Sortie du combo Blu-ray + DVD : Les Complexés de Dino Risi, Franco Rossi et Luigi Filippo D'Amico
Les films à sketches se multiplient avec succès durant les 1960 et Dino Risi en réalisa plusieurs épisodes. Les trois sketches s'inscrivent ici pleinement dans le ton cruel de la comédie italienne avec trois portraits d'hommes caractérisés par un défaut et incarnés à chaque fois par trois des 5 acteurs du genre : ici, Nino Manfredi, Ugo Tognazzi et Alberto Sordi. Le premier sketch est réalisé par Dino Risi alors que les deux suivants le sont de personnalités méconnues du cinéma et qui ne font là encore guère preuve d'inventions dans la mise en scène, notamment le second où tout repose sur un Ugo Tognazzi qui en fait beaucoup trop dans l'outrance pour incarner son personnage pour lequel aucune empathie n'est possible. Quant au troisième, il s'agit du plus drôle grâce au génie comique d'Alberto Sordi et sa force de spontanéité face à des situations distinctes. En revanche, Dino Risi, réalisateur du premier sketch, réussit à donner une véritable vitalité au récit fait de rebondissements et grâce aux interrogations maladives du protagoniste dans sa manière d'être mis en scène et cadré dans l'espace. Nino Manfredi joue ici la sobriété tandis que sa voix intérieure permet de partager tous ses tourments et doutes. Le procédé fonctionne à merveille et révèle peu à peu la lâcheté d'un personnage condamné à accepter le règne du machisme et de la misogynie autour de lui sans pour autant l'être. L'humour n'est pas ici éclatant mais vient plutôt des situations auxquelles le protagoniste se confronte et où Nino Manfredi joue à merveille l'impuissance face à une fatalité qui le pèse d'être lui-même avec sa lâcheté profonde face aux personnes qui s'affirment à ses dépends.
Le deuxième sketch est moins pertinent faute de rythme et Ugo Tognazzi se contente trop pour caractériser son personnage d'utiliser des lunettes aux verres grossissant son regard. La folie du personnage n'est pas suffisamment rendue et autour de lui, hommes et femmes ont peine à exister, tandis que l'histoire se termine avec une pointe non dissimulée d'homophobie.
Le programme finit en beauté avec un Alberto Sordi en très grande forme qui a d'ailleurs contribué grandement au scénario. Il parvient à faire naître un personnage inédit où un « défaut » physique pour certain.es n'est jamais considéré comme un handicap pour lui-même, comme s'il avait totalement évacué la prise de conscience de sa non conformité aux standards de la beauté télévisuelle. De ce point de vue, la télévision est tournée en ridicule par son hypocrisie largement discriminatoire quant aux images exposées, préférant l'apparence extérieure à l'intelligence fiable d'une information rigoureusement transmise. Ainsi, l'industrie du cinéma italien avait déjà une claire conscience du danger pour elle et pour la société italienne que lui imposait le développement de la sphère télévisuelle.
Les Complexés
I Complessi
de Dino Risi, Franco Rossi et Luigi Filippo D'Amico
Trois sketches :
Une journée décisive (Una giornata decisiva) réalisé par Dino Risi
Avec : Nino Manfredi (Quirino Raganelli), Ilaria Occhini (Gabriella), Riccardo Garrone (Alvaro Morandini), Umberto D'Orsi (Ernesto Paoletti), Silvio Battistini (le directeur d'Ultramarket), Mario Frera (Carloni), Donatella Della Nora (Giulia), Leopoldo Valentini (Perelli), Marina Morgan (Marina), Ugo Fangareggi (un employé d'Ultramarket)
Le Complexe de l'esclave nubienne (Il complesso della schiava nubiana) réalisé par Franco Rossi
Avec : Ugo Tognazzi (le professeur Gildo Beozi), Claudie Lange (Erminia Beozi, la femme du professeur), Paola Borboni (Madame Baracchi-Croce), Claudio Gora (l'antiquaire), Nanda Primavera (la mère d'Erminia), Mario Brega (un acteur du péplum Thor et les 4 reines nues), Carlo Sposito (Massimo Tabusso), Elvira Tonelli (Arduina, la bonne), Silvio Laurenzi (l'homosexuel à la fête)
Guillaume « Dents longues » (Guglielmo il dentone) réalisé par Luigi Filippo D'Amico
Avec : Alberto Sordi (Guglielmo Bertone, surnommé "Guglielmo Dents longues"), Romolo Valli (le Père Baldini), Gaia Germani (elle-même), Franco Fabrizi (Francesco Martello), Nanni Loy (lui-même), Alessandro Cutolo (lui-même), Vincenzo Talarico (lui-même), Edy Campagnoli (elle-même), Leo Wollemborg (lui-même), Alice Kessler (elle-même), Ellen Kessler (elle-même), Lelio Luttazzi (lui-même), Armando Trovajoli (lui-même), Pina Cei (la propriétaire de la maison Fabiani), Francesco Sormano (le dirigeant à la RAI et ami de Gaia Germani), Piero Gerlini (Edoardo, le portier), Giuseppe Marrocu (un journaliste), Marcello Mandò (l'ingénieur de l'institut géographique), Giulio Platone (l'employé de l'institut géographique), Ugo Pagliai (un concurrent éliminé)
Italie, France – 1965.
Durée : 98 min
Sortie en salles (France) : 20 septembre 1973
Sortie France du combo Blu-ray + DVD : 16 septembre 2025
Format : 1,85 – Noir & Blanc
Langue originale : italien - Sous-titres : français.
Éditeur : Tamasa Distribution
Bonus :
« À chacun ses complexes » par Diogo Serafilm (16’)
« La Comédie italienne » par René Marx (28’)
Bande-annonce
à lire autour de Dino Risi :
Le Cinéma de Dino Risi, de la comédie au drame un livre de Charles Beaud
Fiançailles à l'italienne (Straziami, ma di baci saziami) de Dino Risi