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Préambule: Je voudrais dédier ce billet à un ami, l'artiste peintre Pierre Bastin, auteur du Don Quichotte reproduit en-tête de mon espace personnel sur Mediapart, un Don Quichotte rêveur, hanté par l'argent et les centrales nucléaires.
Depuis bien longtemps, je me sens anti-milliardaires. C'est surtout Bill Gates qui a le don de m'énerver, sans doute parce que nous avons le même âge et que j'ai été forcé de subir pendant des décennies son influence néfaste et l’affligeante adulation des médias de masse à son égard. Aujourd'hui, force est de constater que tout est relatif: Donald Trump est bien pire encore.
Depuis longtemps aussi, j'avais l'impression que le combat contre les milliardaires (et contre la possibilité de le devenir) n'était guère abordé dans les médias qui, bien au contraire, présentent régulièrement les milliardaires comme des idoles intouchables.
Au début 2014, j'ai eu le sentiment que le vent tournait un peu: j'avais été impressionné par OXFAM qui jetait un pavé dans la marre de Davos en rappelant que les richesses du monde sont divisées en deux : près de la moitié est entre les mains des 1 % les plus riches, tandis que 99 % de la population mondiale se partagent l'autre moitié. Le blog de Marie-Anne Kraft détaillait la proposition d'OXFAM.
Sur ce blog, j'ai proposé qu'on commence par limiter à un milliard la fortune personnelle d'un individu. A mon sens, nos lois devraient limiter la fortune personnelle, comme elles limitent la vitesse sur les routes. Des fortunes aberrantes, c'est malsain pour l'humanité et la planète.
Mais qui aurait prédit que les citoyens des USA allaient propulser un anti-milliardaires sur le devant de la scène ? On croit rêver !
Bernie Sanders vient de remporter les primaires démocrates en Iowa au coude à coude avec Hillary Clinton. C'est déjà en soi un événement historique majeur, s'agissant de dénoncer les dérives du capitalisme exacerbé.
Une telle victoire démontre que, même dans le pays le plus capitaliste au monde, beaucoup de gens réalisent qu'être milliardaire est un délire aberrant. Ce délire réel et invasif résulte du capitalisme débridé. Il est temps que cesse l'admiration dont bénéficie les milliardaires qui tirent les ficelles d'un monde qu'ils mènent au suicide et à la crétinisation.
Quand Bernie dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas, il peut prétendre habiter la Maison Blanche !
Alors, désolé pour Hillary, sans doute trop engluée dans l'establishment ou le politiquement correct et trop obsédée par une saga familiale ou par l'honneur symbolique d'être la première femme Président des USA, pour oser comme Bernie proposer d'en découdre avec les milliardaires.
La campagne de Bernie semble fondée sur une seule phrase claire et convaincante:
"99% de tous les revenus générés dans ce pays vont aux 1% les plus riches."
Ce qui est caustique dans cette affaire de "caucus", c'est que Donald Trump battu a plaidé la cause de Bernie en démontrant magistralement la bêtise arrogante et dangereuse dont fait preuve un multimilliardaire.
Il est grand temps de mieux répartir les richesses issues des gains énormes de productivité liés à l'automatisation de tout poil. Il n'y a pas de raison pour que ces gains soit confisqués par quelques uns qui ne sont ni plus intelligents, ni plus travailleurs que la moyenne des autres.
Voici quelques billets de ce blog qui relève du même thème.
- Bravo OXFAM! «En finir avec les inégalités extrêmes» ... les borner à 1 gigaEuro
- Bill Gates a remporté 450 fois l'EuroMillions
- Les ultra-riches confisquent les gains infinis de productivité de notre civilisation
- Un tribunal pour les multinationales contre les lois nationales: ce serait la fin du monde!
- Bill Gates, requin capitaliste plutôt que génie informatique
- Cash Investigation démontre que la philanthropie de Bill Gates se nourrit de la misère et de la mort
A propos de philanthropie, on vient de voir Bill Gates se pavaner avec Hollande et Obama à la COP21 pour annoncer qu'il allait (enfin) investir dans l'environnement, alors que dans le même temps sa fondation place des milliards de dollars dans les énergies fossiles.
On ne le répètera jamais assez: Il est plus facile pour un chameau de passer par le chas d'une aiguille que pour un riche d'entrer au royaume des cieux. Parlant de La Bible, on peut penser que la victoire de Bernie va plaire même au Pape François qui lutte contre l'enrichissement personnel dans l’Église catholique.