S’agissant des considérations tactiques de l’une ou l’autre élection et modalité d’organisation, les médias apportent des réponses convenables. Le PMU, c’est leur métier. Il faudrait faire de la politique un objet de paris sportifs. Ainsi, la Française des jeux ferait entrer de l’argent dans les caisses, et la course à l’Elysée serait ramenée à ce qu’elle est devenue : une compétition de bourrins avec œillères.
Au-delà, le problème est de savoir comment il pourrait en sortir du positif pour le pays. Certes, le maintien d'E. Macron à l'Elysée résonne comme un orchestre de casseroles, projette l'ombre d'un éléphant dans un magasin de porcelaine. Assurément, les dégâts ont été importants et tout le problème reste de les limiter. Un Premier ministre a pourtant les moyens institutionnels de lui tenir tête, s’il parvient à trouver des appuis dans l’Assemblée nationale ; cela plus encore maintenant, alors que le parti macroniste renie son fondateur éponyme.
Autrement dit, les partis n’ont pas à répondre à une convocation de l’Elysée pour décider d’un Premier ministre. Tous les recours ne sont pas épuisés. Dans la configuration politique actuelle, les chefs de groupes parlementaires peuvent encore se saisir de l’autonomie qui est désormais la leur pour imposer leur choix et inaugurer une nouvelle phase de notre pratique institutionnelle et parlementaire.
Parmi les qualités des institutions de la Ve République, la souplesse revient souvent. Or, le présidentialisme actuellement à l’œuvre est une interprétation caricaturale de la constitution qui restreint ses potentialités. Les urnes ont ouvert une nouvelle voie que nos représentants n’explorent pas ; par manque d’audace ou de lucidité, ou encore parce qu’ils sont enserrés dans de leurs stratagèmes mesquins, pris comme des insectes dans le filet de l’échec collectif, tout absorbés qu'ils sont par leur quête du succès individuel qui miroite au-delà de leur portée… Il suffit d’agiter l’habit de de Gaulle à l’horizon pour que ces nains se prennent pour des géants, et pour les noyer dans le caniveau de leur médiocrité.
Il faut d'abord se rappeler l'occasion manquée : les Premiers ministres de l'année écoulée avaient potentiellement une latitude qui n'a pas été exploitée face au chef de l'Etat. Engoncés dans la recherche de compromis mous sur le budget, ils n'ont pas essayé de s'ouvrir un espace politique en offrant des perspectives autres. Une ligne commune à tous ces gouvernements : brandir le bâton du budget, oublier la carotte du projet. C’est surtout vrai pour M. Barnier qui pouvait profiter d’une majorité de son parti au Sénat de manière à amorcer une réflexion institutionnelle de fond ( Cf https://www.youtube.com/watch?v=lx0bO6KLak0 ), mais tous avaient des leviers pour poser la question de la refondation de la Nation.
Le néant de l'année écoulée accroît les risques actuels et prochains du vide à la tête de l'Etat. Il peut s'imposer à nous malgré tout ; pour preuve l'actualité de ces derniers jours. Si ceux qui occupent le poste font figure de pantins, autant n'avoir personne. Il n'en reste pas moins qu'une fuite en avant ( Cf https://blogs.mediapart.fr/jrm-morel/blog/070925/la-rentree-d-e-borne-preparer-sa-sortie-ou-leur-sortie ) en guise de remède miracle apparaît plutôt comme une solution désespérée qui préfigure le pire pour un proche avenir.
Indépendamment des politiques de refondation qui auraient pu être amorcées ( sans possibilité d'aboutir immédiatement, mais avec le mérite de bousculer les lignes et postures qui se figent dans la gestion des affaires courantes ) ; les partis croient que leurs programmes de 2022, déjà insuffisants et minoritaires à l'époque, sont à la hauteur des défis actuels. Leur niveau de préparation apparaît très insuffisant, même s'ils considèrent pouvoir remporter l'élection faute de mieux. Cela fait longtemps désormais que les présidentielles ne se gagnent plus sur une lame de fond qui aboutit au plébiscite de l'élu, mais sur la nullité des adversaires. Le succès individuel sur l'échec collectif, c'est en partie ce dont le pays crève.
Casser l'existant soulage sur le moment, mais sans succession crédible, quelle sortie de crise par le haut ? Plus les années passent, plus l'étau se resserre. Le choix se réduit à l'alternative de la peste d'une caste dégénérée au pouvoir et du choléra de protestataires sans envergure nationale.
Enfin, mieux vaut en rire. Dans ce capharnaüm, ma proposition de discours de politique générale pour S. Lecornu est à nouveau d’actualité ! https://blogs.mediapart.fr/jrm-morel/blog/061025/discours-de-politique-generale-de-s-lecornu