Billet de blog 8 septembre 2025

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Cédric Lépine

Critique de cinéma, essais littéraires, littérature jeunesse, sujets de société et environnementaux

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"Il Giovedi" de Dino Risi

Pour une journée, Dino, homme immature et vantard, va pouvoir retrouver son jeune fils de 8 ans qu'il n'a pas vu depuis cinq ans et qui vit avec sa mère, riche femme d'affaires, et dont l'éducation rigide est assurée par sa nurse allemande.

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Illustration 1
Il Giovedi de Dino Risi © Tamasa

Sortie du combo Blu-ray + DVD : Il Giovedi de Dino Risi

Les nouvelles éditions vidéo Tamasa permettent de redécouvrir une cinématographie méconnue de Dino Risi d'autant plus que ces films, Il Vedovo et Il Giovedi, ne sont pas sortis en salles en France au moment de leur première exploitation en Italie. Derrière ses portraits de « monstres » de la masculinité italienne, Il Giovedi (1964) est une œuvre moins sarcastique car plus intimiste et généreuse dans une relation entre un père immature et son jeune fils à l'éducation stricte. Le film pourrait être une relecture du parangon du néoréalisme que fut Le Voleur de bicyclette (Ladri di biciclette, 1948) de Vittorio De Sica, tant les thématiques sociales où dans les deux cas un père se retrouve dans la précarité du père amené dans une scène dramatique à être humilié devant son fils. En ce sens, le film fait partie de ce que les Italiens ont appelé le « néoréalisme rose » par rapport au néoréalisme rouge aux propos politiques plus explicites.

La comédie italienne est bien là avec le personnage du père qui cherche à se construire l'image qu'il se fait du père parfait, lui qui jusque-là n'a jamais eu l'opportunité d'en être un aux yeux de son propre fils. C'est ainsi l'opportunité pour les scénaristes de dépeindre une Italie en plein boom économique où l'enrichissement ne profite pas à tout le monde, malgré les efforts. Ainsi, Dino rêve de faire fortune dans le commerce et le temps d'une journée, il s'entoure d'une consommation associée aux USA, qu'il s'agisse de sa voiture, des films et autres. D'ailleurs, c'est le scénario de La Grande évasion (The Great Escape, 1963) de John Sturges qui lui permet de s'inventer une vie héroïque de prisonnier durant la guerre alors que la perspective de voir L'Homme qui tua Liberty Valance (The Man Who Shot Liberty Valance, 1962) de John Ford, devient un moyen de rapprocher le père et le fils autour d'une figure tutélaire héroïque incarnée par John Wayne. Le personnage est ainsi à l'image du cinéma italien qui n'a pas les mêmes moyens que les studios hollywoodiens mais qui finit par développer par son sens créatif et les histoires personnelles inspirées à développer sa propre identité.

Il Giovedi poursuit la dynamique du buddy movie autour du road movie réunissant deux personnages masculins antithétiques propre au Fanfaron (Il sorpasso, 1962) où chaque personnage apprend de l'autre dans une véritable chronique initiatique. Si le film tient tellement au réalisateur et à cet égard son personnage présente le même prénom que lui, ce n'est pas anodin et l'on peut aisément imaginer la volonté de rendre hommage à l'amour filial qui le concerne autobiographiquement.

Le temps d'une journée encore, c'est la société italienne en ébullition qui est saisie, avec des prises de vue documentaires des immeubles en construction, des rues embouteillées de nouvelles voitures en grand nombre, etc. Ainsi, Il Giovedi saisit avec simplicité et une grande sincérité tout un microcosme social en une grande générosité humaniste, où certes l'acteur Walter Chiari est moins impressionnant que les acteurs fétiches de Dino Risi (à savoir Ugo Tognazzi et Vittorio Gassman) mais n'en reste pas moins parfait dans son rôle de séducteur immature finissant par assumer sa vulnérabilité auprès de son jeune fils.

Illustration 2

Il Giovedi
de Dino Risi
Avec : Walter Chiari (Dino Versini), Roberto Ciccolini (Robertino, le petit garçon de huit ans de Dino), Michèle Mercier (Elsa, la compagne actuelle de Dino), Umberto D'Orsi (Rigoni), Alice et Ellen Kessler (elles-mêmes, qui enregistrent un disque à Rome), Emma Baron (Giulia Versini, la mère de Dino), Milena Vukotic (Lidia, la voisine de palier), Carol Walker (Anna, l'ex-femme de Dino), Olimpia Cavalli (Olimpia), Else Sandom (la gouvernante de Robertino), Carole Walker (Anna, l'ex-femme de Dino), Silvio Bagolini (le docteur), Consalvo Dell'Arti (le réceptionniste de l'hôtel), Margherita Horowitz (la kleptomane), Liliana Macalè, Gloria Parri
Italie – 1964.
Durée : 105 min
Sortie en salles (France) : 26 octobre 2011
Sortie France du combo Blu-ray + DVD : 16 septembre 2025
Format : 1,85 – Noir & Blanc
Langue originale : italien - Sous-titres : français.
Éditeur : Tamasa Distribution

Bonus :
« Un fanfaron mélancolique » par Aurore Renaut (31’)
Bande-annonce

à lire autour de Dino Risi :

Le Cinéma de Dino Risi, de la comédie au drame un livre de Charles Beaud

coffret Blu-ray : Les Monstres, Le Fanfaron, Le Sexe fou, La Carrière d’une femme de chambre, Dernier amour de Dino Risi

Fiançailles à l'italienne (Straziami, ma di baci saziami) de Dino Risi

Valse d’amour (Tolgo il disturbo) de Dino Risi

Il Vedovo de Dino Risi  

Il Giovedi de Dino Risi

Les Complexés (I Complessi) de Dino Risi

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