Billet de blog 14 décembre 2021

Bruno Dalpra (avatar)

Bruno Dalpra

Citoyen engagé

Abonné·e de Mediapart

GCO : « Non monsieur Castex, la voiture électrique n'est pas l'avenir ! »

Samedi 11 décembre, le Premier ministre Jean Castex est venu inaugurer l’autoroute de contournement de Strasbourg, un vieux serpent de mer de presque 50 ans, toujours contesté et dont le volet juridique n’est pas terminé. La veille de sa venue en Alsace, il a évoqué dans une interview dans les DNA, les mérites de la voiture électrique moins émettrice de CO2..

Bruno Dalpra (avatar)

Bruno Dalpra

Citoyen engagé

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

L'A355 de contournement Ouest de Strasbourg, le GCO ou COS, est un projet autoroutier né au début de 1970. Relancé en 1999, abandonné en 2012, il renait en 2013. Mauvaise solution à de vrais problèmes, le collectif GCO NON MERCI (né en 2003) s'oppose au projet et prône les mobilités douces. En service depuis décembre 2021, la bataille continue...  

 précédent << | >> suivant


Le Premier ministre Jean Castex était en Alsace les 10 et 11 décembre 2021. La veille de sa venue, il a accordé une interview au journal local des Dernières Nouvelles d'Alsace dans laquelle il a répondu à l'une des raisons de sa venue dans la région : le contournement Ouest de Strasbourg qu'il a inauguré le samedi matin du 11 décembre.
Ainsi, dans cet entretien, il vante les mérites de la voiture électrique moins émettrice de CO2, pour balayer d'un revers de main les critiques formulés par les opposants au GCO sur la problématique de la pollution liée au trafic automobile que la nouvelle autoroute à péage de Vinci ne règle pas.

A la question "que faut-il attendre de cette autoroute", le premier ministre a répondu en préambule avoir habité le Kochersberg pendant trois ans et qu’il travaillait dans Strasbourg, affirmant  de fait que le projet était très attendu. Comme s’il connaissait très bien la problématique à bémol près et non des moindre : il a resservi de vieux arguments :

« Il faut attendre une fluidification de la circulation, un décongestionnement, une réduction des nuisances sonores, de la pollution de l’air. Je pense que pour les usagers, les habitants, c’est un investissement utile et qu’il était temps de la finir et de la mettre en service. »

Puis, il a évoqué la voiture électrique :

« Depuis que je suis Premier ministre, nous avons une politique visant à accélérer la bascule vers la voiture électrique et hybride. Ce qui faisait la mauvaise réputation des routes, ce sont les véhicules qui émettent des gaz à effet de serre et utilisent de l’énergie fossile. J’ai relancé des projets routiers, dans le Rhône, dans le Gers, des choses qui étaient encalminées[…] On prépare l’évolution de la voiture vers l’électrique et l’hybride, il faut bien que ces voitures roulent et aient des routes. Même l’A355 va avoir un impact environnemental. J’entends bien les critiques et les oppositions, je les respecte, mais j’assume que c’est une réalisation utile pour le quotidien de ses futurs usagers, mais aussi pour les riverains de l’actuelle A35. »

Seulement, Jean Castex a oublié qu’une voiture électrique ce n’est pas du 100 % écologique. Bien au contraire, les spécialistes sur la question de la transition sont unanimes : une voiture électrique pollue autant qu’une voiture thermique. Pire, elle utilise des métaux rares dont tout est dit dans le mot « rare », à l’exemple des métaux nécessaire à la fabrication des batteries dont la demande devrait augmenter de plus de 1000 % d’ici à 2050.

« Un jour, on va enfin comprendre que le remplacement de chaque voiture thermique par une voiture électrique est une impasse. »

Illustration 1

C’est d’ailleurs l’objet d’une chronique de Stéphane Lauer paru dans le journal Le Monde le lundi 13 décembre 2021 :

« IL FAUT REEVALUER LE COUT REEL
DU BASCULEMENT VERS LA VOITURE ELECTRIQUE
 »

Le journaliste explique que « ce qui frappe depuis le lancement des premières voitures électriques, c’est la myopie avec laquelle a été abordé ce bouleversement, sans se demander s’il y aura de quoi fabriquer les dizaines de millions de batteries nécessaires à cette gigantesque transition »

Chronique. – “« Not In My BackYard ! » (« Pas dans mon arrière-cour ! ») Après plusieurs semaines de manifestations pour protester contre un projet d’extraction de lithium situé près de Loznica, dans l’ouest de la Serbie, le gouvernement a suspendu sa loi d’expropriation des riverains. Même la gloire nationale, le numéro un mondial du tennis, Novak Djokovic y était allé de son post sur Instagram : « Air sain, eau et nourriture sont essentiels pour la santé de chacun. Sans eux, parler de “santé” n’a aucun sens », écrit-il sous une photo des manifestations.

L’affaire constitue une parabole des contradictions auxquelles la transition écologique nous confronte. L’air sain, c’est la promesse que nous fait miroiter l’avènement de la voiture électrique. Mais si l’eau et la nourriture sont souillées par l’extraction du lithium, indispensable à la fabrication des batteries dont ces véhicules ont besoin, cela amène à réévaluer le coût réel du basculement vers la mobilité durable.

En tournant la page des énergies fossiles, certains ont cru que l’économie finirait par devenir un chemin tapi de pétales de roses, enfin débarrassé de la pollution, de la dépendance aux matières premières et des troubles sociaux ou géopolitiques. Les protestations serbes ont le mérite de nous faire prendre conscience que l’avenir s’annonce plus compliquer. L’extraction des matières premières reste nocive pour l’environnement, les ressources ne sont pas infinies et, surtout, elles ne sont pas idéalement réparties sur la planète.

– lire aussi :
En Serbie, un projet de mine de lithium porté par Rio Tinto fait face à une fronde inédite

LE PROBLEME DE L’APPROVISIONNEMENT

Ce qui frappe depuis le lancement des premières voitures électriques, c’est la myopie avec laquelle a été abordé ce bouleversement. Au début, les débats se sont limités aux performances des véhicules. Avec la fin du moteur thermique prévu en Europe en 2035, sont venues les inquiétudes sur les conséquences sur l’emploi. Parallèlement, s’est posée la question de la production d’électricité pour faire fonctionner un tel parc de façon durable. Il est enfin temps de se demander s’il y aura de quoi fabriquer les dizaines de millions de batteries nécessaires à cette gigantesque transition.

– lire aussi :
Terres rares : « La face cachée peu reluisante du défi climatique n’a pas fini d’inquiéter les électeurs, du Groenland ou d’ailleurs »

Lors de la présentation des objectifs de la présidence française de l’UE en 2022, le 9 décembre, Emmanuel Macron a réaffirmé la volonté de développer une filière européenne consacrée aux batteries. Une dizaine d’usines verront le jour d’ici à 2030. De quoi répondre à la demande prévue à cet horizon. Reste le problème non résolu de l’approvisionnement en matières premières[…]lire la suite sur le journal Le Monde ICI (ed.abonnés)

LA QUESTION DU LITHIUM

L’Alsace possède dans ses sous-sol, la plus grande réserve de Lithium du territoire, de quoi rendre le pays autonome vis-à-vis de ce minerai. Problème : les risques sismiques liés à son extraction dans une région de France classé 3 sur 5 sur l’échelle des risques sismiques. Même de niveau 4 autour de Mulhouse.

– lire plus en détail :
Lithium : un minerai qui suscite des convoitises, mais attention danger !

Illustration 2

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.