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Plus fou, plus folle, plus improbable que jamais, l’acteur et costumier et chanteur Raoul Fernandez, à la demande générale du public qui l’a applaudi dans Le portrait de Raoul (lire ici), revient sur scène pour nous raconter dans Il s’en va, toujours en complicité avec Philippe Minyana (texte) et Marcial di Fonzo bo (mise en scène), sa vie trépidante après sa mort.
« Vous devez vous dire , il fait sa Sarah Bernhard cette folle furieuse qui dormait das son cercueil »,ce sont là les premiers mots que nous adresse Raoul Fernandez avec son léger accent chantant qui veille sur lui depuis sa naissance au Salvador, mais auparavant, il nous aura accueilli en chantant Unicornio Azul de Silvio Rodrigues.
Tout le spectacle sera ainsi ponctué d’inoubliables fredaines souvent signées Carlos d’Alessio ( de Maňana goodbye à Vague à l’homme, vague à l’âme en passent par India Song) mais aussi Kurt Weill (Je ne t’aime pas), mais encore Michel Vaucaire et Georges Van Parys ( Moi je préfère Mozart), ou Bernard Dimey et Henry Salvador (Tout cela reste entre nous) mais enfin Maria Elena Walsh (Como la Cigarra) sans oublier le finale de L’oiseau de feu de Stravinsky qui ne va pas sans un costume somptueux de plus, tous conçus, façonnés et portés par Raoul Fernandez.
Alors, mort Raoul se souvient des bons moments de sa vie comme ses nuits passées au Théâtre de Nanterre ou ces soirs où il se réfugiait au « poulailler des loges » de l Opéra Garnier et touchait les costumes comme des talismans « parfois j’en essayais un ou deux et je me contemplais dans les miroirs et j’avais des frissons ». Après dix ans passés à être devenu femme
, alors qu’on lui commande au téléphone des costumes pour un spectacle à l’Opéra Bastille sur Saint François d‘Assise, il se dit « c’est la chance de ma vie » et il décide de se faire enlever les « deux nichons » qu ’il s’était fait poser des années auparavant , « les hormones et tout ça, ma peau avait perdu sa fraîcheur j’avais pris de l'âge ». Et toujours, dans la gaîté de vivre,sans la poindre acrimonie, sans le moindre pathos bien que les yeux de Raoul semblent rire et pleurer en même temps.
Mort, Raoul, retrouve off sa maman qui ne supporte pas son apitoiement familial et lui lance off des « Oh ta gueule » à tout va. A la fin, car il faut bien en finir avant de rejoindre « l’obscurité définitive », lui revient le souvenir d’un « instant magique » qu’il jure de ne pas oublier sa vie durant, et même après, la preuve.
Ce spectacle a été crée au Quai , CDN d’Angers, que dirige Marcial di Fonzo Bo , dans le cadre de la première édition d « Écritures en acte », titre qui est aussi celui du premier numéro de a revue que publie le Quai avec en Une ces mots on ne peut plus actuels du regretté Serge Daney : « La question que ces temps veules posent est bien : Qu’est-ce qui résiste ? Qu’est-ce qu résiste au marché, aux médias, à la peur, au cynisme, à la bêtise, à l’indignité ? La réponse actuelle , la réponse romantique, semble être de nouveau : l’art ». La présidente de la région Pays de Loire, trop occupée à faire des soustractions, n’a pas eu le temps de lire les œuvres complètes de Serge Daney, elle avait une urgence : couper dans les financements du Quai et d’autres, ça va vite, un coup de plume et hop.
Écritures en acte, est une façon de résister en actes artistiques ; un actrice ou un acteur et l’ écriture d’ une autrice, d’un auteur et en sa présence. Ainsi Le cœur du mal de Maria Negroni par Marilu Marini dans une mise en scène d’Alejandro Tantanian, Portrait de l’artiste après sa mort de Davide Carnevali par Marcial di Fonzo Bo (lire ici), Le Colonel des Zouaves d’Olivier Cadiot dans une mise en scène de Ludovic Lagarde, l’acteur Laurent Poitrenaux ayant confié sa partition à Guillaune Costanza qui a l’âge qu’avait Poitrenaux lorsqu’il a cré le rôle en 1997. Mais encore Habiter de Paricia Allio par Pierre Maillet, Arcadie de Emmanuel Bayamack par Sylvain Maurice avec Constance Larrieu, Je vis dans une maison qui n’existe pas de et par Laurène Marx, Une vie d’acteur de Tanguy Viel avec Pierre Maillet dans une mise en scène d’Emilie Capliez, Esquil (à fleur d’eau) de et par Anaïs Allais Benbouali avec Amandine Dolé et Julia Gomez Valcarcel, Je s’ingénie en genre par Sandra Lucbert, Peines Mineures de et par Sonia Chiambretto et enfin Départ de feu d’Oliver Cadiot par l’auteur et Laurent Poitrenaux.
Au Quai d’Angers, la manifestation « Écritures en actes », commencée le 22 avril s’achèvera le 8 mai. 02 41 22 20 20
« Il s’en va », portrait de Raoul 2, est publié aux Solitaires intempestifs