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Billet de blog 11 févr. 2022

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Covid-19 - Deux graves exemples d'incohérences.

Les autorités persistent dans leurs erreurs passées. Et les chiffres de la DREES, sur lesquels elles s'appuient pour mesurer l'efficacité des vaccins sur les formes graves, sont biaisés.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Soignants sacrifiés sans raison

Rappelez-vous : en été 2021, l’idée que les vaccins anti-Covid disponibles en France empêchaient d’être contaminé et de contaminer autrui était si fortement mise en avant par les autorités et les médias, et apparemment adoptée par une partie de la population, que cela a justifié qu’on éloigne les soignants non vaccinés des patients. (On a même été plus loin, en leur interdisant de pratiquer par téléconsultation, et en les privant de revenus.)

Aujourd’hui, on sait bien que les vaccins anti-Covid n’empêchent pas de contaminer autrui. Mais quelles conséquences en tire-t-on ?

Entend-on des médias ou les autorités politiques reconnaître que l’idée qu’ils mettaient en avant l’été dernier était en fait une pure croyance, sans aucun fondement scientifique, et désormais reconnue comme fausse ?

Les entend-on remettre en question la méthode du gouvernement, qui a consisté à prendre une croyance sans fondement scientifique comme base d’une des mesures les plus répressives et les plus arbitraires que le pays ait connu depuis longtemps, à savoir la suspension sans salaire des soignants non vaccinés ?

A-t-on réintégré les soignants suspendus ? Leur a-t-on présenté des excuses, en leur versant tous les salaires qu’ils n’auraient jamais dû cesser de recevoir ? A-t-on dédommagé les médecins libéraux pour l’interdiction d’exercer qui leur a été faite ?

Non : au lieu de cela, on prolonge et aggrave l’injustice faite aux soignants suspendus en laissant perdurer leur exclusion de la société, et on demande aux soignants vaccinés de venir travailler même quand il sont contaminés.

Et les soignants suspendus ont beau alerter sur leur sort, les médias ne s’en émeuvent pas, et ne relaient rien. Jusqu’où la « mission » que la plupart des grands médias se sont fixée dès décembre 2020, à travers la Trusted New Initiative, va-t-elle les conduire ? Cette mission était alors résumée par le Directeur Général de l’Union Européenne de Radio-Télévision, la plus grande alliance de médias de service public dans le monde : « La confiance du public dans les vaccins est essentielle à leur adoption et à la réussite – ou non – de la lutte contre la propagation du virus. »

« Créer la confiance du public » et « informer » sont a priori deux choses très différentes. Mais on le constate jour après jour : depuis plus d’un an, les plus grands médias écrits et audiovisuels du monde, les principales agences de presse (AFP, Associated Press, Reuters...), ainsi que les grands réseaux sociaux (Facebook, Twitter, Youtube, Instagram) et le moteur de recherche Google ont pris parti.

Toute information critique sur la sécurité ou l’efficacité des vaccins, sur la pertinence de la stratégie vaccinale, ou sur l’existence de traitements préventifs alternatifs ou de traitements précoces, fût-elle le résultat de travaux scientifiques publiés, est ignorée par les médias, invisibilisée par Google et censurée par les réseaux sociaux.

Ce parti pris va donc jusqu’à ne pas s’émouvoir un instant de l’arbitraire, désormais manifeste aux yeux de tous, que subissent les soignants suspendus, ni du maintien incompréhensible des décisions prises il y a plusieurs mois sur la base de croyances fausses.

Quelle société, quels médias, quel gouvernement est-ce là ?

Les vaccins protègent-ils des formes graves ?

Depuis que l’idée que les vaccins anti-Covid empêchent les contaminations est abandonnée, la justification des mesures de contrôle généralisé via le passe vaccinal repose désormais sur l’affirmation que les vaccins protègent des formes graves et que la vaccination de tous permettrait de soulager les hôpitaux, et principalement les services de Soins Critiques.

Justification faible et brandie sans discernement, puisque par exemple les jeunes, qui ne se retrouvent quasiment jamais à l'hôpital à cause du Covid-19 et encore moins en soins critiques, et qui ont à craindre des effets secondaires des vaccins anti-Covid, ne sont pas épargnés par le passe vaccinal. Mais ce n'est pas tout.

Pour affirmer que les vaccins protègent des formes graves, on s’appuie beaucoup sur les chiffres publiés par la DREES. (Exemples ici ou , par exemple.)

Or, ceux qui utilisent les chiffres de la DREES comme preuve de l’efficacité des vaccins pour protéger des formes graves ou des décès oublient ou ignorent que ces chiffres sont entachés de plusieurs biais. Certains ont été décrits ailleurs, mais on s’attardera sur l’un d’entre eux, qui remet sérieusement en cause la validité des conclusions généralement tirées des chiffres de la DREES.

Comme l’explique le Parisien, la DREES part du fichier SI-VIC, qui recense les personnes hospitalisées en France avec un diagnostic de Covid-19 (et qui précise celles qui sont admises en Soins Critiques et celles qui décèdent). Ce fichier n’indique pas le statut vaccinal des patients, mais la DREES le rapproche d’un autre fichier : VAC-SI, qui, lui, recense les dates de vaccination des personnes vaccinées. Grâce aux données personnelles indiquées sur chacun de ces fichiers, la DREES est capable de retrouver le statut vaccinal de chaque patient enregistré dans SI-VIC. (En fait, ce n’est pas tout-à-fait le cas, et des approximations sont visibles dans les donnée de la DREES, mais on ne s’attardera pas ici sur cette question.)

En recoupant également avec un troisième fichier (SI-DEP, qui recense les tests de dépistage du Covid), la DRESS peut aussi vérifier le statut virologique des patients hospitalisés s’ils ont récemment été testés.

A première vue, la DREES peut donc ainsi fournir des chiffres qui permettent de compter combien de patients non vaccinés sont admis chaque jour à l’hôpital, entrent en soins critiques ou décèdent, et également combien de patients vaccinés avec une dose, combien de vaccinés avec deux doses etc.

A première vue, oui. Mais il y a un énorme biais, et les chiffres ne permettent absolument pas de compter ce qu’on croit compter.

Et la raison de ce biais, étonnante, est que depuis l’été 2021 il faut montrer un passe sanitaire pour entrer à l’hôpital.

Explications

Ce que ni le Parisien ni aucun grand média n’expliquent, c’est la façon dont le fichier SI-VIC fonctionne, et les conséquences de ce fonctionnement sur les chiffres de la DREES.

Comme l’explique la « documentation détaillée » de SI-VIC (se rendre ici, et cliquer sur « SYNTHÈSE »), un patient qui se trouve à l’hôpital, quelle que soit la raison de son hospitalisation, est inscrit dans le fichier SI-VIC et compté comme « patient Covid » sitôt qu’un diagnostic de Covid-19 est posé. Pour cela un diagnostic biologique, c’est à dire un test positif, suffit. On peut donc être « patient Covid » avec sa fiche créée dans SI-VIC en étant testé positif mais asymptomatique, et hospitalisé pour l’extraction d’une dent de sagesse ou une opération du cœur, par exemple.

La question des « patients Covid » hospitalisés pour d’autres causes commence d’ailleurs à être abordée dans les médias, depuis que Santé Publique France publie des données à ce sujet.

Le fait que depuis août 2021 un passe sanitaire soit demandé à toute personne entrant à l’hôpital pour autre chose qu’une urgence a donc une conséquence : les patients vaccinés peuvent entrer à l’hôpital sans que leur statut virologique soit connu. Un patient vacciné qui se trouve être positif et asymptomatique, s’il n’a pas fait de test récent et n’est donc pas inscrit dans le fichier des tests SI-DEP, pourra entrer à l’hôpital sans que personne ne sache qu’il est positif, et il ne sera pas inscrit dans SI-VIC. Il n’apparaîtra donc pas dans les chiffres de la DREES.

A l’inverse, hormis aux urgences, un patient non-vacciné doit faire un test pour entrer à l’hôpital. Un test positif n’empêche pas une hospitalisation, pour une opération programmée par exemple, mais il conduit bien sûr à être inscrit dans le fichier SI-VIC.

Quelles conséquences ? Tous les patients positifs non vaccinés hospitalisés sont inscrits dans SI-VIC, tandis que seule une partie des patients positifs vaccinés le sont.

Un patient asymptomatique hospitalisé pour une chimiothérapie ou une opération du cœur sera inscrit dans SI-VIC et sera comptablisé par la DREES s’il n’est pas vacciné (puisqu’il devra se faire tester juste avant), mais pas nécessairement s’il est vacciné : vacciné, son passe suffira, et il ne sera comptabilisé comme « patient Covid » que s’il a fait un test récent, ce qui n’est pas obligatoire.

Il apparaîtra donc forcément dans les chiffres de la DREES s’il n’est pas vacciné mais pas forcément s’il est vacciné.

De même, si ce patient est placé en réanimation (donc en soins critiques) après l’opération, il apparaîtra dans les chiffres « soins critiques » de la DREES s’il n’est pas vacciné, mais pas forcément s’il est vacciné.

Et s’il décède, de la même façon, il apparaîtra dans les chiffres « décès Covid non vacciné » de la DREES s’il n’est pas vacciné, alors que s'il est vacciné il n’apparaîtra pas nécessairement dans les rubriques « décès Covid vacciné » de la DREES.

Le décompte des « patients Covid » hospitalisés, en soins critiques, ou décédés n’est donc pas fait de la même façon selon que les patients sont vaccinés ou non. Dans un cas le décompte est partiel, dans l’autre il est exhaustif.

Qui plus est, du fait de la vague de contaminations générée par le variant omicron depuis décembre 2021, qui conduit en immense majorité à des formes de Covid-19 très peu voire pas symptomatiques du tout, la part des patients vaccinés positifs absents du fichier SI-VIC a des chances d’être élevée.

Or, c’est précisément sur les chiffres produits par la DREES sur la base des hospitalisations de décembre 2021 et de janvier 2022, en pleine vague omicron, que se basent les médias pour affirmer que les patients non vaccinés sont surreprésentés en soins critiques par rapport à leur poids dans la population générale.

Une double confusion est donc systématiquement faite par les médias et les autorités politiques :

1° ils considèrent que tous les patients inscrits dans les colonnes « soins critiques » présentées par la DREES sont en soins critiques à cause de formes graves du Covid-19. Or, ce n’est vrai qu’en partie : tous les patients dépistés positifs au Covid-19 mais présents en soins critiques suite à une opération ou à un autre problème de santé sans rapport avec le Covid-19 y sont également comptabilisés.

Et 2°, comme on vient de le voir, ils ignorent que ce a s de figure a davantage de chances de concerner des patients non vaccinés que des vaccinés.

Il faudrait pouvoir répondre à ces deux questions : dans quelle mesure la surreprésentation des « patients covid » non-vaccinés en soins critiques est-elle due à l’efficacité des vaccins contre les formes graves, et dans quelle mesure à l’absence dans les chiffres de la DREES d’une partie des « patients Covid » vaccinés en soins critiques ? Si on incluait dans les chiffres de la DREES tous les patients vaccinés présents en soins critiques pour d’autres causes que le Covid-19, et dont la positivité n’a simplement pas été détectée, y aurait-il encore une surreprésentation des non-vaccinés ?

En attendant d’avoir la réponse à ces questions, on ne peut donc pas s’appuyer sur les chiffres de la DREES pour affirmer que les vaccins sont efficaces contre les forme graves.

Les traitements protègent-ils des formes graves ?

Une dernière remarque : si les médias et les agences gouvernementales telles que la DREES mettent activement le projecteur sur la différence de représentation des personnes vaccinées et non-vaccinées parmi les patients en soins critiques, y a-t-il eu une seule enquête menée pour savoir quelle proportion de patients admis en soins critiques à cause du Covid-19 étaient en carence de vitamine D ? Ou pour savoir quelle proportion d’entre eux avaient bénéficié d’un traitement précoce dès les premiers symptômes ?

Si les patients carencés en vitamine D et non-traités (vaccinés ou pas) « encombraient » les services de soins critiques, ne serait-il pas utile de le savoir ?

Comme on l’a écrit et répété, les autorité sanitaires n’ont jamais cherché à connaître l’efficacité des traitements préventifs tels que la supplémentation des carences en vitamine D, ni des traitements précoces tels que l’azithromycine, l’ivermectine, les anti-asthmatiques, la mélatonine, la Bétadine, ou même certains antidépresseurs. Tous ces traitements ont pourtant fait l’objet de multiples essais cliniques avec des résultats positifs, et sont prescrits en France contre le Covid-19, par des médecins qui ne se conforment pas aux instructions ministérielles, mais qui ne peuvent pas s’exprimer en public et témoigner de leurs observations, sous peine de poursuites par l'Ordre des Médecins.

Si — à tort comme on vient de le voir — les autorités prétendent établir l’efficacité des vaccins contre les formes graves en observant les patients hospitalisés, comment justifier qu'elles n'aient toujours pas cherché à observer l’efficacité des autres options thérapeutiques ?


[En raison de la politique de dépublication pratiquée sans sommation par la modération de Mediapart sur des critères discutables et imprévisibles, à l'avenir les billets de ce blog seront simultanément publiés sur ce site : https://www.covid-factuel.fr. Ainsi, ce billet est publié ici.] 

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