétition sur le site change.org dans laquelle il appelle à modifier les règles appliquées aux personnes handicapées mentales en cas de détention, pour empêcher l'hospitalisation forcée sans le consentement de parents proches et pour permettre aux proches d'avoir accès à la personne en détention. « Nous avons besoin d'une étape intermédiaire - à mon avis, il faut maintenant dire dans la réglementation quels sont les documents qu'une personne [avec un handicap] doit avoir avec elle pour que lui soient appliquées des procédures particulières. Le fait que les personnes autistes ne répondent pas aux questions de routine de la façon habituelle ne doit pas être interprété comme un danger. Il faut faire la différence avec une personne qui viole de manière malveillante l'ordre public », ajoute-t-il.
Le service de presse de la police de Moscou a donné les éléments suivants : les fonctionnaires du ministère de l'intérieur ont reçu une plainte faisant suite à des cris et un comportement inapproprié du jeune homme. Celui n’a pas répondu aux questions des policiers et, en réponse, a « jeté un vélo » sur ces derniers. Lors de l'arrestation, le jeune homme a résisté, il a donc été menotté.
Sa mère, Tatiana Ivanova, a déclaré à Takie dela que son fils Pavel, âgé de 22 ans, faisait du vélo et a poussé un cri après un conflit avec un passant. La police lui a tordu les bras dans le dos et l'a emmené au commissariat de Metrogorodok. Là, il a été menotté et mis derrière les barreaux. Tatiana a appelée, elle a confirmé que son fils avait un handicap et s'est rendue au poste de police.Elle a passé trois heures avec son fils dans le commissariat. Pendant tout ce temps, Pavel était menotté, bien qu’elle eût demandé de les enlever pour qu'il se calme et arrête de crier. Après cela, l’aide psychiatrique est arrivée, et le personnel ambulancier a emmené Pavel dans la pièce voisine, le jeune homme a alors appelé à l’aide. Il a raconté ensuite à sa mère que ses mains et ses pieds avait été attachés, qu’on avait essayé de lui introduire un bâillon dans la bouche avec une serviette et qu’on avait étranglé. Pavel a des ecchymoses sur les bras et les jambes et des égratignures au cou, ces blessures ont été enregistrées à l'hôpital.
À Moscou, la police arrête un jeune homme autiste à cause d'un cri
À Moscou, des policiers ont arrêté un jeune homme autiste pour avoir poussé un cri énorme dans la rue. Au département de police, il a été menotté, puis envoyé dans une ambulance dans un hôpital psychiatrique, pendant son hospitalisation, il a été étranglé et bâillonné avec une serviette, a raconté sa mère, Tatiana Ivanova, à Takie dela. Le 27 mai, son fils, Pavel Vasiliev, 22 ans, faisait une balade à vélo. Selon sa mère, le jeune homme a un différend avec un passant et a réagi en criant. « Vous voyez, il ne réagit pas comme tout le monde. Quelqu'un lui a craché dessus, l'a injurié, l’a insulté - il réagit par un cri, il exprime son indignation de cette manière », a-t-elle expliqué.
Le comportement de Paul a attiré l’attention de la police. Ils lui ont tordu les bras derrière le dos, l'ont mis dans une voiture et l'ont emmené au commissariat de Metrogorodok. Là, il a été menotté et mis derrière les barreaux. Le policier lui a pris son téléphone et a appelé Tatiana avec pour qu'elle vienne au poste. Elle a alors entendu son fils crier : « Enlevez les menottes, enlevez les menottes ! ». «Je n'exclus pas qu'au début il ait pu être pris pour un toxicomane, mais quand ils m'ont appelé au téléphone, ils ont immédiatement demandé:« Est-il enregistré [comme handicapé] ? » J'ai répondu oui. Dix minutes plus tard, j'étais au commissariat, j’ai expliqué la situation, proposé d'appeler nos médecins. Mais ils n'ont demandé aucun certificat, aucun document - rien. Ils savaient déjà que mon fils était malade et ont décidé de le punir ».
Tatiana Ivanova a passé trois heures avec son fils au poste. Pendant tout ce temps, Pavel était menotté, bien qu’elle eût demandé d'enlever ces menottes pour qu'il se calme et arrête de crier. On lui a répondu : « il pourrait représenter une menace pour nous ». Une ambulance psychiatrique, appelée par la police, est arrivée et Pavel été emmené dans la pièce voisine. Il a raconté ensuite à sa mère que les deux ambulanciers avaient attachés ses mains et ses pieds, qu’ils avait essayé de lui introduire un bâillon dans la bouche et qu’on l’avait étranglé. Pavel a des ecchymoses sur les bras et les jambes et des égratignures au cou, ces blessures ont été enregistrées à l'hôpital.
Pavel a été admis à l'hôpital psychiatrique n ° 4 et libéré le lendemain matin. Le médecin du service hospitalier, Sergueï Moschtchevitine, a déclaré à Tatiana qu'il n'y avait aucune raison d'hospitaliser son fils. Tatyana Ivanova a déposé une plainte auprès du bureau du procureur du district administratif Est, du département de la santé de Moscou et a écrit à la hotline du président. Les services de presse du ministère de l'intérieur n'ont pas été en mesure de répondre immédiatement aux demandes de renseignements de "Takie Dela" sur ce qui s'était passé.
Le service de presse du ministère de l'Intérieur de Moscou a confirmé par la suite les informations sur la détention du jeune homme, sans indiquer qu’il s’agissait d’une personne autiste. Selon le service de presse, la police a reçu une plainte de deux Moscovites faisant suite à des cris et des comportements inappropriés. « La personne n’a pas réagi aux remarques des policiers, en réponse, il leur a lancé un vélo. Les fonctionnaire sont pris la décision de le conduire au département de la police territoriale. La personne opposé une résistance et une opposition activesà la police, à la suite de laquelle, conformément à la loi fédérale sur la police, des moyens spéciaux utilisés à son encontre - des menottes ».