J’avais rendu compte en mars dernier dans ce billet d’une enquête du centre Levada sur les problèmes sociaux préoccupant le plus l’opinion russe. Et j’avais alors manqué une autre enquête faite à peu près à la même époque, sur leurs craintes, en particulier dans ce qui pourrait les toucher dans leur vie personnelle (ici, en russe).
Elle est intéressante, pour contextualiser ce qui suit, indiquons que la première peur des Russes est la maladie de leurs proches et leurs enfants (82 % en éprouvent une crainte permanente ou en ont peur) et la seconde celle d’une guerre mondiale (62 %, cela devrait nous faire réfléchir sur la situation dans laquelle ils pensent semble-t-il être).
La troisième de ces peurs, juste avant celle de la maladie et de la souffrance pour soi-même (57 %), est celle de l’arbitraire. J’y consacre rapidement ce billet, en forme de post-scriptum par rapport au précédent, pour illustrer l’idée que la loi ne protège pas, et certainement pas du pouvoir, est à nouveau ancrée dans l’opinion russe.
Il n’est pas besoin de trop développer : le graphique qui suit suffit. En mars 2021, 58 % des russes indiquaient craindre arbitraire et voies de fait de la part de leurs autorités, 22 % le contraire. L’écart est sans appel. Les évolutions sur le long terme aussi : elles font revenir ce chiffres au niveau constaté pendant la crise des années 90, et même au-dessus. Et il n’aurait été que peu d’années où la part des de ceux qui n’ont pas peur d’un acte illégal ou d’une voie de fait aura été majoritaire, relativement majoritaire : en 2008, de peu, et entre 2014 et 2017. C’est fini, cela reviendra, et ceux qui n'auront plus peur seront aussi ceux qui auront donné réalité à l'État de droit.
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