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Billet de blog 10 juillet 2022

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Emmanuelle Aymès et Henri Maquet, chants d’amours en langue d'Oc (#3)

(#3) Butor Stellaris

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Masque face à masque et bec contre bec, les deux oiseaux Emmanuelle Aymès et Henri Maquet vont faire sortir le Butor Stellaris de sa cachette pour la clôture de la 27e édition des Suds à Arles le 17 Juillet à 17H30 à La Capelière (Centre d'information sur la nature de la Réserve naturelle nationale de Camargue au bord de l’Étang de Vaccarès.)

Illustration 1

Comme Elli et Jacno dans les années 80 ou les Rita Mitsouko auxquels Henri se réfère ou à l’image du duo electropunk marseillais Sugarcraft (John Deneuve - Doudouboy), que préfère citer Emmanuelle qui n’écoutait ni les premiers ni les seconds, Butor Stellaris est un duo d’amoureux chantant l’époque, ses problèmes et son imaginaire sur un fond de musique pop avant-gardiste, et traditionnelle dans le cas de nos deux oiseaux masqués.

Butor Stellaris - Lo Pantai de Palheira © Indémo

Henri précise : « Le nom Butor Stellaris est un mélange du nom français butor étoilé et du latin Butaurus Stellaris. C’est un petit héron de Camargue qu’on ne voit pas. Il a un chant grave et puissant et pour les naturalistes sa présence est le signe d’une bonne santé de l’environnement. »

Là encore le symbole est fort Henri et Emmanuelle confirment : « C’est la question que l’on se pose tous en ce moment. On veut sauver la planète, avoir une vie plus tournée vers la nature avec des questionnements environnementaux, mais on a aussi des vies plus numériques. Nos instruments ce sont des clochettes et des morceaux de bambous mais aussi du matériel électronique. On ne cherche pas à s’interroger ou à questionner les gens là-dessus, mais ce spectacle montre qu’on est un peu les deux à la fois. On est tourné vers des images de la nature du paganisme, mais aussi complétement impliqué dans les nouvelles technologies. »

Même leurs masques ont été conçus en 3D numérique. Henri : « L’idée vient du projet Minotaures, ça m’a tellement plu que je voulais revenir sur cette idée de masques. Quand j’en ai parlé à Manu elle était à fond »

Le choix des oiseaux est arrivé ensuite : « On aimait tous les deux cet univers, les chants les happeaux et ça nous permettait d’avoir des masques avec des bouches dégagées. Avec le masque de taureau on ne pouvait pas chanter. »

Compte rendu du spectacle Minotaures pour “Plein Suds“, le blog Mediapart du festival:

 https://blogs.mediapart.fr/edition/plein-suds/article/110717/minotaures-une-creation-joyeusement-numerique-d-henri-maquet-et-florent-di-bartolo

La langue d’Oc est bien sûr au cœur de Butor Stellaris. Henri : « Dans la langue d'Oc il y a une forte culture de l’oiseau, du rapport entre l’oiseau et le langage. L’oiseau est un messager, dans l’environnement, il a une présence, une parole et ça tu peux l’apprendre dans cette langue. »

C’est sans doute pour cette raison qu’en 2019, dans le cadre des échanges entre les Suds et l’Ecole Nationale Supérieure de la Photographie, Rodín Kaufmann, chanteur-rappeur et producteur, (Cor de La Plana, Uèi…), avait aussi choisi le thème des oiseaux pour sa création avec l’artiste numérique au nom prédestiné, Chloé Desmoineaux.

https://blogs.mediapart.fr/edition/plein-suds/article/100719/les-oiseaux-de-l-apocalypse

Cependant dans Butor Stellaris, tout n’est pas chanté en Oc. Emmanuelle: « Il y a des chants traditionnels, des morceaux de notre ami Camarguais Gaël Hemery et d’autres complétement inventés. On a deux textes en français et des chants en onomatopées. »

Cette création est inspirée par la Camargue et Les Suds nous propose de la découvrir dans son environnement naturel. Henri: « L’espace privilégié de ce spectacle, que l’on peut aussi jouer sur scène, c’est dans la nature, comme on le fera à La Capelière.. »

Dans sa conception, le couple est sorti de ses habitudes : « La mise en scène, les costumes, le jeu de masque, la gestuelle sont autant de choses qu’on ne savait pas faire et que l’on a abordé de façon très expérimentale »

Mais si leur spectacle est volontairement appelé à évoluer en permanence, l’esprit et le contenu sont bien définis : « Nous avons fixé des tableaux et le fil est déterminé par notre environnement proche. Ce sont les objets que l’on a emmenés et disposés qui le créent. En allant d’un objet à l’autre, de son en son, ces déplacements donnent la cohérence des enchaînements On est dans une continuité ininterrompue. Selon les endroits ça change toujours un peu. » La relation artiste public est aussi chahutée :  « On brise le mur, on va dans le public, on les envahit et ça les fait réagir. On leur fait aussi des petites offrandes qui dépendent du lieu où on est. A la “Fête du pois chiche“ (en mai à Montaren-et-Saint-Médiers dans le Gard) ce sont des pois chiches, en forêt s’il y a des chênes ce sera des glands. À La Capelière on ne sait pas encore ce que l’on trouvera. »

Avec Butor Stellaris, les festivaliers peuvent par contre être certains de trouver un peu d’essence de l’esprit camarguais et de vrais exemples de chants d’amour de “trobadors“ contemporains.

(#1) : Langue et rencontre

(#2) : Diga M’en Diga et MAQX

Benjamin MiNiMuM

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