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Billet de blog 13 septembre 2018

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Israël Galván au cirque Romanès : galvanisant !

Quand le danseur Israël Galván, venu avec son célèbre solo et son guitariste, pousse la bâche du chapiteau du cirque Romanès et voit une tripotée de chats lui caresser les chevilles, il se passe quoi ? Il se passe « Gatomaquia », une soirée miraculeuse.

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Illustration 1
Israël Galvàn devant le cirque Romanès © MJacob

Dans un jardin public entre la porte Maillot et la porte Dauphine, en face d’immeubles proprets et cossus monte la fumée d’un brasero propageant une odeur de merguez. Il y a foule. Comme la veille à la Scala (lire ici) mais c’est une autre ambiance. Plus humble et plus festive. On se faufile parmi les caravanes pour accéder au guichet, une simple table dressée devant le chapiteau. Alexandre Romanès, qui n’a pas maigri depuis la dernière fois, passe l’air inquiet et préoccupé, comme souvent. Il y a de quoi : sous le chapiteau de son cirque tsigane, c’est la première de Gatomaquia spectacle sous-titré « Israël Galván bailando para cuatro gatos » littéralement : « Israël Galván dansant avec quatre chats ». En espagnol, l’expression correspond à notre « il n’y a pas un chat ».

L’expression est plaisante car les chats, et plus de quatre, sont chez eux au cirque Romanès. Ils savent monter au septième ciel et planer dans le vide, le spectacle le prouvera. Ce qu’ils aiment surtout, c’est se promener sur la piste et alentour. Face au travail précis, net, coupant et sonore d’Israël Galván, ils distillent de l’imprévu, du duveteux, du caressant, du silencieux. Ils s’arrêtent pour regarder ce type aux pieds saccadés et aux bras agités. Gatomaquia, c’est ça. Un frottement amoureux.

Le Théâtre de la Ville avait proposé à Israël Galván de reprendre le solo (sans musique) qu’il avait créé en 2007, un solo qui était comme un manifeste et une carte d’identité. C’était il y a plus de dix ans. Depuis il y eut bien des rencontres, comme l’attestait Fiesta qui enchanta mon Festival d’Avignon l’an passé (lire ici), un spectacle programmé par le Théâtre de la Ville en juin dernier dans la grande halle de la Villette.

Illustration 2
Israël Galvàn et les chats du cirque Romanès © MJacob

L’espace Cardin, où le Théâtre de la Ville est abrité pendant les travaux de l’édifice de la place du Châtelet, ne convenait guère pour un solo. Un chapiteau, peut-être. C’est alors que la productrice du danseur se rappela le cirque gitan pas comme les autres qu’elle avait vu dans un coin de Paris.

Et un jour, les chats du cirque Romanès ont vu arriver un type habillé de noir, les jambes fines et les fesses nerveuses, parlant avec ses mains et ses bras, et surtout ses pieds. Le prenant pour un chat noir d’une race inusitée, ils lui firent bon accueil, rameutèrent Alexandre et Délia, couple infernal mais inamovible ; toute la famille suivit. On alluma le brasero en avant pour la fumée et les merguez. De son côté, Galván avait apporté un beau cadeau, Carcafé, son guitariste et un peu plus que ça.

Chacun vida sa besace, offrit ses billes. Délia chanta, ses filles tournoyèrent, Alexandre fit la courte échelle et récita ses poèmes. Galván et Carcafé leur rendirent la politesse au centuple. Les chats se léchèrent les babines. La guitare tamponna leurs passeports. Ils se reconnurent.. Avec pudeur, ils s’aimèrent, firent une fête de leur rencontre, un temps d’offrandes. Et voilà le résultat, miraculeux : Gatomaquia. Le solo de Galván n’en est plus un.

Gatomaquia d’Israël Galván avec le cirque Romanès, au cirque Romanès (jardin public entre la porte Maillot et la Porte Dauphine), 20h, jusqu’au 22 septembre.

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