Billet de blog 14 octobre 2025

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Cédric Lépine

Critique de cinéma, essais littéraires, littérature jeunesse, sujets de société et environnementaux

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"Caniche" de Bigas Luna

Eloisa et son frère Bernardo cohabitent ensemble sous la dépendance économique de leur tante acariâtre. Bernardo est particulièrement jaloux de Dany, le caniche d’Eloisa, tandis que lui-même ramasse des chiens errants pour divers usages.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1
Caniche de Bigas Luna © Artus Films

Sortie de l’édition vidéo du film Caniche de Bigas Luna au sein du coffret combo Blu-ray + DVD intitulé Bigas Luna - Pulsions . Obsessions . Transgressions

Dès ses premiers films avant de se faire davantage connaître internationalement avec le succès de Jamón, jamón (1992), Bigas Luna concentre ses obsessions en associant Marco Ferreri, Luis Buñuel et Alfred Hitchcock, à des univers picturaux omniprésents aux premiers desquels se trouve Goya, tandis que le surréalisme de Salvador Dali est une figure tutélaire centrale. D’ailleurs, c’est d’après un récit autobiographique de celui-ci (vrai ou faux?) selon lequel l’artiste au moment de devoir quitter en urgence l’Espagne avec l’arrivée des armées franquistes, aurait avec sa compagne Gala mangé leur animal de compagnie pour garder l’amour de celui-ci en eux. De cet amour hors de la raison, Bigas Luna a écrit un scénario original dérangeant qui mêle encore inceste et zoophilie, dans une ambiance claustrophobique de film d’horreur.

Plus que cinéphile, Bigas Luna est un grand amateur de peinture et de design. Ceci le conduit à mettre en scène avec un sens profond de la composition des natures mortes où la chair animale est omniprésente rendant implicitement compte de l’excès d’une culture viandesque espagnole, comme un régime anthropophage incestueux, à la sexualité réprimée qui devient pathogène. Même s’il se défend officiellement de toute lecture politique et religieuse, on retrouve ici mis en scène les refoulements d’une culture catholique avec son anthropophagisme inhérent où il s’agit de manger le corps de la référence divine.

Quant à la ville du chien comme projet politique de transformation urbanistique traversant comme un fil rouge l’intrigue, il est aussi aisé d’y voir une réflexion sur la société espagnole au sortir de la dictature et sa difficulté à offrir une égalité des droits à tous les êtres humains. Ici le déplacements de l’attention se fait vers les chiens objetisés, servant à la fois d’objets sexuels mais aussi d’alimentation pour les humains autant que pour les chiens eux-mêmes, poussant toujours plus loin l’absence de consentement dans le prétendu intérêt de la population canine.

Les personnages humains s’animalisent tandis que le caniche portant au générique rien moins que le nom Linda Pérez Gallardo en dehors de la caméra, trouve un parcours qui l’humanise, de plans qui partagent son regard à son cheminement seul qui clôt le film.

Illustration 2

Caniche
de Bigas Luna
Avec : Àngel Jové (Bernardo), Consol Tura (Eloisa), Linda Pérez Gallardo (Dany, le caniche), Cruz Tobar (Alberto, le vétérinaire), Sara Grey (la tante Luna), Marta Molins (Carmen), Marcel Ibero (le dentiste), Buenaventura Martínez (le prêtre), Manuel Cazorla (l’enfant de chœur), Isabel Heredia l’infirmière), Carlos Martos, Miguel Avilés, Werner Delil, Asunción Ruiz, Natalia Soler-Nou, Francisco Rodríguez
Espagne – 1982.
Durée : 86 min
Sortie en salles (France) : inédit
Sortie France du combo Blu-ray + DVD : 7 octobre 2025
Format : 1,78 – Couleur
Langue originale : espagnol - Sous-titres : français.
Éditeur : Artus Films

Bonus :
« Une vie de chien » : présentation du film par Éric Peretti (2025, 10’33”)
Santiago Fouz-Hernandez à propos de « Caniche » (2025, 12’57”, VOST)
Diaporama d’affiches et photos (1’36”)

Coffret comprenant trois films réalisés par Bigas Luna :

1978 : Bilbao

1979 : Caniche

1986 : Lola

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