En créant une convention citoyenne sur l’aide active à mourir, Emmanuel Macron a relancé le débat sur l'aide médicale à mourir. Les questions sont difficiles, existentielles, elles touchent le sens de la vie, la reconnaissance de souffrances impossibles à soulager, la complexité des relations entre patients et soignants, la création de nouveaux droits et champs à la liberté individuelle.
Sans surprise, le 19 février, les citoyens tirés au sort ont jugé à 84% que la loi actuelle n'était pas adaptée aux « différentes situations rencontrées », 72% pour le suicide assisté [la personne accomplit elle-même le geste létal] et 66% pour l'enthanasie. Du côté des soignants, les réticences semblent plus nombreuses. Même si 300 personnels de santé ont récemment pris la parole en faveur d’une aide active à mourir, « dans un cadre strictement légal et encadré », l’ordre des médecins est opposé à l’euthanasie et réclame une « clause de conscience ».
Avec Caroline Coq-Chodorge, la journaliste Santé de Mediapart, nous avons lancé à la fin de l'année dernière, un appel à contributions pour recueillir les témoignages sur la fin de vie, l'« assistance au suicide » et le recours à l’euthanasie. Et dans la foulée, créé un journal collectif pour rassembler les textes publiés dans le Club.
Nous vous proposons ici 12 témoignages de personnes âgées [en bleu], d'enfants, de maris, d'épouses qui ont accompagné la fin de vie de proches [en bleu foncé], et de quelques soignants [en violet]. Tous sont favorables à une assistance à mourir, au nom du droit à choisir sa mort, comme on choisit sa vie, toutefois de tenaces réticences s'expriment toutefois. Notamment à cause des incidences sur ces choix de “l'horreur” de la prise en charge actuelle des personnes en fin de vie, en raison aussi de l'ambivalence des êtres confrontés à cette ultime question.
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« JUSTE PARCE QUE JE SUIS PRÊTE »
Moune veut que l'on respecte le choix de chacun.

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« LA MÉDICALISATION DE LA MORT EST-ELLE UN MIEUX ? »
Delphine veut choisir sa mort, comme elle a choisi sa vie.

La suite dans son billet de blog.
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« JE N'AURAI PAS LES MOYENS D'ALLER À L'ÉTRANGER »
Danielle ne veut pas être à la charge de ses enfants, ni enfermée dans un EHPAD.

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« TANT QUE L'HÔPITAL RESTERA CE QU'IL EST... »
Aggie a peur que la parole des concerné·es ne soient pas respecté·es.

Lire la suite du billet ici.
Compagne, compagnon, fils de, fille de... Les souffrances des proches qui accompagnent sont violentes, difficiles à prononcer car ô combien culpabilisantes, mais elles sont aussi indispensables à écouter pour comprendre les demandes actuelles.
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« POURQUOI PROLONGER LA SOUFFRANCE ? »
Mark Lee Hunter a accompagné sa femme, décédée de la maladie de Charcot.

Lire la suite du billet de blog ici.
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« QUAND IL A DÉPOSÉ SON DOSSIER CHEZ DIGNITAS, SES ANGOISSES ONT DISPARU »
Sophie a accompagné son mari à Zurich pour un suicide assisté.

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« IL EST INHUMAIN DE S'ACHARNER À FAIRE SURVIVRE »
Chantal a accompagné pendant 6 ans son mari dans son agonie.

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« ÇA A ÉTÉ UN SUPPLICE DE VOIR PAPA COMME ÇA »
Jacqueline.

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« L'AMOUR POUR MON PÈRE ÉTAIT PLUS FORT QUE LA PEUR »
Laure a assisté le suicide de son père.

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« LE MILIEU MÉDICAL RESTE MANIPULÉ PAR LA RELIGION »
Michel.

De nombreux soignants seraient réservés sur le droit à mourir (blabla et sondage), quelques-uns sans aucun doute comme le pense Michel pour des raisons religieuses, d'autres parce qu'ils considèrent serment d'Hippocrate oblige que ce n'est pas leur rôle. Les soignants qui ont répondu à notre appel - et que nous avons sélectionné dans ce florilège - sont plus nuancés. Ce n'est pas tant le refus du geste, que la crainte d'un glissement vers l'euthanasie "économique" dans un contexte de dégradation des services publics hospitaliers.
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« DÉJÀ AVOIR DES SOINS APPROPRIÉS »
Ermeline est convaincue que très peu de personnes aspirent réellement à la mort.

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« LE PLUS BASIQUE DES DROITS »
Jonas est favorable à l'assistance à la mort, mais craint les dérives.
