Jonida et Admir sont albanais et en France depuis septembre 2021 avec leur trois enfants, Mishel, petite fille de 4 ans, leurs fils Ensar et Haris de 9 et 7 ans.
Menacés d'expulsion malgré menaces de mort
Ils sont menacés d'expulsion malgré les menaces de mort qui pèsent directement sur Admir qui s'est trouvé au mauvais endroit au mauvais moment dans son pays. Ces menaces ont rendu indispensable leur départ sans tarder. Toute la famille vivrait dans cette menace directe en cas d'expulsion. Elle vit déjà dans cette crainte de retour imposé. L'obligation de quitter le territoire français (OQTF) prononcée par le préfet du département a été depuis, confirmée en appel malgré le soutien manifestée devant le tribunal le 6 décembre dernier.
Les trois enfants sont scolarisés à l'école Jules Ferry de Cébazat (en périphérie de Clermont-Ferrand). Ils sont ravis de venir à cette école, d'y travailler avec assiduité, ravis comme le sont leurs enseignantes en retour. Ils s'y sont fait des camarades comme tous les enfants du monde, une vraie planche minimale de salut pour maintenir un minimum d'équilibre dans cette situation incertaine et menaçante qui vient de s'aggraver, un minimum de normalité... mais poursuivons. La solidarité des parents de l'école Jules Ferry de Cébazat s'est concrétisée notamment par une manifestation publique le 2 décembre dont nous en avons rendu compte.
Une famille intégrée...
Cette famille est déjà bien intégrée : outre la scolarisation satisfaisante des enfants malgré leur angoisse d'enfants qui, selon l'âge, comprennent ce qu'ils et elle peuvent, les parents ont appris le français en un an et suivent des cours de français. Le niveau de production et de compréhension de Jonida, leur mère, est remarquable. Elle participe à des activités bénévoles au « Secours Catholiques ».
Rappelons ce que Martine Roussel, RESF63, a dit à sa sortie du tribunal le 6 janvier :
« Je voudrais dire un petit mot pour le courage de cette famille. Jonida s'est exprimée toute seule devant ce tribunal où il y avait juste un assesseur et un secrétaire. Vraiment chapeau car pour prouver son intégration !... S'ils ne savent pas qu'elle est intégrée c'est à désespérer de tout ! »
Aujourd'hui vise-t-on l'intégration ou l'expulsion quoiqu'il en coûte dans l'indifférence des vies qui se jouent, se nouent quitte à les perdre … bref, jugeons par charter, par lot, puisqu'il faut du chiffre et rien à dire sur les situations particulières... « Mais s'il fallait les prendre en compte, nous ne pourrions plus appliquer notre politique, monsieur » entend-je dans la tête.
… quitte à la désintégrer sans hébergement et sans revenue
Logés dans le centre d'accueil des demandeurs d'asile (CADA) de Cébazat où je les ai rencontrés à plusieurs reprises, voilà que la confirmation de l'OQTF impose de quitter ce CADA au 31 janvier sans aucune solution avant. Ils ne pourront contacter le 115 (le numéro pour les sans abris) pour un hébergement d'urgence que le 31 janvier pour éventuellement être hébergés quelque part, pour la nuit du 31 au premier février et les suivantes sinon c'est la rue pour la nuit en plein hiver. Cinq personnes dont trois jeunes enfants : révoltant, déshumanisant, écœurant !
Pas du secours mais la solidarité
Face à cette situation inhumaine dans un pays dit civilisé qui rappelle bien souvent au lointain son attachement indéfectible et universel aux droits humains sans se regarder soi-même, une annonce a été postée début janvier par des parents d'élèves solidaires s'adressant aux autres parents de l'école. La voici :
« Dans son pays, Jonida est pédo-psychologue, son mari, Admir est assistant-prothésiste et fait du dépannage électro-ménager. Ils ont tout quitté, travail, famille, confort et maison sur la plage pour sauver leur vie et celles de leurs enfants.
Les enfants sont scolarisé à Jules Ferry avec nos enfants et ont de très bons résultats et ne manquent jamais l'école. Fin janvier, ils doivent quitter le CADA de Cébazat sans ressources ni logement !
Je lance donc une bouteille à la mer pour leur trouver :
un travail (promesse d'embauche), contrat CESU ou n'importe quelle source de revenu.
un logement vacant à leur proposer à titre gracieux (via une association avec exonération d'impôts, charges payées par les dons d'une association...).
Qu'ils soient au moins à l'abri cet hiver !
Avec les parents d'élèves, nous faisons le maximum et sommes démunis pour cette famille qui veut juste vivre en sécurité. Ils ont appris le français, ont un vélo et la T2C pour se déplacer, sont respectueux et veulent travailler.
Merci »
SOS solidarité hébergement
Cette situation particulièrement dramatique, appelle un SOS solidarité-hébergement mais aussi un SOS travail pour assurer un minimum de subsistance dans de brefs délais.
Vous connaissez peut-être une association, une ONG qui pourrait assurer au moins l'hébergement en urgence si possible à Cébazat pour éviter aux enfants une déscolarisation qui les affecterait gravement quand déjà leur moral est durement affecté. Vous connaissez, vous avez peut-être un hébergement vacant, un travail... Maintenant c'est du sauvetage qui réclame une solidarité concrète, rapide et de proximité si possible permettant le maintien de la scolarité des enfants à Jules Ferry de Cébazat. Toute proposition sera transmise. Loin, sans proposition, vous pouvez témoignez votre solidarité en trouvant les mots délicats qui la manifeste...
Pouvez-vous entendre dans le chaos de l'actualité cette angoisse, ce désarroi, cette incertitude destructrice par une situation qui menace l'équilibre psychique, la santé tout court, que vivent jour après jour enfants et parents ; nos frères, nos sœurs, nos enfants en humanité ... ?
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Appel | Uni·es contre l’immigration jetable. Pour une politique migratoire d’accueil