Les bancs de l'école. « A la rentrée, le personnel enseignant, galvanisé par la prise de position courageuse de son nouveau ministre, attendait donc avec impatience le non-versement de sa prime. A ma grande surprise, je viens de la recevoir » : professeur dans un établissement ECLAIR de Seine-Saint-Denis, Emile Lanoë inaugure une nouvelle édition participative, Educateurs prioritaires. Et revient ainsi sur les primes pour les enseignants de ZEP, dont Vincent Peillon avait annoncé la suppression. Titcha, professeur d’anglais dans un collège du Val-de-Marne, s’inquiète de ses élèves: « Le “ cru ” de 6èmes de l’an dernier a été calamiteux, avec une forte proportion d’élèves très faibles, des cas sociaux lourds, de nombreux élèves ayant besoin d’aide psychologique voire psychiatrique. Les 6èmes de cette année s’annoncent aussi durs et faibles. »
L’opposition des enseignants du secondaire, pour lesquels « le primaire c'est l'horreur »: c’est précisément ce que redoute Sébastien Rome, directeur d’une école élémentaire à Lodève, qui rappelle le souhait ministériel de transformer le collège, « resté un “ petit lycée ” élitiste », pour lui faire relever « le défi de la scolarisation pour tous jusqu'à 16 ans ».
Mais avec quel genre d’enseignants, se demande Marie Cosnay, latin et français dans un collège du Sud-Ouest: des profs « que l'on veut saisir là, clouer. Que l'on veut tenir dans la caserne. Quelle peur, quelle peur s'exprime là : la peur qu'on s'échappe, la peur qu'on n'y tienne plus, à l'école, qu'on n'y tienne plus du tout, à la réussite de tous et à ce qui nous a fait rêver et nous lever le matin. Il faut alors y aller par la brimade. Vous mangerez ici. Vous resterez jusqu'à 17 heures. » Et l’on ne vous informera des changements de programmes que durant la semaine de la rentrée, regrette Laurence de Cock (histoire-géo), qui se réjouit toutefois de l’allègement de ces matières en 3e et première et terminale.
Un sondage cité par Claude Lelièvre « montre que les professeurs du secondaire invités à indiquer “ quel est parmi les domaines suivants celui qui doit aujourd'hui être traité en priorité ?”, sont 54% à mettre en premier “ les conditions de travail (relations avec les élèves, effectifs par classe, exercice sur différents établissements)” ». « Pour ma trente-sixième rentrée, je suis au trente-sixième dessous », lance C’est Nabum qui entame « une autre aventure en Segpa » (épisodes 2 et 3 ici et là).
A Bobigny, se réjouissait Bister la veille de la rentrée, « tous les enfants (des familles Roms du camp des coquetiers) pourront effectuer leur rentrée à l'école mardi prochain, fatigués sans doute, mais avec une véritable expérience de lutte collective et citoyenne qui les aura enrichis et rendus plus solidaires ».
Les bancs du tribunal. Qui est responsable, devant la justice, des contributions mises en ligne par les abonnés de Mediapart? C’est la question qui était posée vendredi 6 septembre à la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris, où étaient convoqués deux prévenus, Edwy Plenel, directeur de la publication de Mediapart, et Patrick F. (absent), blogueur sous le pseudonyme de Patrick Gabriel. Plaignant: Claude Guéant, ancien ministre de l’intérieur, objet d’un billet publié en février 2012 (et détruit depuis par son auteur) intitulé « Guéant: fasciste... forcément fasciste ! » et constituant selon lui une « injure publique envers un membre du gouvernement ».
Pour porter plainte en tant que ministre, Claude Guéant s’est donc adressé, conformément à la réglementation alors en vigueur, au ministère de la justice, dont la direction des affaires et des grâces a saisi le procureur général de la Cour d’appel de Paris, qui a évalué –positivement– l’opportunité de l’ouverture d’une enquête –qui fut donc conduite. Mais, plaide la défense de Mediapart, « pas un seul de ces actes n’a été conforme au droit de la presse », dont « on ne connaît pas le b-a-ba au plus haut sommet de l’Etat ». Mediapart demande à la chambre de prononcer la nullité de la procédure: les juges ne disent ni oui ni non et mettent la question en délibéré. Le fond n’est donc pas tranché : le directeur de publication d’un site participatif peut-il être mis en cause en tant qu’auteur principal, comme le réclame l’ancien ministre, d’un contenu dont il ignorait tout, tandis que son véritable auteur ne serait que complice? A suivre.