Mélenchon s’est promu lui-même, en bon César (de la Canebière), avec centaines de milliers d’affiches et millions de tracts, fort de la nouvelle soupe aux oignons de la gauche, comme le futur Second de Cuisine dans la brigade du Chef Macron Fascisateur II.
L’affiche est publicité mensongère de l’avis de tous les cuistots électoraux, tant mis-sous-Un que verdâtrétains: le « maximum des circos gagnables est de 165, contre 289 requises » pour imposer un Second de cuisine (Source). Pire: pour le politologue Alessio Motta, un accord entre partis de gauche ne permet d'atteindre que « au maximum 150 députés » (Source). Pour Mathieu Gaillard, directeur de recherche Ipsos « Imaginer que la gauche seule puisse avoir une majorité absolue, ça me semble très improbable » (Source). Le député François Ruffin n’est pas non plus en reste: « Ce n’est pas en six semaines que l’on va réussir à modifier des évolutions sociales et électorales qui se sont produites sur des années …Je l’ai déjà dit, répété, je n’ai pas d’illusion sur notre fonction législative : elle est nulle » (Source). Rémi Lefebvre, politologue de référence partisan de Mélenchon l’a déclaré tout aussi net: "Personne n'y croit, mais c'est une stratégie de mobilisation" (Source).
« Stratégie de mobilisation ». OK, la pub, c’est comme ça. C’est pas du vrai café, c’est du mauvais instantané, de l’intox. Mais mobilisation pour vendre quoi ?
La destination de la nouvelle soupe n’est pas de placer un Second de cuisine, puisque c’est mathématiquement impossible. Elle doit par contre permettre à de vieux cuistots chefs de parties, et si possible à une pincée de jeunes mirontons, de rallonger la sauce dite « gauche caviar ». Elle est aussi affaire de gros sous pour les enseignes de cuisine et leurs nababs dirigeants.
Julia Cagé, professeure d’économie à Sciences Po Paris et spécialiste du financement des partis politiques, le rappelle ainsi: « Ce qui se joue aux législatives, c’est l’argent public que vont toucher les partis pendant les cinq prochaines années...Chaque parti veut présenter suffisamment de candidats dans suffisamment de circonscriptions afin de pouvoir toucher la première tranche de financements publics, conditionné par l’obtention d’au moins 1 % des suffrages exprimés dans cinquante circonscriptions au premier tour de l’élection législative…Potentiellement vous avez intérêt, dans les circonscriptions ingagnables à gauche, d’envoyer des candidats à la fois de LFI, PS, EELV et PCF pour qu’ils aient 1 % des voix et que cela compte pour les financements. En revanche, dans les circonscriptions potentiellement gagnables, vous n’en envoyez qu’un seul pour être sûr d’aller au second tour. Cela fait partie de ce qui est en train de se jouer aujourd’hui." (Source: Médiacités)
A 1,42 € par vote, c'est le pactole pour beaucoup d’enseignes. Des millions € par an pour certains. Ensuite, chaque cuisinier rapporte 37 280 euros par an à son enseigne. Et il touche 5700 € par mois. La tradition voulait avant la conversion au marché couvert que le député soit représentant du peuple, et pas de commerce, donc reverse l’essentiel. Mauvaise recette, finie la lutte des classes, vive la révolution citoyenne…Parmi les Mis-sous-Un, seul Ruffin a annoncé reverser 3000 € par mois à des associations.
Et la soupe ? Voici celle matinée dans la nuit dernière par les cuisiniers Mis-sous-Un et Verdâtrétains. Principaux extraits :
- « le Premier ministre serait issu du plus grand groupe à l’Assemblée, soit Jean-Luc Mélenchon »
- « une bannière commune “Nouvelle union populaire écologique et sociale” »
- « hausse du SMIC à 1400 euros, le retour à la retraite à 60 ans pour toutes et tous, la garantie d’autonomie pour les jeunes, le blocage des prix sur les produits de première nécessité »
- « 6e République pour en finir avec le présidentialisme et introduire des droits nouveaux, notamment le référendum d’initiative citoyenne. »
C’est bien fade. 1400 € par travailleur et encore moins pour les jeunes, ne permettent pas de vivre décemment. Les minimaux sociaux, bien en dessous, encore moins. D’ailleurs les députés estiment qu’ils ont besoin de 5700 € !
L’accord ne manque pas de sel quand il prévoit « Eradication de la pauvreté ». Du flan, car les rapports de production capitaliste, que ni l’AEC ni l’accord de cette nuit ne mettent en cause, implique nécessairement le vol d’une partie de la valeur produite par le travailleur et donc la pauvreté. Toute société capitaliste, quelque soit son niveau de développement, se fonde sur la pauvreté comme sur des inégalités croissante.
L’accord prévoit aussi une « véritable planification écologique ». Le mot « véritable » ne manque pas de sel non plus, tant il est évident que cette « planification » ne sera que la poursuite de celle des mutinationales, au seul bénéfice des milliardaires, et en détruisant la vie, puisqu’il n’est jamais question de les exproprier pour placer la production et les échanges au service des besoins durables.
Cerise sur le gâteau: l’accord se couche devant les Etats de l’UE, chacun plus capitaliste ou autoritaire que l’autre: « ni la sortie de l’Union, ni sa désagrégation, ni la fin de la monnaie unique… » Et pour faire vomir la mauvaise soupe, l’accord ajoute la lampée d’amertume: « être prêt-es à désobéir à certaines règles européennes…mais dans le respect de l’Etat de droit (tel que défini aux articles 2 et 7 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne) »
Les vieux éléphants de Flamby doivent rajouter une lampée de sucre pour les actionnaires et autres parasites, les ex et vrais staliniens faire abandonner la fin du nucléaire. Tous ça pour quelques circos. Et c’est pas deux gouttes de hennépea qui remonteront cette vieille soupe. Bref, un brouet indigeste, qui renforcera encore l’abstention et rejettera surtout encore plus de travailleurs désespérés par les trahisons réformistes dans les bras du fascisme.
Mais peu importe aux apprentis sorciers. Ils se moquent de la crise qui vient comme de l’avenir. Leur accord annonce la fête: « nous pourrions tenir un événement commun de lancement le samedi 7 mai. » Reste enfin à savoir qui mangera le fromage en Juin qui flotte sur la soupe. Une cohorte un peu élargie de vieux cuistots et jeunes mirontons, promus dans les fauteuils du Palais Bourbon.
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