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Billet de blog 26 janvier 2022

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Mélenchon, le meilleur ennemi de la gauche

Si on m’avait dit un an avant l’élection présidentielle de 2017 que j’allais voter pour Jean-Luc Mélenchon, je n’y aurais jamais cru. Cinq ans plus tard, je crois toujours en sa capacité à transformer le pays, mais hélas moins en sa capacité à rassembler et à gagner.

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Désespéré par le quinquennat d’Hollande, je me suis juré de ne plus jamais voter PS. Lors de son intense campagne de 2017, je me suis pleinement reconnu dans le constat que dressait JLM des enjeux auxquels nous sommes confrontés en tant que société, que pays, mais aussi en tant qu’espèce : le besoin de justice fiscale et de lutter contre la fraude massive, le besoin de services publics forts au services de tous, la lutte contre toutes formes d’inégalités et d’injustices, et la planification d’une transition écologique pour répondre à l’urgence qui nous menace tous.
Son programme me semblait être le seul à pouvoir changer le destin du pays, avec une véritable vision du bien commun et de l’intérêt général.

En 2022, malgré un programme à jour et renforcé, malgré le travail des infatigables députés insoumis pour défendre les intérêts du peuple à l’Assemblée Nationale, LFI semble ne s’adresser qu’aux convaincus. Pourtant combien d’électeurs de gauche pourraient se retrouver dans ce programme ? C’est d’ailleurs un des arguments des insoumis dans les médias : si on teste leurs propositions fortes “à l’aveugle” (sans révéler leur provenance), elles sont majoritairement approuvées.

Alors où est le problème ? On peut rêver d’un monde où l’élection présidentielle serait la rencontre entre les français et d’une équipe avec son programme, mais dans la réalité les français votent pour une personne. Peu importe que les arguments soient rationnels ou basés sur des pré-conçus, mais le fait est que Mélenchon rebute. Et il n’a aucune chance de convaincre ceux qui lui sont allergiques de voter pour lui.

Si l’objectif de trouver une réserve de voix en mobilisant largement les abstentionnistes est louable, cela semble mal engagé. Pire, en étant capable de discours brillants et en même temps de saillies navrantes, Mélenchon va jusqu’à décontenancer les fidèles de LFI, qui ont presque hâte de le voir se mettre en retrait.

JLM est une bête de campagne, il a construit un parti, un programme fédérateur, mobilisé toute une nouvelle génération, réalisé 17% en 2017, mène un groupe de combat à l’Assemblée Nationale. On comprend donc aisément qu’il n’ait eu aucune raison de céder sa place à la présidentielle, ni de se ranger derrière qui que ce soit. Mais sa marge de manoeuvre est très limitée : non seulement la défaite est hautement probable, mais il n'est en plus même pas certain de pouvoir réitérer son score de 2017.

Malgré son engagement et l’héritage qu’il laissera, il pourrait lui être reproché de ne pas avoir su voir au-delà de lui même pour unir la gauche. L'union ne s’est pas fait pour diverses raisons : parce que sa personnalité est clivante, parce que ”la République c’est moi”, mais aussi parce que le PS et EELV n’en n’avaient aucune envie. Qu’aurait-il pu faire face aux petits calculs du PS ou à Jadot qui s’entête à croire que son moment est arrivé ?

Pourtant on ne peut pas s'empêcher de se demander si la situation aurait été différente s'il avait laissé la place à Autain ou Ruffin. Et si Rousseau avait gagné la primaire EELV. Auraient-ils pu trouver une entente ?

Après la défaite, Mélenchon aura toujours un rôle à jouer à gauche, mais plus en retrait. Et ce n’est peut-être pas plus mal. Débarrassés de l’encombrante ombre du leader, d’autres pourront prendre le relais et tenter de construire un projet plus fédérateur et collaboratif.

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