Sarvenaz Ahmadi : la répression à Evin dévoile une crise des militantes
Sarvenaz Ahmadi, militante des droits des femmes, fait face à une grave détérioration de son état de santé suite à la répression à la prison d'Evin. Malgré l'urgence médicale, les autorités refusent de lui accorder une libération conditionnelle.
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Sarvenaz Ahmadi
Santé de Sarvenaz Ahmadi en péril
Sarvenaz Ahmadi, traductrice et militante des droits des enfants et des femmes, détenue depuis novembre 2022 à la prison d'Evin, a été transférée le mardi 23 août chez un neurologue en raison de la dégradation alarmante de son état de santé. Le médecin de la prison, après avoir examiné les résultats des tests et de l'électroencéphalogramme, a jugé son état très grave et a demandé une permission d'urgence pour qu'elle puisse recevoir les soins nécessaires. Cependant, les autorités carcérales ont refusé cette demande.
Arrestation et condamnation de Sarvenaz Ahmadi
Sarvenaz Ahmadi avait été arrêtée en même temps que son mari, Kamyar Fakoor, journaliste et compositeur, en novembre 2022. Tous deux avaient été accusés de "collusion et propagande contre la sécurité nationale". Kamyar Fakoor a été condamné à un an de prison, tandis que Sarvenaz a écopé de six ans. Elle est également connue pour son travail de traductrice, ayant notamment traduit le livre Révolution au point zéro : Travail ménager, reproduction et lutte féministe de Silvia Federici. Bien qu'elle ait déjà purgé un tiers de sa peine, ce qui devrait lui permettre de bénéficier d'une libération conditionnelle, les autorités refusent de lui accorder ce droit.
Protestations à Evin et les Mardis contre les exécutions
Le transfert de Sarvenaz Ahmadi à l'hôpital est survenu après que les gardiens de la prison ont violemment réprimé une protestation dans la section des femmes de la prison d'Evin, organisée mardi dernier contre l'exécution de Reza Rasaei, un prisonnier politique. Au cours de cette répression, Narges Mohammadi, lauréate du prix Nobel de la paix, a également souffert d'une crise respiratoire et a été transférée à l'infirmerie.
Les protestations des détenues d'Evin s'inscrivent dans le cadre de la campagne "Mardis contre les exécutions", lancée en janvier 2024 par des prisonniers politiques. Cette campagne hebdomadaire vise à dénoncer l'augmentation des exécutions en Iran, notamment celles à motivation politique. Les prisonniers de plus de 18 établissements pénitentiaires à travers le pays, y compris Evin, participent chaque mardi à cette campagne par des grèves de la faim. La campagne a commencé en réaction à l'intensification des exécutions, en particulier après les manifestations de 2023, connues sous le nom de « Femmes, Vie, Liberté », où le régime iranien a largement utilisé la peine de mort pour réprimer les dissidents.
La répression et les violences contre les femmes détenues se sont intensifiées. Anisha Asadollahi, traductrice et militante des droits des travailleurs, également détenue à Evin, a rapporté sur Instagram que les appels téléphoniques des prisonnières ont été coupés. Les femmes d'Evin, en solidarité avec d'autres prisonniers, observent une grève de la faim tous les mardis pour protester contre les exécutions. Cependant, ces dernières semaines, leurs protestations ont évolué en sit-in, en réponse à l'annonce des condamnations à mort de Sharifeh Mohammadi, militante des droits des travailleurs, et de Pakhshan Azizi, militante politique kurde. Lors de ces protestations, des slogans tels que « Le quartier des femmes d'Evin, unies et solidaires, nous resterons debout jusqu'à l'abolition des condamnations à mort» » ont été scandés.
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