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Billet de blog 5 octobre 2025

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Gonflement des dépenses d'Education : le silence des syndicats et des politiques

Eric SAIZEAU

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Petite question simple, à l'attention exclusive des représentants syndicaux :


Comment expliquer qu'aucun des syndicats majoritaires n'aient voulu dénoncer les gonflements des dépenses d'Educations ?
Je rappelle que ces gonflements, mis en oeuvre depuis 2006, a permis et permet encore - surtout ces dernières années ! - de masquer les baisses réelles d'investissement de l'Etat français dans son secteur éducatif public.
Avec au niveau national la Cour des Comptes qui s'est chargée d'instrumentaliser de façon quasiment systématique ces gonflements pour dénoncer un "système éducatif qui dysfonctionne malgré les hausses constantes de budget", accompagnant et justifiant ainsi un discrous réformiste d'orientation néolibérale. D'ailleurs on peut craindre que cela aboutira prochainement avec une tentative d'amorcer la libéralisation des établissements prévue dans le programme de Macron.
Ces gonflements permettent ainsi de masquer notre déclassement salarial, ainsi que la continuation de le dégradation de nos conditions de travail.
Au niveau international, c'est l'OCDE qui aura été - et est toujours - complice de cette manipulation, en acceptant de publier les dépenses incluant ces gonflements, ce qui va à l'encontre de ses engagements de transparence, de rigueur, de comparativité des données et d'imperméabilité aux pressions internationales qu'elle met pourtant en avant en toutes circonstances.
Je n’ai eu jusqu’alors qu’un seul argument justifiant que les syndicats ne s’emparent pas de ces gonflements, celui de F. Jarraud : pour lui, les mises au jour des déficits de la « caisse » de pension de l’Etat aurait eu comme but d’attaquer le système des pensions pour les fonctionnaires, et dénoncer l’utilisation de ces déficits utilisés pour gonfler les dépenses d’éducation participerait à aller jouer contre nous.
Or cela n’est basé que sur rien de rationnel !
Tout va dans le sens contraire : d’abord les mises au jour des déficits de la « caisse » de l’Etat a fait apparaitre justement qu’ils étaient dû à des choix politiques de l’Etat français, dont la privatisation de La Poste/Orange, le recrutement des contractuels plutôt que des fonctionnaires, et surtout la paupérisation indiciaire des fonctionnaires, synonymes de gains pour les finances publiques avec appauvrissement constant des futurs retraités de la FPE.
Des déficits ainsi dû en grande majorité à ces choix, et qui – même L’Opinion l’avait titré ainsi – ont comme conséquence une subvention (de près de 10 Md€) de l’Etat de son régime de pension vers celui du secteur privé …
Et c’est parce que les syndicats se taisent ne serait-ce que sur la réalité, que ce qui vient d’être dit reste – et donc restera - réservé à une infime partie des collègues et de la population, et la compréhension claire à quelques initiés seulement.
Ensuite, on sait depuis quelques années déjà grâce à plusieurs études, que les systèmes de calculs des pensions sont devenus comparables entre public et privé, de par l’alignement progressif via plusieurs paramètres des fonctionnaires (âge de départ, taux de contribution, suppression de plusieurs avantages …). Plutôt que de donner les liens de ces études, il suffit d’écouter un certain E. Woerth qui le reconnaissait, devant un stéréotype de la pratique du fonctionnaires bashing, un certain Pascal Praud :
https://studio.youtube.com/video/3J9Ukd8a6mg/edit
Mais il faut donc aussi comprendre que ces déficits correspondent donc en réalité et en majeure partie maintenant à la continuation – et l’amplification ces dernières années de fortes inflations très insuffisamment compensée en indiciaire – d’économies pour les finances publiques de par les baisses de nos futures pensions, et donc à moyen long et très long termes de la masse des pensions des fonctionnaires.
Ainsi, plus les fonctionnaires – dont les enseignants – sont paupérisés en indiciaire, plus ils perdront en futures pensions, plus cela induira des économies pour les finances publiques, et plus les déficits apparents correspondants permettent de gonfler les dépenses d’Education. Ce qui, concernant les enseignants permettant ainsi de masquer – cyniquement et entre autres – leur déclassement salarial …
Ce qu’évidemment aucun politiques pro Macron ne révèlera – ni les autres d’ailleurs ?! – mais ce que l’on peut constater indirectement sur les images 1 à 4 fournies, par exemple :
Image 1 et 2 (COR et CC) : cela fait quelques années déjà (2013/2014) qu’en réalité les dépenses de pensions pour la FPE (fonction publique d’Etat donc enseignants) baissent en pourcentage du PIB. Evidemment dans les communications faites par les gouvernements, on ne parle qu’en euros constants – voire courants – pour tromper sur la réalité du poids de ces pensions.

Illustration 1
Illustration 2


Image 3 (CC) : justement, en euros constants on constate que c’est en 2036 – avec des hypothèses de productivités faibles – que la masse des pensions devrait commencer à baisser.

Illustration 3


Image 4 : avec la politique RH de priorisation de la contractualisation prévue depuis longtemps - RGPP puis Loi de transformation de la FP – les réductions des dépenses viennent en corrélation avec la baisse des effectifs de pensionnés à partir de 2028 …

Illustration 4


Qui peut avancer qu’il était au courant de ces « détails » qui portent un jour nouveau dans le débat des pensions des fonctionnaires, à partir des déclarations officielles, ou même médiatique … ou même syndicales ?!
Remarque : concernant les graphiques précédents, ils sont basés sur des hypothèses que l’Etat donne au COR et à la CC, des hypothèses déjà relayées ici consistant à prévoir de continuer à paupériser les fonctionnaires en indiciaire jusqu’en 2027 – le gel du point d’indice était entériné depuis au moins 2023 mais les syndicats semblent faire mine de ne pas le savoir – puis dans une moindre mesure jusqu’en 2032. Il y a donc là aussi une question à poser sur la non reprise/dénonciation de ces hypothèses par nos chers syndicats majoritaires.
Quant à cette instrumentalisation de ces déficits – donc les gonflements des dépenses d’éducation – cela permet à l’Etat de tromper les citoyens sur l’investissement réel de l’Etat dans son secteur éducatif, mais aussi les décideurs politiques :
- Ne pas dénoncer ces manipulations permet implicitement de conforter l’idée que les baisses de niveau des élèves seraient du fait exclusif des enseignants. Cela permet de façon générale de pérenniser l’argument de base que la Cour des Comptes s’applique à utiliser : s’il y a « dysfonctionnement » - avant tout baisse de niveaux des élèves – ce n’est pas du tout à cause d’un problème d’investissement, puisque force est de le « constater ». Pour ceux qui n’en seraient pas encore conscients, voire l’étendue de l’instrumentalisation faite par la CC ici :
https://blogs.mediapart.fr/eric-saizeau/blog/150725/7-la-cour-des-comptes-premiere-instrumentaliser-les-surcotisations
Et pour une réalité plus officielle des investissements réels de l’Etat dans la rémunération de ses enseignants, et dans leurs conditions de travail, voir :
https://blogs.mediapart.fr/eric-saizeau/blog/160925/regard-sur-l-education-2025-indicateurs-avec-et-sans-les-gonflements
- concernant les décideurs politiques, il y en a de deux types : ceux qui ont connaissance évidemment de ces manipulations, ce sont les macronistes, mais aussi a minima tous ceux qui ont été aux commandes, dont évidemment le PS. D’ailleurs, mon dernier mail vers une certaine Ayda Hadizadeh était resté sans réponse. Peut-être qu’y avoir écrit clairement être conscient que les socialistes étaient dans le combine - avec toutes les conséquences que cela implique sur la « sincérité » des prestations de leurs députés, aussi positives soient-elles au premier abord pour les enseignants – et en plus de constater que le PS n’avait donc pas l’intention de dénoncer quoi que ce soit sur le sujet … n’aura pas suscité quelqu’inspiration que ce soit en réponse.
Ce premier type de décideurs ont donc une impunité, un blanc-seing car pouvant faire comme s’ils ne savaient pas, comme si les problèmes rencontrés par l’EN publique ne sauraient être dus à quelques sous-investissements.
Le deuxième type, ceux qui ne sont pas au courant de la combine – et qui ne doivent pas être très nombreux – peuvent ainsi soit continuer à ne pas être au courant – a minima ne pas réaliser à quel point cette instrumentalisation fausse les débats sur l’Education Nationale – soit à feindre d’ignorer qu’elle existe.
Concernant LFI je m’étonne qu’il n’y a toujours rien sur le sujet. Avec un récent retour mail de Paul Vannier qui s’engageait à relayer ma « contribution auprès de mes collègues et que nous continuerons à mettre en lumière ces artifices budgétaires, qui masquent en réalité une politique de désengagement de l’État dans les services publics ». Cette mise en lumière n’est toujours pas bien flagrante, et cela fait plus de trois mois que ces gonflements ont pourtant été officialisés par l’IPP. Un problème de priorités, sans doute …
Bref, contrairement à ce que pense F. Jarraud, non seulement il n’y a aucune raison de ne pas s’emparer de ces gonflements pour les dénoncer clairement, mais surtout ne pas le faire revient à rendre un gros service aux gouvernants qui ne manqueront pas de continuer ainsi impunément à manipuler sur la base de ces gonflements, avec donc leur caution … inespérée ? Surprenante ?
Et, évidemment sans surprise, le Café Pédagogique n’aura pas produit le moindre article sur ces gonflements de dépenses …
Quant aux syndicats, donc …
J’ai contacté tous les majoritaires. Une deuxième fois par mail/formulaire de contact pour communiquer le travail effectuer – un dossier exhaustif – sur le sujet.
Pour rappel :
https://blogs.mediapart.fr/eric-saizeau/blog/280825/1-le-scandale-du-gonflement-des-depenses-deducation-resume-et-liens
Une deuxième fois, par téléphone le cas échéant, puisque sans retour à l’issue de la première tentative.
Entre ceux qui n’étaient pas au courant, ceux qui faisaient mine de l’être ou de mal cacher le fait de n’en avoir rie à carrer … enfin pour ceux qui ont daigné répondre.
Concernant le SNALC, vu que J-R Girard est au courant, puisqu’il lit mes envois sur X, mais qu’il refuse de me parler, je ne peux qu’en déduire qu’il y a choix délibéré de ne pas s’en emparer, sans vouloir donc le confirmer. Ce fut le cas pur d’autres sujets …
Que dire de ses autres représentants, qui ont une telle facilité à botter en touche … ainsi sur FB ben … faut contacter la direction nationale parque comprends-tu c’est pas nous … ben c’est déjà fait, et donc … ?!
FO : je suis passé par FNEC FP FO, après une absence de retours mails, appel au siège, on me passe le SN du SNFOLC. La secrétaire était au courant de ces gonflements, mais lui ne semblait pas au courant, au début, mais évidemment il était au courant, après avoir … expliqué. De l’art ensuite de relativiser ce qui est un scandale, ce qu’il m’a reformulé ensuite par mail :
« Je continue à penser que la question soulevée n'est qu'un exemple parmi beaucoup d'autres de la communication officielle qui tend à torde la réalité pour justifier l'injustifiable ».
Je traduis le corolaire de ce genre de visions de ce suejt : comme il y a beaucoup de ce genre de « questions soulevées » - on ne parle pas de manipulations évidemment – finalement autant ne pas en parler du tout … puisque les autres « questions soulevées » n’auront pas non plus fait l’objet d’articles/dénonciations.
Oh, il s’était engagé à «proposer un article sur le sujet dans le prochain journal de notre syndicat qui devrait paraître à la fin du mois. ». Ben … n’a pas.
« SUD Education » ? Sans retour suite au message via formulaire, téléphone à SUD Education Paris. Le gars était sorti du bureau, au tel. Il aurait pu me proposer d’en reparler plus tard, de considérer la sujet – dont il n’était visiblement pas au courant – mais il m’a plutôt conseillé de voir avec mon antenne départementale, et puis bon, SUD Education « c’est un petit syndicat donc …» …
Ok, merci quand même !
« Le SNES-FSU » ? : il y a deux ans je n’avais pas eu de nouvelles malgré m’avoir affirmé qu’on me rappellerait … là je tombe sur une secrétaire très sympathique, à laquelle je signale n’avoir pas reçu de réponses à mon mail. Que j’enverrai donc à nouveau, sans d’autre réponse. J’avais demandé une nouvelle fois à pouvoir parler à S. Vénétitay. Ou bien à l’une des deux autres de ses co-SN, puisqu’elles sont là aussi pour ça. On allait me re contacter.
Evidemment aucune suite …
« CFDT Formation Éducation Recherche Publiques » ? :
« Nous transmettons votre message à votre syndicat de proximité, en copie de ce mail, le plus compétent pour vous répondre, et qui ne manquera pas de vous renseigner dans les meilleurs délais. ». Je vois qu’on lit bien les messages …
Evidemment, pas de nouvelles de mon « syndicat de proximité » …
« CGT Educ’action » ? Sans réponse mail – en fait erreur de mail pas mis à jour sur un des sites par lequel j’étais passé – appel tel. La secrétaire très réactive, je renvoie un mail qu’elle allait ensuite faire suivre et … plus rien. Même pas un retour mail de confirmation. Rien.
« UNSA Education ? » Après l’absence de retour mail, j’ai évité de perdre plus de temps, sachant quels sont ses « liens » avec les gouvernants qui nous écrasent …
Je me permets ainsi de livrer mon ressenti : ce qu’il se passe au niveau national ne fait que confirmer ce qui était déductible de cette inaction volontaire – sur des sujets importants – que je n’ai fait que constater depuis plus de 5 ans, quand j’avais décidé d’essayer de comprendre pourquoi on en est là.
Mais la question se pose quand même sur les causes plus fines qui ont amené à cette inaction volontaire : pour moi il y a avant tout une non volonté d’aller plus loin que le simple rôle superficiel consistant à rester dans des limites jaunes bien délimitées, consistant à ne pas interférer avec les gouvernants, et surtout pas aller sur le terrain de dénonciation, ce qui j’imagine serait considéré comme « faire de la politique » ... ce qui pour moi serait un argument complètement bidon.
Je pensais naïvement qu’il y avait des cellules – surtout concernant les syndicats majoritaires qui sont censé avoir un minimum de moyens – oeuvrant pour justement dénoncer les magouilles gouvernementales, et ce évidemment pour réellement nous défendre. Il n’en est rien, ou alors elle ne sont pas mises en oeuvre. On nous marche dessus, on nous fait passer pour des responsables des baisses de niveaux des élèves, on nous déclasse et aggrave nos conditions de travail, on nous impose des inclusions à tous prix mais sans les moyens nécessaires qui transforment la vie professionnelle de certains de nos collègues en calvaire, et tant de choses encore … mais les syndicats majoritaires n’en ont en réalité rien à carrer, car ne faisant absolument rien pour être en mesure de dénoncer clairement les manipulations et stratagèmes en tous genres qui facilitent la continuation de ces traitements indignes qui nous sont imposés.
Cette volonté claire des syndicats majoritaires de ne pas dénoncer ces gonflements, par donc les principaux intéressés, et correspondant pourtant à un levier exceptionnel pour faire pression sur les gouvernants, est de façon la plus éclatante qui soit la confirmation qu’il n’y a pas de volonté réelle de « faire le job », ce que je ne cesse de dénoncer. Et l’objet de cette publi est d’insister une fois de plus pour qu’une prise de conscience soit de plus en plus élargie sur la réalité de l’inaction des syndicats majoritaires qui en réalité donc ne veulent pas se donner les moyens de nous défendre. Et cela ne dépend pas du nombre de syndiqués, profitons-en : c’est avec des syndicats qui montreraient qu’ils sont là pour réellement nous défendre que nous pourrions avoir de l’espoir et donc que cela susciterait les adhésions, dans tous les sens du terme, ce n’est pas en faisant l’exact contraire que cela sera possible.
Mais nous avons encore des collègues qui continuent à être les idiots utiles de ce qui nous empêche tout optimisme : ainsi si nous en sommes là, si les syndicats ne faisaient rien/étaient faibles, ce serait à cause du trop faible nombre de syndiqués … sans (vouloir) voir plus loin et se demander si cela ne constituerait pas une inversion des causes et des conséquences …
Mais on pourrait aller plus loin : les causes de cette inaction syndicales sont pour moi plus profondes, et sur plusieurs niveaux, mettant en jeu les affinités et agendas politiques d’une part : et malheureusement l’avenir du système éducatif public en réalité n’intéresse aucun parti, malgré certaines apparences … Et – surtout – étant basées sur l’acceptation (tacite uniquement ?) de la continuation de ces sacrifices – de nos salaires et du système éducatif public) – permettant la maitrise de la masse salariale de l’Etat, profitant aux autres fonctionnaires … une acceptation constituant un compromis acceptable car permettant d’éviter aux centrales syndicales de s’engager dans un bras de fer avec les risques et dépenses d’énergie/investissements que cela impliquerait …
On pourrait aussi prendre en compte ce qui est probablement l’élément de base, par lequel tout le reste aura pu suivre : le fonctionnement des syndicats (enseignants en France). Contrairement à d’autres pays – comme le Canada – l’adhésion n’est pas obligatoire, et nous avons ici une mise en concurrence qui a par exemple comme conséquences que leur but principal, c’est de gagner les élections professionnelles, puis d’avoir le plus grand nombre de syndiqués. Faire ce qui devrait être leur objectif principal étant relégué très loin derrière …
Oh, dois-je préciser que je ne fais donc ici allusion qu’à l’action syndicale nationale, pas au rôle de service en général, ni aux actions locales des syndiqués/représentants qui font généralement le taf, et qui dans leur majorité – j’ai eu loisir de le constater si souvent – ne se rendent absolument pas compte que ce qu’il se passe en réalité au niveau national. Il faut aussi de croire que « c’est la base qui décide » … comme de si nombreux témoignages encore l’ont confirmé. D’autres encore aussi nombreux expliquant qu’arrivé à un certain niveau d’implication, de volonté d’en découdre, il ne fallait pas faire de zèle … et de la part de certains qui avaient ainsi préféré jeter l’éponge …
Il y a donc un autre sujet à aborder qui aurait le mérite d’essayer de comprendre précisément pourquoi nous en sommes à avoir des syndicats qui en réalité au niveau national ne sont pas là pour en découdre, bien au contraire.
Ce qui fait d’ailleurs penser aux « tables rondes » avec les députés de la commission des affaires culturelles et de l’Education de septembre, où les SN se sachant filmés sont « à fond ». Ce qui est à fortement relativiser …
Ainsi l’année dernière TOUS les représentants de cette entrevue avaient donc « oublié » l’arnaque de Macron et ses « 10 % pour tous les enseignants » de l’année précédente - qu’ils avaient de toute façon choisi de ne pas voir à l’époque – puisqu’il n’y en aura eu absolument AUCUNE mention, avant qu’évidemment l’arnaque soit devenue évidente.
Sont sympas, quand même, à ne pas vouloir remuer le couteau dans la plaie …
Cette année, c’était l’occasion de dénoncer ces gonflements des dépenses d’éducation, et donc … RIEN sur le sujet !
Oh si, une espèce d’allusion timide par S. Vénétitay sur les dépenses qui en réalité n’auraient pas augmenté : « Quand on regarde le budget [de l'Éducation nationale], il faut enlever la question des pensions. Or, quand on les enlève, le budget de la mission augmente de 0,42% en euros courants mais baisse de -1% en euros constants. ».
https://x.com/Ithyphallique/status/1968393875547979975
C’est bien en-dessous de ce qu’il fallait dénoncer, d’abord de façon peu claire, mais ensuite sans invoquer ces gonflements de pensions, sans parler de l’évolution depuis 2006, et surtout quand on parle du budget de l’EN, il y a déjà deux autres paramètres – mais il y en a d’autres encore - qui permettent de le gonfler : la masse salariale des AESH, et le fait d’inclure les cotisations de pensions non fonctionnaires.
Voir : https://blogs.mediapart.fr/eric-saizeau/blog/170925/gonflement-des-budgets-de-len-13
En fait cette intervention de la SN du SNES-FSU laissait à penser qu’elle était parfaitement courant de ces gonflements – le contraire serait de toute façon hallucinant – mais qu’elle avait donc sciemment choisi de présenter les choses de façon politiquement correct. Et beaucoup trop, évidemment Ben oui, quoi, on ne va pas manquer de respect aux députés de la commission en dénonçant des manipulations de l’Etat français aux niveaux national et international qui permettent de continuer tranquillement le travail de destruction de l’EN publique par des gouvernant devant continuer l’application de leur programme néolibéral …
Quelle idée.
Ainsi je repose la question, en attendant sans grand espoir, qu’une réponse rationnelle me soit apportée :
Comment expliquer qu'aucun des syndicats majoritaires n'aient voulu dénoncer les gonflements des dépenses d'Educations ?
Remarques :
1) Le SNALC a produit un article concernant la proposition de C. De Courson de mettre en place une caisse séparée - et « autonome » - de retraites pour les fonctionnaires :
https://snalc.fr/lirritante-question-de-la-retraite/
C’était évidemment l’occasion de parler des gonflements des dépenses qui découlent donc des déficits de la caisse des fonctionnaires, mais évidemment il n’y en a aucune trace.
Cet article reste très superficiel et dénote une absence de maitrise réelle des enjeux et éléments abordés par C. De Courson. Par exemple, comme il n’avait, dans ses calculs, pas pris en compte certains déséquilibres démographiques, il était arrivé à un taux de contribution de l’Etat de plus de 40 % pour la retraite des fonctionnaires, soit un taux qui serait très confortable pour l’avenir, à comparer aux seuls 34,7 % de l’IPP (mais donc aussi du CAE qui l’avait repris), qui était d’ailleurs encore surestimé. Surtout et comme déjà dit ce qui serait un alignement sur le CNRACL ne serait pas du tout un avantage pour l’Etat qui ne pourrait plus ainsi continuer à paupériser ses fonctionnaires dans l’opacité qu’il aura entretenue et qu’il semble donc pouvoir entretenir encore.
Pour le redire clairement : les gouvernements successifs ont instrumentalisés les déficits de la « caisse » de retraites de l’Etat pour pouvoir paupériser en toute discrétion ses fonctionnaires, avec les gains de plus en plus importants pour les finances publiques. Ce ne serait pas à son avantage d‘aligner les fonctionnaires sur le même système que la CNRACL, surtout arrivés où on en est avec une masse des pensions qui commencera bientôt à baisser en euros constants …
2) Le syndicats « Action et Démocratie » est le seul à avoir produit un article – qui sera resté cloitré sur leur site Internet – concernant les gonflements de cotisations :
https://actionetdemocratie.com/budget-education-depenses-surestimees-2025/
Article faisant suite à la publication du CAE qui reprenait donc en partie les résultats de l’IPP, et confirmait l’instrumentalisation par l’Etat français des déficits de sa « caisse » pour gonfler les dépenses d’Education. L’explosé est plutôt clair, mais reprend la même « pudeur » dans sa dénonciation. Pas de mention non plus de la Cour des Comptes qui est instrumentalise et activement et cyniquement ces dépenses, ni de graphique montrant l’évolution de ces surcotisations depuis 2006.
Il aurait été aussi bon, comme indiqué plus haut, de compléter cet article avec le Regard sur l’Education 2025 qui permet de démontrer l’ampleur de la tromperie des gouvernants français au niveau international …
Surtout, cet article est donc resté confiné, sans aucun écho extérieur, et cela est bien dommage. Sans même parler du fait qu’il n’est pas mis en avant sur la page d’accueil du site … ?!

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