Certes, le FN n’obtiendra aucune présidence de région. Nombreux sont ceux qui ont exprimé leur soulagement et loué les vertus du front républicain. Mais ce dénouement ne doit pas masquer la brutale réalité des choses...
1) Tout d’abord, avec 28 % au second tour, le FN reste un des principales parti de France en termes de voix, ce qui n’est pas rien dans une démocratie ! Pire, avec 6,8 millions de voix, il dépasse son record, obtenu lors de la présidentielle de 2012, et multiplie par trois le nombre de ses conseillers régionaux.
2) Par ailleurs, le FN sera la seule opposition dans deux régions, suite au retrait des listes PS, PRG et MRC. Or, l’opposition joue un rôle important en démocratie : elle contrôle la gestion de la majorité et peut saisir les autorités compétentes en cas d’abus.
3) Si aucun président de région n’est issu du FN, certains présidents du parti Les Républicains ne se sont pas toujours faits remarquer par leur attachement viscéral aux valeurs républicaines, à l’instar de Laurent Wauquiez ou de Christian Estrosi. Ce dernier ne s’est pas seulement illustré par son mépris envers la Laïcité, avec son obsession pour la Vierge-Marie ou ses attaques récurentes contre les musulmans. Il a aussi fait voter, le 15 novembre 2013, contre ses opposants présumés propager « de fausses informations sur les finances et la dette de la Ville de Nice » une délibération, toujours en vigueur, qui l’autorise « à ester en justice pour défendre les intérêts de la ville de Nice contre le Parti Socialiste et tout autre organisme à l’origine de diffusion d’informations mensongères » ! Je ne suis pas convaincu que cette manière de vouloir étouffer toute forme de critique, avec l’argent public de surcroît, soit vraiment la marque d’un grand républicain !
Au final, si certains responsables politiques continuent de se réjouir sur le mode « jusqu'ici, tout va bien », ce n’est pas le cas de l’ensemble des citoyens. Certes, on a pu, encore une fois, mettre la poussière sous le tapis, mais il faudra bien passer, un jour, l’aspirateur.
Comme je l’affirme depuis maintenant quinze ans, il faut changer les pratiques politiques.
Un état des lieux des propositions faites en ce sens par les candidats aux élections régionales, en Paca, montre que les partis de gouvernement ne sont pas suffisamment ambitieux en la matière (même si c'est toujours mieux que le FN qui ne propose rien sur ce sujet). C’est d’autant plus regrettable que le dernier rapport de la Chambre régionale des comptes, sur la gestion de notre région, contenait de sévères critiques.
Au-delà de la nécessité de rénover les modes de gouvernance des collectivités territoriales, un gros travail de rénovation attend les partis politiques. Précisément celui qui aurait dû être fait depuis… le 21 avril 2002 !