Bien qu’ayant condamné l’agression russe nombre de ces pays, et la Chine entre autres, continuent à faire des affaires avec la Russie ? Certes. Comme l’Afrique du Sud, bien qu’ayant porté Israël à la Cour pénale internationale, continue à faire des affaires avec le commanditaire des génocidaires : les États-Unis. Comme la Chine là aussi. Dans un système capitaliste mondialisé les échanges économiques sont une obligation pour tous les pays. Mais les pays du Sud, et la Chine en particulier, apparaissent dans ce monde chaotique et dangereux comme des acteurs d’apaisement et de sang-froid.
La modération de la Chine pour récupérer ses provinces perdues comme Hong Kong ou Taïwan, arrachées par les puissances impérialistes occidentales les siècles précédents, contraste avec les agressions de Poutine[1] et de Trump à l’égard de pays indépendants comme l’Ukraine, le Canada, Panama ou le Danemark. Les menaces chinoises contre les intérêts américains sont repérées en mer de Chine, pas en Méditerranée ou dans le golfe du Mexique que Trump renomme golfe d’Amérique !
Compte tenu de l’émotion soulevée par les médias occidentaux lorsqu’un ballon météo chinois s’égare en Amérique du Nord, on imagine le déferlement de propagande que nous aurions subi si un avion espion chinois avait dû se poser aux Etats-Unis, comme un avion américain a été contraint de le faire en 2001 sur l’ile de Hainan, ou encore si la Chine avait bombardé une ambassade américaine comme les États-Unis on bombardé une ambassade chinoise à Belgrade en 1999 ?
L’Occident critique « l’intrusion » chinoise en Afrique sans se poser la question pourquoi les africains préfèrent les investissements et les aides chinoises ? Heureusement que la Chine défend l’état de droit international auquel participent les règles de l’OMC, l’Organisation Mondiale du Commerce, que les États-Unis paralysent et alors que Trump annonce que « les droits de douane sont la plus belle chose jamais inventée ». Heureusement que la Chine n’a pas comme stratégie d’empêcher un autre pays de se développer. Contrairement aux États-Unis dont la politique officielle est d’empêcher tout autre pays, aujourd’hui la Chine, mais il y a peu c’était le Japon, d’accéder aux technologies les plus avancées afin de rester la puissance dominante. Voir le billet : La Chine, comme l’Inde, doit dépasser les États-Unis.
Heureusement qu’il y a les firmes chinoises de la tech, Baidu, Tencent, Bytedance, Huawei etc. pour offrir une alternative à l’arrogante tech américaine qui affirme avec Trump ses volontés : réduction de la taxation des bénéfices, appel aux énergies fossiles pour alimenter en particulier l’Intelligence artificielle, déréglementation pour contrer l’Europe et libérer un discours d’Extrême droite, remplacement des gouvernements canadiens ou européens…
Heureusement qu’il y a les pays du Sud pour défendre le climat lors des COPs. Heureusement que la Chine a développé les batteries électriques, éoliennes, panneaux solaires et autres composants nécessaires pour entamer sérieusement la transition écologique. À ce sujet l’accusation que la Chine serait le plus gros pollueur du monde, sans tenir compte, ni de la taille de sa population, ni du fait qu’elle est « l’atelier du monde » dont les effets de pollution sont surtout ceux d’une production consommée en Occident, parait particulièrement de mauvaise foi.
Comme l’écrit Kishore Mahbubani ancien ambassadeur de Singapour et ancien président du Conseil de sécurité de l’ONU : « Le monde se porterait mieux si d’autres puissances imitaient la Chine, à commencer par les Etats-Unis et la Russie ». (Le Monde diplomatique de janvier 2025).
La Chine un exemple pour nous ? Non ! Il suffit de voir une photo du bureau politique du Parti Communiste Chinois qui ne comprend aucune femme voir ici , pour ne pas se faire d’illusion sur la société chinoise actuelle qui n’a pas la même histoire que la nôtre. Voir aussi La Chine et nous.
Mais le « groupe des 77 », animé en particulier par la Chine, en fait 134 pays qui représentent l’essentiel de l’humanité, est un facteur de paix et de stabilité dans le monde. Il nous faut nous opposer à la stratégie d’isolement occidental, à la stratégie à l’israélienne de brutalité qui s’est mis à dos la plupart des pays du monde. Nous devrions calquer nos positions sur ces pays du Sud en tentant de nous abstraire du matraquage anti chinois et pro israélien de nos politiques et de nos médias.
[1] Interview à la Pravda du 14 janvier 2025 de Nikolaï Patrushev, conseiller assistant du président russe Vladimir Poutine, membre du Conseil de sécurité russe :
« Il faut absolument mettre un terme à la discrimination que subit la population russe dans une série de territoires, à commencer par les pays Baltes et la Moldavie… Je n’exclus pas que la politique aboutisse à l’absorption de la Moldavie par un autre État ou à sa disparition pure et simple… Il n’est pas exclu qu’au cours de l’année à venir, l’Ukraine cesse purement et simplement d’exister ». Traduit par Le Grand Continent.
On ne peut pas s’empêcher de penser à la déclaration du président polonais Lech Kaczynski à Tbilissi lors de l’agression russe de la Géorgie en 2008 : « Aujourd’hui la Géorgie, demain l’Ukraine, après-demain les états baltes et peut être plus tard viendra le tour de mon pays la Pologne ».