Ingouchie. Batyr Akhilgov, 38 ans, est avocat en république d’Ingouchie, la plus petite république de la Fédération de Russie. « Partout dans le Caucase du Nord », explique-t-il à Amnesty International, « le nombre de disparitions forcées augmente et la torture est systématiquement pratiquée lors des interrogatoires ». Une répression qui vise en premier lieu les « membres supposés de l’organisation Imarat kavkaz (l’Émirat du Caucase), “ des salafistes entretenant des liens avec Al Qaïda ”, selon les autorités ». Pourtant, explique Batyr Akhilgov, « cette organisation est issue du mouvement nationaliste tchétchène. Les actions répressives du pouvoir, bien plus qu’une influence islamiste extérieure, ont provoqué sa radicalisation. Cela dit, sur le terrain, elle fait figure d’organisation fantôme. Elle sert d’épouvantail aux autorités et leur permet de justifier des exécutions extrajudiciaires ».
Vietnam. « La République Socialiste du Vietnam reste un régime dictatorial qui est en pleine campagne de répression tous azimuts, et en particulier contre ceux qui exercent leur liberté d’expression en ligne. Ainsi, alors même que le Premier ministre vietnamien rencontrait le Président de la République François Hollande et le Président du Sénat Jean-Pierre Bel (mercredi 25 septembre), on apprenait que la police vietnamienne mettait sous les verrous deux blogueurs et le frère d’un avocat des droits de l’Homme, après avoir brutalement interrompu leur dîner avec leurs familles et leurs proches. » Nhat Vo Tran rappelle les atteintes à la liberté d’expression au Vietnam (ainsi qu'au Cambodge et en Thaïlande), tandis que Benjmin Stora se souvient de sa rencontre avec le général Giap, disparu le vendredi 4 octobre.
Allemagne. Le 3 octobre, l’Allemagne célèbre la réunification, rappelle Kai Littmann. Ou plutôt « l’unification », car « jamais, l’Allemagne n’avait existé dans les frontières d’aujourd'hui ». D’ailleurs, « presque un quart de siècle plus tard, les deux parties de l’Allemagne sont toujours assez séparées. Non pas par une frontière meurtrière, mais dans la tête des gens »: « Tandis que bon nombre d’habitants de l’ex-RDA pleurent encore aujourd’hui les avantages d’un système social très développé (...), à l’ouest du pays, ils sont nombreux à toujours regarder les habitants à l’est du pays comme des “frères pauvres” vivant dans un pays que l’on ignore toujours.»
Brésil. « Amarildo de Souza, habitant de la favela Rocinha à Rio de Janeiro, qui avait disparu le 14 juillet, après que la police militaire l’ait embarqué, est mort suite aux tortures subies lors de son arrestation. D’après les journaux, Amarildo de Souza aurait succombé à une crise d’épilepsie après avoir reçu des chocs électriques et avoir été asphyxié avec un sac en plastique. Des témoignages viennent confirmer l’utilisation de la torture sur d’autres détenus par la police militaire. Dix policiers de l’unité de police pacificatrice (UPP) dont le Major Edson Dos Santos sont soupçonnés de crime avec tortures ayant entrainé la mort et occultation de cadavre. » La violence de la police brésilienne est le sujet d'une discussion musclée entre Joanna Espinosa, auteur du billet, qui propose qu'elle soit démilitarisée, et Chouette59, qui veut voir d'autres responsables: « Focaliser la responsabilité sur la Police est subtil mais c'est la responsabilité des institutions et ceux qui sont au pouvoir qui devraient être pointées du doigt dans votre article. » La constitution du pays fête ses 25 ans. La plus détaillée du monde, elle pourrait être aussi la plus compliquée à réformer, estime le politologue Stéphane Monclaire interrogé par Lamia Oualalou.
Chili. Miriam Rosen a rencontré le photographe Claudio Perèz, « auteur de certaines des images les plus emblématiques de la lutte contre la dictature dans les années 80 », et également auteur d’un mur de portraits de disparus, le Mur de la Mémoire, installé « à Santiago, sous le pont Bulnès ». Claudio Pérez évoque la recherche des portraits, et son travail rappelle celui de la réalisatrice portugaise Susana de Sousa, auteure d’un film, 48, sur les victimes des 48 ans de la dictature de Salazar.
Mali. Opposée à l’intervention française dans son pays, l’ancienne ministre malienne de la Culture, Aminata Traoré, est interrogée par le journal César à l’occasion de sa venue au prochain festival littéraire Paroles indigo, du 1er au 3 novembre à Arles. Elle reste aujourd’hui plus que sceptique devant la politique conduite par François Hollande: « Nous sommes libérés selon la France officielle. Nous sommes en réalité recolonisés. Dans les fonds annoncés pour la reconstruction, le Medef est venu chercher sa part ! Donc on finance le développement ici pour pouvoir s’octroyer à soi-même des parts de marché ! Et on voudrait qu’il n’y ait pas de chômage, de migrants, ni de radicalismes religieux ? Je crois que la France se tire une balle dans le pied en mettant constamment sous le tapis les vraies questions. » La vraie question? Pour Kakadoundiaye, ce pourrait être le sort réservé au général Sanogo, à l'origine du coup d'Etat de mars 2012 : « Il semblerait que la menace, armée, et l'influence qu'exerçaient l'ex-Junte, y compris via des hommes politiques importants comme Mariko, soient en berne voire en passent d 'être éradiquées. Ce serait là, mais doit-on y croire, une des meilleures choses qui puisse arriver au Mali. »