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Billet de blog 2 juillet 2024

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Hiéarchiser ses valeurs face au risque démocratique de l'extrême droite

Un appel de plus à faire barrage est-il encore nécessaire dans le cacophonie médiatique post-dissolution ? Au milieu d'un chaos médiatique et dans un moment qui pourrait marquer une rupture historique pour la France et pour l'Europe entière, prenons du recul et hiérarchisons nos valeurs.

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Le barrage républicain a fait long feu : ressassée à l'envie, ranimé à chaque élection, des alliances contre nature à géométrie variable, ce barrage a-t-il encore un sens comme arme contre une arrivée possible du Rassemblent National au pouvoir ?

A force d'efforts de respectabilité, de banalisation, de dédiabolisation et la rupture de nombreuses "digues", il peut devenir difficile de distinguer ce qui sépare encore le Rassemblement National des partis de la droite conservatrice.

Pourtant comprendre quelle est l'essence de l'extrême droite nationaliste et identitaire est clé pour prendre du recul par rapport à la situation que nous vivons. Je voix deux aspects fondamentaux et communs à tous ces mouvements dans le monde et dans l'histoire.

La désignation d'un ennemi

En premier lieu, l'extrême droite a besoin d'un "ennemi".

Cet ennemi est essentiel car il cimente et permet de capter des citoyens, de les mobiliser dans un combat commun et rassembleur. C'est bien là la raison pour laquelle les partis d'extrême droite sont presque tous xénophobes : l'étranger, cet "autre" si différent de nous et qui nous "menace" est facile à désigner comme coupable de tous les maux. En fonction du contexte il est juif, tsigane, musulman, africain, latino, sikh, chrétien, ... Cependant, les attaques se cantonnent rarement à lui. Un ennemi politique, en général à gauche, doit être dépeint comme un péril imminent. Quitte à une exagération à outrance, la polarisation du débat évite l'argumentation, on cherche à nous enfermer dans deux camps, eux et nous. La politique n'est plus alors un débat mais une posture, l'argumentation n'a plus le moindre effet, on est loyal à son camp ou on est un traître, il est avec nous ou contre nous. 

Ce n'est pas un hasard si dans les quelques minutes de son discours au soir du premier tour des législative, Marine Le Pen a appelé le pays se mobiliser pour na pas tomber dans l'"extrême gauche à tendance violente, antisémite et antirépublicaine"

Dans cet objectif, en France, l'extrême droite infuse dans les discours les termes pourtant sémantiquement absurdes d'islamo-gauchiste et d'écolo-bobo.

Et bien sûr l'ennemi n'est jamais vaincu, ou il est remplacé par un autre, avec un péril de plus en plus grand et de plus en plus imminent... Il est le carburant du mouvement.

L'extrême droite est anti-démocratique

En second lieu, tous les partis d'extrême droite sont foncièrement anti-démocratiques, au sens où ils n'entendent pas partager le pouvoir et permettre l'alternance. Les exemples sont légion, que ce soit dans les années 30 (Italie fasciste et Allemagne nazie) ou de nos jour partout dans le monde (Hongrie, Pologne, Inde, Italie, Trumpisme...), l'extrême droite de gouvernement s'attaque avant toute autre considération aux contre-pouvoirs, à l'indépendance de la justice et au pluralisme de l'information.

La défense de l'ordre est poussée à son paroxysme, et la culture du chef tend vers l'autoritarisme et la dictature.

Le RN participe aux élections démocratiques de notre pays, car c'est le meilleur moyen d'accéder à une légitimité pour ensuite changer les règles du jeu.

Hiérachie des valeurs

Ces deux points suffisent à disqualifier tout vote pour le RN. Les autres sujets, qu'il s'agisse des programmes, des individualités et des stratégies politiques, n'ont que peu d'importance au regard de ces enjeux démocratiques.

La constitution française définit un socle au dessus des autres lois; notre attachement à la démocratie doit être la valeur fondamentale avec laquelle on ne saurait transiger.
   
En ces temps sombres, privilégier d'autres considérations, aussi importantes soient-elles, de l'économie au social, de la sécurité à l'écologie, c'est prendre un risque insupportable. Faire des calculs électoraux comme la stratégie du désistement au cas par cas ou imaginer laisser le RN gouverner dans l'espoir de rebondir, c'est accepter de plonger dans une société violente post-démocratique.

Il n'est jamais agréable de voter contre ses idées, contre certaines de ses valeurs, pour un parti qui, en fonction de ses convictions, menace l'économie ou la cohésion sociale, pour quelqu'un que l'on exècre et qui nous méprise; mais nous donnons pas notre voix au second tour de ces législatives pour une simple personne. Les hommes et femmes politiques passent, leurs egos plus ou moins exacerbés sont peut-être insupportables, mais que valent-ils en face à notre avenir commun ?
 
On ne peut pas prendre le risque laisser l'extrême droite accéder au pouvoir, les conséquence seraient funestes et il n'y a pas toujours de seconde chance, 

Alors, dimanche prochain sans l'ombre d'une hésitation et sans arrière pensée, votez pour le candidat en meilleure position de battre le Rassemblement National et leurs alliés, tout le reste n'a finalement que bien peu d'importance.

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