Georges-André (avatar)

Georges-André

Psychologue en retraite - Photographe et Journaliste-citoyen - Militant comme je peux encore...

Abonné·e de Mediapart

351 Billets

6 Éditions

Billet de blog 29 avril 2020

Georges-André (avatar)

Georges-André

Psychologue en retraite - Photographe et Journaliste-citoyen - Militant comme je peux encore...

Abonné·e de Mediapart

Confinement-déconfinement: libertés sous surveillance 2/3

Le chef de l'état en a imposé la date. Au vu de la situation actuelle à bien cerner, des carences d'un dispositif incomplet, reposant sur de nombreuses hypothèses hasardeuses, le déconfinement nécessaire présente de nombreuses failles dans la protection. Nous risquons une nouvelle explosion épidémique. Le Covid-19 doit être reconnu partout comme maladie professionnelle.

Georges-André (avatar)

Georges-André

Psychologue en retraite - Photographe et Journaliste-citoyen - Militant comme je peux encore...

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Trois volets pour aborder le sens et l'actualité du confinement Macron, du déconfinement et la mise en place progressive d'une société de surveillance par la surenchère technologique. Pour trouver ou retrouver les volets 1 et 3.

Confinement-déconfinement: libertés sous surveillance 1/3 : épidémie et confinement

Confinement-déconfinement : libertés sous surveillance 3/3 : libertés fondamentales menacées par la société de surveillance technologique

DECONFINEMENT DE TOUS LES DANGERS

L'objectif de déconfinement ne peut être mis en cause sauf à rester confiné.es pour la plupart, sans vie sociale et culturelle pour tous quand par ailleurs ceux et celles qui travaillent hors domicile sont dans la crainte et le risque, activités essentielles ou pas.

L'enjeu de ce qui est appelé improprement « déconfinement » est triple : revenir progressivement à des activités hors domicile, mettre fin à un régime où les libertés fondamentales sont suspendues et éviter à tout prix une nouvelle explosion épidémique.

Cet enjeu pose trois questions fondamentales

1 - A quelle date peut-on considérer que le risque de contamination est le plus faible possible malgré la présence du virus circulant ?

2 - Quels dispositifs mettre en place pour minimiser le risque de contagion ?

3 - Quelles étapes pour une progressivité qui ménage des transitions permettant de gérer correctement le volume de nouvelles contaminations ?

La première question ne se pose plus, le président a tranché mais certainement pas avec cette question en tête : le 13 avril, il a déclaré souverainement : ce sera à partir du 11 mai. Pourquoi cette date ? Aucune explication ne nous a été fournie. Certes, nous n'imaginons pas que devant lui se présentant un calendrier jeté sur une large table, yeux fermés, il aurait pointé le doigt ! Cette décision y ressemble pourtant, tant elle semble découler de la seule pensée présidentielle qui a visiblement amené ministres pour le moins hésitants et haut-fonctionnaires à fabriquer au plus vite, improviser un plan général et détaillé, définir et trouver des moyens de protection, bref faire en sorte que tout soit prêt au jour J.

Après les déclarations rassurantes, les improvisations multiples, les changements de pied incessants, le flou et le brouillard des décisions et précisions, les questions sans réponse pour n'aborder ni coût, ni choix, ni raisons véritables de décisions erratiques, ni garantie de livraison de commandes bien trop tardives pour ne rien assumer des erreurs et des fautes politiques, décider que les conditions seront réunies pour déconfiner progressivement à partir du 11 mai renvoie à Nostradamus ou si vous préférez, à des hypothèses pour le moins hasardeuses. Cette manière de prendre seul une décision qui engage le peuple entier dans une aventure qui pourrait tourner au cauchemar, est un véritable défi à l'intelligence collective. De quoi augmenter la défiance. Donc, le 11 mai c'est décidé, pertinent ou pas, bien ou mal choisi.

Le discours du premier ministre devant 75 députés réunis à l'Assemblée Nationale ce 28 avril a heureusement corrigé cette impression de déconfiner quoi qu'il arrive à partir du 11 mai et l'a montré plus circonspect, plus prudent. Le 7, selon les indicateurs retenus, la décision sera prise ou non. Pouvons-nous encore ajouter du crédit à ces baratineurs de haut-vol après tant de mensonges jamais assumés toujours niés ?

 Une situation à cerner

Pour répondre aux deux autres questions sans plonger dans un plan imprécis, incomplet, qui repose sur bien trop d'hypothèses volatiles, il me paraît nécessaire de l'aborder sous l'angle des conditions à mettre en place dans une situation cernée et de les évaluer au regard de quelques points saillants de ce dispositif.

La décontamination pose mille et une questions pratiques non résolues qui sont pourtant les maillons d'une chaîne dont les plus faibles laissent place à la contamination. Dans la généralité, tout peut être esquivé ou résolu, tout va de soi dans la construction théorique, comme si le réel des situations extrêmement diverses n'était pas plus complexe y compris avec moult conseils et précautions prodiguées.

Au risque d'une nouvelle explosion épidémique

Le virus circule, toujours hautement contagieux et pathogène. Il peut contaminer tout autant, aussi bien, aussi vite que depuis son apparition en Chine, en Europe, en France. Pas de mutation(s) en vue pour l'inactiver ni de saisonnalité, ni de disparition bienvenue.

En aucun cas, le processus de déconfinement ne doit déboucher sur une autre explosion épidémique même si une augmentation des contaminations est à prévoir inévitablement. Tout est donc une question de quantité, impossible à prévoir réellement. Le reste n'est qu'estimations avec de multiples hypothèses incertaines qui, à l'épreuve des faits ne seront pas toutes vérifiées quand toutes devraient l'être pour éviter l'explosion. De cette quantité, par unité de temps, de nouveaux contaminés, nouveaux malades, nouveaux intubés, nouveaux décédés fera la différence entre le gérable-supportable et le cauchemar qui serait plus violent que cette première explosion épidémique renvoyant à un reconfinement impossible, peut-être à cet écroulement dont le Premier Ministre a nommé à ceci près : qui s'écroulerait ?

Les conditions sanitaires actuelles

La situation dans les hôpitaux est toujours périlleuse, tendue est un euphémisme. Au plus fort de l'épidémie, le 14 avril pour les hospitalisations le chiffre était de 32 292. Pour les réanimations, le 8 avril, le chiffre était de 7 148. Le 28 avril, les deux chiffres respectifs sont de 27 484 et 4 387. Malgré la baisse importante, le nombre de patients en réanimation et hospitalisés reste élevé. Toute nouvelle poussée épidémique, partant d'un niveau plus élevé qu'avant cette pandémie amènerait une situation bien difficile ; c'est peu dire si elle dépassait les capacités d'accueil amenant le tri des patients au nombre de lits disponibles.

Le personnel soignant des hôpitaux, toutes catégories et qualifications, a donné une énergie considérable dans une lutte collective qui se poursuit. Il n'est pas difficile de comprendre qu'après cette lutte pour faire face et tenir, bien des épuisements peuvent se produire. Repartir en première ligne pour une nouvelle explosion serait hasardeux d'autant que des soignants sont contaminés, ont été contaminés avec le destin variable d'une personne à une autre. Combien sont morts ? Combien ont dû être admis.es en réanimation ? Combien sont aujourd'hui capables de travailler ? La réserve sanitaire semble avoir été davantage un élément de langage pour « rassurer » qu'une réalité qui a pesé sur le terrain. Mystère et secret ! Dans ce contexte, comment pourraient-ils faire face à une nouvelle vague forte de malades malgré tout leur courage ? Dire que l'hôpital a tenu ne rend pas justice aux soignant.es : ce sont elles et eux qui ont tenu l'hôpital pour sauver les patients. Cette situation, cette question est la même pour tous les milieux collectifs, Ehpad en particulier.

La connaissance du virus a certes progressé mais pas de vaccin, pas de traitement avéré, indiscutable ce qui laisse le champ libre à pas mal d'essais et d'erreurs, autrement dit d'espoirs et de déceptions pour un traitement qui émergera certainement mais à une date indéterminée.

Dans ces conditions, le déconfinement même progressif est un défi, plus encore, un pari et un pari hasardeux. Il faudra attendre quelques semaines, fin mai pour voir si le chiffre des contaminations et des malades reprend et reprend assez pour remettre en cause les conditions du déconfinement voire le déconfinement lui-même.

Bref, nous avons à apprendre à nous protéger de la contagion en milieu progressivement ouvert.

Demande de sécurité vs vivre avec le risque

Depuis des années, les pouvoirs successifs en France et dans le monde n'ont pas cessé de parler, de marteler à tout propos de « sécurité ! » pour justifier par l'urgence et l'exception de toutes les atteintes aux libertés organisant toujours davantage une société de surveillance et de sanctions, aujourd'hui technologiquement bien au point comme le pratique le gouvernement chinois. La sécurité est un concept manipulable et il fut et reste manipulé : les mesures liberticides successives ont plutôt démontré leur inefficacité pour une meilleure sécurité mais démontré leur efficacité pour fliquer, surveiller, contrôler et réprimer. Nous vivons dans un monde, une société de plus en plus insécure sur bien des plans : ségrégation insupportable par l'urbanisation, précarisation des emplois et des carrières, menaces des conséquences du dérèglement climatique, menaces terroristes qui s'étendent et ne s'éteignent pas, dirigeants de grands pays totalement étrangers à la notion même de droits de l'homme, de dignité humaine etc...

La « sécurité » a été bien vendue dans la panoplie terminologique de l'idéologie libérale pour masquer l'insécurité qu'elle génère. L'insécurité progressant, la demande de sécurité a progressé jusqu'à cette mise en balance fallacieuse avec nos libertés, la démocratie même alors que ces libertés fondamentales sont au premier chef nos sécurités fondamentales par rapport au despotisme et la violence de l'arbitraire ! Comme si libertés et sécurité s'opposaient alors qu'elles sont deux faces indissociables ! Digression ? Avez-vous bien réalisé que nous allons devoir vivre non plus dans une demande de sécurité aliénante et illusoire mais vivre quotidiennement le risque ! Risque de la contamination, le premier, le plus évident, le plus anxiogène (quoique la misère...), risque qui s'est invité, peut-être pour longtemps, en mois sûrement ou en années, probable.

Parce que nous avons besoin de sécurité et pour élargir cette sécurité qui aujourd'hui semble bien réduite, il nous faudra apprendre à vivre dans ce risque durable et bien d'autres. C'est très exactement ce que la situation climatique nous apprend et nous impose. Le Sars-cov2 nous le fait toucher du doigt plus encore que les phénomènes météorologiques extrêmes que nous vivons maintenant avec une fréquence inégalée. Vivre avec le risque ne signifie pas prendre tous les risques mais assumer ce risque et le minimiser collectivement d'abord, individuellement ensuite.

Collectivement signifie que nous devons bénéficier tous et toutes des conditions qui minimisent le risque de contamination sans réclamer ou attendre le risque zéro qui n'existe pas, sauf à vivre reclus indéfiniment. Le risque alors s'inverserait avec les dégâts que la réclusion peut faire, plus important dans la durée que le risque viral. Apprendre à raisonner autrement qu'en blanc et noir devient vital ; raisonner autrement qu'en binaire, 0 ou 1, mais à combiner avantages et inconvénients dans un optimum dynamique. La pensée complexe est à l'ordre du jour pour faire face aux défis actuels et ceux qui sont à venir.

Le déconfinement façon Macron-Philippe organise-t-il un optimum pour un risque réduit ou comme jusqu'à aujourd'hui combine-t-il arguments mensongers et changeants, verticalité des décisions du monarque tout-puissant entouré de ses conseillers choisis, mise en danger pour raisons idéologiques où l'emploi est un cache-misère pour de fortes complicités avec les plus riches et leurs profits qui savent éviter l'impôt par l'évasion fiscale (ou la fraude) dans les paradis fiscaux y compris en Europe. Juste quelques dizaines de milliards !

Déconfinement et « redémarrage économique »

La raison première du déconfinement, ne soyons pas dupes, c'est bien de permettre « à l'économie de repartir » en libérant les parents de la garde à la maison de leur marmaille même si, retrouver le chemin de l'école est réellement bénéfique pour tous les enfants, particulièrement les plus défavorisés ! M. Blanquer n'en a eu cure lui et son école de la confiance quand il sabre les moyens ! Commencer par le retour à la maternelle des petits bouts de choux puis poursuivre par le primaire, attendre le 18 mai pour les collégien.nes de 6ème et 5ème, fin mai, peut-être, pour les lycéen.nes ou en septembre et reporter à l'année universitaire prochaine la rentrée des étudiants vaut démonstration. L'inverse eut été plus sérieux, moins risqué mais des plus petits au plus grands, c'est libérer le plus vite possible les parents pour retourner au travail, quand les autres peuvent, un temps, se garder tout seul (?).

Retour à l'économie mais laquelle ? La même qu'avant ? Pour le seul profit des actionnaires ? Et si on ne versait pas de dividendes cette année pour les reverser aux plus démuni.es, aux immigrés, aux quartiers en déshérence, aux SDF, aux personnes percevant le minimum-vieillesse ? Ou alors répondre au premier enseignement – à qui ne l'avait pas compris avant !!! - de l'épidémie : réduire la dépendance à l'égard de fournisseurs lointains en convertissant emplois et installations de nouvelles lignes de production nécessitant des investissements pour assurer soins, alimentation, productions de biens de première nécessité y compris « hors des règles du marché » ? La subsistance c'est pas les règles du marché, bien au contraire.

Carences des moyens du déconfinement

Nous savons tous maintenant que la meilleure manière d'éviter la propagation du virus combine le port du masque et son utilisation correcte, le gel hydroalcoolique et le lavage au savon fréquent des mains, la distance physique d'un mètre au moins (et c'est peu) avec un interlocuteur et, bien sûr, le test qui seul permet de vérifier la contamination et d'isoler tout.e contaminé.e avant qu'il contamine d'autres personnes à la chaîne. En l'absence de vaccination et de traitement, ce dispositif combiné, intégralement respecté est le seul qui protège assez pour vivre ce risque avec un minimum de sérénité. Un seul élément qui n'est pas respecté ouvre une faille béante dans la sécurité de l'ensemble.

Le vaccin : C'est pour quand le vaccin ? 2021 ? 2022 ? plus tard ? Les labos par l'odeur alléchés (du profit) sont sur la brèche mais le vaccin ne se décrète pas. S'ensuit une cascade de conditions pour éradiquer cette maladie à l'échelle mondiale. La solidarité planétaire est à l'ordre du jour sauf à risquer des conflits et guerres meurtrières, des migrations massives. De multiples personnalités militent pour que ce vaccin tombe dans le domaine public. C'est indispensable pour vacciner la planète sinon bien des états ne pourront pas payer pour l'obtenir et les plus pauvres seront les personnes vulnérables à la merci d'une épidémie que les vaccinés ne craindront plus. Il faudra produire sept milliards de doses de vaccins. Il faudra du temps et de multiples usines de productions. Avant cela, la question délicate et éthique : qui vacciner d'abord ? Il faudra organiser une logistique sans équivalent pour amener ces doses au plus près des populations les plus reculées, ce qui demandera la mobilisation de capitaux volumineux. On en est loin, très loin !

Du côté traitement : après le feuilleton « chloroquine », entre effets secondaires létaux et morbidité très faible des Bouches-du-Rhône, il subsiste quand même bien des questions et un soupçon de querelles entre spécialistes qui ne s'entendent pas. Pourquoi ne précise-t-on jamais les effets secondaires des personnes traitées contre le paludisme par la chloroquine ? N'existeraient-ils pas ? Les essais de traitements contrôlés divers sont accélérés mais pas de traitement en vue. Il serait assez intéressant qu'une substance traditionnelle à la portée de tous dans tel ou tel endroit du monde s'avère traitante. On peut attendre un certain temps long !

Du côté des tests : Pénurie il y a eu, pénurie il y a, malgré les promesses, contrairement aux affirmations élyséennes ! Il est assez évident, qu'un test rapide avec un appareil portable comme celui qui teste le taux de sucre dans le sang serait la meilleure des solutions. Mais ce testeur n'existe pas encore ! Une société normande l'avait mis au point, qu'en est-il ? Pas fiable ? Reste le test PCR qui ne peut concerner qu'une petite partie de la population : les soignants et ceux des chaîne de contamination ; si et quand ils seront repérés. Il n'y a pas assez de tests même pas pour tous ceux qui iront travailler dès le 11 mai et ceux/celles qui sont déjà au travail  ! Soit dit en passant les vendeurs de ces systèmes-propriétaires particulièrement onéreux (Roche et consort), contrairement aux machines des vétérinaires, réalisent un excellent chiffre d'affaire, pour ne pas employer une expression vulgaire, et ce ne sont pas les seuls en cette période. Discrétion sur les profits grâce au Covid.

On nous dit que la France pourra faire 700 000 tests par semaine. Un chiffre à mettre en face des millions de personnes qui reprendront le travail même progressivement. Ils seront exposés au virus et s'ils sont infectés, avant symptômes, infecteront. Bonjour l'ambiance au travail ! En plus, on pourra toujours leur dire que s'ils sont contaminés, c'est que les règles d'hygiène édictées n'ont pas été bien respectées... et le tour sera joué avec le cynisme et la violence du propos.

Les masques : Encore la promesse qu'il y en aura assez, pour tout le monde mais pas gratuit et pas distribués en double pour pouvoir les laver. Pas de blocage des prix en pharmacie non plus mais distribution des plans pour que chaque famille s'en tricote : comble et sacré culot ! La démission de l'état sur les communes et sur les familles ! L'état se décharge de cette responsabilité et chaque famille se les fabriquerait ! Comme si chaque « famille » était en capacité de les fabriquer !

Vous attendez des masques de l'état ? Il se défausse sur les communes pour trouver, commander, payer et être livré à temps, distribuer à leurs administrés peu avant le 11 mai ces masques en tissu. Principe de subsidiarité particulièrement avantageux. Les louanges et remerciements aux maires ne coûteront pas cher. Ce qui est promis et affirmé mais non prouvé comme quantité de choses depuis le début : chaque personne aura deux masques distribués le 11 mai, ce qui est pourtant un des éléments essentiels comme barrière à la contamination à l'air libre. A défaut... la barrière sera bien basse même avec les gestes-barrières et si, en plus,  la distance physique ne peut être tenue, plus de barrière !

Secret d'état bien gardé, opacité et brouillard, refus réitéré de répondre. La transparence vantée est de la poudre aux yeux de marchands de sable pour citoyens distraits ou en admiration. On n'en connaît ni le stock réel, ni la passation des marchés, ni le coût : rien. Seulement des promesses sur le ton calme du capitaine tenant fermement et tranquillement la barre, image rassurante à bon compte. Même le chiffre des commandes payées d'avance varient, sans garantie ni engagement de délai de livraison. On peut sérieusement penser que le renouvellement du stock de 2010, le maintien de la production française de masques auraient finalement coûté bien moins cher au budget malgré des coûts de production plus élevés avec le maintien de ces emplois et de la production. Bravo pour les économies, bravo pour Bercy ! Juste « un peu » court de dire que personne ne pouvait prévoir la pandémie ! Merci Monsieur Le Maire de refuser la nationalisation et la relance de la production de Luxfer, seul fabricant de bouteille d'oxygène pour laisser cette production mondiale au Royaume-uni. Pénurie ou coût prohibitif à la prochaine pandémie ? Indécence assumée de la secrétaire d'état auprès du ministre de l'Economie et des Finances, Agnès Pannier-Runacher. Courte vue rime avec profit et complicité.

Lire aussi : À Bruxelles, l’épidémie n’a pas encore mis à mal le dogme du libre-échange

COVID-19, maladie professionnelle

Pour le déconfinement progressif dans une situation de protection toute relative, dès le 11 mai et rétroactivement, le Covid-19 doit être classé comme maladie professionnelle pour toutes les professions, pas seulement pour les soignants, sans exiger une preuve de l'avoir contracté sur son lieu de travail. Elle devrait être déclarée telle dès qu'un salarié ou un indépendant le contracte.

C'est un préalable indispensable à la reprise du travail en particulier pour les enseignants qui devront, devraient tous être testés, avant leur rentrée devant des élèves. La reconnaissance et l'indemnisation de cette maladie professionnelle concerne aussi les agents territoriaux, titulaires ou contractuels. Elle ne doit pas reposer sur le budget communal, départemental ou régional mais sur l'assurance-maladie. L'indemnisation des personnels relevant de la fonction publique hospitalière, titulaires ou contractuels ne doit pas reposer sur le budget de l'hôpital mais également sur l'assurance-maladie dont le budget pour le risque « maladie professionnelle » doit être substantiellement relevé autant que de besoin. Sans une solide protection permanente, risquer le Covid-19 et sa vie en travaillant, donne à la Nation ce devoir de solidarité à travers la reconnaissance de la maladie professionnelle. Séquelle ? Vous avez dit séquelle ? Olivier Véran, ministre de la santé parle quotidiennement de « Guéris » et, depuis peu, « Retour à domicile ». Approximation ! Les séquelles neurologiques, pulmonaires et d'autres, consécutives notamment aux longues intubations amènent des patients à se rétablir en établissement de repos dès la sortie de l'hôpital, séquelles pas toujours liquidées totalement.

Emission de France 5 du 14 avril : Le magazine de la santé – Spécial Coronavirus.

Hypothèses hasardeuses - Erreur stratégique

En définitive, ce déconfinement repose sur l'hypothèse optimiste de deux masques par personne, d'un usage adéquat dès le 11 mai, et de leurs remplacements après lavages multiples. L'insuffisance manifeste des possibilités de test ou le refus de tests systématiques aux professionnels privés ou publics (sauf soignants), laisse le champ libre aux contaminations en chaîne avant l'isolement pendant la phase d'incubation ou asymptomatique. L'isolement lui-même hors du domicile est hautement problématique. La difficulté voire l'impossibilité de faire disparaître des lieux de contamination aisée, dans les transports, avec les jeunes enfants dans les écoles, partout où la distance physique ne pourra pas être respectée, en ville, en commerce et d'abord sur les lieux de travail, laisse de larges brèches ouvertes à l'attaque virale.  La réussite du déconfinement repose sur le nombre de nouveaux cas de contamination qui surviendront. Ce dispositif confus laisse une trop large place aux contaminations probables, premier pas vers une nouvelle explosion épidémique.

En n'organisant pas dès le début de l'épidémie les dispositifs à partir des territoires, des élus et d'associations au plus près du terrain, le chef de l'état s'est engagé résolument dans une stratégie de l'erreur où tout a ruisselé de sa pensée laissant ses ministres et le premier d'entre eux patauger dans des déclarations souvent contradictoires, démenties ou même pas, recadrées. Le confinement a masqué cette erreur stratégique. Le projet de déconfinement l'éclaire pour ce qu'elle est dramatiquement : cacophonie, incohérences, impasses, casse-tête insolubles.

Les responsabilités individuelle et collective sont requises mais dans ce contexte, elle ne peuvent suppléer aux carences, à l'à peu près, aux errances, aux responsabilités non assumées de l'état. C'est pourtant toute la population, particulièrement les plus mal lotis, peu visibles et si nombreux, qui devrait en supporter les conséquences si le déconfinement débouchait sur un échec et un cauchemar.

Dans le troisième volet nous aborderons la question des libertés suspendues, des moyens de surveillance, de l'organisation de nos sociétés désormais caduques. La Révolution de l'existant et du connu est en marche contrainte par les événements.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.